La question de la possibilité de la vie amoureuse est essentielle à l’épicurisme.

Dans le capitalisme, les relations tournent vite à l’exploitation, les individus se comportant avec les autres individus comme s’il s’agissait d’un capital. L’amour, les individualistes n’y croient pas, préférant des relations établies selon des critères d’utilité.

Et dans tous les cas, une relation non communiste voit les individus s’utiliser les uns les autres, considérant l’autre comme « acquis », comme « capitalisé. »

C’est cela qui pousse à se « lancer » dans autre chose ; dans le capitalisme, la tromperie est généralisée, le mensonge est une loi ; les relations amoureuses sont brisées devant la nécessité de l’accumulation de capital.

Toute l’idéologie dominante est hypocrite : elle exige des relations formelles, un mariage bourgeois sans sentiments et prétendument éternel, et de l’autre elle fait la promotion de la prostitution, de la tromperie, de l’adultère, etc.

Les romances sont ainsi contaminées et brisées par des attitudes individualistes amenant une personne à tronquer son amour pour une sorte d’assimilation, de capitalisation de l’autre. Manipulation, rapport de force, « fuir le bonheur de peur qu’il ne se sauve », cantonnement dans des relations semi-fausses mais « sécurisées » : voilà le panorama bourgeois.

La musique raconte souvent ces réalités, comme la très célèbre chanson « Tainted Love», interprétée par Gloria Jones et rendue célèbre par Soft Cell (et reprise par Marilyn Manson):

A un moment je courais vers toi (j’ai couru)
Maintenant je cours loin de toi
Cet amour corrompu que tu as donné
Je t’ai donné tout ce que une fille / un garçon pouvait donner
Prends mes pleurs et c’est loin d’être tout
Oh… Amour corrompu
Amour corrompu »

Dans un même genre, on a une chanson des Supremes (reprise notamment par Vanilla Fudge) qui a étalement été repris dans les années 1980, par la chanteuse Kim Wilde, You Keep Me Hangin’ On :

Libère-moi, pourquoi ne le fais-tu pas chéri (pourquoi ne le fais-tu pas chéri) ?
Sors de ma vie, pourquoi ne le fais-tu pas chéri ?
Car tu ne m’aimes pas vraiment
Tu me fais m’accrocher à toi
(…)

Pourquoi continues-tu de revenir
Jouant avec mon coeur ?
Pourquoi ne sors-tu pas de ma vie
Et ne me laisses-tu pas prendre un nouveau départ ?
Laisse-moi tourner la page
De la façon dont tu l’as fait avec moi ouais
(…)

Tu dis que tu tiens encore à moi
Mais ton coeur et ton âme ont besoin d’être libres
Et maintenant que tu as obtenu ta liberté
Tu veux encore te tenir à moi
Tu ne me veux pas pour toi
Donc laisse-moi rencontrer quelqu’un d’autre
Pourquoi ne te comporte-tu pas en homme et ne me libère-tu pas ?
Maintenant tu ne te soucies pas un instant de moi
Tu m’utilises tout simplement – Hé, tu abuses de moi
Sors, sors de ma vie
Et laisse-moi dormir la nuit
Car tu ne m’aimes pas vraiment
Tu me fais m’accrocher à toi
Tu n’as pas vraiment besoin de moi
Tu me fais – m’accrocher à toi »

Nombreuses sont les chansons de la musique populaire qui aborde cette question de la « capitalisation » de l’autre, aboutissant à la ruine complète d’une relation – sans que l’on sache pourquoi, faute de matérialisme dialectique !

Si le socialisme libère la romance justement, c’est parce qu’il ne sacralise pas un amour « abstrait » et idéalisé, mais qu’il permet la réalisation d’une relation authentique – une vraie romance. Il n’y a pas d’amour « en soi », il y a une relation concrète qui est une romance.

C’est la base de l’épicurisme, de la dignité du réel.

Le socialisme, rejetant la manipulation de l’autre comme s’il s’agissait d’une marchandise, ou plus exactement d’un capital à utiliser, permet la réalisation de la romance.

Comme l’a formulé Mao Zedong dans les Interventions aux causeries sur la littérature et l’art :

« Cependant, certains de nos camarades posent le problème à l’envers et affirment qu’en toutes choses il faut partir de  » l’amour « .

Or l’amour, dans la société de classes, ne saurait être lui aussi qu’un amour de classe. Mais ces camarades sont à la recherche d’un amour au-dessus des classes, de l’amour dans l’abstrait, comme d’ailleurs de la liberté dans l’abstrait, de la vérité dans l’abstrait, de la nature humaine dans l’abstrait, etc. Cela montre qu’ils ont subi une forte influence bourgeoise.»

Il n’y a pas d’amour dans l’abstrait, seulement un amour dans le concret, la romance dans la dignité du réel !


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