Après l’effondrement du régime nazi en Allemagne, et étant donné le rôle joué par l’Union Soviétique dans ce processus, beaucoup de pays d’Europe de l’est sont devenus des « démocraties populaires ».
Ce fut le cas pour la Bulgarie, la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Pologne, la République Démocratique d’Allemagne, la Roumanie et l’Albanie. Ce fut le cas pour la Yougoslavie également mais cette dernière a trahi très rapidement en rejoignant le camp de l’impérialisme des États-Unis d’Amérique.
La situation dans ces pays était la suivante : le régime nouvellement établi était protégé des forces réactionnaires par l’Armée Rouge. Grâce à cela, le front des patriotes organisés par les communistes a pu se développer en démocratie, écraser les fascistes et évoluer doucement vers une première étape du socialisme.
Dans certains pays, comme la Tchécoslovaquie, le Parti Communiste était la force la plus importante ; dans la plupart des autres pays en revanche, et en particulier en Pologne et en Hongrie, la situation était inversée, et cela a créé d’énormes difficultés.
On retrouve ce même processus dans deux pays d’Asie : l’Armée Rouge (d’URSS) n’y a pas libéré le pays mais a fourni un appui stratégique important aux forces armées communistes qui ont libéré la Chine et la moitié nord de la Corée.
Quand le Parti Communiste a libéré la Chine en 1949 pour former la « République Populaire », le pays est devenu en pratique similaire aux « démocraties populaires » d’Europe. Ce n’est pas le socialisme qui a été organisé, mais une union des forces progressistes sous la direction du Parti Communiste.
Mao Zedong, le 30 juin 1949, dans un document écrit à l’occasion de la Commémoration du 28e Anniversaire du Parti Communiste de Chine intitulé « De la dictature démocratique populaire », explique :
« L’expérience principale et fondamentale acquise jusqu’à présent par le peuple chinois se résume en deux points :
1) A l’intérieur du pays, éveiller les masses populaires. Cela signifie unir la classe ouvrière, la paysannerie, la petite bourgeoisie urbaine et la bourgeoisie nationale en vue de former un front uni placé sous la direction de la classe ouvrière et, à partir de là, édifier un Etat de dictature démocratique populaire dirigé par la classe ouvrière et basé sur l’alliance des ouvriers et des paysans.
2) A l’extérieur, nous unir, en une lutte commune, avec les nations du monde qui nous traitent sur un pied d’égalité, ainsi qu’avec les peuples de tous les pays. Cela signifie nous unir avec l’Union soviétique, les pays de démocratie populaire ainsi qu’avec le prolétariat et les larges masses populaires de tous les autres pays en vue de former un front uni international. (…)
« On peut remporter la victoire même sans l’aide internationale. » C’est là une idée fausse. A l’époque où existe l’impérialisme, il est impossible qu’une véritable révolution populaire puisse, dans quelque pays que ce soit, remporter la victoire sans l’aide, sous différentes formes, des forces révolutionnaires internationales ; et même si la victoire était remportée, elle ne pourrait être consolidée.
Cela est vrai pour la victoire et la consolidation de la grande Révolution d’Octobre, ainsi que Lénine et Staline nous l’ont dit il y a longtemps. C’est vrai également pour l’écrasement des trois puissances impérialistes pendant la Seconde guerre mondiale et pour la création des États de démocratie populaire. Et c’est vrai également pour le présent et l’avenir de la Chine populaire.
Réfléchissez : sans l’existence de l’Union soviétique, sans la victoire sur le fascisme dans la Seconde guerre mondiale, sans la défaite de l’impérialisme japonais, sans la naissance des États de démocratie populaire, sans la lutte des nations opprimées d’Orient qui se lèvent, et sans la lutte des masses populaires des États-Unis, d’Angleterre, de France, d’Allemagne, d’Italie, du Japon et d’autres pays capitalistes contre les réactionnaires qui les dominent, sans le concours de tous ces facteurs, les forces réactionnaires internationales qui pèsent sur nous auraient certainement été on ne sait combien de fois supérieures à ce qu’elles sont.
Aurions-nous pu remporter la victoire dans de telles conditions ? Évidemment non. Et même s’il y avait eu victoire, elle n’aurait pu être consolidée. »
La Chine traversait en effet une crise profonde, après avoir subi la domination des seigneurs de guerre et la guerre d’agression impérialiste du Japon. Le retour à une situation économique équivalente à celle d’avant-guerre, et l’organisation pratique du nouvel État à tous les niveaux, allaient prendre des années, dans un pays qui, avant même tout cela, était semi-colonial semi-féodal.
L’Armée de Libération du Peuple avait libéré le pays de l’impérialisme, et brisé la bourgeoisie compradore – la situation militaire était favorable, comme en Europe de l’est. Mais la société nouvelle, la « démocratie nouvelle », devait encore être construite – une construction difficile, comme en Europe de l’est.
En 1949, le Parti Communiste était enfin venu à bout de l’aspect semi-colonial de la Chine, et a mis en place la révolution agraire qui marqua la fin de l’aspect semi-féodal. L’objectif était ensuite l’établissement de la Démocratie Nouvelle. C’est dans ce sens que Mao Zedong a présenté, le 21 septembre 1949, à l’occasion de la première Session Plénière de la Conférence consultative politique du peuple chinois, son discours d’introduction intitulé « Le Peuple Chinois est debout ! »
Voici comment il présente la situation :
« Notre œuvre révolutionnaire n’est pas encore achevée, la Guerre populaire de Libération et le mouvement révolutionnaire du peuple continuent leur avance, et nous devons poursuivre nos efforts. Les impérialistes et les réactionnaires du pays ne se résigneront jamais à leur défaite ; ils se débattront jusqu’à la fin.
Même quand la paix et l’ordre auront été rétablis dans l’ensemble du pays, ils continueront par tous les moyens à se livrer au sabotage et à provoquer des troubles, et chercheront à tout instant à rétablir leur domination en Chine. Cela est certain, indubitable ; nous ne devons donc en aucun cas relâcher notre vigilance.
Notre régime d’Etat, la dictature démocratique populaire, constitue une arme puissante pour préserver les conquêtes de la révolution populaire et contrecarrer les complots de restauration fomentés par les ennemis de l’intérieur et de l’extérieur ; tenons fermement cette arme en main.
Sur le plan international, il nous faut nous unir avec tous les pays et tous les peuples épris de paix et de liberté, et en premier lieu, avec l’Union soviétique et les pays de démocratie nouvelle ; ainsi nous ne serons pas seuls dans la lutte pour préserver les conquêtes de la révolution populaire et déjouer les complots de restauration des ennemis de l’intérieur et de l’extérieur. Tant que nous maintiendrons la dictature démocratique populaire et que nous serons unis avec nos amis de l’étranger, nous serons toujours victorieux.
La dictature démocratique populaire et l’union avec nos amis de l’étranger nous permettront d’obtenir des succès rapides dans notre édification. La tâche de la construction économique à l’échelle nationale nous attend. Nous disposons pour cela d’excellentes conditions : une population de 475 millions d’habitants et un territoire de 9.600.000 kilomètres carrés. Des difficultés, nous en aurons, et même en grand nombre, mais nous sommes persuadés que notre peuple les surmontera toutes par sa lutte héroïque.
Et sous ce rapport, le peuple chinois possède une très riche expérience. Si nos prédécesseurs et nous-mêmes avons pu traverser une longue période extrêmement difficile et vaincre les puissants réactionnaires de l’intérieur et de l’extérieur, pourquoi ne serions-nous pas en mesure, après la victoire, d’édifier un pays prospère et florissant ?
Tant que nous conserverons notre style de travail fait de dur labeur et d’âpre lutte, tant que nous resterons unis, tant que nous maintiendrons la dictature démocratique populaire et que nous serons unis avec nos amis de l’étranger, nous pourrons remporter rapidement la victoire sur le front économique.
L’essor de l’édification économique s’accompagnera nécessairement d’un essor de l’édification culturelle. Le temps est révolu où les Chinois étaient considérés comme des gens incultes. Nous apparaîtrons dans le monde comme une nation ayant une culture hautement développée. »