Le matérialisme dialectique se fonde sur le principe de la contradiction, c’est-à-dire de contraires dont le rapport est le moteur de la transformation de la réalité, mais aussi la base de la réalité elle-même.
Par conséquent, de par la nature de ce développement, chaque élément contraire ne peut pas exister sans l’autre. Sans le haut, il n’y a pas le bas ; sans la droite, il n’y a pas la gauche.
Pour cette raison, le matérialisme dialectique parle de l’unité des contraires. Chaque contraire est uni à l’autre, ne pouvant exister l’un sans l’autre. Pour cette raison, l’identité de ces contraires tient à la contradiction elle-même.
C’est pour cette raison que le principe d’identité est relatif, puisque la contradiction amène un mouvement et donc un changement de l’identité, par un changement des contraires.
Un contraire n’a une identité que dans le cadre d’une contradiction, que par l’union à son contraire. Il n’existe pas indépendamment. Pour cette raison, l’unité des contraires est l’identité de ces contraires, tout comme l’identité de ces contraires consiste précisément en cette unité.
Dans un article intitulé Sur la question de dialectique, datant de 1915, Lénine fait une remarque à ce sujet, de la manière suivante :
« L’identité des contraires (peut-être de manière plus juste : leur « unité » ? bien qu’ici la différence des termes identité et unité ne soient pas particulièrement essentielle. En un certain sens, les deux sont corrects) signifie la reconnaissance (le décèlement) des tendances opposées, s’excluant mutuellement, se contredisant, dans tous les phénomènes et processus de la nature (ceux de l’esprit et de la société y compris). »
Mao Zedong, qui connaissait ce texte diffusé en Chine grâce à l’Union Soviétique de Staline, a tenu à bien circonscrire cette question de la différence entre les termes identité et unité.
Il a ajouté toute une série de terme aidant à saisir pourquoi on peut, comme l’a fait Lénine, les assimiler quant à cette question. Dans De la contradiction, il fournit ainsi les nombreuses précisions suivantes au sujet de leur rapport :
« L’identité, l’unité, la coïncidence, l’interpénétration, l’imprégnation réciproque, l’interdépendance (ou bien le conditionnement mutuel), la liaison réciproque ou la coopération mutuelle – tous ces termes ont la même signification. »
Toutefois, Mao Zedong a jugé utile d’expliquer ce qui est concerné par cette assimilation des deux termes. Il serait, en effet, tout à fait erroné de considérer l’unité, l’identité, comme un processus de simple équilibre entre les contraires.
Leur rapport est dynamique ; de manière dialectique, l’unité et l’identité signifient également le renversement du rapport de leur unité, de la nature de leur identité.
Voici comment Mao Zedong nous présente le domaine concerné par l’identité, l’unité, la coïncidence, etc. :
« premièrement, chacun des deux aspects d’une contradiction dans le processus de développement d’une chose ou d’un phénomène présuppose l’existence de l’autre aspect qui est son contraire, tous deux coexistant dans l’unité ;
deuxièmement, chacun des deux aspects contradictoires tend à se transformer en son contraire dans des conditions déterminées. »
Mao Zedong ne se contente pas de dire qu’il y a unité ; il souligne que, de manière systématique, il y a renversement des contraires, l’un devenant principal à la place de l’autre.
C’est là une grande précision apporté par Mao Zedong au matérialisme dialectique : il y a un aspect principal, une position principale.
Quand on parle d’unité des contraires, on parle de leur identité puisque l’un ne va pas sans l’autre, mais cela signifie également que l’un se transforme en l’autre, que l’un prend la place de l’autre. L’unité n’est pas formelle, abstraite, mais concrète, réelle par conséquent en mouvement.
Mao Zedong explique ainsi :
« Mais est-il suffisant de dire que l’un des deux aspects de la contradiction est la condition d’existence de l’autre, qu’il y a identité entre eux et que, par conséquent, ils coexistent dans l’unité ?
Non, cela ne suffit pas. La question ne se limite pas au fait que les deux aspects de la contradiction se conditionnent mutuellement ; ce qui est encore plus important, c’est qu’ils se convertissent l’un en l’autre.
Autrement dit, chacun des deux aspects contradictoires d’un phénomène tend à se transformer, dans des conditions déterminées, en son opposé, à prendre la position qu’occupait son contraire.
Tel est le second sens de l’identité des contraires. »
Au sens strict, parler d’unité des contraires équivaut à parler d’identité des contraires, mais cela ne doit pas faire oublier que l’unité signifie que les deux aspects de la contradiction peuvent inverser leur position.
C’est, naturellement, de là que provient le principe de saut qualitatif, de révolution.