Le réalisme socialiste a posé des principes très clairs concernant l’évaluation d’une œuvre d’art, ce qui permet de définir ce qu’est un chef d’oeuvre. Ces chefs d’œuvre ne sont pas des œuvres quantitativement supérieures aux autres, elles sont qualitativement différentes et par conséquent elles fournissent des repères incontournables.
* Quand on analyse une œuvre, on doit s’attacher aux points suivants : la dimension typique dans la vie quotidienne, le caractère historique concret, le niveau technique, la représentation dialectique des phénomènes, l’appui des tendances positives.
* Quand on analyse un artiste, on doit s’attacher aux points suivants : la dimension démocratique, la compréhension des tendances positives, le niveau technique.
Que signifie s’attarder sur ces points précis concernant une œuvre d’art ?
Par dimension typique dans la vie quotidienne, il faut regarder dans quelle mesure les personnages ne sont pas des individus isolés, conformes à la vision idéalistes d’êtres humains « unique en leur genre », mais bien des êtres appartenant à une réalité sociale précise, dans ce qu’ils ont de typique, de spécifique.
A cette dimension spécifique propre à chaque phénomène doit s’associer la représentation de l’ensemble du cadre où les phénomènes se produisent, ce qui signifie ancrer cela dans une période concrète, dans l’histoire, et non pas dans un flou intemporel, fantaisiste, fictif, etc.
Naturellement, une œuvre d’art exige un très haut niveau technique, que ce soit dans la peinture, la littérature, le cinéma, l’architecture, etc. ; il ne s’agit pas bien entendu d’une question quantitative mais d’une question qualitative : ce qui est en jeu ici c’est la complexité de l’œuvre, sa capacité de synthétiser quelque chose au moyen d’outils justement performant sur le plan artistique.
Cela n’est bien sûr pas possible sans une représentation absolument vivante des phénomènes, ce qui signifie un portrait dialectique du mouvement des choses, des êtres, de la réalité dans son ensemble.
Dans cette présentation de la réalité en mouvement, c’est bien entendu les tendances positives qui doivent être appuyées, non pas formellement, mais toujours concrètement en montrant leur croissance inévitable, leur dimension nécessaire, leur justesse, etc.
Que signifie s’attarder sur ces points précis concernant un artiste ?
Un artiste ne peut arriver à produire une œuvre d’art s’il s’imagine un génie, coupé de la réalité, planant dans les sphères du Beau idéal professé par Platon puis par les religions. Pour être capable d’en arriver à une œuvre d’art, il faut connaître le processus de production et réfuter le principe de création (qui sous-tend que l’on arrive à quelque chose à partir de rien, tel Dieu qui « crée » le monde à partir de rien, « ex nihilo »).
Une telle démarche est impossible sans une authentique dimension démocratique, sans un regard plein d’amour, de compassion et de joie porté sur le peuple, à l’opposé des idéalistes décadents ne voyant que la laideur, l’obscurité morale, le crime, dans un pseudo-criticisme ténébreux.
Cela exige naturellement un certain niveau, afin d’extraire de la réalité les phénomènes importants, formant l’aspect principal, fournissant la matière pour l’œuvre d’art, car constituant la dimension positive de la réalité.
Enfin, cela va nécessairement avec un niveau technique d’excellence, seul pertinent pour former le miroir authentique de la dimension positive.
Tels sont les critères pour une œuvre d’art authentique selon le réalisme socialiste, avec les artistes comme ingénieurs des âmes.