Le décalage entre le mouvement général de la matière et l’humanité est à l’origine de ce qu’on appelle la science. On ne peut pas se fier aux apparences, car les choses sont en mouvement. Si l’on prend en compte un phénomène uniquement par rapport à soi, alors on est en décalage avec l’essence réelle de ce phénomène.

Mao a ainsi pu dire :

« Il faut analyser le fond de chaque chose et ne considérer les manifestations extérieures que comme une avenue menant à la porte dont il faut franchir le seuil pour saisir vraiment le fond du problème. C’est là la seule méthode d’analyse, sûre et scientifique. »
(Une étincelle peut mettre le feu à toute la plaine)

Ou comme l’a résumé Marx, dans Le Capital :

« Si les manifestations extérieures d’une chose et son essence fusionnaient étroitement, toute science deviendrait dès lors superflue. »

Cependant, cela ne veut pas dire que la science soit impossible, ou bien que les connaissances ne peuvent pas exister en tant que tel, qu’elles soient nécessairement uniquement relatives.

Bien au contraire, étant donné que les humains sont eux-mêmes de la matière, ils peuvent eux-mêmes se conformer à la réalité. La science est, en fait, forcément pratique. Et cette pratique n’est pas anthropocentrique : elle vise à découvrir la matière dans son essence, à comprendre le sens de la transformation en elle-même.

Le réchauffement climatique est un bon exemple d’aspect secondaire incompris d’une transformation effectuée de manière unilatérale, sans saisie de l’essence réelle des choses transformées.

Le rapport aux animaux est un autre exemple de non-reconnaissance de l’essence réelle d’un phénomène, par exemple avec des éléphants placés dans un cirque, en non-adéquation complète avec l’essence de l’éléphant.

Toute erreur de l’humanité est ici lourde de conséquences et amène des problèmes en série, dont les résultats sont alors inattendus bien entendu, et de grande portée. Tous les drames existant dans la vie de l’humanité, ou provoquée par elle, proviennent de cela.

L’humanité ne peut donc pas imposer des principes, elle ne peut que les reconnaître et s’y conformer. Comme le formule Friedrich Engels :

« Les principes ne sont pas le point de départ de la recherche, mais son résultat final ; ils ne sont pas appliqués à la nature et à l’histoire des hommes, mais son résultat final ; ce ne sont pas la nature et l’empire de l’homme qui se conforment aux principes, mais les principes ne sont exacts que dans la mesure où ils sont conformes à la nature et à l’histoire. »
(Anti-Dühring)

Cet approfondissement est lui-même dialectique, non sans limites :

« Processus infini d’approfondissement de la connaissance par l’être humain des choses, phénomènes, processus, etc., allant des phénomènes à l’essence et d’une essence moins profonde à une essence à une essence plus profonde. »
(Notes de Lénine : « Résumé de la Science de la logique de Hegel »)

Cela signifie que la connaissance elle-même obéit à la dialectique. Tout processus est dialectique. La pensée obéit à un cheminement dialectique, l’histoire des humains, l’ensemble de l’univers, tous ses éléments, etc.

Le processus est inévitable, et est marqué à chaque fois par un saut à une étape supérieure. Friedrich Engels dit ainsi :

« Toutes les situations qui se sont succédé dans l’histoire ne sont que des étapes transitoires dans le développement sans fin de la société humaine progressant de l’inférieur vers le supérieur.

Chaque étape est nécessaire, et par conséquent légitime pour l’époque et les conditions auxquelles elle doit son origine : mais elle devient caduque et injustifiée en présence de conditions supérieures, nouvelles qui se développent peu à peu dans son propre sein ; il lui faut faire place à une étape supérieure qui entrera à son tour dans le cycle de la décadence et de la mort. »

C’est la raison pour laquelle, en Chine populaire, on a souligné que même des détours servent à la constitution du nouveau, améliorant celui-ci : les échecs rendent plus forts, car ils renforcent la connaissance de ce qui est juste.


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