Le degré le plus élevé, le plus progressiste, du développement social est la société communiste. La société communiste passe par deux phases de développement : une phase inférieure, appelée socialisme, et une phase supérieure, appelée communisme.
Au premier stade de son évolution, la société communiste ne peut pas encore être affranchie des pratiques et des survivances du capitalisme, dont elle est issue. Seul le développement ultérieur du socialisme sur sa base propre, qu’il a lui-même créée, conduit à la seconde phase, la phase supérieure de la société communiste.
Karl Marx explique :
« Dans une phase supérieure de la société communiste, quand auront disparu l’asservissante subordination des individus à la division du travail et, avec elle, l’opposition entre le travail intellectuel et le travail manuel ; quand le travail ne sera pas seulement un moyen de vivre, mais deviendra lui-même le premier besoin vital ; quand, avec le développement multiple des individus, les forces productives se seront accrues elles aussi, et que toutes les sources de la richesse collective jailliront avec abondance ; alors seulement […] la société pourra écrire sur ses drapeaux : « De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins. »
En effet, il est vrai que pour le socialisme comme pour le communisme, le but de la production est de satisfaire au maximum les besoins matériels et culturels sans cesse croissants de l’ensemble de la société, et le moyen d’y parvenir est d’accroître et de perfectionner sans cesse la production sur la base d’une technique supérieure.
Avec le socialisme, les forces productives ont déjà atteint un niveau élevé : la production socialiste se développe régulièrement à des rythmes rapides ; la productivité du travail social croît également.
Mais les forces productives de la société et la productivité du travail des producteurs sont encore insuffisantes pour créer l’abondance des biens matériels.
Le communisme suppose un niveau de développement des forces productives de la société et de la productivité du travail social capable d’assurer cette abondance. En régime communiste, la propriété communiste unique des moyens de production règne sans partage.
Le travail possède alors une nature communiste, comme l’explique Lénine :
« Le travail communiste, au sens le plus étroit, le plus strict du mot, c’est le travail fourni gratuitement au profit de la société ; un travail qui n’est accompli ni comme une prestation déterminée, ni pour avoir droit à certains produits, ni selon des normes légales fixées d’avance ; c’est un travail volontaire fourni en dehors de toute norme, sans attendre une rémunération, sans convenir d’une récompense, un travail conditionné par l’habitude de travailler pour la collectivité et par le sentiment (devenu habitude) de la nécessité de travailler au profit de la communauté – un travail répondant au besoin d’un organisme sain. »
Dans la société communiste, chaque individu travaillera selon ses capacités et recevra des biens de consommation selon ses besoins, qui seront ceux d’une personne évoluée et cultivée.
En régime socialiste, la production et la circulation marchandes continuent d’exister ; en régime communiste par contre, où régnera la propriété communiste unique, une forme unique de production communiste, il n’y aura plus ni production marchande, ni circulation marchande ; la monnaie ne sera donc plus nécessaire.
En régime socialiste, l’opposition a disparu entre la ville et la campagne, entre le travail intellectuel et le travail manuel ; mais il subsiste entre eux des différences essentielles.
Avec le communisme, il n’y aura plus de différence essentielle entre la ville et la campagne, entre le travail intellectuel et le travail manuel ; il ne subsistera entre eux que des différences non essentielles, secondaires.
Cela suppose un grand développement de la civilisation : le communisme est la communauté universelle.