[Article publié dans la revue internationale Marxiste-Léniniste-Maoïste « Communisme » n°15]

Dans son interview de 1988, Gonzalo présente de la manière suivante ce qu’est le maoïsme :

« Le marxisme est pour nous un processus de développement et ce grandiose processus nous a donné une troisième étape, nouvelle et supérieure.

Pourquoi disons-nous que nous sommes face à une troisième étape, nouvelle et supérieure, qu’est le maoïsme ?

Nous disons ceci parce qu’en considérant les trois parties intégrantes du marxisme il est tout à fait évident que le Président Mao Zedong a développé chacune de ces trois parties.

Ainsi, simplement, pour énumérer : en philosophie marxiste, personne ne peut nier son grandiose développement, en ce qui concerne la dialectique, principalement avec la loi de la contradiction, établissant que c’est l’unique loi fondamentale.

Sur la question de l’économie politique, nous pouvons dire qu’il suffit de souligner deux choses dans ce domaine ; la première, d’importance immédiate et concrète pour nous : le capitalisme bureaucratique, et la deuxième : le développement de l’économie politique du socialisme ; car en résumé, nous pouvons dire que c’est lui qui a réellement établi et développé l’économie politique du socialisme ; quant au socialisme scientifique, il suffit de relever la guerre populaire, car c’est avec le Président Mao Zedong que le prolétariat international acquiert une théorie militaire complète, développée, et nous donne ainsi la théorie militaire de la classe, du prolétariat, applicable partout.

Nous croyons que ces trois questions montrent qui a un développement à caractère universel. »

Lorsque Gonzalo parle des « trois parties intégrantes du marxisme », il fait référence à Lénine et à son œuvre de 1913 intitulée « Les trois sources et les trois parties constitutives du marxisme ». On y trouve le même découpage philosophique, économique et politique.

La philosophie

Pour la partie philosophique, Gonzalo dit que Mao Zedong a fait de la loi de la contradiction l’unique loi. En apparence, c’était déjà le cas dans le marxisme et le marxisme-léninisme. Mais Gonzalo fait référence non pas au matérialisme dialectique en général, mais au matérialisme dialectique en particulier, c’est-à-dire à la définition de la dialectique elle-même. Il s’agit d’une référence au propos suivant de Mao Zedong :

« Engels a parlé au sujet des trois catégories, mais en ce qui me concerne je ne crois pas à deux de ces catégories (l’unité des opposés est la loi la plus fondamentale, la transformation de la qualité et de la quantité l’une en l’autre est l’unité des contraires [que sont] qualité et quantité, et la négation de la négation n’existe pas du tout).

La juxtaposition, au même niveau, de la transformation de la qualité et de la quantité l’une en l’autre, la négation de la négation, et la loi de l’unité des opposés est « triplisme », pas le monisme. La chose la plus fondamentale est l’unité des opposés.

La transformation de la qualité et de la quantité l’une en l’autre est l’unité des contraires [que sont] qualité et quantité. Il n’y a pas de telle chose comme la négation de la négation.

Affirmation, négation, affirmation, négation… dans le développement des choses, chaque maillon de la chaîne des événements est à la fois affirmation et négation. »

L’économie

Gonzalo dit dans l’interview que Mao Zedong est celui qui a somme toute « établi et développé l’économie politique du socialisme ». C’est dans le document de 1988 du Parti Communiste du Pérou, Sur le marxisme-léninisme-maoïsme, qu’on trouve exposé cela.

Gonzalo, qui en est l’auteur, dit la chose suivante : Mao Zedong a compris le rapport dialectique entre la base et la superstructure, il a compris l’importance du politique comme poste de commandement à ce niveau, à rebours de la conception mécaniste de la croissance des « forces productives » comme aboutissant naturellement au socialisme.

Mao Zedong a saisi l’importance de la conscience dans la mobilisation des masses pour modifier radicalement la réalité, le Grand Bond en Avant pavant la voie à la compréhension plus général de l’importance de la vision du monde. Cela produit la saisie de la nécessité de la révolution culturelle pour révolutionner les mentalités, la vision du monde ; plusieurs révolutions culturelles seront d’ailleurs nécessaires pour aller au communisme.

De manière plus particulière pour les pays non capitalistes impérialistes, Mao Zedong a également compris l’importance de la question de la féodalité, plus exactement d’une néo-féodalité s’inscrivant dans le cadre des rapports impérialistes, produisant une situation semi-féodale semi-coloniale, avec un capitalisme bureaucratique.

La politique

Cet aspect peut se résumer par la guerre populaire, puisque Mao Zedong a compris l’importance de la direction politique et de la mobilisation des masses, ce qui implique un État permettant à la fois une vision du monde adéquate et une expression libérée des masses. Cet État naît et s’instaure dans la guerre du peuple elle-même.

C’est une anticipation du socialisme lui-même, d’où le slogan du Parti Communiste du Pérou « Guerre populaire jusqu’au Communisme ».

Cela indique également la voie de la révolution sur le plan de l’organisation, avec le Parti mettant en place une armée comme ossature d’un nouvel État se ramifiant à travers un Front. On lit dans le document du Parti Communiste du Pérou intitulé « La ligne de construction des trois instruments de la révolution », datant de 1988 :

« Le Président Gonzalo signale qu’avec Mao la classe comprend la nécessité de construire les trois instruments de la révolution: le Parti, l’Armée et le Front Unique en étroite relation les uns avec les autres. »

Telles sont les grandes lignes du maoïsme définies par Gonzalo.


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