C’est une image qui peut être relativement pratique pour visualiser le principe de la contradiction entre le particulier et l’universel. C’est d’autant plus vrai qu’il existe une déviation visant à parler d’un rapport « centre-périphérie », ce qui est fondamentalement erroné.

Il suffit de considérer un cercle et son centre. Il y aune opposition entre le cercle, présentant une ligne continue fermée sur elle-même et un point isolé. La ligne donne une impression de mouvement, le point présente une image statique.

Historiquement, il existe justement deux considérations philosophiques initiales, attribuées à Parménide et Héraclite dans l’antiquité grecque. L’idée est que soit tout est toujours pareil, tel un point jamais changeant, soit tout change tout le temps.

La première conception est attribuée à Parménide, la seconde à Héraclite, dont un propos est très connu selon quoi on ne saurait se baigner deux fois dans le même fleuve.

Ce qu’on appelle la « philosophie » est, historiquement, une tentative de résoudre la contradiction entre l’unité et la diversité, le mouvement et l’absence de mouvement, l’un et le multiple, le changement et l’absence de changement.

C’est en ce sens qu’il y a ici une utilité à l’image du cercle et du centre. Pour cela, il faut lire comme suit cette image. Le centre est formé d’un point, tout comme le cercle est lui-même composé de points. Ces points sont ici considérés comme interchangeables.

Dans l’image proposée, il faut alors concevoir le cercle comme composé d’une multitude infinie de points en mouvement, comme s’ils tournaient autour d’un axe, alors que le point central est donc statique.

Ce qui permet de saisir le principe suivant: étant donné que l’aspect principal d’une contradiction peut changer, on a ici à chaque fois l’un des points relevant de quelque chose de secondaire assumant, temporairement, le statut de principal.

C’est comme si on disait, par exemple, qu’un relation de couple était composée de toute une série d’éléments (sentimental, sexuel, installation matérielle, sensibilité, vision du monde, etc.) et que, selon les moments, l’un de ces aspects prend le dessus, s’extrayant du cercle pour se placer en son centre, remplaçant un autre aspect reprenant sa place dans le cercle.

Ou bien encore, si on prend la vie quotidienne d’une personne et qu’on place au centre son activité du moment, tel lire, manger, boire, dormir, etc.

La conception d’un rapport « centre-périphérie » témoigne ici de sa fausseté dans la mesure où, s’il y a l’idée de dynamique, on a pour autant deux blocs séparés et isolés, sans rapport dialectique. La conception semble juste car elle présente une opposition et qu’on trouve l’idée d’un centre face à une périphérie multiple, mais en réalité elle fige les rapports et est une présentation descriptive sans justesse.

L’image présentée ici souligne inversement l’opposition entre un centre et une « périphérie » en conservant le principe de la transformation dialectique, puisque n’importe quel aspect peut devenir principal, l’aspect principal redevenant possiblement secondaire.

Cette image présente cependant deux soucis fondamentaux. Le premier, c’est qu’un aspect principal n’est pas un aspect « central ». Le matérialisme dialectique ne raisonne pas en termes d’axe. Ce serait une lecture mécanique des choses.

Le second, c’est que le matérialisme dialectique ne raisonne pas non plus en termes de cercle. Le cercle implique une sorte d’éternel retour, de mouvement sans qualité.

L’image du cercle de points n’est donc pas correcte pour présenter ni le principe de contradiction, ni la réalité des différentes contradictions ou des différents aspects. Elle est par contre utile pour présenter de manière imagée le caractère interchangeable des aspects et l’impact de ce caractère.

Les différents aspects sont telles des figures en bois sur un carrousel en mouvement, mais avec des figures non pas accompagnant le mouvement du manège, mais jouant le rôle moteur dans le mouvement général ou du moins lui donnant sa configuration générale.

Et dans ces figures, il y en a une qui joue un rôle principal, modifiant la forme du manège lui-même.

C’est-à-dire, pour continuer dans l’image, que si la figure du carrousel qui représente un hérisson devient principal, le mouvement aura telle forme, si c’est un avion ce sera telle autre forme, etc.

Le mouvement dépend à chaque fois de l’élément devenu principal mais également de la configuration générale qui est le résultat de cela.

On a une configuration générale qui change donc avec chaque modification de l’aspect principal. Il ne s’agit pas seulement d’une modification de l’aspect principal au sens d’un « remplacement ». Ne pas saisir cela est une erreur fatale.

Car tout changement de l’aspect principal implique une modification de la qualité. Graphiquement, même si cela n’a ici aucun sens, on aurait par exemple la chose suivante.

Cette image du cercle de points peut ainsi aider à orienter dans la compréhension de l’inter-relation des aspects et du sens que cela a pour le phénomène.


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