Consciente de sa force grandissante relevant d’une tendance de fond, l’Internationale Communiste posait ses exigences. Elle profitait ici du fait d’avoir réussi à se fonder au premier congrès, forçant à une prise de position qui soit nette.

Elle savait cependant qu’un travail gigantesque était à mener. Les choses allaient vite, étaient nombreuses et il n’y avait pas un regard adéquat à ce sujet, sans même parler d’une organisation apte à saisir le mouvement. Zinoviev résuma cet aspect en disant :

« Nous avons maintenant chaque jour, chaque heure des grèves économiques, dont nous ne savons même qu’elles ont eu lieu. D’une telle centrale [dirigeant chaque grève, comme dans la première Internationale], il ne peut être question, justement parce que le mouvement a si énormément grandi. »

Pour cette raison, l’Internationale Communiste fut très attentive à imposer une approche bolchevique, avec un esprit de conséquence à la mesure des exigences de l’époque. Zinoviev donne un exemple significatif de l’approche qu’avaient de nombreux partisans de l’entrée dans l’Internationale Communiste :

« J’ai encore lu certaines affirmations de différents réformistes « de gauche » dans la « Revue » des camarades français, comme par exemple Claude Trèves.

Trèves est pour qu’on rentre tout de suite dans l’Internationale Communiste, mais sous la condition que l’on ait pas le besoin de se lier et qu’il n’y ait pas de mots d’ordre pour les pays en particulier.

Le sens de cela, c’est qu’ils veulent entrer tout de suite, mais sans se lier et avec une telle « autonomie », que ces gens continueraient de faire comme avant.

Le plus fort, c’est monsieur Modigliani, un « aussi-socialiste » italien, qui l’a formulé. Il est maintenant formellement un membre de l’Internationale Communiste, mais il n’est pas un camarade pour nous.

Il était récemment à Paris et voulait amener Longuet à rentrer dans l’Internationale Communiste, et il a motivé cela de la manière suivante : pourquoi ne pas rentrer dans l’Internationale Communiste ? Cela ne nous engage à rien. On doit simplement envoyer une carte postale à l’Exécutif toutes les deux semaines. C’est tout. Pourquoi ne pas le faire ? »

On reconnaît bien ici que, à l’arrière-plan, ce sont les communistes de l’URSS qui donnent le ton et qui fournissent la base idéologique pour la mise en place des institutions de l’Internationale communiste.

D’ailleurs, celle-ci exigeait désormais que chaque Parti envoie un délégué présent de manière permanente auprès du Comité Exécutif. Ce dernier se posait toujours plus comme un véritable état-major de la révolution mondiale, cherchant à structurer les troupes de sympathisants pour en faire une véritable armée. Telle est l’identité fondamentale des débuts de l’Internationale Communiste.

L’introduction du congrès, rédigé par le président du Comité Exécutif, Zinoviev, et son secrétaire, Radek, le soulignait par ailleurs :

« Le premier congrès de l’Internationale Communiste a planté le drapeau du communisme. Aujourd’hui, des millions d’ouvriers conscients se situent déjà sous cette bannière.

Il s’agit maintenant plus de propagande des idées communistes. Ce qui s’ouvre maintenant, c’est l’époque de l’organisation du prolétariat communiste et de la lutte immédiate pour la révolution communiste. »


Revenir en haut de la page.