En fait, le principe de la kabbale a déjà été étudié par la grande majorité des gens en France, avec la conception des « correspondances » chez Baudelaire.

Il y a des « parallèles », des portes, des accès, entre ce qui se passe dans le monde matériel et dans le monde spirituel.

Il y a des clefs, des signes, des « correspondances » qui sont autant de portes ouvertes d’un monde à l’autre : tout correspond.

L’étoile de David symbolise deux triangles, en haut et en bas, se « correspondant », comme une sorte de miroir.

Un texte kabbaliste dit ainsi :

« Tu as déjà reçu la tradition selon laquelle toute action accomplie ici-bas fait impression en haut, car rien n’est fait sur terre qui ne fasse impression en haut : le monde supérieur tout entier est comme le miroir du monde inférieur et de même que tout acte que l’homme accomplit impressionne le miroir par sa puissance du miroir, ainsi l’action des êtres d’en bas se reflète dans le monde d’en haut. »

R. Siméon Labi, Ketem Paz, 16e siècle

Page de couverture de la première édition imprimée du grand classique kabbaliste, le Zohar, ville italienne de Mantoue, 1558

Page de couverture de la première édition imprimée du grand classique kabbaliste, le Zohar, ville italienne de Mantoue, 1558

Toute l’idéologie « romantique » puise dans le néo-platonisme et le kabbalisme, où tout répond à tout ; lorsque Baudelaire parle des « correspondances » entre en haut et en bas, il emprunte cela directement au mystique suédois Swedenborg, qui lui-même puise cela dans le néo-platonisme et la kabbale.

Lorsque dans A une passante, Baudelaire témoigne d’une rencontre avec une femme et d’un coup de foudre (échouant car la femme n’a pas été à la hauteur), il raconte une « correspondance », une possibilité (« Ô toi que j’eusse aimée, ô toi qui le savais ! »).

La kabbale est la théorie de ce miroir. Et l’énergie vient bien entendu de tout en haut, de la première Cause, Dieu.

Voici ce qu’on lit par exemple dans une Explication sur le commentaire de Nahmanide, datant de 1875 :

« C’est une chose reçue par les cabalistes de vérité que les créations de ce monde-ci descendent d’en haut comme le long d’une chaîne, il n’y aucune créature qui n’ait se puissance en haut, ainsi que le disent nos maîtres : « Le moindre brin d’herbe a un astre en haut qui le frappe et lui dis : Crois ! » (Gen. Rabba 10:6).

Si c’est le cas de l’herbe, point n’est besoin de le préciser pour les animaux, les volatiles, les arbres et toutes les autres créatures.

Déjà le Hassid [c’est-à-dire R. Isaac l’Aveugle], que sa mémoire soit une bénédiction, a écrit une chose merveilleuse à ce propos, dont je transcrirai partiellement les dires, sans reprendre le mot à mot.

Il dit : Toutes les créatures de la terre sont suspendues à des puissances supérieures et celles-ci à d’autres encore qui leur sont supérieures et celles-ci à d’autres encore qui leur sont supérieures jusqu’à la Cause qui est sans fin, à la façon dont il est (marqué) : « Un supérieur au-dessus d’un supérieur monte la garde » (Ecc. 5:7). »

C’est le principe de « l’émanation », tout émane par en haut, par strates. Et naturellement, c’est du néo-platonisme, d’où la théorie des « sephiroth », des émanations : au lieu d’avoir dix sphères ou dix anges comme chez les mystiques musulmans issus d’Aristote, on a dix émanations.

Ces dix émanations se combinent, leur combinaison permet l’unification de la première et de la dernière.


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