Il est tout à fait faux de penser que l’URSS ne savait pas que l’Allemagne nazie allait attaquer. Non seulement l’Internationale Communiste avait annoncé dès le début des années 1920 le caractère inéluctable d’une nouvelle guerre impérialiste, mais il suffit de voir le développement d’alliances juste avant l’invasion nazie de 1941 pour le comprendre.

En novembre 1936 fut proclamé l’Axe Rome-Berlin ainsi qu’une union anti-Internationale Communiste de l’Allemagne nazie et du Japon impérial. En septembre 1940, le pacte tripartite Allemagne nazie – Italie fasciste – Japon impérial était mis en place. Le mois suivant, le pacte était rejoint par la Hongrie, la Slovaquie, la Bulgarie et la Roumanie, ce qui forme tout un bloc face à l’URSS.

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L’URSS savait bien que dans Mein Kampf, Adolf Hitler prévoyait l’extermination des peuples slaves pour permettre une vaste colonisation allemande de l’Est de l’Europe, selon le principe du « lebensraum », « l’espace vital ». Il y avait bien entendu également la destruction programme des forces « judéo-bolcheviques ».

L’URSS n’avait pas attendu pour mettre en place une vaste réorganisation. Une session extraordinaire du Soviet suprême du 1er septembre 1939 adopta une loi sur le service militaire, l’âge de l’appel passant de 21 à 19 ans, les durées de service des recrues étant prolongé.

Le problème est que l’accroissement de l’armée déséquilibra l’occupation des postes. Dans le cadre de la réorganisation, tout fut trop vite remis en place. Au moment de l’invasion nazie, 7 des 17 commandants des districts militaires étaient en place depuis moins de six mois, et de même pour 4 des 17 chefs d’état-major. 13 des 20 commandants étaient en poste depuis moins de six mois également, et seulement 2 depuis plus d’un an.

Les besoins productifs avaient également bien été saisis. Le 26 juin 1940, un décret fut publié « Sur la transition vers la journée de huit heures, une semaine de sept jours de travail et l’interdiction de retrait non autorisé d’ouvriers et d’employés des entreprises et des institutions », rendant criminel l’absentéisme et les retards. Mais l’URSS accusait encore un énorme retard sur le plan pratique.

En 1940, l’Allemagne nazie produisait autant de fonte que l’URSS, mais bien plus de charbon, bien plus d’électricité, plus d’acier, bien plus de machines-outils, bien plus de ciment. L’URSS en construction était ainsi encore très loin derrière.

C’est cela qui conduisit à l’incroyable coup tactique soviétique, le pacte Molotov-Ribentropp, signé le 23 août 1939. Voyant que l’Angleterre et la France s’alliaient à l’URSS mais poussaient en même temps l’Allemagne nazie à la frapper, Staline retourna la situation à son avantage en neutralisant celle-ci. La Pologne s’effondrait sous les coups de boutoir de ses deux voisins, formant une zone tampon.

Non seulement la Pologne ultra-réactionnaire ne s’était pas alliée à l’Allemagne nazie, mais toutes ses activités subversives contre l’URSS cessaient et l’Allemagne nazie se détournait momentanément de l’URSS, qui pensait avoir gagné un temps relativement important.

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Il faut noter ici que la partie polonaise occupée par l’URSS consistait en fait en des territoires revenant historiquement à l’Ukraine, la Biélorussie et la Lituanie. Cela en resta ainsi après 1945.

Le coup tactique soviétique se retourna en son contraire toutefois, car la France s’effondra quasi immédiatement. Avec l’occupation d’une partie la Pologne, le premier échelon stratégique soviétique avait été repoussé géographiquement et toutes les défenses réorganisées, avec la considération qu’il y aurait plusieurs mois pour leur mise en place. La défaite française transforma entièrement la situation et le premier échelon stratégique était loin d’être prêt au moment de l’invasion nazie.

Afin d’autant plus assurer ses arrières, l’URSS exigea également de la Finlande ultra-réactionnaire qu’elle permette la formation de zones tampons afin de protéger Leningrad. Le refus complet de la Finlande provoqua une guerre sanglante, qui permit cependant l’établissement d’une base arrière.

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Les faiblesses militaires soviétiques apparurent cependant déjà. Le pays s’industrialisant depuis peu de temps, il avait de terribles retards matériels et l’armée rouge n’avait encore nullement rodé ses démarches. La défaite si rapide de la France, considérée comme disposant d’une armée très puissante, provoqua un traumatisme et accéléra la production d’armement moderne.

Heureusement, l’URSS avait réussi en Extrême-Orient à vaincre deux fois le Japon et à l’amener à se détourner d’une intervention directe. L’espion Richard Sorge joua un rôle très important pour informer des décisions de l’État-major japonais.


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