Les limites d’un régime anti-démocratique et anti-populaire sont absolument flagrantes avec la question animale. Au-delà de toute considération morale, philosophique ou politique, même en mettant de côté le véganisme en admettant qu’il soit juste de le faire, on voit que le peuple veut des lois pour protéger les animaux et que de telles lois n’existent pas. Pire encore, des lois sont bien mises en place, mais leur portée est symbolique seulement, avec quelques condamnations littéralement anecdotiques ici ou là, pour des situations véritablement extrêmes.

Et, revers de la médaille, les gens sont tous littéralement odieux avec les animaux, une forte minorité se comportant même de manière criminelle. On parle pourtant du même peuple qui veut des droits pour les animaux.

La cassure entre la manière dont les gens vivent en particulier et les considérations générales qu’ils font est ici absolument flagrante ; l’incohérence saute aux yeux. Les mêmes gens qui veulent aller dans le sens des animaux, si on les en prend en général, comme masse, se précipitent au McDonald’s et sont indifférents au moindre animal en détresse devant leurs yeux, si on les prend en particulier, comme individus.

C’est là la preuve d’une absence de cadre démocratique pour le peuple. Les gens ne peuvent pas exprimer ce qu’ils ont au fond d’eux, leur démarche est déviée. Si les gens avaient une personnalité forte, ils assumeraient en effet leurs propres valeurs, cependant pétris dans le cynisme de la société capitaliste, ils passent toujours leur chemin, voire se comportent de manière sadique, perverse.

Tout cela converge avec un capitalisme porté par une bourgeoisie qui vaque à ses affaires, c’est-à-dire ses affaires capitalistes, où les animaux sont des marchandises comme les autres, comme tout le reste. Le capitalisme passe toujours en force, de manière anti-démocratique. Le capitalisme implique d’effacer la démocratie et le peuple à tous les niveaux où il faut que la machine tourne, que rien ne vienne la gripper.

En ce sens, rien n’est plus erroné que ces gens manifestant parfois avec des pancartes disant que « les animaux ne sont pas des objets » : en pratique, tout est marchandise dans le capitalisme, et qui s’oppose à cela est mis de côté ou écrasé. On ne peut pas changer « de l’intérieur » une société fondée sur un tel principe.

Cependant, pour parfaire le tableau, il faut noter justement cet autre aspect caractérisant un régime anti-démocratique et anti-populaire. En effet, les milieux de la protection animale, qui devraient assumer le Droit comme force transformatrice, ne le font pas, étant écrasés par la pression de l’indifférence.

Ils tablent sur un changement de mentalité, sans jamais parvenir à saisir d’où il pourrait venir, sans en prendre l’initiative, sans mener aucun travail de fond sur ce plan afin d’avoir une perspective de ce qui pourrait être mis en place.

Ce qui amène tout un petit monde de spécialistes, sous la forme d’experts en droit, de professeurs d’universités, d’intellectuels divers et variés, à prétendre être à la hauteur sur ce plan. Or, il va de soi qu’il s’agit simplement de carriéristes bourgeois, sincères à la base souvent mais totalement corrompus dans la pratique et s’inscrivant simplement dans la société capitaliste.

Pareillement d’ailleurs, il existe tout un capitalisme végétalien ou végétarien qui contourne pareillement le Droit, et même les animaux eux-mêmes puisqu’on parle ici de consommateurs repliés sur eux-mêmes, à l’écart de la réalité pour ainsi dire. Et encore faut-il dire qu’un tel capitalisme ne peut être que très limité, car le capitalisme implique le libéralisme en général.

Il ne peut pas y avoir un type de consommation l’emportant totalement sur un autre, ce serait contraire au principe de la concurrence. Autrement dit, le consommateur dans le capitalisme consomme non pas ce qu’il a choisi, mais bien ce qu’on lui fait consommer. Il peut suivre une mode ou tenter de suivre des choix particuliers, mais cela intègre un dispositif capitaliste en général.

Même s’il a des valeurs différentes de sa consommation, il obéit à la pression capitaliste dans son ensemble, il s’incline et intègre le capitalisme, de manière participative même avec la société de consommation.

On ne peut pas sortir du capitalisme par la consommation. C’est là où la question du Droit montre bien qu’elle ne peut pas être séparé du contrôle des choix de production, tout comme les choix de production ne peuvent pas être séparés du Droit. Une société démocratique pour le peuple unifie le fond et la forme de ce dernier, empêchant l’existence de barrières, de déviations l’amenant à se comporter contraire à ses propres intérêts, à ses propres valeurs.

La question animale, pour être résolue démocratiquement, doit nécessairement faire en sorte que les décisions faites au niveau juridique soient les mêmes que celles faites au niveau de la production. Tout découplage forme une barrière artificielle dans la société.

Il est bien connu d’ailleurs que le libéralisme professe justement la séparation des pouvoirs. Bien que jamais réalisé au sens strict, le principe est que le législatif, le judiciaire et l’exécutif soient des domaines séparés. La question animale montre très bien la vanité d’une telle vision des choses. Dans la pratique en effet, cela veut dire qu’un parlement met en place une loi concernant les animaux, que la police intervient en cas de non-respect de la loi, que les juges condamnent ensuite les infractions.

Or, il est bien connu que les parlementaires sont hors sol dans la question animale, ne s’intéressant nullement à ce qui se passe sur le terrain, alors qu’inversement cette réalité du terrain est souvent connue des policiers et même des juges. De la même manière, si les policiers savent ce qui se passe sur le terrain, ils n’ont pas forcément les moyens d’intervenir, ni les connaissances pour cela, voire même la volonté, parce qu’ils n’ont pas la loi les poussant dans une certaine direction.

Quant aux juges, ils appliquent les lois concernant les animaux relativement comme bon leur semble en raison du caractère flou de celles-ci, car le capitalisme prédomine et empêche que la loi l’emporte sur les exigences du marché. Un concept comme la « maltraitance » animale est ici exemplaire. On n’en aura pas la même interprétation selon qu’on connaisse les animaux ou non, qu’on prenne leur partie ou non, qu’on considère comme prioritaire de ne pas toucher à la production ou non.

Cela montre bien qu’une « division » des pouvoirs est une abstraction servant simplement à empêcher le peuple de porter le Droit et de le réaliser. La démocratie populaire est inversement un régime permettant au peuple d’exprimer directement son point de vue et de façonner la société à son image. C’est alors qu’il peut commencer les grands chantiers de réaliser la société adéquate à ses exigences : la société socialiste, en marche vers le communisme.


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