Le communisme est le produit du mouvement de synthèse de la matière à travers des sauts, c’est-à-dire que la matière cesse de s’utiliser elle-même de manière partiellement improductive pour trouver une manière de former une totalité agissante.
Par partiellement improductive, il faut comprendre que la matière ne peut utiliser que la matière pour se développer elle-même, ce qui implique qu’un aspect se développe aux dépens d’un autre, dans le cadre d’un développement inégal.
Le déséquilibre provoqué se résout par un saut dialectique.
Mao Zedong nous dit ici que :
« Le déséquilibre est une loi générale et objective.
Le cycle, qui est sans fin, passe du déséquilibre à l’équilibre et, à nouveau, de celui-ci à celui-là. Chaque cycle, cependant, correspond à un niveau supérieur de développement. Le déséquilibre est absolu, tandis que l’équilibre est temporaire et relatif.
La rupture de l’équilibre, c’est un bond en avant. »
Le mode de production capitaliste permet ainsi le développement des forces productives, mais cela aux dépens des prolétaires ; le socialisme en est la négation et le communisme qui le prolonge est alors l’humanité appliquant le principe De chacun selon ses moyens, à chacun selon ses besoins.
Il n’y a cependant pas de négation de la négation et le socialisme organisé par l’humanité ne signifie nullement que c’est seulement elle qui va au communisme.
En réalité, pour le matérialisme dialectique, l’univers entier va au Communisme. Dialectiquement, cela signifie que l’univers entier est également allé au communisme.
La matière est éternelle et infinie ; elle est inépuisable. Par conséquent, elle a déjà connu une évolution dialectique, au moyen de transformations, puisque c’est sa nature même. Cela implique donc qu’elle a déjà connu et qu’en fait à chaque grande étape, chaque bond en avant, elle connaît un saut communiste.
Ce communisme consiste en l’universalisation des moyens de production d’une forme matérielle, sa combinaison synthétique. Toute élévation de la complexité de la matière sur un certain plan correspond à une affirmation communiste.
Les montagnes, les galaxies, les végétaux et les animaux sont des exemples de saut synthétique correspondant à une étape communiste. On a une affirmation d’un système complexe et organisé, une mise en commun de multiples aspects contradictoires de la matière. Ces systèmes complexes ont eux-mêmes un passé constitué d’étapes ayant établi les éléments qui allaient se synthétiser.
Les éléments séparés se combinent ; ils forment une totalité harmonieuse et obéissant en même temps à une contradiction interne les impliquant dans un développement.
Ce développement se fait lui-même de manière inégale et cela explique les différentes galaxies, les différentes montagnes, les différents végétaux, les différents animaux. La systématisation de la production d’un système complexe se fait lui-même de manière inégale.
Il ne s’agit pas d’essais de la nature ou d’erreurs de la nature ; il s’agit d’une réalité propre à tout développement que d’être inégal.
Tout processus profite d’un processus passé par définition inégal pour lui-même produire une forme plus complexe, par un développement également inégal.
Ce passé est infini, tout autant que l’avenir. Le processus est sans fin, ses aspects infinis. La matière, s’appuyant sur les inégalités de développement de ses différents aspects, connaît un développement infini par l’affirmation de contradictions aboutissant à un saut communiste, produisant des formes nouvelles qui elles-mêmes apportent davantage de complexité dans le développement général.
Tout saut ne correspond pas à une étape communiste. Mais chaque saut contient, en germe, la tendance au bond en avant vers la nature communiste du système.
L’étape communiste se distingue des autres par une unification où la contradiction cesse d’être antagonique entre différents aspects pour permettre un développement harmonieux – ce qui correspond au développement de nouvelles contradictions, qui sont différentes des précédentes, qui se sont déplacées.
Ce déplacement se fait en plaçant la nouvelle forme dans de nouveaux rapports avec le reste de la matière. Chaque montagne, chaque galaxie… est le fruit d’une contradiction interne, et sa réalisation en tant que forme complexe produit une contradiction nouvelle avec d’autres aspects de la matière, par exemple la galaxie avec une autre galaxie, la montagne avec un fleuve, etc.
La contradiction interne initiale, permettant l’avènement d’une forme nouvelle, plus complexe, se déplace alors vers le rapport dialectique entre la chose nouvelle et une autre chose, formant une nouvelle contradiction interne.
L’article « L’Univers est l’unité du fini et de l’infini », publié dans le Journal de la dialectique de la Nature au moment de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne en Chine, présente de la manière suivante le nouveau rapport qui s’établit :
« La fin de toute chose concrète, le soleil, la Terre et l’humanité n’est pas la fin de l’Univers. La fin de la Terre apportera un corps cosmique nouveau et plus sophistiqué.
À ce moment-là, les gens tiendront des réunions et célébreront la victoire de la dialectique et souhaiteront la bienvenue à la naissance de nouvelles planètes.
La fin de l’humanité se traduira également par de nouvelles espèces qui hériteront de toutes nos réalisations. En ce sens… la mort de l’ancien est la condition de la naissance du nouveau. »
Le communisme se généralise donc à des niveaux toujours plus complexes, car la matière se transforme et son interaction à un niveau complexe s’approfondit, se systématise. Il n’y a en ce sens pas de négation de négation, pas de fin de l’Histoire, ni d’ailleurs de début. Il y a le communisme pour le communisme, la matière pour la matière.
L’univers est un système infini où la complexité se développe par sauts. Le physicien japonais Shoichi Sakata, dans Physique théorique et dialectique de la nature, en juin 1947, définit ainsi sa conception de l’Univers en oignon, saluée par Mao Zedong :
« La science actuelle a trouvé que, dans la nature, il existe des « niveaux » qualitatifs différents : la forme du mouvement, par exemple une série de niveaux comme particules élémentaires-noyaux-atomes-molécules-masses-corps célestes-nébuleuses.
Ces niveaux forment des points nodaux variés qui restreignent les différents modes qualitatifs de l’existence de la matière en général. Et ainsi ils ne sont pas simplement reliés de manière directe comme décrit ci-dessus.
Les « niveaux » sont également connectés dans une direction comme molécules-colloïdes-cellules-organes-individus-sociétés. Même dans les masses semblables, il existe des « niveaux » d’états correspondant aux solides-liquides-gaz.
Dit de manière métaphorique, ces circonstances peuvent être décrites comme ayant une sorte de structure multi-dimensionnelle du type d’un filet de pêche ou, plutôt serait-il mieux de dire, qu’ils ont une structure du type des oignons, en phases successives.
Ces niveaux ne sont en rien isolés mutuellement et indépendants, mais sont connectés mutuellement, dépendants et constamment « transformés » les uns en les autres.
Un atome, par exemple, est construit à partir des particules élémentaires et une molécule est construite à partir d’atomes et, inversement, peut être fait la décomposition d’une molécule en atomes, d’un atome en particules élémentaires.
Ces types de transformation arrivent constamment, avec la création d’une nouvelle qualité et la destruction des autres, dans des changements incessants. »
L’univers est un océan infini de contradictions élevant la matière à un niveau plus complexe, apportant des contradictions plus riches, permettant une combinaison toujours plus riche de la matière, plus sensible, plus complexe, et ce dans toutes les directions. C’est le sens du communisme.