Ernst Thälmann, le dirigeant du Parti Communiste d’Allemagne assassiné il y a 70 ans par les nazis, a été une grande figure du mouvement ouvrier, et à ce titre il était largement connu en France dans les années 1930. Il y a eu beaucoup de campagnes de soutien en sa faveur, comme par exemple des lâchers de ballons avec des messages vers l’Allemagne.
Aujourd’hui le Parti « Communiste » français n’a plus rien à faire de tout cela ; il pratique le révisionnisme sur toute la ligne. C’est le fruit de toute une logique issue des errements de Maurice Thorez.
La démarche de Hervé Poly, secrétaire fédéral du Parti « Communiste » français, est donc incorrecte sur plusieurs plans. Il a en effet repris sur son blog la déclaration commune, notamment signée par le PCMLM de France, le Centre MLM de Belgique, l’Organisation des Ouvriers d’Afghanistan (Marxiste-Léniniste-Maoïste, principalement Maoïste) et le Parti Communiste Marxiste-Léniniste-Maoïste du Bangladesh en l’honneur d’Ernst Thälmann, sauf qu’il en a coupé toute une partie : celle avec les citations d’Ernst Thälmann, avec une explication de son combat (et une brève présentation de l’assassinat du communiste belge Julien Lahaut quelques années après), et bien entendu la liste des signataires. Ce copié-collé a pu être repris par la suite, notamment par le site de la section « du PCF bassin d’Arcachon ».
Ernst Thälmann ne méritait-il qu’un simple copié-collé ?
Si vraiment on accorde de l’attention à cet illustre personnage historique, alors on doit être capable d’écrire quelque chose à son sujet. C’est la moindre des choses.
Si on pense que d’autres l’ont fait correctement, alors il faut simplement le reconnaître. On ne « pille » pas comme cela ; ce genre de choses relève de l’opportunisme et pas de la vraie politique, franche, populaire.
Enfin, et c’est un point important : si le Parti « Communiste » français n’a pas parlé d’Ernst Thälmann, ce n’est pas pour rien. Il faut savoir le reconnaître, et non pas imposer de l’extérieur une culture que le P. « C. » F. a abandonné consciemment, et pour ainsi dire démocratiquement, à travers de multiples congrès, de manière ouverte et documentée.
Il n’est pas possible de nier l’histoire, compliquée et difficile, de la bataille anti-révisionniste en France, la grande lutte pour le matérialisme dialectique comme idéologie directrice !
Les intentions de Hervé Poly ont bien évidemment un sens : il tente de faire avancer les choses, il a pensé utiliser politiquement une initiative pour rappeler des faits importants, bref il a tenté de remuer les choses. Pour lui, dans le Nord-Pas-de-Calais où la tradition communiste est historique, il n’y a pas à tergiverser il faut que cela bouge.
Ce pragmatisme – qui aboutit de la même manière à soutenir Mélenchon, par exemple – ne saurait aboutir. C’est d’ailleurs une approche tout à fait thorézienne. Et c’est en contradiction fondamentale avec les enseignements de la social-démocratie historique.
Car on en revient toujours au même problème : le mouvement ouvrier français nie le rôle de la théorie. Il est influencé par Proudhon, par Georges Sorel, par le syndicalisme révolutionnaire, par l’esprit d’agitation revendicative comme valeur en soi.
Hervé Poly aurait dû publier la partie du communiqué en donnant le lien, au minimum, afin que culturellement et intellectuellement, on puisse se repérer ; sans cela on maintient le flou, on noie la théorie dans une série de prises de position n’engageant en rien.
Doit-on comprendre par exemple que Hervé Poly est d’accord avec le PCMLM à moitié ? Qu’il s’en inspire ? Qu’il trouve cela intéressant ? Doit-on penser que cela reflète sa position personnelle, ou bien celle en tant que secrétaire fédéral ? En tant qu’opposant interne à la ligne dominante ?
Tout cela n’est pas clair et ce qui n’est pas clair n’est pas prolétarien.