La théorie du « juste milieu » constitue une importante composante de la pensée de Confucius et de son école. Comme toutes les classes exploiteuses réactionnaires dans l’histoire, Lin Piao, cet arriviste bourgeois, ce conspirateur, contre­révolutionnaire à double face, renégat, traître à la nation, et son partisan fanatique Tchen Po­ta, prônaient avec zèle cette théorie, la présentant comme « rationnelle », « dialectique », comme « une des grandes vertus de notre nation ».

Ils ont dit qu’elle avait « exercé une énorme influence » sur « le développement ultérieur de la philosophie dialectique de notre pays », que cette élu­cubration «était un très grand exploit de Confucius dans l’histoire de la philosophie chinoise », et ainsi de suite.

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Mais, en fin de compte, à quel genre de philosophie appartient cette théorie ? Quel rôle a-­t­-elle joué dans l’histoire chinoise ? Et quelles classes sert­-elle réellement ? C’est là une question de principe de haute importance à laquelle nous devons donner une réponse claire et nette.

Confucius fut le premier à avoir formulé cette théorie. Il disait que le «juste milieu » (tchong yong) est une « vertu » (Louen Yu) suprême, que «dépasser la mesure » ou «ne pas l’atteindre » (ibidem) revient au même, et qu’il est nécessaire de bien se tenir au «milieu » (ibidem) (tchong). Et par la suite, son petit-fils Tse Se et Mencius, disciple d’un disciple de Tse Se, ont encore développé cette théorie.

Elle était liée étroitement à tout le système idéologique de Confucius. Une de ses idées maîtresses était d’en revenir aux « rites de la dynastie des Tcheou » sans tolérer la moindre violation ni le moindre écart par rapport à ceux-ci.

Telle était l’exigence de la règle de conduite : « se tenir dans le juste milieu » que Confucius appelait la «vertu » suprême. En réalité, cela signifiait restaurer dans tous les domaines la hiérarchie des titres du système esclavagiste de la dynastie des Tcheou de l’Ouest. Au point de vue philosophique, la théorie du « juste milieu » visait à perpétuer l’ancienne unité des contraires d’une contradiction et l’ancienne stabilité qualitative d’une chose. Selon cette théorie, il faut absolument s’opposer à ce que la limite donnée de la qualité première d’une chose soit dépassée (« par excès »), ou qu’elle ne soit pas atteinte (« par défaut »). Seul le « milieu » (tchong) est parfait, car une fois qu’on se tient bien dans le « milieu », les choses ne peuvent aller à l’extrême, et l’ancienne stabilité qualitative des choses ne peut être détruite.

Il va de soi qu’une qualité déterminée a ses limites déterminées en deçà desquelles elle est capable de maintenir sa stabilité. Mais la théorie du «juste milieu » sanctifie ces limites et considère l’ancienne stabilité qualitative d’une chose comme absolue. Par là, elle présente l’ancien comme une force indomptable, sacrée et éternelle. «Le Ciel est immuable, immuable est aussi la Voie (le Tao) ». Il est évident qu’il s’agit là d’une conception purement métaphysique.

En tant que conception de l’histoire, cette théorie considère comme absolues et sacrées l’ancienne forme socio­-économique et sa superstructure ; elle nie la transformation révolutionnaire de la société, le mouvement de progrès de la société ; elle préconise les idées conservatrices, le retour à l’ancien, la rétrogression. Par conséquent, elle est, à tous égards, une philosophie conservatrice et réactionnaire.

La dialectique marxiste estime que l’unité des contraires est relative, tandis que la lutte entre eux est absolue. La stabilité de la qualité d’une chose est relative, tandis que le bond d’une chose, de l’ancienne qualité à une nouvelle, est absolu. L’immobilité d’une chose est relative, et son mouvement, absolu.

La dialectique admet la stabilité de la qualité d’une chose, mais elle s’oppose à ce qu’on la considère comme un état absolu. Selon la dialectique, si la lutte entre les aspects d’une contradiction se développe au­-delà d’une certaine limite, elle détruira immanquablement l’ancienne stabilité qualitative et la vieille unité des contraires, entraînant la transformation de la contradiction, la destruction de l’ancienne chose et l’apparition de la chose nouvelle.

Comme Engels l’a dit :

« Au cours du développement, tout ce qui était auparavant réel devient irréel, perd sa nécessité, son droit à l’existence, son caractère rationnel ; à la réalité mourante se substitue une réalité nouvelle, viable. » (Ludwig Feuerbach et la fin de la philosophie classique allemande).

Par conséquent, aux yeux des marxistes, l’évolution de l’histoire est un processus dans lequel les choses nouvelles (la nouvelle forme socio-­économique, les nouvelles forces de classes, les nouveaux personnages et les nouvelles idées) l’emportent toujours sur les choses décadentes (l’ancienne forme socio­économique et sa superstructure). Le nouveau est invincible.

Le « remplacement de l’ancien par le nouveau. Telle est la loi générale et imprescriptible de l’univers. » (De la contradiction)

De là il ressort que le «juste milieu » est tout à fait incompatible avec la dialectique révolutionnaire. Par conséquent, n’est­-ce pas totalement absurde que de présenter cette théorie comme conforme à l’unité des contraires, comme un concept dialectique ?

Le président Mao a indiqué : « Seules les classes dominantes réactionnaires d’hier et d’aujourd’hui, ainsi que les métaphysiciens qui sont à leur service, considèrent les contraires non comme vivants, conditionnés, mobiles, se convertissant l’un en l’autre, mais comme morts, pétrifiés, et ils propagent partout cette fausse conception pour égarer les masses populaires afin de pouvoir perpétuer leur domination. » (ibidem)

Dans l’histoire de la Chine, tous les représentants des classes exploiteuses réactionnaires, à commencer par Confucius, ont prôné cette théorie dans le but de défendre justement leur domination réactionnaire, les anciens système, ordre et culture, et de s’opposer à la réforme, à la révolution, au mouvement en avant de la société. Confucius vivait dans la période de transition de la société esclavagiste à la société féodale. C’était une époque marquée par d’énormes changements sociaux où le système esclavagiste s’écroulait rapidement.

Se tenant obstinément sur la position réactionnaire de l’aristocratie esclavagiste en déclin, Confucius avança la théorie du « juste milieu », pour tenter de sauver le régime esclavagiste moribond et de s’opposer à la transformation de la société. Il disait :

« Le ‘juste milieu’ est vraiment une ‘vertu’ suprême. Ce qui est regrettable, c’est que depuis longtemps déjà peu de gens la pratiquent. »

Et Tse Se d’ajouter :

« Je comprends maintenant que la ‘voie’ du ‘juste milieu’ ne soit pas pratiquée par les gens. » (Ychong Yong)

Telles étaient les lamentations désespérées poussées par ces gens devant l’écroulement du régime esclavagiste à l’époque de grands bouleversements sociaux. A leurs yeux, la société, où « les rites étaient tombés en désuétude et la musique en décadence », se trouvait dans une situation désastreuse ; le présent ne valait pas le passé ; la génération présente ne valait pas la génération antérieure.

Les insurrections d’esclaves se succédaient. Les forces montantes de la classe des propriétaires fonciers se développaient de jour en jour. Les « rites », code du système esclavagiste, étaient sans cesse violés. Tout cela était contraire à la théorie du « juste milieu » qu’ils préconisaient.

Prenons un exemple : Dans l’Etat de Lou, trois familles les maisons des Kisouen, des Mengsouen et des Chou­souen, représentaient les forces montantes des propriétaires fonciers féodaux. Avec l’accroissement constant des terres dont ils avaient la propriété et l’élargissement de leur influence, elles empiétaient sur les intérêts de leur souverain qui représentait la domination de l’aristocratie esclavagiste.

Confucius estimait que ces trois familles allaient trop loin. A l’origine, seul le souverain d’un Etat pouvait établir une capitale ; cependant, les trois familles étaient allées jusqu’à en faire chacune autant.

Comment pouvait-­on tolérer cela ? Confucius poussait donc des gens à aller détruire les deux citadelles construites par les Kisouen et les Chousouen.

De plus, seul le souverain pouvait faire exécuter devant lui une danse avec 64 personnes ; cependant, les Kisouen en firent exécuter de semblables dans leur temple ancestral. Incapable de contenir sa colère, Confucius déclara, indigné : « Si l’on tolérait un tel abus, que ne pourrait­-on pas tolérer ? » (Louen Yu)

C’est pourquoi Confucius proposa la « rectification des noms », c’est­-à­-dire d’assurer la stricte observation du code du régime esclavagiste, sous lequel « le roi était un roi, le ministre un ministre, le père un père et le fils un fils », et qui ne permettait pas, d’après les « rites des Tcheou », de « dépasser la mesure » ni de « ne pas l’atteindre ». Confucius dit plus d’une fois qu’il fallait « agir selon les rites », et ne pas aller au­-delà ni en deçà de ces rites. Aller à l’encontre des «rites », cela signifiait ne pas se conformer à la voie du « milieu ».

Et cela, on ne pouvait le permettre. L’essence de la théorie du « juste milieu », c’était protéger la hiérarchie de l’ancien régime esclavagiste, en la considérant comme sacrée et éternelle.

Citons un autre exemple : Fan Siuan­tse, de l’État de Tsin, élabora une loi et en fit mouler les articles sur un tripode. Confucius estimait que cela pousserait les esclaves à ne pas respecter les aristocrates et entraînerait la fin de ces derniers. « L’État de Tsin va probablement s’éteindre, soupira-­t­-il, car il a perdu son ‘critère’ (Tsouo Tchouan). »

Par « critère », Confucius entendait les « rites » le code du système de l’aristocratie esclavagiste. Sans «critère », la théorie du «juste milieu » serait détruite. C’est pourquoi Confucius prétendait qu’il fallait « se modérer et en revenir aux rites » et « ne pas regarder ni écouter, ni dire, ni faire ce qui va à l’encontre des rites. » (Louen Yu) Il voulait que chacun se conformât strictement, en actes et en paroles, au code du système moribond de l’aristocratie esclavagiste.

Tse Se, lui aussi, prônait que le peuple devait, dans les limites du vieux régime et de l’ordre ancien de l’aristocratie esclavagiste, se résigner à son sort, et qu’il ne devait ni offenser ses supérieurs, ni provoquer des troubles, ni violer le vieux code et l’ordre existant, ni aller à l’encontre de la «voie » du système de l’aristocratie esclavagiste (Le livre des documents). Il disait :

« L’homme supérieur se tient dans le ‘juste milieu’, tandis que l’homme vulgaire s’oppose au ‘juste milieu’ (Tchong Yong). » Par « hommes supérieurs », il entendait les aristocrates propriétaires d’esclaves sur leur déclin, car ils s’en tenaient aux «rites des Tcheou » qui défendaient la hiérarchie du régime esclavagiste. Naturellement, leurs actes étaient conformes à la théorie du «juste milieu ».

Par « hommes vulgaires », il entendait les esclaves rebelles et les forces montantes du féodalisme qui « offensaient leurs supérieurs et suscitaient des troubles ». Ils violaient les « rites des Tcheou » du système esclavagiste et sa hiérarchie des titres ; leurs actes étaient donc contraires à cette théorie du « juste milieu ».

Tse Se s’en prit à ces gens, prétendant que : « bien qu’ignorants, ils aiment à se servir de leur propre jugement ; bien qu’inférieurs, ils veulent le pouvoir » (Tchong Yong). Avec ces « hommes vulgaires », il n’y avait qu’une chose à faire : les réprimer sans pitié par la violence.

Une grande révolte d’esclaves qui avait éclaté à l’époque dans l’Etat de Tcheng fut sauvagement réprimée par les propriétaires d’esclaves qui massacrèrent tous les participants. Confucius ne cacha pas sa joie en s’exclamant : « C’est merveilleux ! Si on était indulgent envers les esclaves, ils se révolteraient ; on doit réprimer sévèrement les rébellions ! » (Tsouo Tchouan)

Confucius n’a-­t­-il pas lui-même fait exécuter Chaotcheng Mao ? Celui-ci était partisan des réformes, il représentait donc pour le système de l’aristocratie esclavagiste une très grande menace. Confucius dit : « Ce capitaine des petites gens doit être tué. » Cette exécution était justement destinée à maintenir le système esclavagiste, ce qui répondait aux besoins de la théorie du « juste milieu ».

Tous ces faits nous permettent de constater que cette théorie était effectivement une arme idéologique utilisée par l’aristocratie esclavagiste déclinante pour défendre l’ancien système et s’opposer à la transformation sociale.

Après Confucius et Mencius, l’ « école des principes » de la dynastie des Song (960­1279), représentée par Tcheng Hao (1032­1085), son frère Tcheng Yi (1033­-1107) et Tchou Hsi (1130-­1200), portait, elle aussi, une grande attention à la propagation de cette théorie. La lutte des classes était alors très âpre, et les insurrections paysannes éclataient les unes après les autres. Certains avaient lancé des mots d’ordre tels que « Égalité de rang entre les nobles et les humbles », « Égalisez les biens des riches et des pauvres », ce qui ébranla la domination de la hiérarchie féodale.

En même temps, des réformateurs comme Wang An­ che (Wang An­che, 1021­-1086, fut un homme d’État relativement progressiste appartenant à la classe des propriétaires fonciers et un représentant du groupe réformiste au temps de la dynastie des Song) faisaient leur apparition au sein des classes dominantes.

Soutenant que la société évolue et se transforme, Wang An­che préconisait la réforme et s’opposait à la restauration de l’ordre ancien. Il disait : « II ne faut pas avoir peur des changements sociaux, ni suivre les anciens, ni accorder trop d’importance aux paroles d’autrui. » Cela revêtait à l’époque une certaine signification progressiste.

Dans ces circonstances, les tenants de l’école idéaliste des principes mettaient particulièrement l’accent sur la théorie du «juste milieu », disant que «l’absence d’écart est appelée tchong ; l’absence de changement, appelée yong. Tchong est la voie correcte que tous doivent suivre sous le ciel ; yong est le principe fixe gouvernant tout sous le ciel. » La soi­-disant « absence d’écart » signifie qu’il ne faut absolument pas s’écarter du système hiérarchique féodal ; la soi­ disant «absence de changement » signifie qu’on n’y peut absolument rien changer.

Ils se servaient de la théorie du «juste milieu » pour sanctifier la hiérarchie féodale, afin de préparer l’opinion publique à la répression des insurrections paysannes. S’opposant aux mots d’ordre des soulèvements paysans tels que « Égalité de rang entre les nobles et les humbles », « Égalisez les biens des riches et des pauvres », ils clamaient : « l’ordre hiérarchique entre supérieurs et inférieurs ne peut pas être détruit, et puisqu’il incarne ‘le principe du Ciel’, comment pourrait­-on aller contre sa volonté ? »

Ils cherchaient à convaincre les masses populaires qu’elles devaient se résigner a leur sort et qu’elles ne devaient se laisser aller à aucun excès, afin de sauver l’ordre et le code de la hiérarchie féodale.

Utilisant également la théorie du «juste milieu » pour s’opposer à la réforme de Wang An­che, ils reprochaient aux nouvelles mesures adoptées par ce dernier de « nuire aux nobles en dressant contre eux les inférieurs », de « nuire aux idées orthodoxes en recourant aux hérésies ». A leurs yeux, tout changement dans le système et l’ordre anciens, si minime soit­-il, menacerait l’existence de la hiérarchie féodale et était donc inadmissible ! De toute évidence, « l’école des principes », représentée par les frères Tcheng et Tchou Hsi, utilisait aussi la théorie du « juste milieu » comme une arme idéologique réactionnaire pour combattre la révolution et la transformation.

Il est à noter que. Pendant la longue période de la société féodale en Chine, non seulement les gouvernants féodaux eurent recours à cette théorie, mais encore la modifièrent sans cesse afin de mieux l’adapter aux circonstances.

A l’origine, l’accent fut mis sur le caractère absolu des limites et du domaine de la qualité ancienne des choses (chez Confucius, c’étaient les «rites » code de la hiérarchie du régime esclavagiste) pour s’opposer au bond qualitatif, au changement révolutionnaire, au mouvement de progrès de la société.

Et plus tard, dans le même but, l’accent fut mis sur un autre aspect, c’est-à-dire la conciliation des aspects contradictoires, l’éclectisme et la négation de la lutte entre ces aspects dans le domaine des contradictions.

Ces modifications et adaptations commencèrent à voir le jour sous la dynastie des Han (206 av. J.­C. ­ 220 ap. J.­C.). Prenons-un exemple : Dans les notes qu’il rédigea sur le Louen Yu et le Tchong Yong, Tcheng Hsiuan, de la dynastie des Han de l’Est, interprétait le « juste milieu » comme la conciliation des contraires.

Dans ses notes sur le Tchong Yong, Tchou Hsi, de la dynastie des Song, soulignait, lui aussi, que le «juste milieu » comportait la conciliation des aspects contradictoires et l’éclectisme dans le domaine des contradictions. Toutes ces modifications et adaptations étaient destinées, en fin de compte, à répondre aux besoins de la base économique de la société féodale.

A mesure que s’aggravait la contradiction entre les propriétaires fonciers et les paysans, contradiction fondamentale de la société féodale, et, en particulier, par suite des grandes insurrections paysannes déclenchées à la fin de la dynastie des Ts’in et à la fin des dynasties des Han de l’Ouest et de l’Est, la classe dominante féodale se rendait compte que, outre la nécessité de souligner positivement la nature sacrée et inviolable de la hiérarchie féodale, il était nécessaire de prôner la conciliation des classes et de nier directement la lutte de classe engagée par le peuple opprimé, dans le but de consolider sa domination et son exploitation des paysans.

Voilà la raison pour laquelle ils ont adapté la théorie en question et l’ont largement propagée.Plusieurs siècles après, Tchiang Kaï­chek accordait lui aussi une attention particulière à cette théorie.

Durant la Guerre civile de Dix Ans (Il s’agit de la Deuxième guerre civile révolutionnaire, 1927­-1936, dirigée par le Parti communiste chinois), il livra, d’une part, sur le plan militaire, des campagnes contre­révolutionnaires d’encerclement et d’anéantissement contre les forces révolutionnaires populaires dirigées par le Parti communiste chinois, et d’autre part, il colporta à son de trompe cette théorie, disant qu’elle était « la philosophie de la vie la plus subtile et la plus pratique », «une excellente philosophie éthique et une excellente philosophie politique » et «un principe immuable ». Il faisait ces sermons éculés pour défendre le régime social semi-­féodal et semi­-colonial et la dictature fasciste des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie compradore, annihiler la volonté révolutionnaire des masses populaires, leur lier pieds et poings et prévenir leurs révoltes révolutionnaires. Il voulait, en d’autres termes, « que chacun suive sa nature et que chacun reste à la place qui lui convient de sorte qu’il n’y ait pas de conflits ». Tout cela visait à maintenir en Chine la domination réactionnaire de l’impérialisme, du féodalisme et du capitalisme bureaucratique.

Lancer sur le plan militaire des campagnes d’encerclement et d’anéantissement et prêcher à cor et à cri les doctrines de Confucius et de Mencius, telle était la double tactique de Tchiang Kaï­chek pour réprimer la révolution. Durant la période du socialisme, la théorie du « juste milieu » est devenue une arme idéologique aux mains des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie dans leur opposition à la révolution. Au cours de cette période historique, une lutte extrêmement âpre s’est poursuivie entre la transformation et le conservatisme, entre la révolution et la restauration, entre le progrès et la rétrogression.

Sur le plan philosophique, cela se traduit par une lutte très aiguë entre la dialectique et la métaphysique. Utilisant la loi marxiste-léniniste de l’unité des contraires pour analyser la société socialiste, le président Mao a formulé la théorie de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat et défini pour le Parti communiste chinois une ligne fondamentale valable pour toute la période historique du socialisme.

Pour défendre les intérêts politiques et économiques de la bourgeoisie et de toutes les autres classes exploiteuses déclinantes et moribondes, et réaliser leur complot criminel visant à renverser la dictature du prolétariat et à restaurer le capitalisme, Liou Chao­chi, Lin Piao et d’autres chefs de file de la ligne révisionniste, de même que les classes réactionnaires de l’histoire, se sont servis de la THÉORIE du « juste milieu » comme d’une importante arme idéologique pour s’opposer à la révolution prolétarienne, à la dictature du prolétariat et à la poursuite de la révolution sous cette dictature, ainsi qu’à la ligne fondamentale du Parti pour toute la période historique du socialisme.

Dans son article pernicieux intitulé « Pourquoi commet­ on des erreurs ? » écrit pendant la révolution démocratique, Liou Chao­chi a parlé abondamment sur l’idée selon laquelle « l’excès comme l’insuffisance est un défaut », et considéré comme son dogme philosophique la théorie confucéenne du « juste milieu ». Lorsque guidés par la ligne générale du Parti pour la période de transition, nous procédions à la transformation socialiste du système de propriété ainsi que dans d’autres domaines, Liou Chao­chi s’empressa d’avancer le slogan suivant : « Luttons pour la consolidation de la démocratie nouvelle », s’opposant ainsi à la transformation de la propriété. Il prétendait que « la question du socialisme est pour l’avenir, il est trop tôt de la poser à l’heure actuelle », et que « réaliser prématurément le passage à la propriété d’État et à la propriété collective est contraire aux intérêts de la majorité du peuple et au progrès ».

Il s’opposait également à la réforme dans le domaine culturel, disant que : « dans la réforme du théâtre, on ne doit pas faire preuve d’impatience ni trop changer », « ni procéder à un changement trop hâtif, ni aller trop loin au point de ne plus pouvoir retrouver la forme originale ».

Tous ces propos reviennent en fait à interdire la réforme, le changement qualitatif et le progrès ; en d’autres termes, c’était recourir à la théorie du «juste milieu » pour s’opposer à la ligne générale du Parti pour la période de transition et à la transformation socialiste, dans le but de perpétuer le capitalisme dans les villes comme dans les campagnes.

Lorsqu’en 1958, guidé par la ligne générale du Parti pour l’édification du socialisme, le peuple tout entier eut réalisé un grand bond en avant dans l’édification économique du pays, Liou Chao­chi et Lin Piao, nourrissant une haine implacable à cet égard, se sont répandus en invectives. Liou Chao­chi attaqua le grand bond en avant en disant : «C’est de la folie », et l’« on a des ennuis, parce qu’on est allé trop fort ».

Lin Piao vilipenda la ligne générale du Parti, le grand bond en avant et la commune populaire, en disant que c’était du « gauchisme », « des affaires menées à perte » et « de purs produits de la fantaisie ».

Ils prêchèrent un retour en arrière, exigeant « un recul suffisant tant dans l’industrie que dans l’agriculture, y compris la fixation des quotas de production sur la base de la famille et le retour à la production individuelle ».

Ils tentaient d’utiliser la philosophie réactionnaire telle que «l’excès comme l’insuffisance est un défaut », «se tenir dans le ‘juste milieu’ « pour contrecarrer la ligne générale du Parti pour l’édification du socialisme : « déployer tous nos efforts et aller toujours de l’avant, suivant le principe de quantité, rapidité, qualité et économie », pour s’opposer au grand bond en avant de l’édification socialiste et préparer sur une large échelle l’opinion publique à leur tentative contre­révolutionnaire visant à restaurer le capitalisme et à faire tourner à rebours la roue de l’Histoire.

La lutte redoubla d’intensité au cours de la Grande Révolution culturelle prolétarienne. Cette révolution, menée à la lumière de la ligne fondamentale du Parti pour toute la période historique du socialisme, constitue un magnifique exemple pratique de la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat.

Elle a porté un coup sévère aux impérialistes, aux révisionnistes et aux réactionnaires sur le plan international, aux forces réactionnaires des propriétaires fonciers et de la bourgeoisie à l’intérieur du pays, ainsi qu’aux vieilles idées, à la vieille culture, aux vieilles mœurs et aux vieilles coutumes des classes exploiteuses.

D’innombrables choses nouvelles, socialistes, ont fait leur apparition au cours de cette révolution. Ce sont là de très profonds changements sociaux.

Comme tous les autres représentants des classes exploiteuses, Lin Piao nourrissait une haine implacable contrela révolution culturelle. Il a prêché à cor et à cri que le « juste milieu » était « rationnel », il a perfidement attaqué cette révolution et les choses nouvelles qui y ont surgi, présenté sous un jour sombre l’excellente situation et répandu l’ineptie réactionnaire selon laquelle le présent ne valait pas le passé.

Il a fait de la théorie du « juste milieu » un pilier théorique pour déclencher un coup d’Etat contre­ révolutionnaire et un retour offensif contre le prolétariat et la Grande Révolution culturelle prolétarienne.

Par là on peut constater que cette théorie est devenue, sous le socialisme, une arme idéologique réactionnaire utilisée par les réactionnaires bourgeois pour s’opposer à la ligne fondamentale du Parti, à la continuation de la révolution sous la dictature du prolétariat et pour restaurer le capitalisme. Mais la loi objective du développement de l’histoire est indépendante de la volonté subjective des renégats et traîtres à la nation comme Liou Chao­chi et Lin Piao.

La philosophie réactionnaire du «juste milieu » ne peut arrêter le progrès de l’Histoire. La vérité est que « Pour les humains, les mers se changeront en champs de mûriers. » (Un vers tiré du poème du président Mao : « La Prise de Nankin par l’Armée populaire de Libération », écrit en avril 1949)

Des bonds révolutionnaires se sont produits les uns après les autres, tandis que cette philosophie réactionnaire a subi échec sur échec. Comme notre grand éducateur, le président Mao, l’a affirmé, « presque partout des opportunistes cherchent à endiguer le courant, mais sans jamais y parvenir ; partout, le socialisme progresse victorieusement, laissant derrière lui tous les obstacles dressés sur son chemin. » Bien sûr, la chute de Liou Chao­chi et de Lin Piao ne signifie pas la fin de la lutte. La lutte entre la transformation et le conservatisme, la révolution et la restauration, le progrès et la rétrogression existera encore pendant longtemps dans toute la période historique du socialisme.

Les forces réactionnaires bourgeoises chercheront toujours à revenir au passé et à faire machine arrière. Nous devons, à cet égard, redoubler de vigilance. Nous devons tenir bon devant le courant du conservatisme, de la restauration et de la rétrogression.

Utilisant le marxisme, le léninisme, la pensée­ maotsétoung comme arme acérée, nous devons critiquer à fond la théorie du «juste milieu », les idées réactionnaires de Con­fucius et les idées glorifiant celui-ci et dénigrant l’école légaliste, et mener jusqu’au bout la révolution socialiste dans le domaine de la superstructure.Le président Mao a dit en 1956 : « Les choses se développent sans cesse. Quarante­cinq ans seulement se sont écoulés depuis la Révolution de 1911, et aujourd’hui l’aspect de la Chine est totalement différent.

Encore quarante ­cinq ans, et en l’an 2001, qui marquera l’entrée dans le XXIe siècle, la Chine aura vu de nouveaux et plus importants changements. » (Mao Tsétoung : « A la mémoire du Dr Sun Yat­sen »)

Il a encore dit en 1962 : «L’époque dans laquelle nous entrons et qui s’étendra sur une cinquantaine, voire sur une centaine d’années, sera une grande époque. Elle verra un changement radical du système social à l’échelle mondiale ; ce sera une époque de grands bouleversements, une époque sans pareille dans l’histoire. »

Nous sommes contre le conservatisme, le retour au passé et la rétrogression. Nous sommes pour la transformation, la révolution et le progrès social. Nous sommes profondément convaincus qu’aucune force n’est capable d’empêcher la roue de l’Histoire de tourner.


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