Qui crée l’histoire ? Les héros ou les esclaves ? C’est là un point essentiel du conflit qui, depuis toujours, a opposé les conceptions idéaliste et matérialiste de l’histoire.
En vue de maintenir leur domination réactionnaire, les classes exploiteuses ont, depuis des millénaires, pris le contre-pied de l’évolution historique et propagé leur conception idéaliste qui présente les héros comme les créateurs de l’histoire. Elles ont donné pour tels les quelques figures héroïques des classes exploiteuses, les disant douées de « talent inné » et investies de la « volonté de Dieu. »
Quant aux masses populaires, elles les ont qualifiées outrageusement de « populace » subissant leur loi, voire de « matière inerte » entravant la marche de l’histoire.
Selon cette absurdité réactionnaire, le développement historique, dans une société sous la dictature des classes exploiteuses, serait conditionné par la volonté d’une minorité dominante représentant les intérêts de ces classes. Les travailleurs, exploités et opprimés, n’auraient pour leur part qu’à courber l’échiné et à se soumettre à l’esclavage, en attendant l’avènement d’un « sauveur. »
La conception idéaliste de l’histoire emprisonnait l’esprit de ces derniers comme dans un carcan.
Le marxisme vint au monde qui, pour la première fois, mit en lumière les lois objectives du développement de l’histoire humaine et apporta une attestation scientifique à la grande vérité selon laquelle ce sont les esclaves qui créent l’histoire, faisant ainsi reparaître l’histoire sous son vrai jour. La conception idéaliste de l’histoire faisait complètement faillite et la base théorique sur laquelle les classes exploiteuses avaient, durant des millénaires, assis leur domination réactionnaire était démolie.
Le peuple est le créateur de l’histoire : assumant la direction de la révolution chinoise, le président Mao s’est constamment référé à ce concept fondamental du matérialisme historique pour éduquer les membres du Parti et les cadres, le prolétariat et les autres travailleurs, et a mené une longue lutte contre l’idéalisme historique sous toutes ses formes.
Il a élaboré pour notre Parti la ligne de ruasse et nous a enseigné que « les masses populaires sont douées d’une puissance créatrice illimitée », qu’« il faut avoir confiance dans les masses […] confiance dans le Parti », et que « les masses sont les véritables héros, alors que nous-mêmes, nous sommes souvent d’une naïveté ridicule. »
Ce sont là autant de critiques acérées de la conception idéaliste de l’histoire invoquée par la classe des propriétaires d’esclaves, la classe des propriétaires fonciers et la bourgeoisie pour nier le rôle des esclaves en tant que créateurs de l’histoire.
Mais les classes exploiteuses ne se retirent jamais d’elles-mêmes de la scène de l’histoire.
Renversées par le peuple révolutionnaire, elles n’abandonnent pas pour autant leur théorie réactionnaire.
Le fait que les escrocs du genre de Liou Chao-chi ont fait de l’apriorisme — concept idéaliste — le programme théorique de leurs activités antiparti, soutenant que l’histoire serait créée par des héros, est un nouveau témoignage, et de poids, de la lutte entre les deux classes et les deux lignes au cours de la révolution socialiste en Chine.
Cette absurdité ayant été dénoncée sans merci et critiquée avec véhémence par le peuple dans tout le pays, ils en ont débité une autre, prétendant que l’histoire est créée conjointement par les héros et les esclaves, dans le fol espoir de récuser un principe fondamental du marxisme au moyen d’un sophisme dualiste.
En philosophie, le dualisme prétend que l’esprit et la matière sont deux principes de l’univers, indépendants et parallèles. Or, la « théorie de création conjointe » considère les héros et les esclaves comme deux forces motrices, indépendantes et parallèles, de l’histoire.
Cette « théorie » reconnaîtrait-elle vraiment le rôle des masses ? Aucunement.
Aux yeux des escrocs du genre de Liou Chao-chi, les gens du peuple ne recherchent que « bonheur et fortune », et les ouvriers entendent seulement « travailler moins et gagner plus. »
Selon eux, les masses populaires ne seraient que des brutes âpres au gain, incapables de jouer le moindre rôle dans la création de l’histoire.
Par contre, ils font passer les représentants des classes exploiteuses pour des « prophètes », disant que c’est grâce à eux qu’une nation « peut exister et passer du déclin au développement, de la ruine à la renaissance. »
Il suffit de mettre en parallèle les éloges à l’adresse de ces derniers avec les calomnies qu’ils déversent sur les masses populaires pour comprendre que la « théorie de création conjointe » n’est qu’une version remaniée de la conception idéaliste de l’histoire.
Refuser de reconnaître les esclaves en tant que créateurs de l’histoire, c’est nécessairement admettre pour tels les héros. Dans leur « théorie de création conjointe », qui concilie deux points de vue diamétralement opposés, les escrocs du genre de Liou Chao-chi font l’impartial en mettant en scène à la fois les héros et les masses.
Or, ce genre de sophisme, qui entretient l’équivoque, est justement une caractéristique des escrocs politiques.
Engels soulignait que depuis la dissolution de la propriété commune des terres des temps primitifs, toute l’histoire a été une histoire de luttes de classes,
« de luttes entre classes exploitées et classes exploitantes, entre classes dominées et classes dominantes, aux différentes étapes de leur développement social ». (« Préface à l’Edition allemande de 1883 » pour le Manifeste du Parti communiste)
Le mode de production des moyens matériels de la société est la base matérielle du développement historique.
La contradiction entre forces productives et rapports de production est la contradiction fondamentale de toutes les sociétés.
Le développement des forces productives entraîne le changement des rapports de production, stimule le remplacement d’un mode de production par un autre et fait accéder le système social à une étape supérieure.
« Le plus grand pouvoir productif, c’est la classe révolutionnaire elle-même. » (Marx : Misère de la philosophie)
Dans une société de classes, la contradiction susmentionnée se manifeste par la lutte entre les classes révolutionnaires, artisans du développement des forces productives sociales, et les classes réactionnaires qui protègent les anciens rapports de production ; et le peuple est la force décisive dans cette lutte de classe.
Tout changement social est dû aux luttes révolutionnaires que mènent les masses populaires.
Toute pensée ou théorie d’avant-garde est la synthèse de l’expérience qu’elles ont acquise au cours de ces luttes et traduit leur volonté révolutionnaire.
Toute science, toute technique est la cristallisation de leur expérience pratique.
Toute culture, tout art progressiste tire sa source de la vie du peuple, pleine de luttes.
Sans l’activité productrice des masses populaires, la société elle-même ne saurait exister, et encore moins pourrait-il être question de développement de l’histoire.
Dans la société de classes, l’histoire ne pourrait pas non plus progresser sans la lutte des classes que poursuivent les masses populaires.
« Le peuple, le peuple seul, est la force motrice, le créateur de l’histoire universelle. »
C’est là une vérité indéniable.
Mais comment faut-il envisager le rôle des héros ?
Le matérialisme historique nierait-il leur rôle dans l’histoire ? Absolument pas.
Jamais le marxisme ne l’a nié : bien au contraire, il lui attache une grande importance.
L’essentiel est de voir quels sont les héros, comment apprécier correctement leur rôle et comment établir le rapport entre leur rôle et celui du peuple, créateur de l’histoire.
Une divergence fondamentale et une lutte aiguë nous opposent aux escrocs tels que Liou Chao-chi à ce sujet.
Dans la société de classes, les héros ont un caractère de classe et il n’en est pas qui soient au-dessus des classes.
Chaque classe a sa conception du héros.
Pour le prolétariat et les autres travailleurs, les héros ne peuvent être que des figures éminentes engendrées dans le feu des luttes révolutionnaires du peuple dont ils représentent les intérêts, qui suivent le sens du développement historique et stimulent le progrès de l’histoire.
Leur apparition ne fait qu’illustrer le fait que l’histoire est créée par les masses populaires.
Le classes exploiteuses, quant à elles, tiennent pour « héros » les personnalités qui préservent au mieux leurs intérêts et leur système d’exploitation. Les classes dominantes réactionnaires ne sauraient admettre des héros prolétariens.
Et le prolétariat et les masses populaires ne considéreront pas non plus comme héros des représentants de ces classes. C’est ainsi que Hong Sieou-tsiuan, un dirigeant du mouvement révolutionnaire du Royaume céleste des Taiping1, qui combattit l’agression impérialiste et la domination féodale de la dynastie des Tsing, est reconnu comme héros par le prolétariat et les masses populaires alors que les classes dominantes réactionnaires l’ont taxé de « trahison. »
D’autre part, elles ont mis sur le pavois Tseng Kouo-fan2 qui s’abouchant avec l’impérialisme, fut le bourreau du mouvement des Taiping tandis que le prolétariat et les masses populaires voient en lui un valet de la classe des propriétaires fonciers et un traître à la nation, qui se fit le défenseur invétéré de la domination réactionnaire.
Pour le prolétariat, comme l’a dit le président Mao,
« mourir pour les intérêts du peuple a plus de poids que le mont Taichan, mais se dépenser au service des fascistes et mourir pour les exploiteurs et les oppresseurs a moins de poids qu’une plume. »
Cette opposition foncière quant à la conception des héros est déterminée par l’antagonisme fondamental entre classes exploitées et classes exploiteuses.
Par ailleurs, le rôle tenu par les représentants des classes exploiteuses diffère en fonction de la position que celles-ci occupent dans l’histoire, selon qu’elles se trouvent à leur phase d’essor ou de déclin.
Les héros ne tombent pas du ciel. Ils sont le produit du développement historique, de la lutte de classe.
Marx a indiqué :
« Chaque époque sociale a besoin de ses grands hommes et si elle ne les trouve pas, elle les invente, comme dit Helvétius. » (Les luttes de classes en France 1848-1850)
L’histoire humaine a pleinement corroboré celte thèse scientifique. Spartacus, appelé par Marx l’homme le plus brillant de l’antiquité, n’était à l’origine qu’un esclave de l’ancienne Rome.
La tempête révolutionnaire des insurrections d’esclaves firent de lui un héros qui, à la tête de cent mille hommes, s’attaqua au système d’esclavage.
Tchen Cheng et Wou Kouang étaient de simples paysans. Vers la fin de la dynastie des Tsin, les contradictions de classe s’exacerbant, éclata une révolte paysanne de grande envergure dont ils devinrent les dirigeants.
Même au cours de la révolution bourgeoise, nombreuses furent les personnalités d’élite issues des masses populaires. Pendant la Révolution française, des acteurs, typographes, coiffeurs, teinturiers, marchands ambulants et sous-officiers, naguère inconnus ou même méprisés, devinrent des généraux de talent.
Comment auraient-ils pu devenir de remarquables commandants sans la révolution ?
Lénine a dit :
« L’indice de toute révolution véritable est une rapide élévation au décuple, ou même au centuple, du nombre des hommes aptes à la lutte politique, parmi la masse laborieuse et opprimée. » (La maladie infantile du communisme, le « gauchisme »)
Ce phénomène est encore plus fréquent et plus manifeste au cours de la révolution prolétarienne.
Tous ces faits montrent que les héros sont nés en réponse aux besoins des luttes populaires.
Chaque fois que l’histoire présente une tâche nouvelle, des héros surgissent qui dirigeront la lutte de masse.
Le marxisme estime que si les héros peuvent jouer un rôle important dans l’histoire, c’est, en dernière analyse, parce qu’ils incarnent les intérêts des classes révolutionnaires et des forces progressistes, reflètent les aspirations des masses populaires et, partant, bénéficient de leur soutien.
Tout héros, toute personnalité d’élite ne peut puiser ses forces que dans les masses.
Quiconque ne traduit pas la volonté du peuple n’aboutira à rien. Tout comme l’a indiqué le président Mao :
« L’existence sociale des hommes détermine leur pensée. »
Et les idées justes qui sont le propre d’une classe d’avant-garde deviennent, dès qu’elles pénètrent les masses, une force matérielle capable de transformer la société et le monde.
La question fondamentale est de représenter la classe d’avant-garde, de traduire correctement les demandes objectives du développement social et de s’engager dans la pratique révolutionnaire qu’est la transformation de la société et du monde.
Or, l’absurdité selon laquelle « les héros et les esclaves créent conjointement l’histoire » escamote cette question de principe, pourtant fondamentale, et tente d’assimiler les classes réactionnaires aux classes révolutionnaires.
Il est évident que cette ineptie procède de l’idéalisme.
Les héros du prolétariat et des masses révolutionnaires sont les fondateurs et propagateurs des pensées révolutionnaires, de même que les organisateurs des luttes révolutionnaires. Ils sont en général plus clairvoyants et plus prévoyants que les masses.
Leur capacité de concentrer la sagesse de celles-ci et la justesse de leur direction exercent une grande influence sur la lutte. Il est de nombreux cas dans l’histoire où les dirigeants ne sachant pas exploiter les possibilités qui leur étaient offertes, la lutte a échoué bien que toutes les conditions de succès fussent réunies.
Ce qui montre que les héros peuvent considérablement influencer, en l’accélérant ou en la ralentissant, la création de l’histoire par les masses populaires.
Mais ils ne peuvent agir que sur le rythme de l’évolution de celle-ci et ne sauraient la détourner de la direction qu’elle s’est choisie.
Engendrés par les luttes révolutionnaires, ils ne joueront leur rôle que s’ils se tiennent avec les masses.
Les idées et les théories d’avant-garde traduisent l’aspiration des masses populaires à la révolution et résument l’expérience de leur lutte, et elles ne se transformeront en force matérielle faisant progresser l’histoire qu’une fois assimilées par les masses.
Dans son article intitulé « La faillite de la conception idéaliste de l’histoire », le président Mao a indiqué de façon pénétrante :
« Si le marxisme-léninisme, une fois introduit en Chine, a pu y jouer un aussi grand rôle, c’est que les conditions sociales de la Chine l’exigeaient, qu’il a été lie à la pratique révolutionnaire du peuple chinois et que le peuple chinois l’a assimile. Une idéologie, fût-elle la meilleure, fût-elle le marxisme-léninisme lui-même, est sans effet si elle n’est pas liée à des réalités objectives, ne répond pas à des besoins existant objectivement et n’a pas été assimilée par les masses populaires. Nous sommes des partisans du matérialisme historique, opposés à l’idéalisme historique. »
Ce passage a percé à jour la conception idéaliste de l’histoire.
L’histoire compte de nombreux héros qui, révolutionnaires et même très influents au départ, mais s’étant par la suite coupés des larges masses, connurent finalement l’échec ou abandonnèrent, et furent répudiés et oubliés par le peuple. Parmi les révolutionnaires bourgeois, on peut facilement trouver de ces héros qui s’arrêtèrent à mi-chemin.
Tel fut Robespierre, personnalité éminente surgie durant la Révolution française, au début de laquelle les Jacobins, dont il était le représentant, désireux de s’assurer l’appui des forces populaires, préconisèrent d’une façon relativement résolue de donner satisfaction à certaines revendications des masses (par exemple celle des paysans au sujet des terres), et bénéficièrent ainsi de leur soutien.
Ils firent valoir l’esprit révolutionnaire en envoyant Louis XVI à la guillotine.
Mais Robespierre était malgré tout un révolutionnaire bourgeois.
La révolution n’avait pas sitôt triomphé qu’il ignora les intérêts du peuple et le soumit même à la répression.
Perdant ainsi le soutien de ce dernier, il ne put tenir tête au retour en force de la réaction et périt sur l’échafaud. Pendant la Révolution chinoise de 1911 3, Tchang Tai-yen 4, bien que sept fois arrêté et jeté en prison à trois reprises, ne laissa pas s’affaiblir sa volonté révolutionnaire.
Il exerça une influence puissante sur les masses et joua un rôle non négligeable.
Mais après la révolution, il se mit en marge de son époque. S’étant détaché des masses populaires, il ne pouvait que perdre sa vitalité révolutionnaire et bientôt il ne fut plus guère mentionné par ces dernières.
Cette caractéristique des révolutionnaires bourgeois est déterminée par leur nature de classe.
Même pendant la période de la lutte antiféodale, bien qu’il y eût unité partielle et temporaire entre la bourgeoisie et les masses laborieuses dans le combat contre le régime féodal, leurs intérêts de classe étaient toujours diamétralement opposés. Limités par leurs étroits intérêts de classe, les révolutionnaires bourgeois craignent les masses, oscillent, font des concessions à l’ennemi et même trahissent le peuple au cours de la révolution.
Et après la prise du pouvoir, l’antagonisme fondamental qui les oppose à celui-ci devient de plus en plus évident.
C’est pourquoi bien que les révolutions bourgeoises des XVIIIe et XIXe siècles fussent dirigées par les représentants de la bourgeoisie, les masses populaires n’en restèrent pas moins la force principale.
Si l’on veut accomplir de façon relativement radicale les tâches de la révolution démocratique bourgeoise, il est nécessaire de s’appuyer sur les masses pour surmonter le caractère enclin au compromis ou réactionnaire, propre à ces dirigeants, de même que pour faire échec, par une lutte répétée, aux offensives des forces réactionnaires et à leurs tentatives de restauration. Au cours de la révolution prolétarienne, il est aussi beaucoup de compagnons de route qui, à une certaine étape, s’arrêtent à mi-chemin, tournent casaque et deviennent même des traîtres. De tels individus sont foncièrement des révolutionnaires bourgeois.
Quant aux chefs de file de la réaction, qui vont à l’encontre du courant historique et se font les ennemis du peuple, ils sont des obstacles à la marche de l’histoire que les niasses populaires se doivent d’abattre pour que celle-ci puisse progresser.
Tout cela prouve avec éloquence que ce ne sont pas les héros qui créent l’histoire mais celle-ci qui forme les héros ; que l’histoire n’est pas « créée conjointement par les héros et les esclaves », mais par les esclaves seuls.
Les dirigeants du prolétariat représentent la classe la plus révolutionnaire et la plus avancée de l’humanité.
Entre eux et les personnalités éminentes des autres classes réside une distinction foncière.
Incarnant les intérêts fondamentaux du prolétariat et des autres travailleurs, ils maintiennent toujours des liens très étroits avec les larges masses populaires et savent faire d’une façon pénétrante le bilan de l’expérience de leurs luttes.
Ils possèdent les lois du développement historique et la science marxiste et savent appliquer celle-ci à la pratique révolutionnaire.
Ils sont ainsi les plus perspicaces et les plus conséquents dans la révolution, débarrassés qu’ils sont des limitations de classe dont les personnalités des autres classes ne peuvent s’affranchir.
C’est pourquoi les dirigeants du prolétariat sont capables de mettre en valeur, au maximum, le rôle des masses populaires dans la création de l’histoire et jouissent d’un immense prestige parmi celles-ci, prestige établi au fil des longues luttes révolutionnaires.
La part des dirigeants du prolétariat dans l’histoire est hors de comparaison avec le frôle qu’ont pu jouer tous les héros de jadis.
Mais peut-on conclure par là qu’à l’époque de la révolution prolétarienne, « l’histoire est créée conjointement par les héros et les esclaves » ?
Pas davantage, car les chefs du prolétariat sont les dirigeants et organisateurs du prolétariat et des larges masses populaires dans la création de l’histoire.
Leur apparition et la naissance de leur pensée sont une partie très importante de cette genèse de l’histoire.
Les dirigeants du prolétariat et leur pensée n’existent pas indépendamment de ce processus de création, mais n’en sont que le produit, lorsque celui-ci est parvenu à une étape déterminée.
Dans son ouvrage De la pratique, le président Mao a nettement indiqué que la théorie révolutionnaire marxiste naquit après que la lutte prolétarienne était entrée dans sa seconde période,
« période de la lutte économique et politique consciente et organisée. »
Les masses populaires sont la force motrice dans la création de l’histoire.
Ce point de vue marxiste confirme pleinement le grand rôle historique qu’assument les chefs révolutionnaires en tant que représentants des classes d’avant-garde.
Mais l’absurdité de Liou Chao-chi et consorts place les « héros » en dehors et au-dessus du « peuple. »
Ces escrocs tentent par-là de déformer et de déprécier les dirigeants du prolétariat pour se parer eux-mêmes d’une auréole.
On voit ainsi la différence foncière entre les deux points de vue.
Si le marxisme estime que le peuple est le créateur de l’histoire, cela ne veut pas dire qu’on pratique le culte de la « spontanéité » du mouvement de masses.
Tout en prêchant la conception idéaliste de l’histoire selon laquelle l’histoire est créée par les héros, les escrocs du genre de Liou Chao-chi proclament que tous les mouvements de masses sont « naturellement logiques. »
Version de la « théorie de spontanéité » réfutée depuis longtemps par le marxisme, cette absurdité n’a rien de commun avec le principe du matérialisme historique sur le rôle créateur des masses.
Aucune lutte de masse ne pourrait se poursuivre longtemps ni triompher sans une direction juste et une ligne correcte. La révolution prolétarienne est une grande révolution d’une impétuosité sans pareille, appelée à éliminer radicalement le système d’exploitation.
Aucune autre dans l’histoire n’a pu atteindre une telle profondeur et une telle ampleur.
Elle a donc d’autant plus besoin d’une pensée avancée et de la ferme direction de ses dirigeants et de son avant-garde. L’importance d’avoir une ligne correcte devient aussi de plus en plus évidente.
« La ligne idéologique et politique est déterminante en tout. »
L’histoire de la révolution chinoise est celle de la lutte victorieuse de la juste ligne du président Mao contre les lignes opportunistes de droite et « de gauche. »
Sans la ligne correcte définie par le président Mao, la révolution chinoise n’aurait pu triompher.
Prêcher la « spontanéité » à l’heure de la révolution prolétarienne, c’est s’opposer à la direction marxiste sur le mouvement de masses et nier le rôle décisif d’une juste ligne idéologique et politique pour le succès de la révolution en vue de canaliser le mouvement de masse dans une voie erronée. La création de l’histoire par les masses populaires a passé par un processus allant de l’inconscience à la conscience. La conception matérialiste de l’histoire a permis de découvrir les lois objectives du développement historique de la société et a fait accéder les masses populaires à une nouvelle étape dans la création de l’histoire.
Une voie large est désormais ouverte à l’humanité pour passer du « règne de la nécessité », où les hommes étaient les jouets aveugles du développement historique, au « règne de la liberté » qui leur donne la possibilité d’exercer une action consciente sur celui-ci.
Tout comme le président Mao l’a indiqué,
« l’époque où l’humanité entière entreprendra de façon consciente sa propre transformation et la transformation du monde sera celle du communisme mondial. »
Pour que ce jour arrive, le prolétariat et les autres révolutionnaires devront encore mener des luttes pleines de difficultés et de vicissitudes, et ils ne pourront en sortir vainqueurs que sous la direction d’un parti prolétarien.
La ligne de masses, définie pour notre Parti par le président Mao, nous recommande d’avoir confiance dans les masses, de nous appuyer sur elles, de respecter leur esprit d’initiative, et de nous mettre honnêtement à leur école.
Elle nous demande aussi de poursuivre inlassablement l’éducation marxiste-léniniste des masses, d’élever sans cesse leur niveau de conscience politique et de les conduire en avant. Lénine a dit :
« Le parti étant l’avant-garde d’une classe, sa mission est d’entrainer les masses à sa suite, et non pas de refléter le niveau moyen de ces masses. » (Congrès extraordinaire des Soviets des députés paysans de Russie)
Ce n’est qu’en persistant dans le principe selon lequel le peuple est le créateur de l’histoire et dans la direction du Parti que nous pourrons faire progresser triomphalement la révolution dans la juste voie.
En 1852, l’armée paysanne quitta le Kouangsi et se dirigea vers le nord, traversant le Hounan, le Houpei, le Kiangsi et l’Anhouei. En 1853, elle prit Nankin, une partie de ses forces continua sa marche vers le nord et poussa jusqu’aux abords de Tientsin.
L’armée des Taiping ayant omis d’établir des solides bases d’appui dans les territoires qu’elle occupait, et son groupe dirigeant, après avoir fait de Nankin la capitale, ayant commis de nombreuses erreurs politiques et militaires, elle ne put résister aux attaques conjointes des troupes contre-révolutionnaires du gouvernement des Tsing et des agresseurs britanniques, américains et français, et fut vaincue en 1864.
Les troupes des Taiping lui ayant infligé défaite sur défaite, il se ligua avec les agresseurs anglo-américano-français. Par une opération conjointe, ils réprimèrent la révolution. Le gouvernement de la dynastie des Tsing lui fit de grands honneurs pour avoir contribué à la répression du peuple.
Le 10 octobre 1911 triompha l’insurrection de Woutchang, dans la province du Houpel, à laquelle tout le pays ne tarda pas à répondre, et la révolution démocratique bourgeoise parvint à son plein essor. Sous le coup de cette tempête révolutionnaire, la domination réactionnaire s’écroula et un terme fut mis à l’autocratie monarchique féodale qui avait sévi pendant plus de 2000 ans. Mais du fait que les révolutionnaires plièrent sous la pression des forces impérialistes el féodales, le pouvoir fut usurpé par les seigneurs de guerre de Peiyang, dont Yuan Che-kai était le représentant