Le Parti communiste italien, parti du mouvement communiste international, a de glorieuses traditions de combat. Durant les sombres années de la domination mussolinienne, les dures années de la Seconde guerre mondiale et plus tard, les communistes et le prolétariat italiens ont accompli d’admirables exploits par leur lutte héroïque. Les communistes et le peuple chinois ont toujours tenu les camarades du Parti communiste italien et le peuple italien en haute estime.
Conformément à sa position constante de renforcement de l’amitié entre partis frères, le Parti communiste chinois a, sur invitation, envoyé un délégué au Xe Congrès du Parti communiste italien, qui s’est tenu au début de décembre. Nous espérions que ce Congrès aiderait à renforcer la lutte commune contre l’impérialisme et pour la sauvegarde de la paix mondiale, et aussi l’unité du mouvement communiste international.
Or, à notre grand regret et à l’encontre de notre espoir, le camarade Togliatti et certains dirigeants du Parti communiste italien ont, à ce Congrès, attaqué brutalement le Parti communiste chinois et d’autres partis frères sur une série de questions de principe d’importance majeure, et cela en violation des principes régissant les rapports entre partis frères, principes définis dans les deux Déclarations de Moscou, et au mépris des intérêts de la lutte commune contre l’ennemi du mouvement communiste international.
Le délégué du Parti communiste chinois à ce Congrès fut donc obligé de déclarer solennellement dans son allocution que nous n’approuvons pas les attaques et calomnies de Togliatti et de certains autres dirigeants du Parti communiste italien contre le Parti communiste chinois. Cependant, Togliatti et ces dirigeants du Parti communiste italien ont déclaré qu’ils « repoussaient . . . et repoussaient avec beaucoup de fermeté » les critiques formulées par le délégué du Parti communiste chinois, ils ont continué à attaquer le Parti communiste chinois et d’autres partis frères, et persisté à mener le « débat en public ».
Ainsi, le Xe Congrès du Parti communiste italien devint un point saillant du courant contraire apparu dernièrement, courant qui va à l’encontre du marxisme-léninisme et qui sape l’unité du mouvement communiste international.
Dans ces conditions, nous ne saurions garder le silence et nous abstenir de répondre publiquement aux attaques lancées contre nous par les camarades Togliatti et autres, et au sujet des vues exprimées par eux, en contradiction des principes fondamentaux du marxisme-léninisme et des principes révolutionnaires définis dans les deux Déclarations de Moscou. Nous voulons dire en toute franchise qu’il existe entre le camarade Togliatti et certains autres dirigeants du Parti communiste italien d’une part, et nous-mêmes, d’autre part, des divergences de principe sur des problèmes fondamentaux du marxisme-léninisme.
Après lecture du rapport général de Togliatti au Xe Congrès du Parti communiste italien, des conclusions qu’il y a présentées, ainsi que des thèses du Congrès, on ne peut s’empêcher de constater que Togliatti et certains autres dirigeants du Parti communiste italien s’éloignent de plus en plus du marxisme-léninisme. Quoique Togliatti et d’autres camarades aient coutume de dissimuler leurs vues réelles sous un langage obscur, ambigu et à peine compréhensible, le fond de leur pensée apparaît clairement dès le lever de ce voile fort mince.
Ils se bercent des plus grandes illusions au sujet de l’impérialisme, nient l’existence d’un antagonisme fondamental entre système mondial socialiste et système mondial capitaliste, entre nations opprimées et nations exerçant l’oppression, préconisent la substitution de la collaboration de classe à l’échelle internationale à la lutte de classe à l’échelle internationale et à la lutte contre l’impérialisme, et l’instauration d’un « ordre international nouveau ». Ils se font les plus grandes illusions au sujet des capitalistes monopolistes de leur pays, confondent dictature bourgeoise et dictature prolétarienne, deux dictatures de classe de type totalement différent, et prêchent le remplacement de la révolution prolétarienne par le réformisme bourgeois, ou ce qu’ils appellent les « réformes de structure ». Ils prétendent les principes fondamentaux du marxisme-léninisme « dépassés », et ils ont altéré les théories marxistes-léninistes sur l’impérialisme, sur la guerre et la paix, sur l’Etat et la révolution, sur la révolution et la dictature du prolétariat. Ils ont rejeté les principes révolutionnaires des deux Déclarations de Moscou, renient les lois communes à toutes les révolutions prolétariennes ou, en d’autres mots, la valeur universelle de la voie de la Révolution d’Octobre, et ils présentent « la voie italienne », qui est celle du renoncement à la révolution, comme la « ligne commune à l’ensemble du mouvement communiste international ». En dernière analyse, le point de vue de Togliatti et de certains autres dirigeants du Parti communiste italien en arrive à ceci : le peuple des pays capitalistes ne devrait pas faire la révolution, les nations opprimées ne devraient pas lutter pour leur libération, et les peuples du monde entier ne devraient pas combattre l’impérialisme. En fait, tout ceci correspond exactement aux besoins des impérialistes et des réactionnaires.
Nous ne nous proposons pas de discuter, dans cet article, toutes les divergences entre le camarade Togliatti, certains autres camarades du Parti communiste italien et nous-mêmes. Nous ne donnerons nos vues que sur quelques-unes des importantes questions en cause.
Le camarade Togliatti et certains autres camarades diffèrent d’avec nous tout d’abord sur la question de la guerre et de la paix. Dans son rapport général au Xe Congrès du Parti communiste italien, Togliatti affirma : « Ce problème a été discuté largement à la Conférence des Partis communistes et ouvriers tenue à Moscou durant l’automne 1960. Les camarades chinois mirent alors en avant certaines positions que l’assemblée repoussa. » Il usa délibérément de termes vagues, ne dit pas ce qu’étaient les vues formulées par les camarades chinois mais continua à parler du caractère inéluctable de la guerre comme du point de départ de toute la polémique, ce qui fit apparaître nettement qu’il accusait les communistes chinois de ne pas croire à la possibilité d’empêcher une nouvelle guerre mondiale, et la Chine d’être « belliciste ».
Cette accusation portée contre le Parti communiste chinois par le camarade Togliatti et d’autres camarades est totalement sans fondement et est pure invention.
Le Parti communiste chinois a de tout temps eu pour position d’opposer la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme, d’empêcher l’impérialisme de déclencher une nouvelle guerre mondiale, ainsi que de défendre la paix mondiale. Nous avons toujours soutenu que tant qu’existe l’impérialisme, il y a un terrain propice pour les guerres d’agression. L’impérialisme entamant une guerre mondiale est un danger qui existe encore. Cependant, par suite des nouveaux changements intervenus dans le rapport mondial des forces de classe, les forces mondiales de paix peuvent empêcher l’impérialisme de déclencher une nouvelle guerre mondiale, à condition qu’elles s’unissent, forment un front uni contre la politique d’agression et de guerre des impérialistes, dont les Etats-Unis sont le chef de file, et mènent résolument le combat. Si l’impérialisme osait se risquer à imposer une nouvelle guerre mondiale aux peuples, pareille guerre verrait inévitablement la fin de l’impérialisme et la victoire du socialisme. Nous avons avancé ces vues aux Conférences de Moscou de 1957 et de 1960. Les deux Conférences ont inclus ces vues, qui sont nôtres, dans les documents qu’elles adoptèrent, et ne les rejetèrent pas, comme Togliatti le prétend.
Togliatti et certains autres camarades connaissent parfaitement bien la position du Parti communiste chinois sur le problème de la guerre et de la paix, pourquoi s’obstinent-ils à déformer et à attaquer cette position ? Quelles sont les divergences réelles existant entre eux et nous ?
Elles se manifestent principalement dans les trois questions suivantes :
Primo : Le Parti communiste chinois estime que la source des guerres modernes est l’impérialisme. La principale force d’agression et de guerre est l’impérialisme américain, le pire ennemi des peuples du monde. Pour défendre la paix mondiale, il est nécessaire de démasquer sans cesse et complètement la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme, afin que les peuples du monde entier maintiennent une haute vigilance. Le fait que les forces du socialisme, les forces de libération nationale, les forces révolutionnaires populaires et les forces mondiales de la paix l’emportent sur les forces de l’impérialisme et de la guerre n’a pas changé et ne peut changer la nature agressive de l’impérialisme. Le bloc impérialiste, dirigé par les Etats-Unis, s’est engagé frénétiquement dans l’accroissement des armements et des préparatifs de guerre, et il menace la paix mondiale. Ceux qui attaquent le Parti communiste chinois et, par calomnie, prétendent qu’il ressort de notre inlassable dénonciation de l’impérialisme, et plus particulièrement des plans d’agression et de guerre de l’impérialisme américain, que nous ne croyons pas à la possibilité d’éviter une guerre mondiale ; ceux-là s’opposent en fait à la dénonciation de l’impérialisme. Ils s’y sont opposés ouvertement en de nombreuses occasions. Quoiqu’ils admettent en paroles que la nature de l’impérialisme n’a pas changé, en réalité, ils cherchent par tous les moyens à enjoliver l’impérialisme et à répandre dans les masses populaires des illusions à son sujet, et particulièrement au sujet de l’impérialisme américain.
On se souvient qu’il y a trois ans, après les « entretiens de Camp David », il s’est trouvé des gens, au sein du mouvement communiste international, pour parler abondamment du sincère désir de paix d’Eisenhower, affirmant que ce meneur de l’impérialisme américain était tout aussi préoccupé par la paix que nous. On se souvient également que, lors de son arrivée en Italie durant sa visite à l’Europe en décembre 1959, certains camarades du Parti communiste italien allèrent jusqu’à placarder des affiches, distribuer des tracts, et inviter à lui faire bon accueil, appelant tous les partis politiques et les personnalités de tous les milieux d’Italie à « saluer » Eisenhower. Un des mots d’ordre de bienvenue disait ceci : « Les communistes de Rome saluent Eisenhower et, au nom des 250.000 électeurs de la capitale, expriment la conviction et le vœu que le grand espoir de paix né dans le cœur des peuples de tous les pays par la rencontre du président des Etats-Unis et du président du Conseil de l’U.R.S.S. ne s’évanouisse pas en fumée. » (voir L’Unita du 4 décembre 1959.)
On entend de nouveau, maintenant, des gens qui affirment Kennedy plus intéressé encore par la paix mondiale que ne l’était Eisenhower et qu’il a donné la preuve de l’intérêt qu’il porte au maintien de la paix dans la crise des Caraïbes.
On aimerait demander : cette façon d’embellir l’impérialisme américain, est-ce là la juste orientation pour la défense de la paix mondiale ? L’envoi par l’administration Eisenhower d’avions-espions violant l’espace aérien de l’U.R.S.S., l’agression contre Cuba par l’administration Kennedy, les nombreux actes d’agression de l’impérialisme américain partout dans le monde et ses menaces contre la paix mondiale, tout cela ne prouve-t-il pas à suffisance que ces chefs de file de l’impérialisme américain ne sont nullement des messagers de la paix mais bien des démons de la guerre ? Et ceux qui n’ont cessé d’enjoliver l’impérialisme ne trompent-ils pas délibérément les peuples du monde ?
Il est clair comme le jour que si l’on s’en tenait aux dires de ces gens-là, l’impérialisme américain aurait cessé d’être l’ennemi de la paix mondiale, et partant, il ne serait plus nécessaire de combattre sa politique d’agression et de guerre ; cette vue erronée, qui va carrément à l’encontre des Déclarations de Moscou, ne peut que désorienter tous les peuples du monde attachés à la paix, nuire à la lutte pour la paix mondiale et aider l’impérialisme américain à appliquer sa politique d’agression et de guerre.
Secundo : Le Parti communiste chinois estime que la paix mondiale ne peut être solidement assurée que par le renforcement constant du camp socialiste, le renforcement constant du mouvement national et démocratique d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, le renforcement constant de la lutte révolutionnaire des peuples de tous les pays, le renforcement constant du mouvement pour la défense de la paix mondiale et par la lutte résolue contre l’impérialisme, ayant les États-Unis comme chef de file. Pour réaliser la paix mondiale, il faut compter essentiellement sur la force des masses populaires du monde entier et sur leur lutte. Dans la lutte pour la défense de la paix mondiale, il est nécessaire d’entamer des pourparlers sur tel ou tel problème avec les gouvernements des pays impérialistes, y compris le gouvernement des États-Unis, en vue de relâcher la tension internationale, pour parvenir à quelque compromis et passer certains accords, à condition que pareils compromis et accords ne nuisent pas aux intérêts fondamentaux du peuple. Toutefois, la paix mondiale ne peut jamais être réalisée par la négociation seule et nous ne devons, en aucun cas, mettre nos espoirs dans l’impérialisme et nous séparer de la lutte des masses populaires. Ceux qui attaquent le Parti communiste chinois déforment ce juste point de vue qui est nôtre, le présentant comme un manque de foi dans la possibilité de conjurer la guerre mondiale ; en fait, ils ne croient pas, eux, à la possibilité d’empêcher la guerre mondiale, en prenant appui sur la force des masses populaires et leurs luttes, et ils sont opposés à ce qu’on s’appuie sur elles. Ils veulent que les peuples croient à la « raison », aux « engagements » et aux « bonnes intentions » de l’impérialisme et qu’ils placent leurs espoirs en la paix mondiale dans les « arrangements mutuels », les « concessions réciproques », les « accommodements mutuels » et les « compromis raisonnables » avec l’impérialisme. Ils n’hésitent pas à empiéter sur les intérêts fondamentaux des peuples, à jeter les principes révolutionnaires par-dessus bord et même à exiger que d’autres sacrifient aussi les principes révolutionnaires, en quémandant la paix à l’impérialisme.
D’innombrables faits historiques montrent qu’il est impossible de parvenir à une paix véritable en portant préjudice aux intérêts fondamentaux du peuple, en rejetant les principes révolutionnaires et en quémandant la paix à l’impérialisme. Au contraire, cela ne peut qu’accroître l’arrogance des agresseurs impérialistes. Le camarade Fidel Castro a dit fort justement : « La voie de la paix n’est pas celle qui consiste à sacrifier les droits du peuple ou à empiéter sur eux, parce que cela, c’est précisément la voie qui mène à la guerre. »
Tertio : Le Parti communiste chinois estime que la lutte pour la défense de la paix mondiale d’une part, et le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire des peuples d’autre part, sont inséparables et se soutiennent mutuellement. Le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire des peuples sont une grande force qui affaiblit les forces de guerre de l’impérialisme et défend la paix mondiale. Plus le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire des peuples se développent, plus ils favorisent la lutte pour la défense de la paix mondiale. Les pays socialistes, les communistes de tous les pays et tous les peuples du monde attachés à la paix doivent soutenir résolument le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire des peuples, ils doivent soutenir résolument la guerre de libération nationale et la guerre révolutionnaire du peuple.
En qualifiant notre juste position de « belliqueuse », ceux qui attaquent le Parti communiste chinois opposent en fait la lutte pour la défense de la paix mondiale au mouvement de libération nationale et à la lutte révolutionnaire des peuples, à la guerre de libération nationale et à la guerre révolutionnaire du peuple. D’après eux, tout ce que les nations et peuples opprimés ont à faire, c’est d’accepter les « dons » des impérialistes et des réactionnaires et non de lutter contre eux, car ce serait faire obstacle à la paix mondiale. Ceux-là affirment que si les nations et peuples opprimés opposaient la guerre révolutionnaire à la guerre contre-révolutionnaire, lorsqu’ils sont confrontés avec la répression de l’impérialisme et de la réaction, il en résulterait des « conséquences irréparables ». Cette position erronée peut uniquement signifier que ceux-là sont contre la révolution par les nations et peuples opprimés et qu’ils veulent que ces nations et, peuples opprimés renoncent à la lutte et à la guerre révolutionnaires et se soumettent à jamais à la sombre domination et au joug de l’impérialisme et de la réaction. Les faits montrent que chaque victoire remportée par le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire du peuple est un coup porté aux forces de guerre de l’impérialisme, qu’elle les affaiblit et qu’elle renforce et accroît les forces mondiales de la paix. Si l’on craint la révolution et si l’on s’oppose à elle, position entraînant revers et échecs pour les mouvements de libération nationale et la révolution populaire, cela ne nuira qu’aux forces de paix et ne fera qu’accroître le danger d’un déclenchement de la guerre mondiale par l’impérialisme.
En bref, sur la question de savoir comment empêcher la guerre mondiale et défendre la paix mondiale, le Parti communiste chinois a toujours maintenu qu’il fallait dénoncer énergiquement l’impérialisme, renforcer le camp socialiste, soutenir fermement le mouvement de libération nationale et les luttes révolutionnaires des peuples, unir sur la base la plus large tous les pays et tous ceux attachés à la paix, et en même temps, tirer le profit maximum des contradictions entre nos ennemis et recourir aux pourparlers, de même qu’aux autres formes de lutte. Tout cela a précisément pour but de prévenir efficacement la guerre mondiale et de sauvegarder la paix mondiale. Cette position est tout à fait conforme au marxisme-léninisme et aux deux Déclarations de Moscou. C’est là la juste orientation permettant d’empêcher la guerre mondiale et de défendre la paix mondiale. Et nous persistons précisément dans celle-ci parce que nous sommes profondément convaincus qu’il est possible d’empêcher la guerre mondiale en s’appuyant sur la lutte commune de toutes les forces dont il a été question plus haut. Comment pareille position peut-elle donc être décrite comme un manque de confiance dans la possibilité d’empêcher la guerre mondiale ? Comment peut-on l’appeler « belliqueuse » ? En agissant comme le préconisent ceux qui attaquent le Parti communiste chinois, c’est-à-dire en enjolivant l’impérialisme, en plaçant ses espoirs de paix en lui, en adoptant une attitude négative et hostile envers le mouvement de libération nationale et la lutte révolutionnaire du peuple, en s’inclinant devant l’impérialisme et en capitulant devant lui, on n’apportera aux peuples du monde qu’une paix factice ou une vraie guerre. Cette politique est fausse et tous les marxistes-léninistes, tous les révolutionnaires, tous ceux attachés à la paix doivent la combattre résolument.
Dans la question de la guerre et de la paix, les divergences entre nous et Togliatti et d’autres camarades s’expriment encore de manière frappante dans nos attitudes respectives envers les armes nucléaires et la guerre nucléaire.
Le Parti communiste chinois a toujours estimé que les armes nucléaires ont une puissance de destruction sans précédent et que ce serait une catastrophe sans précédent pour l’humanité s’il éclatait une guerre nucléaire. C’est pour cette raison que nous avons toujours été pour l’interdiction générale des armes nucléaires, c’est-à-dire l’interdiction totale des essais, de la fabrication, du stockage et de l’utilisation de ces armes. Notre gouvernement a maintes et maintes fois proposé d’établir une zone désatomisée englobant tous les pays d’Asie et du Pacifique, y compris les Etats-Unis. De plus, nous avons toujours soutenu activement toutes les justes luttes des pays et peuples attachés à la paix pour la mise hors la loi des armes nucléaires et l’empêchement de la guerre nucléaire. Les allégations d’après lesquelles le Parti communiste chinois sous-estimerait la puissance destructrice des armes nucléaires et voudrait entraîner le monde dans une guerre nucléaire sont de stupides calomnies.
Dans la question des armes nucléaires et de la guerre nucléaire, le premier point de divergence entre nous et ceux qui attaquent le Parti communiste chinois porte sur ceci : les principes fondamentaux du marxisme-léninisme en matière de guerre et de paix sont-ils devenus « périmés » avec l’apparition des armes nucléaires ?
Togliatti et certains autres croient que l’apparition des armes nucléaires « a changé le caractère de la guerre », et que « d’autres considérations devraient entrer en ligne de compte pour définir le caractère juste d’une guerre ». Ils estiment, en fait, que la guerre n’est plus le prolongement de la politique, et qu’il n’existe plus aucune différence entre guerres justes et guerres injustes. Par-là, ils rejettent les principes fondamentaux mêmes du marxisme-léninisme à propos de la guerre et de la paix. Nous estimons que l’apparition des armes nucléaires n’a pas et ne peut pas modifier les principes fondamentaux du marxisme-léninisme à propos de la guerre et de la paix. En fait, les nombreuses guerres qui ont éclaté depuis l’apparition des armes nucléaires ont toutes été un prolongement de la politique, et il y a toujours guerres justes et guerres injustes. En fait, ceux qui estiment que la différence entre guerres justes et injustes a cessé d’être ou bien s’opposent aux guerres justes ou bien refusent de les soutenir, et ils se sont donc laissés aller jusque sur les positions du pacifisme bourgeois qui est contre toutes les guerres.
La seconde divergence entre nous et ceux qui attaquent le Parti communiste chinois, dans la question des armes nucléaires et de la guerre nucléaire, consiste en ceci : l’avenir de l’humanité doit-il être envisagé avec pessimisme ou avec un optimisme révolutionnaire ?
Togliatti et certains autres parlent abondamment de « suicide de l’humanité », de « destruction de l’humanité », et estiment qu’ »il est vain … de discuter ce que pourrait être l’orientation de ce lambeau de genre humain en ce qui concerne l’organisation sociale ». Nous sommes résolument contre pareils propos pessimistes et désespérés. Nous croyons qu’il est possible de parvenir à l’interdiction totale des armes nucléaires dans les conditions où le camp socialiste détient une grande supériorité nucléaire, où la lutte des peuples contre les armes nucléaires et la guerre nucléaire gagne en ampleur et en profondeur et où les impérialistes, se voyant enlever plus encore leur supériorité nucléaire, seront obligés de réaliser que leur politique de chantage nucléaire cesse d’être efficace et que le déclenchement d’une guerre nucléaire aurait pour seul effet de hâter leur destruction. Il y a des précédents dans le domaine de la mise hors la loi d’armes hautement destructrices. La conclusion entre différents pays, en 1925, à Genève du Protocole concernant la prohibition d’emploi à la guerre de gaz asphyxiants, toxiques ou similaires et de moyens bactériologiques en est une preuve.
Si malgré toutes les mesures prises par nous pour prévenir la guerre nucléaire, l’impérialisme la déclenchait quand même, envers et contre tout, il n’en résulterait que la destruction de l’impérialisme et non la destruction de l’humanité. La Déclaration de Moscou de 1960 dit : « S’il se trouve des impérialistes assez insensés pour déclencher la guerre, les peuples balaieront et enterreront le capitalisme ». Tous les marxistes-léninistes ont la profonde conviction que l’évolution de l’histoire ne peut conduire qu’à la destruction de l’arme nucléaire par l’homme et non pas à la destruction de l’humanité par l’arme nucléaire. L’argument des partisans de la théorie de la « destruction de l’humanité », argument qui va à l’encontre des conclusions des documents communs du mouvement communiste international, montre simplement que ceux-ci ont perdu toute confiance en l’avenir de l’humanité et dans le grand idéal communiste, qu’ils sont tombés dans le bourbier du défaitisme.
La troisième divergence entre nous et ceux qui attaquent le Parti communiste chinois, sur la question des armes nucléaires et de la guerre nucléaire, porte sur la politique à adopter pour pouvoir réaliser efficacement l’interdiction des armes nucléaires et la prévention de la guerre nucléaire.
Togliatti et d’autres propagent avec zèle la terreur nucléaire, allant même jusqu’à déclarer que « frémir de crainte » devant le chantage nucléaire de l’impérialisme américain est « justifié ». « Il faut éviter la guerre à tout prix », proclame Togliatti ; ses propos et ceux de certains autres ne reviennent-ils pas à dire que face à la politique de menace et de chantage nucléaires de l’impérialisme américain, il n’y a qu’à se soumettre sans conditions et rejeter du coup tout idéal révolutionnaire, tout principe révolutionnaire ? Est-ce là la position que doit adopter un communiste ? Une telle façon d’agir peut-elle vraiment empêcher une guerre nucléaire ?
Il est inconcevable que « frémir de crainte » puisse émouvoir l’impérialisme américain jusqu’à le faire renoncer par bienveillance à sa politique d’agression et de guerre et à sa politique de chantage nucléaire. Les faits prouvent le contraire. Plus on « frémit de crainte », plus l’impérialisme américain se déchaînera, plus son appétit grandira, et plus il s’obstinera à jouer de la menace de la guerre nucléaire et à émettre des exigences toujours plus grandes. N’y a-t-il pas eu assez de leçons de ce genre ?
Nous estimons que pour mobiliser les masses populaires dans la lutte contre la guerre nucléaire et les armes nucléaires, il est nécessaire de leur faire connaître l’énorme puissance destructrice de ces armes. On aurait manifestement tort de sous-estimer cette puissance. Mais l’impérialisme américain s’efforce de répandre la terreur nucléaire pour pouvoir poursuivre sa politique de chantage nucléaire. Dans ces conditions, tout en faisant connaître la puissance destructrice de l’arme nucléaire, les communistes doivent combattre la terreur nucléaire que propage l’impérialisme américain, en montrant qu’il est possible de mettre cette arme hors la loi et d’empêcher la guerre nucléaire ; ils doivent faire en sorte que l’aspiration à la paix des masses populaires se transforme en indignation contre la politique de menace nucléaire de l’impérialisme et les amener à lutter contre la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain. Les communistes ne doivent en aucun cas se muer en propagandistes bénévoles de la politique de chantage nucléaire de l’impérialisme américain. Nous estimons qu’il faut la dénoncer à fond, mobiliser le plus largement possible tous les pays et peuples épris de paix pour riposter par une lutte résolue à chaque pas fait par l’impérialisme américain dans l’application de ses plans d’agression et de guerre. Nous sommes profondément convaincus que, grâce à la lutte conjointe de toutes les forces sauvegardant la paix, nous parviendrons à mettre sa politique de chantage nucléaire en échec. Voilà la politique juste et efficace pour réaliser l’interdiction des armes nucléaires et empêcher la guerre nucléaire.
Nous voudrions conseiller à ceux qui attaquent le Parti communiste chinois de renoncer à leurs arguments fallacieux et pessimistes, de croire en la vérité du marxisme-léninisme, de se reprendre et de participer activement à la grande lutte des larges masses populaires contre la politique de chantage nucléaire de l’impérialisme et pour la défense de la paix mondiale.
Le camarade Togliatti et certains autres camarades s’opposent énergiquement à la thèse marxiste-léniniste du Parti communiste chinois selon laquelle « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier ». Dans son rapport général au récent Congrès du Parti communiste italien, Togliatti disait : « Il est . . . faux . . . d’affirmer que l’impérialisme est un simple tigre en papier qu’un coup d’épaule pourrait renverser ». D’autres disent que l’impérialisme a maintenant des dents atomiques, comment pourrait-il être un tigre en papier ?
Les préjugés sont plus éloignés de la vérité que l’ignorance. Si ce n’est par ignorance, c’est intentionnellement que le camarade Togliatti et d’autres camarades ont dénaturé cette thèse du Parti communiste chinois.
C’est en envisageant les choses du point de vue de l’avenir, dans leur ensemble et dans leur essence, que le camarade Mao Tsé-toung et les communistes chinois comparent l’impérialisme et tous les réactionnaires à des tigres en papier. C’est-à-dire que, en dernière analyse, la force véritable appartient aux masses populaires et non pas à l’impérialisme et aux réactionnaires.
C’est lors de l’entretien qu’il eut en août 1946 avec la journaliste américaine Anna Louise Strong que le camarade Mao Tsé-toung a avancé cette thèse pour la première fois. Les temps étaient difficiles pour le peuple chinois. Les réactionnaires du Kuomintang, fortement soutenus par l’impérialisme américain et bénéficiant d’une grande supériorité en effectifs et en équipement, avaient déclenché une guerre civile à l’échelle nationale. Devant les frénétiques attaques de l’ennemi, devant le mythe de l’invincibilité de l’impérialisme américain, oser ou ne pas oser entreprendre la lutte, mener la révolution et arracher la victoire à l’ennemi, était la question la plus importante dont dépendait le sort de la révolution chinoise et du peuple chinois. A ce moment crucial, le camarade Mao Tsé-toung a armé idéologiquement les communistes et le peuple chinois par le point de vue marxiste-léniniste selon lequel « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier ». Ces paroles du camarade Mao Tsé-toung sont parfaitement claires : « Tous les réactionnaires sont des tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité ils ne sont pas si puissants. A envisager les choses du point de vue de l’avenir, c’est le peuple qui est vraiment puissant et non les réactionnaires. » « Tchiang Kaï-chek et les réactionnaires américains qui le soutiennent sont aussi des tigres en papier. En parlant de l’impérialisme américain, il y a des gens qui semblent le croire terriblement fort et les réactionnaires chinois se servent de cette ’force’ des Etats-Unis pour effrayer le peuple chinois. Mais la preuve sera faite que les réactionnaires américains, comme tous les réactionnaires dans l’histoire, ne sont pas si forts que cela, »
Dans son allocution à la Conférence des Représentants des Partis communistes et ouvriers des Pays socialistes tenue à Moscou en novembre 1957, le camarade Mao Tsé-toung a exposé encore une fois cette thèse. Il disait : « Tous les réactionnaires réputés puissants ne sont en réalité que des tigres en papier, . . . Pour lutter contre l’ennemi, nous avons formé, au cours d’une longue période, le concept que voici : Du point de vue stratégique, nous devons mépriser tous les ennemis, et du point de vue tactique, tenir sérieusement compte de tous les ennemis. Ce qui veut dire aussi que nous devons mépriser l’ennemi dans son ensemble mais en tenir sérieusement compte en ce qui concerne chacune de toutes les questions concrètes. Si nous ne méprisons pas l’ennemi dans son ensemble, nous commettrons une erreur d’opportunisme. A eux deux, Marx et Engels, déjà à leur époque ont déclaré que le capitalisme serait renversé dans le monde entier. Mais sur les questions concrètes et sur les questions se rapportant à chaque ennemi en particulier, si nous ne tenons pas suffisamment compte de l’ennemi, nous commettrons une erreur d’aventurisme. »
Ce jugement scientifique du camarade Mao Tsé-toung a été confirmé il y a longtemps par la grande victoire de la révolution du peuple chinois et a encouragé toutes les nations et peuples opprimés dans leur lutte révolutionnaire. Nous voudrions demander au camarade Togliatti et à ceux qui attaquent cette thèse du camarade Mao Tsé-toung en quoi celle-ci est erronée.
L’analyse de l’impérialisme et des réactionnaires faite par le camarade Mao Tsé-toung est absolument identique à celle faite par Lénine. Lénine compara en 1919 le « mondialement puissant » impérialisme anglo-français à un « colosse aux pieds d’argile ». Il a dit à cette époque : « L’impérialisme mondial apparaissait alors une force si grande, si invincible, que les ouvriers d’un pays arriéré qui auraient tenté de s’insurger contre lui auraient été taxés de folie. Mais aujourd’hui, . . . nous voyons que l’impérialisme que nous considérions comme un colosse extraordinaire s’est révélé aux yeux de tous un ’colosse aux pieds d’argile’ « . « Toutes ces forces en apparence invincibles et imposantes de l’impérialisme international ne sont pas sûres, ni redoutables pour nous, elles sont pourries à l’intérieur ». (V.I. Lénine : Œuvres, tome 30.) Ne s’agit-il pas d’un même raisonnement lorsque Lénine parle de « colosse aux pieds d’argile » et le camarade Mao Tsé-toung, de « tigre en papier » ? Nous voudrions demander : en quoi cette thèse de Lénine est-elle erronée ? Serait-elle donc « périmée » ?
D’innombrables faits historiques ont prouvé que l’impérialisme et les réactionnaires sont tous des tigres en papier. Avant la Révolution de Février et la Révolution d’Octobre 1917, les opportunistes affirmaient que le tsar et le gouvernement bourgeois étaient d’une force fantastique et que ce serait folie pour les masses populaires de prendre les armes contre eux. Cependant, Lénine et les bolchéviks luttèrent fermement contre l’idéologie opportuniste, prirent résolument la direction de cette lutte des ouvriers, paysans et soldats et renversèrent le tsar et le gouvernement bourgeois. L’histoire a donc prouvé que le tsar et le gouvernement bourgeois n’étaient que des tigres en papier. A la veille et au cours de la Seconde guerre mondiale, les partisans de la politique d’apaisement et les capitulationnises affirmaient que Hitler, Mussolini et l’impérialisme japonais étaient invincibles. Mais les peuples de tous les pays se sont fermement opposés à la politique d’apaisement et au capitulationnisme et ont remporté finalement la victoire dans la guerre antifasciste. Là encore l’histoire a prouvé que Hitler, Mussolini et l’impérialisme japonais n’étaient, eux aussi, que des tigres en papier.
Nous estimons que, sur le plan stratégique, considérer ou non l’impérialisme et tous les réactionnaires comme des tigres en papier, c’est-à-dire pour ce qu’ils sont, est une question de grande importance, dont dépend la façon d’évaluer les forces de la révolution et celles de la réaction, une question qui décide les peuples révolutionnaires à oser ou ne pas oser s’engager dans la lutte, mener la révolution et arracher la victoire, qui décide de l’avenir de la lutte menée par les peuples du monde entier, ainsi que du destin de l’histoire. A aucun moment, les marxistes-léninistes et les révolutionnaires ne doivent craindre l’impérialisme et les réactionnaires. Le temps où les impérialistes pouvaient imposer à leur guise leur domination féroce est à jamais révolu ; c’est à l’impérialisme et aux réactionnaires de redouter les forces révolutionnaires, et non le contraire. Toutes les nations et tous les peuples opprimés doivent en premier lieu avoir confiance dans la victoire de la révolution sur l’impérialisme et les réactionnaires et être animés d’une ferme volonté et d’un grand enthousiasme révolutionnaires, faute de quoi la révolution ne pourra jamais avoir d’avenir. Les marxistes-léninistes et les révolutionnaires triompheront dans leur révolution s’ils savent s’opposer résolument à tout capitulationnisme et à toute idéologie molle et sans force, éduquer les larges masses dans l’idée que « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier », rabattre l’arrogance de l’ennemi et raffermir la volonté des leurs pour que les larges masses populaires poursuivent la révolution avec résolution et confiance et possèdent une clairvoyance et une fermeté révolutionnaires.
Le fait de posséder des armes nucléaires n’a nullement changé la nature de l’impérialisme qui est déjà pourri, décadent, fort en apparence et faible en réalité, pas plus qu’il n’a modifié la théorie fondamentale du marxisme-léninisme selon laquelle les masses populaires sont la force déterminante du développement de l’histoire. C’est précisément au moment où l’impérialisme était déjà en possession des armes atomiques que le camarade Mao Tsé-toung, au cours de son entretien avec Anna Louise Strong, a dit pour la première fois que l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier. Lors de cet entretien, le camarade Mao Tsé-toung a indiqué : « La bombe atomique est un tigre en papier dont les réactionnaires américains se servent pour effrayer les gens. Elle a l’air terrible, mais en fait, elle ne l’est pas. Bien sûr, la bombe atomique est une arme qui peut faire d’immenses massacres, mais c’est le peuple qui décide de l’issue d’une guerre, et non une ou deux armes nouvelles. » L’histoire a prouvé que malgré ses armes nucléaires l’impérialisme n’a pu effrayer les peuples révolutionnaires qui ont osé engager la lutte. La victoire de la révolution chinoise et les grandes victoires des luttes révolutionnaires des peuples coréen, vietnamien, cubain, algérien et d’autres encore ont toutes été remportées alors que l’impérialisme américain possédait déjà des armes nucléaires. L’impérialisme, depuis toujours armé de pied en cap, cherche constamment à dévorer le peuple. Qu’il ait pour dents des canons, des tanks, des fusées, des armes nucléaires ou des dents de toutes les sortes que la science et la technique modernes sont à même de lui fournir, pourri, décadent et tigre en papier de par sa nature, il ne changera jamais. En fin de compte, les dents atomiques et autres ne pourront sauver l’impérialisme de sa fin inéluctable ; elles finiront par être expédiées, avec l’impérialisme, au musée de l’histoire par les peuples du monde.
Il est manifeste que tous ceux qui attaquent la thèse montrant que « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier » ont totalement perdu les qualités révolutionnaires que doit avoir un militant révolutionnaire et sont devenus des gens à courte vue, peureux comme des souris. Nous leur conseillons de ne pas lier leur destin à celui de l’impérialisme !
Les divergences entre nous, d’une part, et le camarade Togliatti et certains autres camarades, d’autre part, se manifestent aussi à propos de la coexistence pacifique.
Le Parti communiste et le gouvernement chinois ont toujours préconisé la coexistence pacifique entre pays à systèmes sociaux différents. La Chine est l’un des promoteurs des célèbres cinq principes de la coexistence pacifique. Sur la base de ceux-ci, elle a noué des relations amicales avec nombre de pays, elle a successivement signé des traités d’amitié ou des traités d’amitié et de non-agression avec le Yémen, la Birmanie, le Népal, l’Afghanistan, la Guinée, le Cambodge, l’Indonésie et le Ghana, et elle a résolu de manière satisfaisante les questions de frontière avec la Birmanie, le Népal, etc. Ce sont des faits que nul ne peut nier.
Mais au sein du mouvement communiste international se trouvent des gens qui sont allés jusqu’à se répandre en calomnies et en attaques contre la Chine en l’accusant de s’opposer à la coexistence pacifique. S’ils agissent de cette façon, c’est seulement pour dissimuler leur point de vue erroné anti-marxiste-léniniste, en ce qui concerne la coexistence pacifique.
Sur le problème de la coexistence pacifique, nos divergences avec ceux qui nous attaquent consistent en ceci : nous estimons que les pays socialistes doivent s’efforcer d’établir des relations normales avec les pays à systèmes sociaux différents sur la base du respect mutuel de l’intégrité territoriale et de la souveraineté, de la non-agression, de la non-intervention dans les affaires intérieures, de l’égalité et des avantages réciproques, et de la coexistence pacifique. En ce qui concerne les pays socialistes, cela ne soulève aucune difficulté. Les obstacles proviennent de l’impérialisme et des réactionnaires des différents pays. On ne peut absolument pas concevoir que la coexistence pacifique puisse être réalisée sans passer par la lutte ; il est encore moins vraisemblable qu’avec l’établissement des rapports de coexistence pacifique, on puisse faire disparaître la lutte de classe sur le plan international, supprimer l’antagonisme entre système socialiste et système capitaliste et l’antagonisme entre nations opprimées et nations oppresseuses. Il est dit dans la Déclaration de Moscou de 1960 : « La coexistence pacifique des Etats ne signifie nullement, comme l’affirment les révisionnistes, l’abandon de la lutte de classe. La coexistence entre Etats aux régimes sociaux différents est une forme de la lutte de classe entre le socialisme et le capitalisme ». Mais le camarade Togliatti et ceux qui attaquent la Chine considèrent que, par « la coexistence pacifique », on pourrait « rénover la structure du monde », fonder un « ordre international nouveau », établir dans le monde entier « un ordre économique et social à même de répondre aux aspirations des hommes et de tous les peuples à la liberté, au bien-être, à l’indépendance, au plein épanouissement de l’individu, au respect de la personnalité, à la coopération pacifique entre Etats », et créer « un monde sans guerre ». Cela veut dire qu’au moyen de « la coexistence pacifique », on pourrait modifier la « structure du monde » où s’affrontent régime socialiste et régime capitaliste, nations opprimées et nations oppresseuses, on pourrait en finir avec toutes les guerres et réaliser « un monde sans guerre » alors même que l’impérialisme et la réaction existent encore.
En prétendant cela, le camarade Togliatti et d’autres ont complètement modifié les principes de Lénine concernant la coexistence pacifique, abandonné la théorie du marxisme-léninisme sur la lutte de classe, substituant en fait, à l’échelle internationale, la collaboration de classe à la lutte de classe, prônant la fusion du régime socialiste et du régime capitaliste. A présent, l’impérialisme américain prêche à grands cris l’établissement d’une « communauté du monde libre », rêvant d’annexer les pays socialistes au soi-disant « monde libre » par voie d’ »évolution pacifique ». Joignant sa voix à celle de l’impérialisme américain, la clique Tito fait l’éloge de « l’intégration économique » et de « l’intégration politique » du monde. N’est-il pas nécessaire pour ceux qui prétendent « rénover la structure du monde » dans la coexistence pacifique de tracer une ligne de démarcation entre eux et l’impérialisme américain, et une ligne de démarcation entre eux et la clique Tito ?
Quant à l’assertion selon laquelle on peut réaliser un « monde sans guerre » grâce à la coexistence pacifique, elle est absurde au plus haut point. Dans la situation actuelle, les forces éprises de paix peuvent conjurer une nouvelle guerre mondiale déclenchée par les impérialistes en formant un large front uni international anti-impérialiste et en menant une lutte commune. Mais conjurer une guerre mondiale est une chose, et supprimer toutes les guerres est autre chose. L’impérialisme et la réaction sont à l’origine des guerres. Tant que subsistent l’impéralisme et les réactionnaires, il est toujours possible qu’éclate une guerre d’une sorte ou d’une autre. L’histoire des 17 années de l’après-guerre montre que les guerres locales de différentes sortes n’ont jamais cessé. Les nations et peuples opprimés feront la révolution. Quand l’impérialisme et les réactionnaires cherchent à réprimer cette révolution par la force, la guerre civile et la guerre de libération nationale sont inévitables. Les marxistes-léninistes ont toujours considéré que c’est seulement après que l’impérialisme aura été renversé et que tous les systèmes d’oppression et d’exploitation de l’homme par l’homme auront été abolis, et pas avant, qu’il sera possible de supprimer toutes les guerres et d’accéder à un « monde sans guerre ».
A propos de la coexistence pacifique, les divergences entre nous et ceux qui nous attaquent résident encore en ceci : nous estimons que la coexistence pacifique entre pays à systèmes sociaux différents et la lutte révolutionnaire menée par les nations et classes opprimées des différents pays sont deux genres de problèmes, et non pas un seul et même genre de problème. Le principe de la coexistence pacifique s’applique uniquement aux rapports entre pays à systèmes sociaux différents et non à ceux entre nations opprimées et nations oppresseuses, pas plus qu’à ceux entre classes opprimées et classes oppresseuses. Pour les nations et peuples opprimés, il s’agit de mener une lutte révolutionnaire pour renverser la domination de l’impérialisme et des réactionnaires et non de coexister pacifiquement avec eux, ce qui serait d’ailleurs impossible.
Cependant, Togliatti et ceux qui attaquent la Chine ont étendu leur conception de la « coexistence pacifique » aux rapports entre peuples coloniaux et semi-coloniaux d’une part, et impérialistes et colonialistes de l’autre. Ils ont dit : quant au « problème de la faim qui angoisse encore un milliard d’hommes », quant au « problème du développement des forces productives et de la démocratie dans les régions sous-développées », il faut les « résoudre uniquement par la négociation, en cherchant des solutions raisonnables et en évitant d’accomplir des actes pouvant envenimer la situation et engendrer des conséquences irréparables ». Les flammes de la révolution des nations et peuples opprimés leur déplaisent. Ils prétendent qu’une étincelle peut allumer une guerre mondiale. Ce qui revient pratiquement à dire que les nations opprimées doivent « coexister pacifiquement » avec les dominateurs colonialistes, qu’elles doivent tolérer la domination coloniale, ne pas se révolter, ni lutter pour l’indépendance, encore moins mener une guerre de libération nationale. A en croire pareille affirmation, les peuples de Chine, de Corée, du Vietnam, de Cuba, d’Algérie et d’autres pays, qui ont fait la révolution, auraient tous violé le principe de la « coexistence pacifique » et commis une erreur. Il est vraiment difficile pour nous de voir la différence qu’il y a entre ces paroles et les sermons des impérialistes et des colonialistes.
Ce qui est particulièrement stupéfiant, c’est que Togliatti et certains autres ont étendu la conception de collaboration de classe sur le plan international à l’ »intervention commune » dans les régions sous-développées. Ils ont dit qu’en coopérant, « les pays à structures sociales différentes » peuvent faire une « intervention commune » pour le progrès des régions sous-développées. Une telle assertion sert de toute évidence à propager des illusions sur le néo-colonialisme. La politique des impérialistes envers les régions sous-développées, sous quelque forme que ce soit, ne peut être qu’une politique colonialiste de rapine et en aucun cas une politique se souciant du progrès des régions sous-développées. Quant aux pays socialistes, ils doivent naturellement soutenir les peuples des régions sous-développées, en premier lieu dans leur lutte pour l’indépendance nationale, puis, après la conquête de l’indépendance nationale, les aider à développer l’économie nationale. Mais les pays socialistes ne doivent absolument pas se joindre à la politique colonialiste de l’impérialisme envers les pays sous-développés, encore moins s’unir avec lui pour une « intervention commune » dans les régions sous-développées ; quiconque agit de cette façon trahit l’internationalisme prolétarien et sert les intérêts de l’impérialisme et du colonialisme.
Est-il possible pour les nations et peuples opprimés de « coexister pacifiquement » avec les impérialistes et les colonialistes ? Que signifie en fin de compte 1″’intervention commune » dans les régions sous-développées ? Les événements du Congo constituent la meilleure réponse. Au moment où le Conseil de Sécurité de l’O.N.U. adopta à l’unanimité sa résolution pour une intervention internationale au Congo, il y eut dans les rangs du mouvement communiste international des gens qui estimaient que c’était là un modèle de coopération internationale et que l’intervention de l’O.N.U. mènerait à la liquidation du colonialisme et permettrait au peuple congolais de conquérir l’indépendance et la liberté. Cependant, quel a été le résultat ? Le héros national congolais Patrice Lumumba a été assassiné, son successeur Gizenga a été arrêté, de nombreux patriotes ont été de même assassinés ou emprisonnés et la lutte pour l’indépendance nationale qui se déroulait avec impétuosité au Congo a subi de graves revers. Non seulement le Congo continue à subir l’asservissement des vieux colonialistes, mais de plus, il est devenu une colonie de l’impérialisme américain et est plongé dans une misère encore plus profonde. Nous voudrions demander à ceux qui aujourd’hui font encore grand tapage autour de la « coexistence pacifique » entre nations et peuples opprimés d’une part, et impérialistes et colonialistes de l’autre, autour de l’ »intervention commune » dans les régions sous-développées, s’ils ont oublié la douloureuse leçon que constituent les événements du Congo.
Ceux qui calomnient la Chine, l’accusant d’être contre la coexistence pacifique, l’attaquent en disant qu’elle a commis des erreurs dans ses relations avec l’Inde. Ils ne tiennent pas compte des faits, ne distinguent pas le vrai du faux et persistent à reprocher à la Chine le conflit avec l’Inde. A ce sujet, Togliatti a dit : « Nous savons tout ce qu’il y a de raisonnable et de juste dans les revendications de la République populaire de Chine. Nous savons aussi que l’action militaire commença par une attaque venant du côté de l’Inde ». Une telle attitude est plus équitable que celle des gens qui se disent marxistes-léninistes et ne font que calomnier la Chine en prétendant qu’elle a provoqué le conflit frontalier. Cependant, Togliatti considère toujours, sans distinguer le vrai du faux, que le conflit armé entre la Chine et l’Inde est « déraisonnable et même absurde ». Nous voudrions demander au camarade Togliatti : Face aux folles visées territoriales et à l’attaque armée de grande envergure de la clique réactionnaire indienne, comment la Chine aurait-elle dû réagir pour être « raisonnable », non « absurde » ? Devait-elle capituler devant les demandes injustifiées et l’attaque militaire de la clique réactionnaire indienne pour être « raisonnable », non « absurde » ? La Chine socialiste devait-elle céder volontairement de vastes étendues de son territoire pour être « raisonnable », non « absurde » ?
La position du camarade Togliatti et de certains autres camarades sur la question de la frontière sino-indienne est le reflet de leur point de vue sur la coexistence pacifique, c’est-à-dire : engagés dans la politique de coexistence pacifique, les pays socialistes devraient uniquement se conformer aux exigences des pays capitalistes, et même quand ils sont l’objet d’une attaque armée, ils ne devraient pas se défendre, mais devraient, au contraire, renoncer à leur territoire et leur souveraineté. Nous aimerions demander : qu’y a-t-il de commun entre pareil point de vue et le principe de la coexistence pacifique que doit suivre un pays socialiste ?
Ceux qui calomnient la Chine, l’accusent de s’opposer à la coexistence pacifique, attaquent aussi la juste position du peuple chinois de soutien à la lutte du peuple cubain contre l’impérialisme américain. Quelle faute le peuple chinois a-t-il commise lorsque, au moment où l’héroïque peuple cubain et son guide révolutionnaire, le premier ministre Fidel Castro, rejetaient résolument l’inspection internationale qui aurait porté atteinte à la souveraineté de Cuba et formulaient les cinq justes demandes, il organisa, en partant de sa position conséquente d’internationalisme prolétarien, des manifestations de masse de grande envergure dans tout le pays, pour soutenir résolument le peuple cubain dans sa lutte pour la sauvegarde de son indépendance, de sa souveraineté’ et de sa dignité. Néanmoins, certains ne cessent d’attaquer la Chine, l’accusant d’avoir créé des difficultés dans la situation aux Caraïbes et d’avoir voulu précipiter le monde dans une guerre thermonucléaire. C’est là une calomnie des plus perfides et des plus méprisables.
Comment peut-on affirmer que le peuple chinois s’oppose à la coexistence pacifique et veut précipiter tout le monde dans une guerre thermonucléaire, parce qu’il soutient résolument la lutte du peuple cubain contre l’inspection internationale et pour la sauvegarde de sa souveraineté ? La Chine devrait-elle exercer aussi, de son côté, une pression sur Cuba et l’obliger à accepter l’inspection internationale pour pouvoir répondre à ce que vous entendez par « coexistence pacifique » ? Quand certains appuient du bout des lèvres les cinq demandes de Cuba, mais s’opposent en réalité au soutien donné à Cuba par le peuple chinois, cela ne fait-il pas ressortir l’hypocrisie de leur soutien aux cinq demandes de Cuba ?
Le Parti communiste et le peuple chinois ont toujours estimé que c’est la grande force des masses populaires qui décide du destin de l’histoire, et non les armes, quelles qu’elles soient. Nous avons fait remarquer à maintes reprises que nous n’avons jamais préconisé l’installation de bases d’engins téléguidés à Cuba ni objecté au retrait, de ce pays, des prétendues armes offensives. Nous n’avons jamais considéré comme marxiste-léniniste l’attitude qui consiste à jouer avec les armes nucléaires et à prendre cela comme moyen propre à régler les différends internationaux. Jamais non plus nous n’avons estimé que chercher à éviter une guerre thermonucléaire dans la crise des Caraïbes constituait un nouveau « Munich ». Cependant nous nous sommes opposés, nous nous opposons et nous nous opposerons fermement à ce que la souveraineté d’un autre pays soit sacrifiée pour opérer un compromis avec l’impérialisme. Un tel compromis ne peut qu’être considéré comme une politique d’apaisement à cent pour cent, un « Munich » à cent pour cent. Et cela n’a rien à voir avec la politique de coexistence pacifique des pays socialistes.
Le camarade Togliatti et certains autres camarades du Parti communiste italien ont non seulement préconisé, en fait, la substitution de la collaboration de classe sur le plan international à la lutte de classe, ils ont encore étendu leur conception de « coexistence pacifique » aux rapports entre classes qui oppriment et classes opprimées des pays capitalistes. Togliatti a dit que « toutes nos actions, menées dans le cadre de la situation intérieure de notre pays, ne visent qu’à transposer dans les conditions italiennes la grande lutte pour la rénovation de la structure du monde ». Par « toutes nos actions », il entend « la marche vers le socialisme dans la démocratie et la paix », ou encore s’engager dans la voie du socialisme par des « réformes de structure ».
Nous estimons erronée la ligne politique suivie actuellement par le Parti communiste italien quant à la révolution socialiste, mais c’est là une affaire à décider par les camarades italiens eux-mêmes et nous n’avons jamais eu l’intention d’y intervenir. Cependant, puisque le camarade Togliatti présente maintenant la théorie des « réformes de structure » comme une « ligne commune à l’ensemble du mouvement communiste international », qu’il affirme unilatéralement que le passage pacifique « est devenu une stratégie mondiale du mouvement ouvrier et du mouvement communiste » et étant donné que cette question touche aux principes fondamentaux du marxisme-léninisme sur la révolution et la dictature prolétariennes, au problème fondamental de l’émancipation du prolétariat et des peuples de tous les pays capitalistes, nous nous voyons obligés, en tant que membres du mouvement communiste international et marxistes-léninistes, de donner notre point de vue à ce sujet.
La question fondamentale dans toutes les révolutions, c’est celle du pouvoir politique ; Marx et Engels ont dit dans le Manifeste du Parti communiste que « la première étape dans la révolution ouvrière est la constitution du prolétariat en classe dominante ». Cette idée est présente dans toutes les œuvres de Lénine. Dans L’Etat et la révolution, il a souligné la nécessité de briser et de démolir la machine d’Etat de la bourgeoisie et d’instaurer la dictature du prolétariat. Il a dit : « la classe ouvrière doit briser, démolir la machine de l’Etat toute prête, et ne pas se borner à en prendre possession ». « Celui-là seul est un marxiste qui étend la reconnaissance de la lutte des classes jusqu’à la reconnaissance de la dictature du prolétariat ». « En dehors du pouvoir politique, dit-il encore, tout le reste est rêverie. »
En énonçant les lois communes de la révolution socialiste, la Déclaration de Moscou de 1957 a souligné en tout premier lieu que pour s’engager dans la voie du socialisme, il est indispensable que, sous la direction de la classe ouvrière dont le noyau est le parti marxiste-léniniste, les masses travailleuses réalisent la révolution prolétarienne, sous telle ou telle forme, et instaurent la dictature du prolétariat sous telle ou telle forme.
Il est hors de doute que les principes fondamentaux du marxisme-léninisme et les lois communes de la révolution socialiste énoncées dans la Déclaration de Moscou de 1957 sont partout applicables, et par conséquent, elles sont également valables pour l’Italie.
Cependant, le camarade Togliatti et certains autres camarades du Parti communiste italien affirment que l’analyse faite par Lénine dans L’Etat et la révolution « ne suffit plus » et que le sens de la dictature du prolétariat a changé. Selon leur théorie des « réformes de structure », dans l’Italie d’aujourd’hui, il n’y aurait nul besoin de passer par la révolution prolétarienne, ni de briser la machine d’Etat de la bourgeoisie, ni d’établir la dictature du prolétariat, et il suffirait de procéder, dans le cadre de la Constitution italienne, à « une série de réformes », à la « nationalisation de grandes entreprises », à la « planification économique » et à l’élargissement de la démocratie pour qu’on puisse passer « progressivement » et « pacifiquement » au socialisme. En prenant, en fait, l’Etat pour un certain instrument au-dessus des classes, ils pensent que l’Etat bourgeois serait à même d’appliquer une politique socialiste. En prenant la démocratie bourgeoise pour une démocratie au-dessus des classes, ils pensent qu’en s’appuyant sur elle, le prolétariat pourrait s’ériger en « classe dirigeante » du pays. Cette soi-disant théorie des « réformes de structure » contredit totalement la théorie marxiste-léniniste de la révolution prolétarienne et de la dictature du prolétariat.
L’Italie d’aujourd’hui est un pays capitaliste sous la domination de la bourgeoisie monopoliste. Bien que la Constitution italienne comporte certains points positifs dus à la longue lutte héroïque de la classe ouvrière et du peuple italiens, elle n’en demeure pas moins une constitution bourgeoise qui a pour essence la protection de la propriété capitaliste. La démocratie pratiquée en Italie, comme celle pratiquée dans tous les pays capitalistes, est de la démocratie bourgeoise, c’est-à-dire de la dictature bourgeoise. Les nationalisations entreprises en Italie ne sont pas du capitalisme d’Etat sous régime socialiste, mais du capitalisme d’Etat ne pouvant que servir les intérêts de la bourgeoisie monopoliste. Il se peut que, dans le but de maintenir son exploitation et sa domination, la bourgeoisie monopoliste procède parfois à certaines réformes. Dans les pays capitalistes, il est absolument nécessaire que la classe ouvrière mène quotidiennement ses luttes économiques et combatte pour la démocratie. Mais ces combats sont livrés pour améliorer partiellement le sort de la classe ouvrière et du peuple travailleur, et, ce qui est plus important, pour éduquer et organiser les masses, élever leur conscience et accumuler le potentiel révolutionnaire, afin de pouvoir s’emparer du pouvoir politique au moment propice. Les marxistes-léninistes, tout en étant pour la conquête de réformes, sont fermement opposés au réformisme. Les faits montrent que le gouvernement italien, représentant des intérêts du capital monopoleur, a recouru à la répression chaque fois que les revendications politiques et économiques de la classe ouvrière et du peuple travailleur sortaient du cadre permis par la bourgeoisie monopoliste. D’innombrables faits historiques n’ont-ils pas prouvé que c’est là une loi immuable de la lutte des classes ? Comment peut-on imaginer la bourgeoisie monopoliste abandonnant d’elle-même ses intérêts, sa domination et se retirant de la scène de l’histoire ?
Togliatti lui-même n’ignore pas tout à fait ce point. Il a soutenu énergiquement qu’il est possible de « briser le pouvoir du groupe dirigeant du grand monopole » dans le cadre de la constitution bourgeoise. Mais, en définitive, comment briser ce pouvoir ? « Nous n’en savons rien », a-t-il répondu. On voit par là que la théorie des « réformes de structure » de Togliatti et de certains autres dirigeants du Parti communiste italien n’a pas pour point de départ le matérialisme historique et l’étude scientifique de la réalité objective ; son point de départ, c’est l’idéalisme et l’illusion, et cependant, Togliatti et certains autres dirigeants du Parti communiste italien sont allés jusqu’à propager de toutes leurs forces cette théorie, qu’ils savent non-fondée, et jusqu’à prétendre qu’elle représenterait « la ligne commune à l’ensemble du mouvement communiste international ». Le rôle qu’ils jouent par là, c’est pratiquement corrompre et amollir la lutte révolutionnaire du prolétariat, défendre la domination capitaliste et supprimer ce qui est la base même de la révolution socialiste. N’est-ce pas là un nouveau courant social-démocrate ?
Ces dernières années, dans les pays capitalistes, certains éléments dégénérés des partis communistes et des éléments de droite des partis social-démocrates ont prêché à cor et à cri la soi-disant théorie des « réformes de structure » avec laquelle ils ont attaqué les partis communistes. Ce fait démontre à lui seul combien elle ressemble à de la social-démocratie et comme elle est loin du marxisme-léninisme !
Les Déclarations de Moscou indiquent que la révolution socialiste peut être réalisée de manière pacifique ou par des moyens non pacifiques. Certains tentent de se servir de cela pour défendre la théorie des « réformes de structure ». Cette tentative est vaine. Il est tout aussi erroné de prendre unilatéralement le passage pacifique pour « la stratégie mondiale du, mouvement communiste ». Du point de vue marxiste-léniniste, si le passage pacifique pouvait être réalisé, ce serait certainement profitable pour le prolétariat et pour l’ensemble du peuple. Si la possibilité en apparaissait dans un pays, les communistes devraient s’efforcer de le réaliser. Mais possibilité et réalité, de même que désir et réalisation, sont, en définitive, deux choses différentes. En fait, jusqu’ici, l’histoire n’a pas connu de cas de passage pacifique du capitalisme au socialisme. Les communistes ne doivent pas baser la victoire de la révolution uniquement sur le passage pacifique. La bourgeoisie ne se retire jamais de son propre gré de la scène de l’histoire. C’est une loi universelle de la lutte de classe. Les communistes ne doivent en aucune façon relâcher la préparation de la révolution, ils doivent se tenir prêts à riposter à toute attaque de la contre-révolution et à écraser la bourgeoisie par la force, lorsque celle-ci réprimera la révolution par la force, au moment crucial où le prolétariat s’emparera du pouvoir.
Cela signifie que les communistes doivent avoir deux méthodes : en même temps qu’ils préparent le développement pacifique de la révolution, ils doivent être pleinement préparés pour son développement non pacifique. C’est ainsi seulement qu’ils ne seront pas pris au dépourvu au moment où une situation favorable se présentera pour la révolution et quand la bourgeoisie recourt à la violence pour étouffer la révolution. Par ailleurs, même s’ils parvenaient à prendre le pouvoir par des moyens pacifiques, ils devraient encore se préparer sans retard à faire face à l’intervention armée des impérialistes étrangers et à la rébellion armée contre-révolutionnaire soutenue par les impérialistes. L’attention des communistes doit aller principalement à l’accumulation des forces révolutionnaires, en dépit des conditions rudes et difficiles, afin d’être prêts à riposter éventuellement aux attaques armées de la bourgeoisie, et non aller principalement à la possibilité d’un passage pacifique, car, en insistant unilatéralement sur celui-ci, sans aucun doute ils paralyseraient la volonté révolutionnaire du prolétariat, se désarmeraient sur le plan idéologique, se trouveraient dans une position faite entièrement de passivité, sans préparation aucune sur les plans politique et d’organisation, et même enterreraient la cause de la révolution prolétarienne.
La thèse de « la marche vers le socialisme dans la démocratie et la paix », prônée par le camarade Togliatti et certains autres dirigeants du Parti communiste italien, fait penser au vieux révisionniste Kautsky qui disait, il y a plus de 40 ans : « Je prévois que la révolution sociale du prolétariat, . . . partout où la démocratie a été établie, pourrait se réaliser par des moyens pacifiques, économique, juridique et moral, et non par la violence. » (K. Kautsky : La Dictature du prolétariat, 1918.) Les communistes ne doivent-ils pas tracer une ligne de démarcation entre eux et les sociaux-démocrates à la Kautsky ?
A quel point le camarade Togliatti et certains autres camarades se sont éloignés du marxisme-léninisme et des Déclarations de Moscou est révélé plus manifestement encore par les relations extrêmement étroites qu’ils ont nouées récemment avec la clique révisionniste yougoslave.
Un délégué de la clique Tito qui a trahi le marxisme-léninisme a été invité au Congrès du Parti communiste italien, et la tribune lui a été donnée pour attaquer la Chine. Le camarade Togliatti et certains autres camarades ont, au cours du Congrès, défendu publiquement la clique Tito et exalté « la valeur des expériences » de cette clique.
Nous voulons attirer l’attention du camarade Togliatti et de certains autres camarades sur la question : admettez-vous ou non que la Déclaration de Moscou de 1960 vous lie ? Celle-ci dit sans équivoque : « Les partis communistes ont condamné à l’unanimité la variante yougoslave de l’opportunisme international, qui est une expression concentrée des ’théories’ des révisionnistes contemporains. Ayant trahi le marxisme-léninisme, proclamé par eux périmé, les dirigeants de la Ligue des Communistes de Yougoslavie ont opposé à la Déclaration de 1957 leur propre programme révisionniste et antiléniniste. Ils ont opposé la L.C.Y. à tout le mouvement communiste international ». La condamnation de la clique Tito par la Déclaration de Moscou de 1960 est-elle erronée ? La résolution adoptée à l’unanimité par les partis communistes peut-elle être jetée à tous les vents, arbitrairement, par la volonté subjective d’une personne ou de certaines personnes ?
De toute façon, les faits sont les faits, les renégats du communisme sont, en définitive, des renégats du communisme. Le jugement porté par la Déclaration de Moscou de 1960 ne saurait être dénié, par qui que ce soit.
La clique Tito n’a pas abandonné son programme, révisionniste à cent pour cent, et elle s’y est tenue dans le projet de constitution yougoslave publié il y a peu.
La clique Tito n’a pas changé sa « voie unique » pour l’édification du « socialisme » avec l’appui de l’impérialisme. Au contraire, elle est avec plus de zèle encore au service de la politique d’agression et de guerre de l’impérialisme américain. Dernièrement, celui-ci lui a accordé à titre de récompense une « aide » de plus de 100 millions de dollars. Et toujours sous le couvert du « super-bloc » et de la « coexistence active », la clique Tito cherche par tous les moyens à saboter le mouvement national et démocratique des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, à saper l’unité du camp socialiste et à miner la solidarité de tous les pays attachés à la paix.
Avec le développement de la ligne révisionniste de la clique Tito, avec la dépendance grandissante de cette clique vis-à-vis de l’impérialisme américain, la Yougoslavie n’est plus, depuis longtemps, un pays socialiste, et depuis longtemps, la restauration du capitalisme s’y fait pas à pas.
La restauration du capitalisme en Yougoslavie s’est réalisée graduellement non pas au moyen d’un coup d’Etat contre-révolutionnaire de la bourgeoisie ou par l’agression impérialiste, mais par la dégénérescence de la clique Tito. Ici, comme Lénine l’a indiqué il y a longtemps, « la question du pouvoir est certainement la question la plus importante de toute révolution. Quelle classe détient le pouvoir ? Tel est le fond du problème. » (V.I. Lénine : Œuvres, tome 25.) La nature d’un Etat dépend de la classe qui détient le pouvoir et de la politique que celle-ci poursuit. Or, actuellement en Yougoslavie, le pouvoir est entre les mains de la clique Tito qui a trahi le marxisme-léninisme, la cause communiste et les intérêts fondamentaux de la classe ouvrière et du peuple yougoslaves, et poursuit une ligne complètement et totalement révisionniste. Dans les campagnes yougoslaves, les paysans riches et d’autres forces du capitalisme croissent rapidement, la différenciation de classe s’accentue. La libre concurrence capitaliste et les lois du profit jouent un rôle déterminant dans l’ensemble de la vie économique du pays et l’anarchie dans la production, qui est le propre du capitalisme, y gagne en ampleur.
Il n’est pas inutile de voir les appréciations portées par l’impérialisme sur la clique Tito. Ainsi, l’impérialisme américain, en comparant la clique Tito à un « sonnailler de troupeau », cherche par le truchement de l’influence du révisionnisme yougoslave à amener certains pays socialistes hors du camp socialiste pour les faire entrer dans la « communauté du monde libre » de Kennedy. L’exemple concret offert par la Yougoslavie met un problème en lumière : après qu’un pays s’est engagé dans la voie du socialisme, il y a toujours lutte entre la voie socialiste et la voie capitaliste, et danger d’un retour au capitalisme.
L’apparition du phénomène de dégénérescence et de dénaturation, ainsi que le surgissement de nouveaux éléments bourgeois, après la victoire de la révolution du prolétariat, ne sont pas choses difficiles à saisir. Lénine a dit qu’il y a eu toutes sortes de dénaturation dans l’histoire et que, dans des conditions données, il était possible qu’une poignée de nouveaux éléments bourgeois surgissent des rangs des fonctionnaires des Soviets. Ce sont ces nouveaux éléments bourgeois, auxquels songeait Lénine, qui ont d’ores et déjà occupé une position dominante en Yougoslavie.
Le camarade Togliatti a dit dans ses conclusions : « Quand vous affirmez qu’en Yougoslavie le capitalisme aurait été restauré, et tout le monde sait que cela n’est pas vrai, personne ne croit plus à tout le reste de ce que vous avez dit, car chacun sait que tout le reste aussi n’est que de l’exagération. » Il pense pouvoir réfuter totalement, par là, la thèse marxiste-léniniste du Parti communiste chinois. Mais les sophismes ne peuvent altérer la vérité. La seule raison donnée à l’appui de l’assertion arbitraire selon laquelle la Yougoslavie est un pays socialiste est qu’on n’y trouve pas un seul capitaliste. Il est toujours difficile de déceler la vérité lorsqu’on observe les choses sous une optique tendancieuse. Puisque Togliatti et d’autres ont beaucoup de points communs avec la clique Tito dans la façon d’envisager la révolution prolétarienne, la dictature du prolétariat et le socialisme, il n’est donc pas étonnant qu’ils ne voient pas et ne veulent pas voir ni le retour du capitalisme en Yougoslavie ni les nouveaux éléments bourgeois.
Le plus surprenant, c’est que certains, tout en exaltant avec force leurs étroites relations avec la clique du renégat Tito, attaquent furieusement le Parti communiste chinois, prétendant que l’unité entre nous et le Parti du Travail d’Albanie, établie sur la base du marxisme-léninisme, « est inadmissible ». Ceux-là ne reculent devant aucun moyen pour évincer du mouvement communiste international le Parti du Travail d’Albanie, parti marxiste-léniniste, tout en se creusant la tête pour introduire, dans les rangs du mouvement communiste international, la clique du renégat Tito, définie telle quelle par la Déclaration de Moscou de 1960. Quel objectif poursuivent-ils, en fin de compte ? Un dicton chinois dit : « Les choses vont par catégories, les hommes s’assemblent selon leurs milieux ». Ceux qui traitent la clique Tito en proche parent, tout en nourrissant une haine si profonde pour les partis frères qui s’en tiennent fermement au marxisme-léninisme, ne devraient-ils pas se demander sur quelle position ils se sont placés ?
En dernière analyse, les divergences qui, dans une série de questions, existent entre nous et le camarade Togliatti et les camarades ayant des points de vue identiques, se rattachent à une question primordiale : les principes fondamentaux du marxisme-léninisme sont-ils oui ou non dépassés, les Déclarations de Moscou sont-elles oui ou non dépassées ?
Sous prétexte d’un changement d’époque, de particularités nationales, etc., le camarade Togliatti et certains autres camarades estiment que le marxisme-léninisme est d’ores et déjà « périmé », que les lois communes aux révolutions socialistes, indiquées dans la Déclaration de Moscou de 1957, ne sont pas applicables en Italie. Dans ce domaine, G. Pajetta, un dirigeant du Parti communiste italien, est allé plus loin encore. Il a dit : « Le marxisme est différent du léninisme, différents entre eux sont le marxisme de Marx et le léninisme de Lénine ». C’est sous de tels prétextes que ces camarades ont révisé et rejeté les principes fondamentaux du marxisme-léninisme, avancé et colporté ce qu’ils appellent la « voie italienne », qui est contraire au marxisme-léninisme.
Le socialisme scientifique dont Marx et Engels ont posé les fondements est une somme des lois du développement de la société humaine, une vérité universellement valable. Le développement de l’histoire, loin de rendre le marxisme « périmé », continue à prouver sa vitalité sans bornes. Le marxisme s’est sans cesse développé par la pratique du prolétariat mondial, en lutte pour connaître et transformer le monde objectif. C’est dans des conditions historiques nouvelles que Lénine a développé le marxisme de façon créatrice, en tenant compte des particularités de l’époque de l’impérialisme. Dans les années qui ont suivi la mort de Lénine, les partis prolétariens des différents pays ont enrichi le patrimoine du marxisme-léninisme par leurs propres luttes révolutionnaires. Cependant, tous ces nouveaux développements ont été réalisés en partant des principes fondamentaux du marxisme et nullement en s’en écartant.
La voie de la Révolution d’Octobre inaugurée par Lénine, et les lois communes de la révolution et de l’édification socialistes, dont la Déclaration de Moscou de 1957 a fait la synthèse, constituent la voie commune à tous les peuples du monde pour liquider le capitalisme et marcher vers le socialisme. Depuis la Révolution d’Octobre, d’immenses transformations se sont opérées dans le monde, mais les principes fondamentaux du marxisme-léninisme, dont la voie de la Révolution d’Octobre est l’expression, brillent d’un éclat toujours plus vif.
Pour défendre ses points de vue erronés, Togliatti va jusqu’à prétendre que la ligne appliquée par le Parti communiste chinois « ne correspondait pas du tout à la ligne stratégique et tactique suivie par les bolchéviks au cours de la révolution de mars à octobre 1917 ». Ceci va entièrement à l’encontre de la réalité historique de la révolution chinoise. Au cours de sa longue lutte révolutionnaire et dans son combat contre le dogmatisme et l’empirisme, contre l’opportunisme « de gauche » et l’opportunisme de droite, le Parti communiste chinois, guidé par le camarade Mao Tsé-toung, a développé de façon créatrice le marxisme-léninisme en alliant la vérité universelle du marxisme-léninisme à la réalité concrète de la révolution chinoise. Bien que la révolution chinoise ait de nombreuses particularités, comme les révolutions des autres pays, les communistes chinois ont toujours considéré La révolution chinoise comme le prolongement de la Grande Révolution d’Octobre. C’est en suivant la voie de la Révolution d’Octobre que la révolution chinoise a pu triompher. Les déformations de la révolution chinoise entreprises par Togliatti prouvent seulement qu’il cherche à créer des justifications pour sa ligne unique qui va à rencontre de la vérité universelle du marxisme-léninisme et des lois communes régissant la révolution socialiste.
Les partis marxistes-léninistes doivent allier la vérité universelle du marxisme-léninisme à la pratique concrète de la révolution de chaque pays et, compte tenu des conditions concrètes de chaque pays, utiliser de façon créatrice les lois communes de la révolution socialiste. Le marxisme-léninisme se développera sans cesse dans la pratique. Certaines thèses avancées par un parti marxiste-léniniste, à une époque et dans des conditions données, doivent, à une autre époque et dans d’autres conditions, être remplacées par des thèses nouvelles, par suite des changements intervenus dans la situation. A ne pas agir de la sorte, on pourrait verser dans le dogmatisme et porter préjudice à la cause communiste. Cependant, quelles que soient les circonstances, un parti marxiste-léniniste ne peut tirer prétexte de certains phénomènes sociaux nouveaux pour dénier les principes fondamentaux du marxisme-léninisme, substituer le révisionnisme au marxisme-léninisme et trahir la cause communiste.
Pour tel parti communiste et à une étape donnée de son développement, le dogmatisme et le sectarisme peuvent constituer le danger principal. Il est tout à fait juste que les deux Déclarations de Moscou soulignent la nécessité de combattre le dogmatisme et le sectarisme. Mais comme elles l’ont précisé, sous l’angle de l’ensemble du mouvement communiste international, le danger principal est, dans les conditions actuelles, le révisionnisme moderne. Les révisionnistes modernes « dénaturant le marxisme-léninisme et le vidant de son esprit révolutionnaire, reflètent l’idéologie bourgeoise dans leur théorie comme dans leur pratique, paralysent la volonté révolutionnaire de la classe ouvrière, désarment et démobilisent les ouvriers, les masses de travailleurs en lutte contre le joug des impérialistes et des exploiteurs, pour la paix, la démocratie et la libération nationale, pour le triomphe du socialisme ». Actuellement, ils s’opposent au marxisme-léninisme sous prétexte de combattre le dogmatisme ; ils refusent la révolution sous prétexte de combattre l’aventurisme « de gauche » ; ils prônent les compromis sans principe et pratiquent le capitulationnisme en invoquant la souplesse dans la tactique. Ne pas combattre résolument le révisionnisme moderne porterait de graves préjudices au mouvement communiste international.
Le courant contraire qui est apparu dernièrement, qui va à l’encontre du marxisme-léninisme et sape l’unité du mouvement communiste international, démontre une fois de plus la justesse des thèses inscrites dans les deux Déclarations de Moscou. Au sujet des principales caractéristiques du révisionnisme, Lénine a dit : « Définir sa conduite d’une situation à l’autre, s’adapter aux événements du jour, aux changements de menus faits politiques, oublier les intérêts vitaux du prolétariat, et les traits essentiels de l’ensemble du régime capitaliste, de toute l’évolution capitaliste, sacrifier ces intérêts vitaux au nom des avantages réels ou supposés de l’heure : telle est la politique révisionniste. » (V.I. Lénine : Œuvres, tome 15.)
Le prolétariat révolutionnaire et le peuple révolutionnaire progressent nécessairement dans la juste voie indiquée par le marxisme-léninisme. Fût-elle difficile et sinueuse, cette voie est la seule qui conduise à la victoire. Le développement de l’histoire de la société ne saurait obéir aux « théories » de l’impérialisme ni aux « théories » du révisionnisme. L’homme ou le parti ou groupe politique, peu importe ce qu’il a pu faire poulie mouvement ouvrier, qui s’écarte de la voie marxiste-léniniste pour s’engager dans la voie révisionniste et qui, de surcroît, se laisse glisser de plus en plus sur cette pente, ne peut que devenir un valet de la bourgeoisie, vomi par le prolétariat.
Nous sommes obligés de discuter ici, publiquement, des principales divergences entre le camarade Togliatti, certains autres camarades du Parti communiste italien et nous-mêmes. Ce n’est pas ce que nous avions espéré, mais ils ont eux-mêmes lancé publiquement le défi et insisté pour qu’il y ait débat public. Forcés de l’engager, nous espérons sincèrement que ces divergences pourront être aplanies par la discussion en toute camaraderie. Bien qu’il soit regrettable de voir Togliatti et d’autres camarades ayant des points de vue identiques aux siens s’écarter de plus en plus du marxisme-léninisme, nous souhaitons vivement qu’ils ne s’enlisent pas plus profondément et qu’ils sauront revenir de leur égarement, sur les positions marxistes-léninistes et aux principes révolutionnaires énoncés dans les deux Déclarations de Moscou. Nous voulons regarder vers l’avenir. Plus d’une fois, nous avons proposé de convoquer une conférence des représentants des partis communistes et ouvriers de tous les pays pour résoudre les divergences existant actuellement au sein du mouvement communiste international. Nous sommes d’avis que les communistes de tous les pays doivent avoir à cœur les intérêts communs de la lutte contre l’ennemi et la cause révolutionnaire du prolétariat, doivent aplanir les divergences et renforcer l’unité, conformément aux principes régissant les rapports entre partis frères, stipulés dans les deux Déclarations de Moscou, et sur la base du marxisme-léninisme et de l’internationalisme prolétarien. C’est ce que la classe ouvrière et tous les peuples du monde attendent.
Depuis plus d’un siècle, l’histoire des mouvements ouvriers de tous les pays est remplie de luttes acharnées du marxisme contre l’opportunisme de toutes les nuances. Ce fut toujours dans la lutte victorieuse contre le réformisme, la social-démocratie et le révisionnisme que le mouvement communiste international n’a cessé d’aller de l’avant. Aujourd’hui, les révisionnistes de toutes les nuances peuvent mener un strident mais éphémère tapage, mais ceci est loin d’être une manifestation de leur puissance ; au contraire, c’est un signe de leur faiblesse. Le courant d’idées révisionniste et le nouveau courant d’idées social-démocrate, qui sont apparus dans le mouvement communiste international et qui s’adaptent aux besoins de la bourgeoisie monopoliste et de l’impérialisme américain, ne sont en réalité que le produit de la politique de ces derniers. Cependant, les révisionnistes de toutes les nuances ne peuvent ni entraver le développement triomphal de la lutte révolutionnaire des nations et des peuples opprimés, ni sauver l’impérialisme de son anéantissement définitif.
En 1913, dans la lutte contre l’opportunisme et en exposant les destinées historiques de la doctrine de Marx, Lénine indiquait que, tout en étant en butte aux déformations opportunistes, le marxisme s’est sans cesse vu apporter de nouvelles confirmations et a acquis de nouvelles victoires par le développement des luttes révolutionnaires des peuples de tous les pays du monde. Lénine faisait alors cette juste prédiction : « Une victoire plus grande encore attend le marxisme, doctrine du prolétariat, dans la période de l’histoire qui commence. » (V.I. Lénine : Œuvres, tome 18.) Nous nous rendons compte que le marxisme-léninisme se trouve, à présent, à un nouveau et important tournant historique. La lutte entre le courant idéologique marxiste-léniniste et le courant idéologique révisionniste anti-marxiste-léniniste s’inscrit à nouveau avec acuité à l’ordre du jour des communistes de tous les pays. Nous sommes profondément convaincus que, aussi complexe que la lutte puisse être, le courant idéologique marxiste-léniniste finira par triompher.
Il y a plus de cent ans, Marx et Engels lançaient au monde, par le Manifeste du Parti communiste, cet appel magnifique de courage et de fierté : « Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste. Les prolétaires n’y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner. » Ce grand appel encourage tous les révolutionnaires qui se dévouent à la cause communiste et le prolétariat du monde entier, il leur donne toute confiance dans l’avenir, leur permettant de franchir résolument tous les obstacles et d’aller impétueusement de l’avant. A l’heure actuelle, les rangs du prolétariat mondial grossissent toujours, la conscience politique des peuples grandit de plus en plus, la lutte pour la paix mondiale, la libération nationale, la démocratie et le socialisme remporte victoire sur victoire, les grandes idées du socialisme et du communisme attirent en nombre toujours croissant les nations et peuples opprimés et qui sont dans le malheur. Que l’impérialisme et la réaction tremblent devant le grand courant révolutionnaire de la classe ouvrière du monde entier et des nations et peuples opprimés ! Le marxisme-léninisme triomphera, et la cause révolutionnaire de la classe ouvrière et des peuples du monde entier triomphera !