[Article publié dans le n°1 de la nouvelle revue « Crise »]

La crise sanitaire n’a pas provoqué au sens strict la seconde crise générale du mode de production capitaliste. Cette crise ne peut être provoquée que de manière interne, de par les contradictions internes. Et là il faut voir, comme cela a été adéquatement expliqué par le PCF(mlm), que le covid-19 est une maladie portée par un virus qui est le fruit d’une mutation provoquée par la contradiction entre les villes et les campagnes, dans le cadre du développement du mode de production capitaliste.

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Ainsi, c’est le mode de production capitaliste qui a provoqué la crise sanitaire et par conséquent, on est dans une situation où le mode de production capitaliste touche à sa limite : il entre en conflit avec la vie elle-même. Son utilisation maximisée du travail humain et des ressources naturelles rentre en contradiction avec la réalité elle-même.

C’est exactement pour cette raison que la première crise générale du mode de production capitaliste a été provoqué par la révolution d’Octobre 1917. Cette révolution ne vient pas de l’extérieur du mode de production capitaliste, mais exprime une contradiction interne. La révolution d’Octobre 1917 exprimait directement la contradiction entre le travail manuel et le travail intellectuel, à travers la question de la propriété.

Au sens strict, on doit d’ailleurs considérer que la première et la seconde crise générales du mode de production capitaliste ne sont qu’une seule et même crise, touchant ses deux aspects fondamentaux, les deux contradictions inhérentes à son développement.

Il faut cependant comprendre la particularité de la seconde crise générale du mode de production capitaliste. On rentre en effet dans une phase de déclin ouverte, alors que le mode de production capitaliste était en plein élan. La première crise générale du mode de production capitaliste a commencé alors qu’on était au contraire en pleine guerre impérialiste.

On pourrait penser que cela rende plus facile pour le mode de production capitaliste de chercher à surmonter les problèmes. Or, c’est l’inverse qui est vrai. Penser qu’une situation de développement du mode de production capitaliste rend les choses plus aisées pour lui, c’est commettre deux erreurs :

– considérer que le développement peut être infini ;

– considérer que le mode de production capitaliste est capable de « raisonner ».

Il ne manquera évidemment pas de gens pour affirmer cela, principalement depuis le camp du réformisme social, de ce qu’on appelle historiquement les « socialistes de droite ».

Les faits démontrent cependant tout à fait le contraire. Le mode de production capitaliste s’empêtre d’autant plus qu’il est conquérant. Ses fuites en avant signifient forcément une pressurisation toujours plus grande du prolétariat et une tendance plus affirmée à la guerre impérialiste.

Comment peut-on être toutefois certain que la crise ouverte en 2020 avec le covid-19 correspond bien à la seconde crise générale du mode de production capitaliste, au-delà de la nature particulière de cette maladie ?

Il existe deux éléments définissant ce qu’est une crise générale du mode de production capitaliste. Le premier est la surproduction de capital, le second la surproduction de marchandises. Il va de soi qu’ils sont en rapport dialectique l’un avec l’autre.

Il est à ce titre tout à fait déterminant, pour saisir la nature politique d’une affirmation sur le mode de production capitaliste, de voir si ces surproductions sont saisies et si elles sont saisies toutes les deux, ainsi que de manière dialectique. La ligne opportuniste de droite se concentre d’habitude sur la surproduction de capital, dénonçant une « oligarchie » ; la ligne opportuniste de gauche se concentre sur la surproduction de marchandises, demandant un meilleur « partage des richesses ».

Le point de vue communiste est, à l’opposé, le suivant. La crise générale du mode de production capitaliste, tel que défini par Karl Marx, implique la conjugaison dialectique de la surproduction de capital et de la surproduction de marchandises, l’une impliquant l’autre, et vice-versa.

Cela signifie que le mode de production capitaliste a atteint un stade où les monopoles sont si puissants qu’ils assèchent les cycles de valorisation du capital, en remplaçant l’exploitation capitaliste par une exploitation toujours plus despotique, de type parasitaire.

Pour constater si, en 2020, on a bien une crise générale du mode de production capitaliste, il faut donc regarder s’il y a surproduction de capital et surproduction de marchandises, avec une prévalence des monopoles.

La clef est, bien entendu, le confinement. Ce dernier a impliqué une cessation de nombreuses activités. Quelles ont été les activités qui ont cessé, lesquelles ont continué, malgré des contrariétés ?

Il faut saisir cela au moyen de la contradiction entre le travail manuel et le travail intellectuel, ainsi qu’au moyen de la contradiction entre villes et campagnes.

On a pu ainsi voir que les travailleurs manuels ont été pressurisé pour que leurs activités continuent, alors que le travail intellectuel a eu droit au télétravail. Cela n’a pas empêché, bien entendu, un profond recul de l’activité en général. Cela signifie que le mode de production capitaliste a dû constater, en partie, un arrêt de ses cycles productifs.

Cela n’est pas du tout conforme à sa nature, qui est d’être ininterrompue, et cela de manière toujours plus élargie. La crise générale du mode de production capitaliste n’a ainsi pas comme aspect principal le « gel » productif et le « gel » de la consommation.

La crise générale du mode de production capitaliste a comme aspect principal la cassure dans son élan, car il est dans sa nature de vivre de relance du capital en relance du capital.

Il y a ainsi surproduction de capital, car avec le confinement, la situation de blocage, le capital ne sait pas comment se replacer, alors qu’il est dans sa nature de se replacer immédiatement. Il existe un capital immense qui est désorienté, bloqué, ne sait pas où aller.

Dialectiquement, ce capital provient aussi de la réalisation des cycles précédents. Or, le confinement a bloqué la distribution des marchandises. Il y a donc une accumulation de biens qui n’ont pas été vendus, et ainsi une surproduction de marchandises. Un nombre important de ces marchandises sont perdues, parce qu’elles sont périmées ou parce qu’on ne peut pas louer des chambres d’hôtel dans le passé.

Il y a tout un moment historique où le mode de production capitaliste n’a pas été en mesure de se réaliser en occupant tous les espaces disponibles. On a ici un problème de valorisation, qui est l’écho direct de la destruction de ce qui est naturel, à l’échelle mondiale, afin d’asseoir à tout prix une valorisation du capital existant.

La déforestation n’existe que parce qu’il y a un capital disponible pour celle-ci, avec comme but une valorisation. La nature s’exprime ici comme une limite historique au mode de production capitaliste et voilà pourquoi il cherche à tout prix à la nier (d’où les phénomènes du type PMA, GPA, transhumanisme, transsexualité, rejet de la famille traditionnelle, drogues, etc.).

On a ainsi une crise générale du mode de production capitaliste parce qu’on voit la limite dans la valorisation avant la crise – par le covid-19, pour la première crise générale ce fut la guerre impérialiste 1914-1918 – et après la crise, avec le recul de la production et le chômage.

Cette question de l’avant-après est essentielle pour appréhender de manière juste la notion de crise générale du mode de production capitaliste. Ce qui est en jeu ici, c’est la notion de limite, qui est au cœur de la contradiction de tout phénomène.

Ne pas voir la contradiction entre villes et campagnes, avec le covid-19 issu d’une mutation provoquée par le mode de production capitaliste, c’est ne pas comprendre que la crise générale du mode de production capitaliste n’est pas une « conséquence » d’une « cause », mais un phénomène dialectique.

Il y a ainsi deux axes essentiels pour saisir la seconde crise générale du mode de production capitaliste. Il faut combiner l’avant et l’après et les étudier de manière dialectique, en rejetant le principe de « cause » et de « conséquence ».

Il faut étudier le mouvement qui a fait que le mode de production capitaliste a atteint sa limite, ce qui signifie se tourner vers la question de la nature et notamment des animaux. Le mode de production capitaliste a cherché à contourner son incapacité à se valoriser en modifiant radicalement la réalité naturelle.

La modification physiologique des êtres humains accompagne une utilisation systématique des animaux dans l’industrie afin d’ouvrir de nouveaux marchés, d’élargir les possibilités de satisfaction de la valorisation du capital.

De la même manière relève de « l’avant » l’effacement des valeurs conservatrices de la bourgeoisie devant le post-modernisme. La bourgeoisie ne prétend plus représenter des valeurs traditionnelles et même les fractions les plus agressives en son sein ne le font que symboliquement. La bourgeoisie a totalement décliné et elle est tombée dans une décadence complète, avec le relativisme comme vision du monde.

Il faut, bien évidemment, également étudier « l’après ». La crise générale du mode de production capitaliste connaît un nombre très important de modalités, qu’il s’agit de repérer, d’analyser (de manière non formelle), d’en saisir la substance.

C’est de la compréhension de cette substance que découle la capacité d’intervention révolutionnaires des communistes.


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