[Article publié pour la première fois dans la revue Crise n° 40]

Le secrétaire d’État américain à la Guerre, Pete Hegseth, a publié le premier décembre 2025 une image reprenant le personnage de la série pour enfants Franklin, où on voit celui-ci viser des narco-terroristes.

C’était une allusion à 21 attaques menées par l’armée américaine contre des petits navires dans les eaux près du Venezuela, à partir du premier septembre 2025 et jusqu’en novembre. Il y a eu 80 morts, désignés comme des trafiquants de drogue par la superpuissance impérialiste américaine, présentés comme de simples pêcheurs par le Venezuela.

Ces actions sont illégales sur le plan du droit international, et ont même fait scandale aux États-Unis en raison du fait que des marins d’un navire frappé ont été achevés dans la foulée.

Cependant, là n’était bien entendu pas le plus important pour la superpuissance impérialiste américaine, qui ne connaît qu’un droit : celui du plus fort, c’est-à-dire le sien, de son point de vue.

Dans le contexte de la compétition avec le concurrent chinois, cela signifie toutefois pour la superpuissance impérialiste américaine qu’il va falloir être pragmatique et utilitariste – les deux choses que la culture nationale historique américaine permet le mieux.

Ce n’est plus on frappe et puis on voit, mais on voit et puis on frappe. C’est pourquoi le concept de « narco-terrorisme » a été savamment élaboré par le Pentagone. C’est qu’il ne sert pas seulement de justificatif à l’intervention militaire américaine : il permet d’activer toute une série de leviers.

La superpuissance impérialiste américaine qui, rappelons, le contrôle le système bancaire international en raison du rôle du dollar, peut jouer directement sur telle ou telle personne accusée de participer au narco-terrorisme, influencer indirectement son entourage, faire pression sur ses partenaires éventuels, etc.

Le « cartel de los soles » comme justificatif pour activer les leviers

Allons droit au but en abordant le point clef du concept de narco-terrorisme lorsqu’on parle du Venezuela : le « cartel de los soles », le « cartel des soleils ».

Voici le contenu du document américain officiel qui le place dans la catégorie « Organisation Terroriste Étrangère ».

DÉPARTEMENT D’ÉTAT
[Avis public : 12869]

Désignation du Cartel de los Soles comme Organisation Terroriste Étrangère

Après examen du dossier administratif constitué dans cette affaire, et en consultation avec le Procureur général et le Secrétaire au Trésor, j’ai conclu qu’il existe une base factuelle suffisante pour constater que les circonstances pertinentes décrites à la section 219 de l’Immigration and Nationality Act, telle que modifiée (ci-après l’« INA ») (8 U.S.C. 1189), sont réunies en ce qui concerne : le Cartel de los Soles (également connu sous le nom de Cartel of the Suns).

Par conséquent, je désigne par la présente l’organisation susmentionnée, ainsi que ses alias respectifs, comme Organisation Terroriste Étrangère, conformément à la section 219 de l’INA.

Cette décision sera publiée dans le Federal Register. La désignation prend effet dès sa publication.

Daté : 16 novembre 2025.
Marco Rubio,

Secrétaire d’État.
[FR Doc. 2025–20750 déposé le 21-11-25 ; 8 h 45]
CODE DE FACTURATION 4710–AD–P

Qu’implique une telle décision ?

Le Trésor américain peut bloquer tous les fonds, comptes bancaires ou propriétés appartenant à l’organisation, saisir les avoirs liés au cartel, directement ou indirectement interdire toute transaction avec eux par des institutions financières américaines.

La désignation justifie également les opérations clandestines (CIA, JSOC), les frappes préventives, la capture de membres, un recours plus large à la force, sous prétexte antiterroriste.

Mais ce n’est pas tout, justement.

Toute personne — citoyen américain ou non — peut être poursuivie si elle fournit au « Cartel de los Soles » :

• argent
• biens ou équipements
• armes
• services (communications, logistique, transport…)
• formation
• conseils ou assistance
• soutien technologique
• ressources en général.

Or, comme les dirigeants du régime vénézuélien sont accusés d’appartenir au « cartel de los soles »… cela veut dire qu’il est possible d’étrangler économiquement, financièrement, juridiquement… ces dirigeants, de manière ciblée, ce qui amène à saper leur existence sociale.

L’objectif est de les faire passer à la trappe, en les forçant à se replier sur eux-mêmes (et à s’effondrer), ou bien à essayer de s’ouvrir sans succès face à la pression continue (et à être alors renversé).

Le « cartel de los soles » existe sans exister

Il faut expliquer cependant ce qu’est le cartel de los soles, et ce qu’il n’est pas. Sa nature est, en effet, très étrange, même si pas du tout absurde de par la nature du Venezuela.

D’où vient ce nom de « cartel des soleils » ?

On a, en fait, désigné par là, pour la première fois, en 1993, deux généraux de la Garde nationale du Venezuela, accusés de trafic de drogues.

Ce sont les médias vénézuéliens qui ont employé le terme, en raison de la tradition pour les militaires de haut rang d’avoir, au Venezuela, non pas des étoiles sur leurs épaulettes, mais des soleils. Les deux généraux concernés, Ramón Guillén Dávila et Orlando Hernández Villegas, étaient les responsables successifs de l’unité chargée de la lutte contre le narco-trafic.

En fait, on touche un aspect essentiel de toutes les armées latino-américaines : elles sont corrompues, en particulier par les mafias. Profitant de leur situation – elles peuvent facilement transporter de grosses quantités d’un bout du pays à l’autre – elles contribuent au passage de drogues, en échange d’un pourcentage.

À un moment, que ce soit parce qu’ils ont été payés en drogues au lieu d’en cash, ou parce qu’ils ont voulu devenir l’acteur principal des affaires, des militaires corrompus ont commencé à monter leur propre affaire de narco-trafic. Pour le Venezuela, cela date du début des années 2000.

Le politicien (longtemps membre du Mouvement pour le Socialisme) Mauro Marcano fut assassiné en 2004, après avoir repris l’accusation d’un « cartel des soleils » actif dans la police et l’armée.

En pratique, ce qui se passe est donc la chose suivante : la participation, à quelque degré que ce soit, des militaires au trafic de drogues est particulièrement significative. Elle est à la fois directe et indirecte, et en tout cas omniprésente.

C’est d’autant plus vrai que l’État vénézuélien est une dictature militaire : c’est l’armée qui a pris les commandes du pays.

Outre une participation massive à l’économie de la part de l’armée, cela veut dire que tout ce qui est police aux frontières relève également de celle-ci.

Cargaisons des avions, passages aux frontières, navires en transit dans les ports… tout est permis par la corruption, qui permet d’éteindre un radar, de fournir un code valide de passage, etc.

On est ici dans une logique typique du tiers-monde ; au Venezuela, cela reste plus marquant en raison de la situation délabrée du pays, d’une économie catastrophique, d’un régime aux ordres des militaires pratiquant un populisme nationaliste particulièrement démagogique, à la cubaine.

C’est d’autant plus vrai que si initialement, l’économie était très centralisée, en raison du rôle majeur du pétrole, l’industrie de cette dernière a profondément périclité en raison de la vétusté des installations.

Pour cette raison, afin de satisfaire l’oligarchie et la perpétuelle répartition féodale de rentes, les activités se sont tournées vers l’exploitation des mines et le narco-trafic.

On peut résumer les choses ainsi : avec Hugo Chávez à partir de 1999, on a un capitalisme bureaucratique centralisé autour de l’armée avec le pétrole comme ossature, puis à partir de 2013 avec son successeur Nicolás Maduro, on a une sorte de régime qui tient en « poussant les murs ».

Concrètement, au Venezuela, toute personne qui a des responsabilités et qui peut « siphonner »… le fait, et ce dans des proportions encore plus grandes que dans le reste de l’Amérique latine.

Il n’y a donc pas vraiment de cartel des soleils… dans la mesure où il n’existe pas une telle organisation, dénommée telle et hiérarchisée, opérant de manière unifiée, etc.

On est dans des couches et des sous-couches de corruption avec l’interpénétration des structures de l’armée vénézuélienne.

Pour qui se fonde sur le matérialisme dialectique, c’est là un produit naturel et décadent d’une société vénézuélienne déjà féodale en partie initialement.

En Amérique latine, la situation nationale est largement modelée par la réalité féodale de pays nés d’une indépendance par en haut, réalisée au profit unique des Espagnols nés en Amérique (les « criollos »), aux dépens et sans l’immense majorité de la population.

Cela produit un bricolage mêlant féodalisme et capital étranger impérialiste, qui amène avec lui une instabilité permanente, avec des sursauts stabilisateurs anti-populaires d’unification bureaucratique.

C’est toujours un militaire de plus ou moins haut rang qui surgit dans de tels moments, afin de sauver la nation, au moyen de l’armée qui serait vraiment patriotique et au-dessus des partis, etc.

Et, d’ailleurs, au Venezuela Hugo Chávez avait, pour mettre en place son régime « bolivarien », comme référence une expérience passée dans le même pays : la dictature militaire « moderniste » du général Pérez Jiménez, qui a duré de 1952-1958.

De telles tentatives de sauvetage sont immanquablement vouées à l’échec, à un moment ou à un autre, car la dimension féodale bloque tout, instaurant un système de rentes toujours plus étendu.

D’où le fait que le Venezuela actuel soit vérolé par le « narco-trafic » du point de vue américain ; il est en réalité en train de plier sous le poids de son propre féodalisme, qui se systématise pour se survivre à lui-même, de notre point de vue.

Le but de la superpuissance impérialiste américaine est ainsi d’accompagner la chute du régime vénézuélien, afin de le restructurer.

Nous, au contraire, prônons la révolution par la guerre populaire, pour briser non seulement la domination impérialiste, mais aussi afin d’écraser en premier lieu le socle féodal qui empêche tout réel développement démocratique.

Le ciblage des dirigeants vénézuéliens

La superpuissance impérialiste américaine s’efforce, on l’aura compris, d’agir comme un rouleau compresseur, mais en délimitant bien les champs d’action.

Les figures du régime sont donc officiellement ciblées, de manière « personnelle ». Elles ne sont pas visées pour leur fonction « politique », mais pour narco-terrorisme en profitant de leur fonction politique. C’est une accusation qui, en réalité, ne change rien à l’affaire, mais permet de faire un appel d’air dans le pays… pour provoquer une révolution de palais.

Le président vénézuélien Nicolás Maduro a ainsi été accusé de narco-trafic, plus exactement de « narco-terrorisme », en mars 2020.

Le département d’État américain proposait 15 millions de dollars de récompense pour contribuer à son arrestation, un chiffre passé en août 2025 à 50 millions de dollars.

D’autres pays du continent américain se sont associés à cette désignation à l’encontre de Nicolás Maduro : l’Argentine, l’Équateur, le Paraguay, le Pérou, Trinidad et Tobago.

La Justice américaine a également accusé de nombreux responsables étatiques vénézuéliens d’être des trafiquants.

Sont visés des militaires de haut rang (Hugo Carvajal, Henry Rangel Silva, Nestor Reverol…) et des membres plus directement « politiques » (Tareck El Aissami, Diosdado Cabello…).

Tout cela demande un vrai travail. Il faut des équipes juridiques, des « enquêtes », des constructions accusatoires, etc. Au-delà du fait que ce soit vrai ou faux – vu les personnages concernés, il n’y a rien à attendre de bien – on est dans une opération américaine de légitimation, ou plutôt de délégitimation des cadres du régime.

Les accusations de Hugo « El Pollo » Carvajal

Hugo « El Pollo » [« le poulet »] Carvajal est un ancien major général vénézuélien, qui a surtout été le chef de la direction du renseignement militaire au Venezuela sous Hugo Chávez de 2004 à 2011.

Il a finalement changé de camp en 2019, soutenant l’opposition qui s’était révoltée, sans succès. Fuyant alors le pays, il s’est réfugié en Espagne où il a été arrêté en raison d’une accusation de narco-trafic de la part des États-Unis.

Il s’enfuit, mais est de nouveau arrêté en 2021, en Espagne encore, puis extradé en 2023 aux États-Unis. En juin 2025, il a plaidé coupable et a commencé à « déballer » toute une série d’informations : oui, le cartel de los soles existe bien, oui Nicolás Maduro est à sa tête, oui le Venezuela est en lien approfondi avec l’Iran, oui le Venezuela soutient les FARC et l’ELN en Colombie, oui le Venezuela espionne les institutions militaires des États-Unis et a tenté de manipuler les élections, etc.

Début décembre 2025, Jugo Carvajal a réitéré ses affirmations, dans deux lettres à Donald Trump. Il explique de nouveau que le régime du Venezuela est une « organisation narco-terroriste », comme ici dans la lettre du 2 décembre 2025.

« J’ai personnellement constaté comment le gouvernement d’Hugo Chávez s’est transformé en une organisation criminelle, aujourd’hui dirigée par Nicolás Maduro, Diosdado Cabello et d’autres hauts responsables du régime.

Cette organisation, désormais connue sous le nom de Cartel des Soleils, a pour but d’utiliser la drogue comme arme contre les États-Unis.

La drogue qui a atteint vos villes par de nouvelles routes n’est pas le fruit de la corruption ni le simple fait de trafiquants indépendants ; il s’agit d’une politique délibérée, coordonnée par le régime vénézuélien, visant à nuire aux États-Unis.

Ce plan a été proposé à Chávez par le régime cubain au milieu des années 2000 et a été mis en œuvre avec succès grâce à l’aide des FARC, de l’ELN, d’agents cubains et du Hezbollah.

Le régime a fourni armes, passeports et impunité à ces organisations terroristes, leur permettant d’opérer librement depuis le Venezuela contre les États-Unis. »

Autant dire qu’avec de pareilles informations, la superpuissance impérialiste américaine dispose d’une « légitimation » de choix.

Tren de Aragua

Hugo « El Pollo » Carvajal parle également dans ses lettres du Tren de Aragua. Cette mafia, fondée en 2009-2010, s’appelle ainsi (le « train d’Aragua »), car elle a été mise en place par des mafieux membres d’un syndicat de cheminots.

Déportés en prison de Tocorón dans l’État d’Aragua au Venezuela, on leur a laissé les mains libres dans la prison, afin d’acheter le « calme ». Hugo Carvajal dit même qu’ils ont été exportés aux États-Unis, comme ici dans sa lettre du 2 décembre 2025 encore.

« J’étais présent lors des décisions prises pour organiser et armer les gangs criminels à travers le Venezuela afin de protéger le régime, notamment le groupe connu sous le nom de Tren de Aragua.

Chávez a ordonné le recrutement de chefs criminels, aussi bien en prison qu’à l’extérieur, pour défendre la « révolution » en échange de l’impunité.

Après la mort de Chávez, Maduro a étendu cette stratégie en exportant la criminalité et le chaos à l’étranger, ciblant les exilés politiques vénézuéliens et gonflant artificiellement les statistiques de la criminalité au Venezuela.

Les chefs de gangs ont reçu l’ordre d’envoyer des milliers de membres hors du pays. Cette opération était coordonnée par le ministère de l’Intérieur, le ministère des Prisons, la Garde nationale et la police nationale. Tren de Aragua est devenu le groupe le plus efficace et celui qui a connu la croissance la plus rapide.

Lorsque la politique d’ouverture des frontières de Biden et Harris a été largement connue, ils ont saisi l’occasion d’envoyer ces agents aux États-Unis. Ils disposent désormais de personnel armé et obéissant sur le sol américain.

Pour financer leurs opérations, ils ont reçu l’ordre explicite de poursuivre les enlèvements, les extorsions et les meurtres. Chaque crime qu’ils commettent sur votre sol est un acte ordonné par le régime. »

Là encore, on a un argument « fort » contre le Venezuela. On a tout un arrière-plan justificatif pour une intervention « en profondeur ».

Juan Guaidó et María Corina Machado

Un autre aspect essentiel de la question du Venezuela touche la présidence. Il y a eu une élection présidentielle en mai 2018, emportée par Nicolás Maduro avec 67,8 % de voix, mais pour 46 % de participation seulement.

En janvier 2019, l’opposant Juan Guaidó déclare ces élections nulles et se proclame président ; il est immédiatement reconnu par les pays occidentaux (États-Unis, Belgique, France, etc.).

C’est alors le chaos politique au Venezuela, les États-Unis commencent une guerre de l’électricité en sabotant plusieurs jours la production de celle-ci à l’échelle nationale, Juan Guaidó tente de mettre en place un gouvernement parallèle, etc.

C’est cependant l’échec et c’est ici qu’intervient la figure de María Corina Machado. Issue de la haute bourgeoisie vénézuélienne, elle est un cadre de l’opposition depuis plusieurs décennies, et en octobre 2023 elle obtient 93 % des voix des primaires de celle-ci pour participer à l’élection présidentielle de juillet 2024.

Le régime l’empêche de se présenter et Nicolás Maduro est réélu avec pratiquement 52 % des voix, pour 57 % de participation. Une participation qui aurait été, selon l’opposition, plus importante, avec surtout la victoire écrasante de l’opposant à Nicolás Maduro, Edmundo González Urrutia.

María Corina Machado devient alors le « symbole » absolu de l’opposition, et est soutenue massivement du côté occidental. Elle reçoit en 2024 le prix Vaclav-Havel de l’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe et le prix Sakharov du Parlement européen, avant de recevoir même le prix Nobel de la Paix 2025.

On se souvient que Donald Trump espérait obtenir ce prix Nobel, mais d’une certaine manière il l’a obtenu avec María Corina Machado, car cela contribue à justifier une action contre le régime du Venezuela et celle-ci, dans son premier message, a dédié son prix au peuple vénézuélien en souffrance et au président Donald Trump.

La mise en scène de la cérémonie intervient directement en support à cette perspective. C’est le pendant de la délégitimisation de Nicolás Maduro : il faut que María Corina Machado apparaisse comme le plus légitime possible.

La mise en scène de la cérémonie de remise du prix Nobel de la paix à María Corina Machado

María Corina Machado a bien évidemment justifié les frappes américaines contre les navires accusés de relever du narco-terrorisme. Cela n’a pas empêché le comité officiel du prix Nobel de la saluer lors de la remise du prix et d’appeler à la démission de Nicolás Maduro.

C’est là un parti pris absolument clair, indiscutable. María Corina Machado est à 100 % fonctionnelle pour la superpuissance impérialiste américaine, elle l’assume ouvertement, et le prix Nobel participe à la démarche.

Le président du comité, Jorgen Watne Frydnes, a ouvertement affirmé :

« Aujourd’hui, dans cette salle – avec toute la gravité qui accompagne le prix Nobel de la paix et cette cérémonie annuelle – nous allons dire ce que les dirigeants autoritaires redoutent le plus :

Votre pouvoir n’est pas éternel. Votre violence ne triomphera pas des peuples qui se soulèvent et résistent.

Monsieur Maduro, vous devriez accepter les résultats des élections et démissionner.

Posez les bases d’une transition pacifique vers la démocratie. Car telle est la volonté du peuple vénézuélien.

Maria Corina Machado et le Venezuela« Nicolás Maduro, acceptez les résultats de l’élection et retirez-vous.

Jetez les bases d’une transition pacifique vers la démocratie. Car telle est la volonté du peuple vénézuélien.

Maria Corina Machado et l’opposition vénézuélienne ont allumé une flamme qu’aucune torture, aucun mensonge et aucune peur ne peuvent éteindre. »

Afin de dramatiser la situation, il a d’abord été affirmé haut et fort que María Corina Machado se rendrait bien à Oslo chercher son prix. Comme elle vit dans la clandestinité depuis seize mois au Venezuela, l’entreprise était bien entendu délicate, surtout que le régime vénézuélien était prêt à la dénoncer comme « fugitive » si elle sortait du pays.

La conférence de presse du 9 décembre 2025 fut finalement annulée, mais María Corina Machado était annoncée pour le lendemain.

Il fut expliqué ensuite qu’elle avait du retard, et c’est finalement sa fille, Ana Corina Sosa Machado, à qui a été remis le prix Nobel.

De manière notable, et cela les médias l’ont caché le plus souvent, le président argentin Javier Milei était présent à la cérémonie.

C’est tout un symbole, puisqu’il est l’un des plus fervents soutiens latino-américains à Donald Trump.

On trouvait à ses côtés le président du Panama, José Raúl Mulino, le président de l’Équateur, Daniel Noboa, le président du Paraguay, Santiago Peña.

Rien que ce point indique entièrement la nature de María Corina Machado et le rôle du prix Nobel dans le dispositif de la superpuissance impérialiste américaine.

Le discours de María Corina Machado lu par sa fille lors de la remise du prix Nobel de la paix reflète d’ailleurs entièrement la mythomanie et la prétention de figures politiques portant des intérêts oligarchiques, réécrivant l’Histoire comme ça les arrange.

María Corina Machado fait partie de l’élite « criollos », les Espagnols nés en Amérique. Elle descend du marquis José Antonio Rodríguez del Toro y Ascanio, elle est liée familialement à une dizaine de figures historiques de la plus haute bourgeoisie vénézuélienne, son père était un des deux plus grands industriels de l’acier, etc.

« Nous avons bâti une démocratie qui est devenue la plus stable d’Amérique latine, et la liberté s’est épanouie comme une force créatrice.

Mais même la démocratie la plus forte s’affaiblit lorsque ses citoyens oublient que la liberté n’est pas quelque chose que l’on attend, mais quelque chose que l’on devient (…).

Ma génération est née dans une démocratie dynamique, et nous l’avons tenue pour acquise.

Nous pensions que la liberté était aussi immuable que l’air que nous respirions. Nous chérissions nos droits, mais nous oubliions nos devoirs.

J’ai été élevé par un père dont l’œuvre de toute une vie – construire, créer, servir – m’a appris qu’aimer ce pays impliquait d’assumer la responsabilité de son avenir (…).

Pendant ce temps, un processus plus profond et plus destructeur se déroulait. Il s’agissait d’une méthode délibérée :

diviser la société par idéologie, par race, par origine, par mode de vie ; pousser les Vénézuéliens à la méfiance, au silence et à la méfiance mutuelle, à se considérer comme des ennemis. Ils nous ont étouffés, ils nous ont faits prisonniers, ils nous ont tués, ils nous ont forcés à l’exil.

Cela faisait près de trente ans que nous luttions contre une dictature brutale.

Et nous avions tout essayé : dialogues trahis ; manifestations de millions de personnes réprimées ; élections truquées (…).

Nous n’atteignons la liberté que lorsque nous refusons de nous tourner le dos ; lorsque nous affrontons la vérité de front, aussi douloureuse soit-elle ; lorsque l’amour pour ce qui compte vraiment dans la vie nous donne la force de persévérer et de triompher. »

Il ne faut pas se leurrer pour autant : le régime vénézuélien est bien de nature terroriste, il frappe, torture, emprisonne, tue.

Cependant, ce ne sont pas les partisans de la superpuissance impérialiste américaine qui peuvent dire quoi que ce soit, sachant qu’avant un régime pro-Chine et pro-Russie, c’était un régime pro-États-Unis de même nature.

Dans son discours, María Corina Machado cherche d’ailleurs à se donner une image démocratique en disant que le Venezuela a accueilli des réfugiés venant de la dictature militaire en Argentine. Sauf que la présence de son soutien Javier Milei rend absurde ce fait, puisque le président argentin a toujours défendu l’action des militaires durant la dictature.

Il faut voir que tout cela agit en convergence avec la pression généralisée de la superpuissance impérialiste américaine pour changer le régime du Venezuela.

Le déploiement militaire américain dans les Caraïbes

L’armée américaine a commencé à déployer de nombreuses forces maritimes et aériennes dans les Caraïbes à partir d’août 2025. Le processus a été ininterrompu jusqu’en décembre 2025, avec notamment des bateaux-citernes et des avions-cargos.

Symboliquement, l’événement le plus marquant a été l’envoi dans la zone du plus grand porte-avions du monde, le USS Gerald R. Ford (avec une piste de 337 mètres de long), auparavant en Méditerranée.

Il est bien entendu accompagné d’une escorte, ainsi que d’autres navires en soutien (USS Mahan, USS Winston S. Churchill, USS Bainbridge, USS Gravely, USS Jason Dunham, USS Sampson, USS San Antonio, USS Minneapolis-Saint Paul, US Stockdale, USS Gettysburg, USS Newport News, USS Fort Lauderdale, MV Ocean Trader).

Si on ajoute à cela la remise en état des postes de la base navale de Puerto-Rico, on comprend bien ce qui se profile. Donald Trump ne l’a pas caché par ailleurs, expliquant en novembre 2025 :

« Les jours de Maduro sont comptés. Son régime s’effondre de l’intérieur, et le peuple vénézuélien le sait.

Nous ne cherchons pas la guerre avec le Venezuela ; je doute fortement qu’il y ait une guerre ; mais nous allons maintenir la pression.

Nos forces armées sont en position, nos options sont prêtes, et nous continuerons à frapper les réseaux criminels et les bateaux de trafic de drogue qui maintiennent en vie sa dictature corrompue. »

Dans le même sens, le 28 novembre 2025, Donald Trump a annoncé que les États-Unis pourraient lancer des « opérations terrestres » contre des trafiquants vénézuéliens, et ce « très bientôt ».

Le lendemain, il publiait sur les réseaux sociaux le message comme quoi l’espace aérien au-dessus et autour du Venezuela devait être considéré comme « fermé en son entièreté ».

Et le 15 octobre 2025, il avait déjà confirmé qu’il avait autorisé la CIA à mener des opérations clandestines liées au Venezuela.

L’objectif est le changement de régime. Toutefois, on est dans le corollaire Trump. Il ne s’agit pas simplement de bombarder et de remplacer les dirigeants, bref de remplacer une faction dominante par une autre dans un pays qui en soi ne change pas de nature.

L’objectif américain est d’insérer le Venezuela de manière dynamique dans un rapport avec le capitalisme américain. C’est plus difficile.

Cette situation explique le « dialogue » avec Nicolás Maduro. Il lui a été proposé de pouvoir s’enfuir en Russie, en Chine ou dans un pays du Golfe. Il y a eu des négociations.

Le 3 décembre 2025, Nicolás Maduro expliquait d’ailleurs avoir eu Donald Trump au téléphone :

« J’ai conversé avec le président des États-Unis, Donald Trump. Je peux dire que la conversation s’est déroulée sur un ton respectueux, et même je peux dire qu’elle a été cordiale Je vais plus loin…

Si cet appel signifie qu’on fait des pas vers un dialogue respectueux, d’État à État, de pays à pays, bienvenue au dialogue, bienvenue à la diplomatie, car nous rechercherons toujours la paix. »

Nicolás Maduro n’a pas cessé de gesticuler en ce sens. Son mot d’ordre répété souvent est « Welcome dialogue! Welcome diplomacy! Welcome the peace! Peace? Yes! War? Never, never in the life! ». On peut même le voir danser sur une chanson utilisant ses propos comme refrain.

C’est très intéressant, car on pourrait s’attendre à un discours violemment anti-impérialiste de sa part. Ce n’est pas du tout le cas. La seule dénonciation est celle de la pression américaine. Le 2 décembre 2025, il qualifiait de « terrorisme psychologique » les menées américaines, en précisant :

« Nous voulons la paix, mais une paix avec la souveraineté, une paix avec l’égalité, une paix avec la liberté ; nous ne voulons pas la paix des esclaves ou la paix des colonies. Jamais de colonie, jamais d’esclavage. »

Il ne considère pas la superpuissance impérialiste américaine comme un ennemi à abattre, c’est particulièrement notable. Et c’est dû à sa position de classe : Nicolás Maduro représente une faction du capitalisme bureaucratique, mais celui-ci veut se maintenir coûte que coûte, et finalement peu importe que ce soit avec les États-Unis ou la Chine.

La compétition sino-américaine pour le Venezuela

Le régime de Hugo Chávez n’avait rien de nouveau en soi ; il renforçait seulement la part de l’armée dans l’État et l’économie. On sait d’ailleurs que la famille de Hugo Chávez en a profité pour s’enrichir sans commune mesure.

Il ne faut donc pas écouter les voix françaises, de type social-nationales, qui portent aux nues un tel régime (notamment La France Insoumise, la Gauche Républicaine et Socialiste, le PCF). C’est propre à la France avec sa fascination gaulliste pour un régime fort nationaliste et « social ».

Le régime du Venezuela est une sorte de dictature militaire à vocation populiste où règnent la corruption, les vols et la pénurie. C’est un capitalisme bureaucratique, et il est dépendant de son insertion dans l’économie de « grands frères ».

On retrouve ici la Chine. 90 % du pétrole brut du Venezuela y est exporté, celle-ci a par ailleurs prêté 60 milliards de dollars au Venezuela. La China Concord Resources Corp a installé, en septembre 2025, la première plate-forme pétrolière chinoise au Venezuela. Et le Venezuela est le premier acheteur d’armes chinoises.

La superpuissance chinoise est également déjà le premier partenaire commercial de plusieurs pays latino-américains (Brésil, Chili, Pérou, Uruguay) ; elle est le 2e partenaire global de la région derrière les États-Unis, ainsi que le 1er ou 2e investisseur en infrastructures stratégiques.

Dans les faits, le régime vénézuélien se maintient avec un appui majeur des services secrets cubains sur le plan intérieur, et globalement avec ses « grands frères » que sont la superpuissance impérialiste chinoise, l’impérialisme russe, mais également l’expansionnisme iranien.

C’est pour cette raison que, suivant le corollaire Trump, il faut faire un exemple.

La forme particulière de guerre liée au corollaire Trump

Normalement, il y a un « partage » relatif de chaque pays du tiers-monde. L’hégémonie revient à une puissance en particulier, mais il y a de la place pour les autres. Si par contre, il y a la tentative de renverser l’hégémonie, là alors il y a un affrontement entre factions internes.

Ainsi, même dans les années 1960-1980, le social-impérialisme soviétique était présent en Amérique latine, tout comme la superpuissance impérialiste américaine était présente en Inde, ou bien les puissances impérialistes ouest-européennes dans les pays de l’Est de l’Europe.

Mais si une superpuissance impérialiste tente de prendre le dessus sur une autre – comme au Chili en 1973 – là il y a une violente réaction. On notera que les violentes réactions internes peuvent également se produire de par la contradiction interne entre la dimension féodale et la dimension semi-coloniale.

Le corollaire Trump exige de corriger une telle approche. Il donne une définition de ce qui est intouchable par principe : le « contrôle des installations militaires, des ports et des infrastructures clés », ainsi que « l’acquisition d’actifs stratégiques au sens large ».

Cela veut dire qu’il ne suffit pas simplement qu’une faction dominante en remplace une autre. En effet, il y a à l’arrière-plan la question de la confiscation des biens. C’est toujours problématique en termes de droit bourgeois.

Si l’on veut un exemple, Cuba a nationalisé les entreprises américaines lors de la révolution de 1959. Par la suite, le régime s’est vendu à l’URSS social-impérialiste. Mais si la prise du pouvoir de 1959 avait été directement liée à celle-ci, il aurait été très délicat de procéder à une telle nationalisation.

Il y aurait une dimension de confrontation, de polarisation, d’expropriation.

Le but des États-Unis au Venezuela n’est ainsi pas une « révolution », pas même le triomphe du libéralisme. Mais il n’est pas non plus seulement la prise de contrôle du pays par une faction qui lui soit subordonnée.

L’envoi du porte-avions USS Gerald R. Ford n’obéit pas seulement à une logique militaire ; il s’agit d’étrangler ce qui s’oppose aux États-Unis dans tous les domaines : financier, politique, administratif, technique, militaire… pour que la Chine soit éjectée non pas en raison de l’intervention américaine, mais à travers l’intervention américaine, de par le nouvel aménagement dans le pays.

C’est plus subtil, plus compliqué, plus difficile à comprendre également. Il n’y a pas la dimension frontale unilatérale comme auparavant.

Le 30 novembre 2025, Donald Trump a justement présenté comme suit l’opération en cours :

« Est-ce que ça fonctionne ? Ce n’est pas une campagne de pression, c’est bien au-delà de cela, je pense. »

Cet « au-delà » exprime bien le contenu de la démarche. Pour en revenir à la question des accusations de narco-terrorisme, on peut justement voir comment celles-ci opèrent relativement à cet « au-delà ».

Ainsi, le 3 décembre 2025, le département d’État américain ait fait passer à cinq millions de dollars la prime pour aider à l’arrestation ou la condamnation du principal dirigeant du Tren de Aragua, désigné par ailleurs comme une organisation étrangère terroriste en février de la même année.

Au sens strict, les États-Unis s’en moquent du Tren de Argua ou de son dirigeant. Ce qui compte, c’est leur utilisation dans le dispositif impérialiste.

Il ne s’agit pas de considérer, comme petits-bourgeois complotistes, que de telles structures sont « inventées » par l’impérialisme afin de justifier des invasions. C’est faux et stupide, car cela rate le cœur de la question.

Ce qui compte, en effet, c’est qu’une domination impérialiste joue à tous les niveaux. Une révolution de palais ne suffit pas et il ne suffit pas d’envoyer l’armée prendre le palais présidentiel. Une telle démarche peut réussir dans un pays arriéré économiquement, encore très paysan, mais certainement pas dans un pays relativement développé.

Faire tomber Cuba

Autrement dit, la vraie raison de toute la dénonciation du Venezuela comme étant sous la coupe d’un régime narco-terroriste, c’est la perpétuelle re-légitimation de la doctrine Monroe.

Mais l’approche employée vise à pénétrer le pays à tous les niveaux pour chasser la Chine, de manière « naturelle ».

C’est une approche multi-factorielle, ce qu’on appelle du « 4D chess », un jeu d’échecs à quatre dimensions, pour dire qu’on joue par la bande, comme au billard français.

C’est tellement vrai qu’il y a plusieurs autres pays qui sont concernés par la guerre « nouvelle », déjà commencée, des États-Unis contre le Venezuela.

Marco Rubio, le secrétaire d’État américain (l’équivalent de ministre des Affaires étrangères), a ainsi souligné cette accusation le 2 décembre 2025, disant que :

« L’Iran, ses Gardiens de la Révolution et même le Hezbollah ont une présence en Amérique du Sud, et une de leur présence ancrée – en particulier pour les Iraniens – se situe à l’intérieur du Venezuela ».

Le champ est élargi à l’ensemble de l’Amérique du Sud, et relié à l’Iran.

Mais il y a plus. L’objectif indirect de l’approche américaine, c’est de faire tomber le régime à Cuba.

Ce dernier ne se maintient en partie significative que par le soutien du Venezuela. Et Marco Rubio est un acharné de la question ; ses parents sont cubains et ont quitté Cuba en 1956.

Refaire passer Cuba dans l’orbite américaine est forcément le rêve de Donald Trump et ce serait un symbole majeur de la doctrine Monroe avec le corollaire Trump.

Le moment semble idéal alors que le « rêve américain » parcourt toute l’Amérique latine, en l’absence d’avant-gardes révolutionnaires. 10 % des Cubains ont quitté le pays entre 2020 et 2024, la très grande majorité (soit 720 000 personnes) s’installant aux États-Unis.

Il y a désormais moins de 10 millions d’habitants, soit le niveau de 1985 ; cela bloque toute perspective de développement.

Qui plus est, il existe une vaste communauté cubaine « anti-castriste » en Floride, alimentée par les « Freedom Flights », des transports aériens entre La Havane et Miami, de 1965-1973, avec 300 000 personnes.

Naturellement, les États-Unis s’appuient également sur les exilés vénézuéliens pour la question du Venezuela. Il y a l’idée de pousser à de nouvelles mentalités, et cela c’est essentiel pour l’impérialisme s’il veut non seulement prendre le contrôle, mais s’installer dans la durée, développer des dynamiques, utiliser des mobilisations en sa faveur.

L’Amérique latine à un tournant

Il y a en Europe un grand romantisme concernant les latino-américains et leur dimension révolutionnaire. C’est fondamentalement erroné.

Les Partis Communistes naissent très difficilement dans les années 1920 et se font interdire très vite, avec une répression sanglante.

Les rares exceptions sont à relativiser également. Si au Mexique le Parti Communiste a été marquant, il n’a concerné qu’une petite minorité des travailleurs et son impact a été surtout culturel. Et au Pérou, les communistes ont mis bien trop de temps à saisir la dimension historique de José Carlos Mariátegui.

En pratique, tout le « bruit » autour du mouvement révolutionnaire en Amérique latine est surtout dû à l’influence cubaine et soviétique, avec un mélange des idées de Che Guevara et de nationalisme bourgeois « latino-américain ».

Cela ne veut pas dire qu’il n’y a pas eu ici de l’héroïsme et de l’abnégation, mais cela ne pouvait rien donner, surtout eu égard au poids majeur (et oublié voire nié) du féodalisme, avec son ignoble patriarcat latino absolument omniprésent.

La seule exception, c’est bien sûr le Parti Communiste du Pérou, avec Gonzalo à la tête d’une guerre populaire incandescente de 1980 à 1992.

Mais même là, les gens ayant compris que c’était la bonne voie n’ont pas saisi le principe fondamental mis en avant par Gonzalo : qu’il faut une pensée-guide dans chaque pays, c’est-à-dire qu’il faut une lecture spécifique du parcours historique propre à chaque cadre national.

Il va falloir ici qu’il se passe quelque chose, sans quoi les pays d’Amérique latine vont se faire embarquer un par un dans les projets des États-Unis, et leur insertion dans le capitalisme américain étouffera toute perspective de révolution pour un moment. C’est l’heure du choix pour l’Amérique latine : passera-t-elle à côté de l’Histoire qui va se jouer ?


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