C’est Viatcheslav Molotov qui fut chargé de faire le discours d’ouverture du XIXe congrès du Parti Communiste d’Union Soviétique (Bolchevik). Il y traça les traits généraux de la situation telle qu’elle était alors considérée.
L’URSS est passée par l’épreuve de feu en étant victorieuse de l’Allemagne nazie ; il y a deux camps désormais dans le monde, en partant du principe que le camp de la paix, de la démocratie, est désormais particulièrement puissant.
Voici les points principaux de son discours :
« Camarades !
Au nom du Comité central du parti, je souhaite la bienvenue aux délégués du XIXe Congrès du parti, ainsi qu’à nos chers invités représentant les Partis Communistes étrangers et les autres partis frères de la classe ouvrière. (Applaudissements prolongés et tempétueux)
Notre première parole aujourd’hui devrait être consacrée à ceux qui, pendant les années de guerre contre l’Allemand et d’autres agresseurs, ont défendu héroïquement notre patrie soviétique et ont donné leur vie pour notre juste cause. Honorons le souvenir glorieux de ceux qui sont morts dans cette guerre, qui ont donné leur vie dans la lutte contre le fascisme, pour la cause de la liberté et de l’indépendance de l’Union soviétique. (Tout le monde se lève) (…)
Comme vous le savez, le travail pacifique de notre peuple a été violé par l’attaque perfide du fascisme allemand contre l’Union soviétique.
Nous avons été obligés d’interrompre les travaux du troisième plan quinquennal. Nous avons dû nous réorganiser complètement sur le pied de guerre, en subordonnant tout à l’intérêt de vaincre l’ennemi envahissant notre territoire.
La Seconde Guerre mondiale fut le plus grand test pour le jeune État multinational soviétique.
En même temps, c’était une vérification complète de la justesse de la politique de notre Parti. Pendant la guerre, le peuple soviétique a survécu à de nombreux jours difficiles et a consenti de lourds sacrifices.
Mais sous le feu de ces événements, l’Union soviétique ne s’est pas affaiblie et n’a pas hésité. Sous la direction de notre parti, elle s’est encore endurcie et renforcée, en tant qu’État socialiste, encore plus confiante dans ses capacités, dans l’invincibilité de sa grande cause.
La Seconde Guerre mondiale s’est terminée par la défaite des agresseurs fascistes, qui ont déchaîné à de nombreux égards les forces du mouvement de libération nationale en Europe et en Asie.
Dans les nouvelles conditions qui sont apparues, en particulier compte tenu du rôle décisif de l’Union soviétique dans cette guerre, l’après-guerre a vu un certain nombre de pays passer de la voie du développement capitaliste à une nouvelle voie, la voie de la création et du développement d’États démocratiques et populaires.
Cela a marqué le début d’une nouvelle étape dans le développement du socialisme international.
Tout cela explique pourquoi, de nos jours, l’influence idéologique dominante de notre Parti sur tous les aspects de la vie du pays a tellement augmenté, et l’amour de notre peuple pour son Parti – l’amour du Parti de Lénine et Staline – est si grand (…).
Nous n’oublions pas, bien sûr, que l’Union soviétique vit dans « un système d’États », qu’il existe un camp impérialiste qui a des projets aventuristes, qui s’arme de plus en plus, gonfle de toutes les manières possibles l’hystérie militaire et se prépare à déclencher une nouvelle guerre mondiale.
Ce camp agressif et antidémocratique est dirigé par les milieux réactionnaires au pouvoir aux États-Unis d’Amérique, conformément à la volonté des monopoles capitalistes, qui, dans la quête insatiable de profits croissants, cherchent à établir leur domination mondiale par la force.
Ce sont les milieux dirigeants des États-Unis qui assument la responsabilité principale de la guerre criminelle en Corée, de la capture de l’île chinoise de Taïwan, de la transformation de l’Allemagne de l’Ouest et du Japon en États dépendants, ainsi que de la création d’alliances militaires agressives à l’Ouest et à l’Est, comme le bloc de l’Atlantique Nord.
Rien ne peut masquer le grave affaiblissement du système capitaliste mondial survenu ces dernières années, en particulier après le retrait d’un certain nombre d’États comptant une population totale de 600 millions d’habitants au cours de la période d’après-guerre.
Rien ne cache l’incapacité des pays capitalistes à faire face au danger croissant d’une nouvelle crise économique et d’une nouvelle augmentation du chômage de masse, ce qui entraîne en même temps une augmentation des contradictions et des frictions entre ces États et une aggravation inévitable de la lutte de classe dans ces pays.
Aucun effort des incendiaires de guerre et de leurs employés de la presse, essayant de revêtir un masque de paix et en même temps d’enivrer les lecteurs de la presse bourgeoise en répandant des calomnies sur l’agressivité de l’Union soviétique, ne pourra occulter le fait que c’est précisément du côté des cercles d’agression du camp impérialiste que se posent de nouvelles menaces contre la liberté et l’indépendance nationale des peuples, toutes les nouvelles menaces contre la violation de la paix et de la sécurité internationales.
Plus sont révélée la précarité et l’insécurité des perspectives futures et les faiblesses internes du capitalisme moderne, qui est au stade de la crise générale et a intensifié son glissement vers le régime fasciste, plus les principales puissances du camp impérialiste et leur propagande perverse d’une nouvelle guerre sont agressives.
Un autre camp, le camp international de défense de la paix et de la démocratie, s’oppose au camp de la réaction et de l’agression (…).
Notre Parti est venu au 19e congrès aussi puissant et uni que jamais. (Applaudissements prolongés)
La bannière de notre Parti, couverte de batailles glorieuses et de nombreuses victoires, a été élevée et appelle notre peuple à la victoire du communisme. (Applaudissements prolongés)
Le nom du chef de notre parti, le nom de Staline, exprime les meilleurs espoirs et les aspirations de toute l’humanité progressiste (…).
Au nom du Comité central, je déclare le congrès du Parti ouvert. (Tout le monde se lève. Applaudissements tempétueux et prolongés. Les délégués du Congrès chantent l’hymne du parti L’Internationale). »