Pour que la thèse fondamentale du XIXe congrès – l’existence de deux camps, dont un, celui qui est démocratique, est en expansion continue, alors que l’autre se ratatine – ait un véritable sens politique, il faut que le PCUS(b) modifie sa perception de lui-même.

S’il ne le fait pas, alors il reste le Parti de la construction du socialisme, dans une situation contradictoire par rapport au capitalisme, même si son propre camp se voit considérablement, formidablement agrandi depuis 1945 et 1949. Il est alors un Parti combattant, luttant pour le socialisme en URSS et épaulant les communistes des autres pays.

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S’il le fait, alors l’affirmation du camp « autre » que le capitalisme devient une fin en soi et c’est précisément ce qui va se passer. En effet, une erreur fondamentale va être commise ici par Staline, à savoir la considération que la construction du socialisme est terminée.

La thèse du XIXe congrès est en effet que l’URSS passe à l’édification du communisme.

Lazare Kaganovitch explique au congrès la chose suivante :

« Le XIXe Congrès du parti établit que, depuis le VIIIe Congrès du parti (1919), année de l’adoption du programme du parti, des changements fondamentaux se sont produits tant dans le domaine des relations internationales que dans celui de la construction du socialisme en URSS, à la suite desquels un certain nombre de dispositions du programme et les tâches du parti qui y sont énoncées, puisqu’elles ont déjà été mises en œuvre au cours de cette période, ne correspondent plus aux conditions modernes et aux nouvelles tâches du parti.

Sur cette base, le congrès décide:

1. Considérer qu’il est nécessaire et opportun de réviser le programme du Parti existant.

2. Lors du traitement du programme, se laisser guider par les principales dispositions des travaux du camarade Staline, « Les problèmes économiques du socialisme en URSS ».

3. Le traitement du programme du Parti devrait être confié à la Commission comme suit: Camarade Staline – Président de la Commission (Applaudissements tempétueux se transformant en une ovation debout). Membres de la Commission: les camarades Beria, Kaganovich, Kouusinen, Malenkov, Molotov, Pospelov, Rumyantsev, Sabourov, Chesnokov, Youdin.

4. Le projet de programme révisé du Parti est à soumettre au prochain congrès du Parti communiste de l’Union soviétique. (Applaudissements tempétueux, tout le monde se lève ) »

A quoi est-il fait référence ? Au fait que le XIXe congrès marque la considération que l’URSS a déjà complété l’étape socialiste et qu’elle va donc désormais au communisme. Les statuts modifiés précisent ainsi :

« Aujourd’hui, le Parti communiste d’Union soviétique a pour tâche principale de construire une société communiste en passant progressivement du socialisme au communisme, d’améliorer constamment le niveau matériel et culturel de la société, d’éduquer les membres de la société à l’esprit de l’internationalisme, d’établir des liens fraternels avec les travailleurs de tous les pays et de renforcer par tous les moyens la défense active de la Patrie soviétique des actions agressives de ses ennemis »

Kliment Vorochilov, dans son discours pour la clôture du congrès, formule cela de la manière suivante :

« L’histoire a confié au Parti de Lénine – Staline une grande et noble mission : assurer la construction d’une société communiste dans notre pays et paver ainsi la voie au communisme pour l’humanité tout entière. (Applaudissements prolongés)

Nous savons que pas seulement les joies des victoires nous attendent – les difficultés sont inévitables, mais nous savons également que le Parti de Lénine et Staline, sous la direction d’un chef brillant, surmontera toutes les difficultés et remportera une victoire complète. »

Staline et Kliment Vorochilov, 1935

Staline et Kliment Vorochilov, 1935

On a donc l’URSS formant une sorte d’îlot socialiste, au sein d’un camp démocratique très vaste la protégeant, alors que le camp du capitalisme va à l’effondrement. Il suffirait, en toute logique, par conséquent de pousser le communisme dans le noyau dur pour entraîner le reste. C’est cela précisément qui forme l’espace permettant la projection politique du révisionnisme.


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