Discours au premier congrès panrusse des ouvrières prononcé le 19 novembre 1918, Pravda, 10 mars 1925.

Camarades, le congrès de la partie féminine de l’armée prolétarienne, à un certain point de vue, a une importance particulièrement grande, du fait que, dans tous les pays, les femmes se sont mises en mouvement avec assez de difficulté. Une révolution socialiste n’est pas possible dans une large participation d’une fraction des femmes laborieuses.

Dans toue les pays civilisés, même les plus avancés, la condition des femmes est telle qu’on les appelle, non sans raison, les esclaves domestiques. Dans aucun Etat capitaliste, fût-ce la plus libre des Républiques, les femmes ne jouissent d’une pleine égalité de droits.

La République des Soviets a pour tâche d’abolir d’abord toutes les restrictions des droits de la femme. le pouvoir des Soviets a aboli entièrement cette source d’ignominie bourgeoise, d’avilissement et d’humiliations, — la procédure du divorce.

Il y aura bientôt un an qu’existe une législation tout à fait libre sur le divorce. Nous avons promulgué un décret qui abolit la différence de situation entre l’enfant légitime et l’enfant naturel, et supprime toute une série de vexations politiques : nulle part dans le monde l’égalité et la liberté des femmes travailleuses n’ont trouvé une aussi complète réalisation.

Nous savons que tout le poids de prescriptions surannées pèse sur la femme de la classe ouvrière.

Pour la première fois dans l’histoire, notre loi a effacé ce qui a fait de la femme un être sans droits. Mais il ne s’agit pas de la loi. Chez nous, cette loi sur la liberté complète du mariage est aisément acceptée dans les villes et les agglomérations industrielles, amis à la campagne, elle reste très souvent lettre morte. Là, jusqu’à présent, le mariage religieux prédomine. Cela est dû à l’influence des prêtres, et ce mal est plus difficile à combattre que l’ancienne législation.

C’est avec une extrême prudence qu’il faut lutter contre les préjugés religieux : ceux qui, au cours de cette lutte, blessent les sentiments religieux, font beaucoup de mal. En envenimant cette lutte, nous pouvons irriter les masses : une telle lutte approfondit la division des masses sur le terrain religieux, et notre force réside dans l’union. La source la plus profonde des préjugés religieux, c’est la misère et l’obscurantisme : voilà les maux que nous devons combattre.

Jusqu’ici, la condition de la femme est restée telle qu’on la qualifie d’esclavage : la femme est soumise à son ménage et elle ne peut être sauvée de cette situation que par le socialisme, seulement l’heure où, de la petite exploitation, nous irons vers l’exploitation commune et vers la culture en commun de la terre.

Alors, seulement, la libération et l’émancipation de la femme seront complètes. C’est une tâche difficile : mais déjà on crée des comités de paysans pauvres, et le temps approche où la révolution sera affermie.

A présent, seulement, la partie la plus pauvre de la population du village s’organise, et dans ces organisations des pauvres le socialisme obtient un fondement stable.

Dans le passé, on a connu très souvent des situations où la ville devenait révolutionnaire et le village ne se mettait à bouger qu’après.

La révolution actuelle s’appuie sur le village, et c’est là que résident son importance et sa force. L’expérience de tous les mouvements libérateurs atteste que le succès d’une révolution dépend du degré de participation des femmes. Le pouvoir soviétique fait tout pour que la femme puisse accomplir, en toute indépendance, sa tâche prolétarienne et socialiste.


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