On trouve dans une cannette de 33 cl de Coca-Cola l’équivalent de sept morceaux de sucre blanc : c’est quelque chose d’énorme. Cela contribue à rendre cette boisson très addictive pour de nombreuses personnes, souvent jeunes et d’origine populaire et souvent dans des proportions affolantes sur le plan sanitaire.
Le nouveau Coca-Cola Life prétend résoudre ce problème, avec la nature mise en avant comme argument : « goût sucré d’origine naturel réduit en calories ». C’est du marketing dans ce qu’il a de plus moderne et agressif, pour prendre d’assaut les masses qui se posent des questions légitimes vis-à-vis du sucre.
La grande difficulté avec les produits sucrés comme le Coca-Cola est de comprendre ce que signifie réellement la notion de sucre. Pour cela, il est d’abord utile de voir les choses simplement et globalement :
1. Le soleil irradie la biosphère terrestre d’énergie, sous forme de lumière.
2. Par la photosynthèse, les cellules végétales diffusent ou mettent en réserve cette énergie solaire en partie sous forme de glucides (connus aussi sous le nom hydrates de carbone en référence à leur composition chimique).
3. Ces glucides sont apportés à l’organisme humain par la consommation de végétaux (ou, indirectement, de lait maternel).
4. L’organisme humain doit consommer des glucides car il est incapable de synthétiser lui-même l’énergie solaire.
Quel est le rapport avec le sucre ? La grande difficulté vient du fait que le langage courant, y compris le langage médical, entretient la confusion autour du terme de « sucre ». Selon les situations, il sert à désigner tous les glucides, parfois seulement quelques-uns, et parfois seulement le saccharose.
Sur le plan commercial, il est interdit d’utiliser le terme de « sucre » (au singulier) autrement que pour le saccharose, c’est-à-dire le « sucre blanc » (issu de la betterave) ou le « sucre roux » (issu de la canne à sucre). Ce qui est logique puisque ces deux mots ont la même étymologie (du grec sákkharis puis du latin saccharum) et désignent normalement la même chose.
Seulement, une autre chose entre en compte, une chose importante pour comprendre d’où vient la confusion à propos des « sucres » : c’est la sensation de goût sucré. Le goût sucré est synonyme de douceur, c’est une sensation simple et plaisante, procurée normalement par les fruits frais lors d’une alimentation qui n’est pas dénaturée. C’est une sensation primitive permettant d’être attiré par le glucose ou le fructose des fruits mûrs. Le glucose et le fructose sont des glucides simples, ils permettent aux cellules de l’organisme de produire de l’énergie.
Pour autant, il n’y a pas de rapport systématique entre les différents glucides et le goût sucré : l’essentiel de l’apport énergétique des êtres humains en glucides depuis des milliers d’années, par les céréales et les pseudo-céréales, mais aussi les légumes et les légumineuses, n’a pas de goût sucré. Le lait maternel par contre, a un goût légèrement sucré, mais moins que les fruits.
Inversement certains produits au goût sucré peuvent n’avoir que peu ou pas d’utilité sur le plan énergétique, ou même être énergétiquement nuisible dans certaines situations. C’est précisément le cas du Coca-Cola et de ses différentes déclinaisons.
Le problème est simple à comprendre lorsqu’on envisage les choses de manière scientifique, c’est-à-dire en partant de la Nature.
Le sucre blanc est formé par des molécules de saccharose. Le saccharose est un glucide (considéré comme simple) constitué de : 1 glucose + 1 fructose. En tant que tel, le saccharose est un glucide comme un autre, il est formé lors de la photosynthèse et ne pose pas spécifiquement de problèmes.
Seulement, l’organisme ne prévoit pas d’absorber des formes chimiquement pures (ou du moins tendanciellement pures) de ces molécules. Dans l’alimentation, les glucides sont normalement accompagnés d’autres substances chimiques que l’organisme sait distinguer, trier, assimiler, synthétiser.
Dans le cas d’un effort sportif de haute intensité, la présence de saccharose sous une forme chimiquement pure (ou presque) ne pose, a priori, pas de problème. L’organisme est en effet en état de stress physiologique ; des fonctions naturelles sont déjà en marche pour assimiler directement et rapidement ce sucre, du fait du besoin accru en glucose ou fructose des muscles liés à l’effort en cours.
Mais cette situation est par définition temporaire et ce qui est en partie vrai à ce moment-là ne l’est plus en situation de repos ou d’effort modéré, c’est-à-dire au quotidien. L’un des grands reproches qui est fait au Coca-Cola et à l’ensemble des produits sucrés, c’est-à-dire enrichis en saccharose, c’est d’être à l’origine du surpoids et de l’obésité.
De manière erronée, il a été considéré par les diététiciens que les problèmes liés aux produits sucrés étaient simplement d’ordre quantitatif : telle quantité de glucides considérée sur une journée dépasserait à un moment la capacité de consommation et de mise en réserve de l’organisme, d’où les problèmes liés au surpoids.
C’est sur cette base qu’a été mis en avant le comptage des « calories ». Ce concept est très utile aux industriels comme Coca-Cola. Plutôt que d’envisager les choses sur le plan qualitatif, et par là même de voir critiquée la composition de leurs marchandises, ils affichent une « valeur énergétique » de leurs produits en kilocalories (kcal). Il suffirait donc de ne pas dépasser ses besoins quotidiens supposés (estimés plus ou moins entre 1500 et 3000 kcal par jour, selon les situations).
Ce concept n’est pas valable sur le plan scientifique car il ne reflète aucunement la réalité des synthèses biochimiques de l’organisme. Sur le plan nutritif, les « 89 calories » (en fait kcal) du Coca-Cola Life par exemple n’ont absolument pas la même valeur que les 89 kilocalories contenus dans 100 grammes de bananes fraîches. Les calories du sucre blanc sont en quelque sorte des calories « vides », car brutes, épurées d’autres nutriments indispensables à l’organisme.
Si ce concept de « calories » était valable, cela signifierait que les personnes en consommant le plus, par exemple celles allant souvent dans les fast-foods et buvant beaucoup de Coca-Cola, seraient les personnes ayant le plus d’énergie. Or ce n’est pas le cas, c’est même l’inverse qui est vrai, ces personnes se sentent souvent affaiblies et en manque d’énergie.
Le problème est simple à comprendre : l’organisme prévoit des fonctions de régulation permettant d’utiliser, de répartir et de mettre en réserve les glucides. Ils sont stockés dans le foie pour être consommés par le cerveau (leur principal consommateur), ils sont diffusés dans le sang pour être consommés par les différents organes, ils sont aussi directement stockés par les muscles squelettiques, sous forme de glycogène.
En plus de cela, l’organisme prévoit des réserves de secours, sous forme de graisses. C’est une fonction naturelle permettant de faire face à de longues périodes de pénuries ou éventuellement à une augmentation importante des besoins dans le cadre d’un effort à un certain niveau d’intensité d’effort physique (correspondant globalement à un effort moyen de type « footing »).
Le problème du sucre blanc est qu’il perturbe, sur le plan biochimique, le rapport naturel entre l’utilisation et le stockage des glucides dans l’organisme. Chez certaines personnes, le sucre est essentiellement transformé en graisse de réserve plutôt qu’en glycogène disponible pour les muscles. Chez d’autres personnes (ou chez ces mêmes personnes), ce sucre n’est pas non plus régulé correctement et sa présence perturbe la glycémie, c’est-à-dire le taux de sucre dans le sang (qui doit rester constant).
Il y a bien sûr le diabète qui est une « épidémie » massive avec plusieurs millions de personnes concernées en France et l’Institut de Veille Sanitaire qui estime que cette « épidémie » ne cesse de prendre de l’ampleur chaque année.
Il existe également certaines formes de dépendance au sucre de par le besoin de ressentir des pics de glycémie pour compenser des phases d’hypoglycémie récurrentes, qui ne sont pas réellement reconnues sur le plan médical. De manière générale, c’est la sensation de faim elle-même qui est perturbée, ce qui induit un comportement addictif très courant.
Le Coca-Cola Light et le Coca-Cola Zero ne changent rien au problème, ils peuvent même l’accentuer. Dans ces boissons, le sucre est remplacé par un édulcorant, l’aspartame, c’est-à-dire une molécule ayant un très fort pouvoir sucrant (c’est-à-dire donnant un goût sucré). Comme avec le sucre blanc, le but est de tromper les sensations naturelles de l’organisme pour rechercher cette douceur, ce « plaisir » lié au fructose et au glucose (ou au galactose du lait), sans pour autant apporter les nutriments permettant les synthèses biochimiques nécessaires à la vie.
Là encore la notion de « calories » est très utile pour les industriels : le Coca-Cola Light (et Zero) peut prétendre être inoffensif, voir sain, du fait qu’il ne contient aucune calorie. Mais justement, cela signifie en fait qu’il est complètement inutile sur le plan nutritif, alors même que l’organisme l’absorbe comme un nutriment (comme tout ce que nous mangeons) et tente de l’assimiler, en vain.
L’apparition du Coca-Cola Life à base de stévia est une parade pour essayer de contourner une nouvelle fois le problème du sucre car les masses sont de plus en plus méfiantes vis-à-vis de l’aspartame, en plus du sucre.
L’innovation du Coca-Cola Life consiste à utiliser des extraits de stévia (ou plus précisément un dérivé chimiquement épuré appelé stéviol), une plante contenant des molécules ayant également cette propriété de donner un goût fortement sucré, sans pour autant être assimilées comme des glucides par l’organisme. La différence par contre est que ce nouveau « coca » contient toujours énormément de sucres, un peu plus de la moitié de la quantité présente dans le Coca-Cola classique.
La mise sur le marché du Coca-Cola Life est donc une manipulation destinée à garder les masses soumises aux boissons sucrées. Il faut citer à nouveau le slogan de la publicité, il est très significatif :
« goût sucré d’origine naturel réduit en calories »
Parler des dérivés chimiques de feuilles de stévia comme étant d’origine naturelle ne signifie rien, ce n’est pas strictement faux mais cela revient à dire que l’uranium des centrales nucléaires ou le pétrole des automobiles sont d’origine naturelle.
Par contre, là où cela relève directement de l’escroquerie qu’il faut dénoncer, c’est qu’il est erroné de parler de « goût sucré d’origine naturelle », alors justement que le but du Coca-Cola (classique, Light, Zéro ou Life), comme tous les produits au goût sucré artificiellement, est de détourner l’origine naturelle du goût sucré, lié aux fruits frais, pour un faire un simple instrument de plaisir, sans fondement nutritif.
Le développement de ce besoin de « plaisir » sans fondement nutritif, donc sans fondement naturel, est le produit des nécessités de la circulation du capital, les besoins naturels eux-mêmes ne satisfaisant plus suffisamment son élargissement.