C’est la guerre !

Dans une vidéo enregistrée très attendue, le président russe Vladimir Poutine a annoncé le matin du 21 septembre 2022 qu’il était nécessaire de procéder à une mobilisation partielle. Sont concernés trois types de gens : ceux qui sont dans les réserves de l’armée à court, mais aussi à long terme (il existe en Russie un tel type de contrat, intitulé Boevoy Armeyskiy Rezerv Strany, BARS), ainsi que tous ceux ayant eu une expérience militaire. Les étudiants sont exemptés. Cela fait un total de 300 000 personnes, soit 100 000 de plus que ce que l’armée russe emploie depuis février 2022.

La raison de la mobilisation partielle est double : déjà organiser l’intégration des régions occupées, ce que Vladimir Poutine a présenté ainsi :

«Certaines provinces nous ont sollicité pour mettre en place des référendums. Je vous annonce que nous allons appuyer leurs démarches. Il convient de prendre les décisions suivantes : il est nécessaire de soutenir la décision et la proposition lancée par le ministère de la Défense, de mettre en place une mobilisation partielle. Seuls les citoyens se trouvant sur les listes de réserve seront mobilisés. La date du départ de cette mobilisation est aujourd’hui, le 21 septembre. Les appelés auront les mêmes avantages et privilèges que les militaires contractuels ».

Ensuite, assurer l’escalade face aux pays occidentaux qui espèrent démanteler la Fédération de Russie. L’armée ukrainienne est en pratique dirigée par les occidentaux, armée par les occidentaux. La Russie fait une mise à niveau.

« Il est important de déployer des capacités militaires supérieures. L’Occident, dans sa politique agressive, a dépassé toutes les limites. Ils sont capables de frapper la Crimée et d’autres territoires russes. Il y a des bâtiments, des avions de l’OTAN qui sont mobilisés.

Les Occidentaux poussent l’Ukraine à se montrer encore plus agressive à l’égard de la Russie. Ils sont là pour écraser notre pays. Et même un chantage nucléaire est en marche, nous voyons très bien cela. La Russie est également dotée d’un certain nombre d’armes suffisamment lourdes. Si jamais les intérêts de la Russie sont menacés, nous allons utiliser toutes les armes à notre disposition. »

La principale conséquence est que la nation ukrainienne se retrouve dans une position totalement intenable. Historiquement liée à la Russie, cherchant à résister au chauvinisme grand-russe, elle a échoué à formuler autre chose qu’une allégeance ultra-nationaliste anti-Russie soumise à l’OTAN, tout en restant culturellement fondamentalement lié à la Russie. Comment va-t-elle se sortir d’une situation comme on la connaît désormais?

Les médias occidentaux se sont également beaucoup moqués de l’expression utilisée par la Russie pour désigner le conflit avec l’Ukraine : « opération spéciale ». C’était cependant quelque chose qui correspondait concrètement à la ligne russe, puisque le pays n’était pas passé en économie de guerre et que la Russie n’a pas utilisé toutes ses capacités militaires. L’armée russe n’a ainsi pas bombardé les centres de décisions du régime ukrainien à Kiev, elle n’a mobilisé que les soldats engagés et avait donc moins de soldats que l’armée ukrainienne, elle n’a pas employé tout son armement.

L’arrière-plan de cela, c’est le rapport schizophrène entre la Russie et l’Ukraine, entre les Russes et les Ukrainiens. La Russie espérait régler le « problème » ukrainien directement avec les Ukrainiens… à sa propre manière bien entendu. Cela a échoué, car la Russie nie l’Ukraine de manière aberrante et que les Ukrainiens sont majoritairement passés dans le camp du fanatisme anti-russe le plus halluciné. Le 21 septembre 2022, le président russe Vladimir Poutine a donc annoncé le grand changement d’orientation : c’est désormais une guerre, une guerre contre l’occident, pour la survie de la Russie.

Ce qui est vrai, mais ce que Vladimir Poutine ne dit pas, c’est qu’il a lui-même poussé en ce sens, notamment en brûlant les vaisseaux la semaine dernière, car ses décisions obéissent aux intérêts des couches dominantes de la Russie. La Russie obéit désormais entièrement au capitalisme monopoliste directement mêlé à l’Etat. Le régime russe est désormais de même nature que le régime ukrainien, à ceci près qu’il est indépendant, alors que l’Ukraine est une colonie américaine.

Tout cela confirme entièrement que la question de la guerre pour le repartage du monde est bien l’aspect principal des événements de notre époque.


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