La Russie n’a pas toujours été un vaste territoire. Elle naît comme dans un processus de conquête, à partir de Moscou, contre les Tataro-mongols et leur royaume appelé la « Horde d’or ». Entre 1300 et 1796 se forme la Russie par la conquête féodale, avec l’appui de l’Église orthodoxe.
On assiste, ainsi, à la formation très tardive d’un royaume, formation permettant un élan féodal. Cela explique que, alors qu’en Europe occidentale il est procédé à des débuts de réforme agraire, en Russie le phénomène inverse se déroule : en 1649, le servage est instauré, liant le paysan et ses descendants à une terre et son propriétaire féodal.
L’aristocratie va alors être particulièrement moderne, tournée vers l’Europe occidentale et les Lumières, en contraste absolu avec la situation en Russie même. Cela sera d’autant plus flagrant alors qu’avec l’échec napoléonien, la Russie commence à jouer un grand rôle en Europe, de par sa puissance.
Cette puissance était néanmoins très fragile, de par la base féodale, l’aristocratie régnante a le plus souvent cherché à moderniser par le haut le pays, à l’instar de l’Autriche-Hongrie, mais en rencontrant le même phénomène de blocage : les propriétaires terriens et l’armée n’avaient aucun intérêt à la moindre évolution.
L’un des grands événements de cette contradiction sera l’insurrection échouée des « décabristes », consistant en une tentative de coup d’État militaire de jeunes officiers issus de l’aristocratie, cherchant à établir une monarchie constitutionnelle.
La monarchie continue, en effet, son élan par des conquêtes, tant la Pologne qu’en Asie, où elle se confronte à la Grande-Bretagne dans ce qui sera appelé « le grand jeu ».
Ce n’est que pour cette raison qu’elle décide de procéder à sa modernisation : la Russie a été défaite par la France, la Grande-Bretagne et l’Empire Ottoman lors de la guerre de Crimée, au milieu du XIXe siècle (de 1853 à 1856), et le Tsar décide d’accélérer la transformation de son empire de 12,5 millions de kilomètres carrés qui comptait alors 60 millions de personnes.
Le processus de révolution industrielle s’enclenche : entre 1865 et 1890 le nombre d’ouvriers en Russie occidentale, dans les grandes entreprises, les mines et le réseau ferroviaire double (passant de 706.000 à 1.433.000), chiffre qui ne cessera d’augmenter (2.792.000 à la fin des années 1890). De 1890 à 1900, plus de 21.000 kilomètres de lignes de chemin de fer sont construits.
Si les paysans restent en ces années la population majoritaire (les 5/6e), le poids politique de la classe ouvrière prend ainsi de plus en plus d’importance, de par les exigences démocratiques qu’elle affirme.
Ce n’était cependant pas évident à l’époque. La tendance idéologique dominante dans le camp d’opposition au Tsar voyait comme négative l’industrialisation par en haut et avait comme point de référence le « mir », la commune agricole. Le mouvement était porté par des groupes intellectuels, qui prirent pour cette raison le nom de « Narodniki », narod signifiant le peuple.
Ce mouvement « populiste » échoua néanmoins dans sa tentative de s’établir dans les campagnes, et ses membres passèrent dans le camp du terrorisme individuel, avec le groupe militaire, la « Narodnaja Volia » (la volonté populaire).
Cette organisation fut à l’origine de l’exécution du tsar Alexandre II en 1881, remplacé par Alexandre III sous lequel une répression féroce sera menée ; le frère même de Lénine sera exécuté pour participation à un attentat contre le nouveau tsar.
Lénine fut, lui, à l’origine de la critique du populisme, ce qui permit l’établissement du mouvement bolchevik.
Avant Lénine, le marxisme ne venait que d’arriver en Russie, sous l’impulsion du groupe « Libération du travail », fondé en 1883 par Georgi Plekhanov.
Ce dernier était un populiste acquis au marxisme lors de son exil hors de Russie, c’est alors que furent traduits et diffusés clandestinement de nombreux ouvrages de Karl Marx et Friedrich Engels (« Le manifeste du parti communiste », « Travail salarié et capital », « Socialisme utopique et socialisme scientifique »).
Parmi les ouvrages de Georgi Plékhanov, le plus important est « A propos de la question du développement de la vision moniste de l’histoire », écrit en 1895, livre « qui a éduqué toute une génération de marxistes russes » (Lénine).
C’est cependant Lénine qui a fait du marxisme une théorie vivante, dans le cadre des conditions russes. Né en 1870, il est d’abord un étudiant révolutionnaire confronté à la répression, parvenant ensuite à rassembler les marxistes de Saint-Pétersbourg en 1895 dans une « union de lutte pour la libération de la classe ouvrière».
Puis, il publie deux œuvres synthétisant l’analyse marxiste de la Russie, à contre-pied du populisme. La première œuvre est « Pour caractériser le romantisme économique », écrit en 1897, la seconde est « Le développement du capitalisme en Russie », publié en 1899. Ces deux œuvres essentielles sont le direct prolongement d’un article de 1894, « Ce que sont les « amis du peuple » et comment ils luttent contre les social-démocrates»
Dans cet article, Lénine expose sa défense du matérialisme dialectique contre les théories des populistes, qui tronquent le marxisme, le déforment.
« Pour éclairer ces questions, citons d’abord un autre passage de la préface au Capital, quelques lignes plus bas : « Ma conception, dit Marx, est que je vois dans le développement de la formation économique de la société un processus d’histoire naturelle. » (…)
Aujourd’hui – depuis la parution du Capital – la conception matérialiste de l’histoire n’est plus une hypothèse, mais une doctrine scientifiquement démontrée.
Et tant que nous n’enregistrerons pas une autre tentative d’expliquer scientifiquement le fonctionnement et l’évolution d’une formation sociale – d’une formation sociale précisément et non des coutumes et habitudes d’un pays ou d’un peuple, ou même d’une classe, etc. – tentative qui, tout comme le matérialisme, serait capable de mettre de l’ordre dans les « faits correspondants », de tracer un tableau vivant d’une formation, et d’en donner une explication strictement scientifique, – la conception matérialiste de l’histoire sera synonyme de science sociale. Le matérialisme n’est pas « une conception scientifique de l’histoire par excellence », comme le croit M. Mikhaïlovski, mais la seule conception scientifique de l’histoire. (…)
Si l’on pouvait parler de clans dans l’ancienne Russie, il ne fait pas de doute que déjà au moyen âge, à l’époque du tsarat de Moscovie, ces relations de clans n’existaient plus, c’est-à-dire que l’État se basait sur des associations locales, et non clanales : propriétaires terriens et monastères acceptaient les paysans venus des différentes localités, et les communautés ainsi formées étaient des associations purement territoriales.
Cependant, on pouvait à peine parler de liens nationaux au sens propre du mot à cette époque : l’État était divisé en « territoires » distincts, souvent même en principautés qui conservaient des traces vivantes d’ancienne autonomie, des particularités d’administration, parfois leurs propres troupes (les boyards locaux partaient en guerre à la tête de leurs propres régiments), des frontières douanières à elles, etc.
Seule la période moderne de l’histoire russe (depuis le XVIl° siècle à peu près) est marquée par la fusion effective de toutes ces régions, territoires et principautés, en un tout.
Cette fusion n’est pas due, très honorable M. Mikhaïlovski, à des relations de clans ni même à leur continuation et généralisation ; elle est due à l’échange accru entre régions, au développement graduel des échanges de marchandises et à la concentration des petits marchés locaux en un seul marché de toute la Russie.
Comme les dirigeants et les maîtres de ce processus étaient les gros marchands capitalistes, la création de ces liens nationaux n’était rien d’autre que la création de liens bourgeois. (…)
Nulle part aucun marxiste n’a jamais argumenté en ce sens qu’en Russie « il doit y avoir » le capitalisme, « parce que » il a existé en Occident, etc.
Aucun marxiste n’a jamais vu dans la théorie de Marx un schéma de la philosophie de l’histoire, obligatoire pour tous, quelque chose de plus que l’explication d’une certaine formation de l’économie sociale.
Seul un philosophe subjectif, M. Mikhaïlovski, a trouvé moyen de faire preuve d’une incompréhension de Marx au point de déceler chez lui une théorie philosophique générale, ce qui lui valut cette réponse explicite de Marx, qu’il s’était trompé d’adresse.
Jamais aucun marxiste n’a fondé ses conceptions social démocrates sur autre chose que leur conformité avec la réalité et l’histoire des rapports économiques et sociaux existants, c’est-à-dire russes ; au reste, il ne pouvait les fonder autrement, parce que cette exigence de la théorie a été formulée d’une façon absolument nette et précise, et placée comme clef de voûte de toute la doctrine par le fondateur même du « marxisme », Marx. » (Ce que sont les « amis du peuple » et comment ils luttent contre les social-démocrates)
Sur cette base, Lénine va critiquer les populistes ; dans « Pour caractériser le romantisme économique », il montre comment la « nostalgie » d’une période pré-capitaliste (ou soi-disant telle quelle) représente une vision erronée, appuyant la petite production capitaliste :
« L’idéalisation de la petite production nous révèle un autre trait spécifique de la critique romantique et populiste : son caractère petit-bourgeois. Nous avons vu que le romantique français comme le romantique russe font de la petite-production une « organisation sociale », une « forme de production », qu’ils opposent au capitalisme.
Nous avons vu aussi que cette opposition n’implique qu’une compréhension très superficielle, qu’elle isole artificiellement et à tort une forme de l’économie marchande (le grand capital industriel) et la condamne, tout en idéalisant utopiquement une autre forme de cette même économie marchande (la petite production).
Le malheur des romantiques européens du début du XIXe siècle, comme des romantiques russes de la fin du siècle, c’est qu’ils imaginent dans l’abstrait une petite exploitation en dehors des rapports sociaux de la production, et oublient un petit détail : à savoir que la petite exploitation, celle du continent européen de la période 1820-1830 comme celle du paysan russe de la période 1890-1900, est placée en réalité dans les conditions de la production marchande.
Le petit producteur, porté aux nues par les romantiques et les populistes, n’est donc en réalité qu’un petit-bourgeois placé dans les mêmes rapports contradictoires que tout autre membre de la société capitaliste, et menant comme lui, pour assurer son existence, une lutte qui, d’une part, produit constamment une minorité de gros bourgeois, et, d’autre part, rejette la majorité dans les rangs du prolétariat.
En réalité, comme chacun le voit et le sait, il n’y a pas de petits producteurs qui ne soient placés entre ces deux classes opposées ; et cette position intermédiaire détermine nécessairement le caractère spécifique de la petite bourgeoisie, sa dualité, sa duplicité, sa sympathie pour la minorité qui sort victorieuse de la lutte, son hostilité à l’égard des « malchanceux », c’est-à-dire la majorité.
Plus l’économie marchande se développe, plus ils devient clair que l’idéalisation de la petite production ne traduit qu’un point de vue réactionnaire, petit-bourgeois. » (Pour caractériser le romantisme économique).
Lénine expose alors la nature sociale de la Russie, dans « Le développement du capitalisme en Russie » ; il présente tous les différents domaines sociaux et regarde le rapport au capitalisme. Dans sa conclusion, il explique :
« Pour conclure, il ne nous reste plus qu’à faire le bilan de ce que dans notre littérature économique on appelle la « mission » du capitalisme, c’est-à-dire du rôle historique de ce régime dans le développement économique de la Russie.
Ainsi que nous avons essayé de le montrer en détail tout au long de notre exposé, il n’y a absolument rien d’incompatible entre le fait d’admettre le caractère progressiste de ce rôle et la dénonciation de tous les côtés sombres et négatifs du capitalisme, de toutes les contradictions profondes et généralisées qui lui sont inhérentes et qui en révèlent le caractère historique transitoire.
Ce sont précisément les populistes qui s’efforcent par tous les moyens de faire croire que reconnaître le caractère historique progressiste de ce régime équivaut à en faire l’apologie, ce sont précisément eux qui commettent l’erreur de sous-estimer (et parfois même de passer sous silence) les profondes contradictions du capitalisme russe en essayant de dissimuler la décomposition de la paysannerie, le caractère capitaliste de l’évolution de notre agriculture, la formation d’une classe d’ouvriers industriels et agricoles salariés pourvus d’un lot de terre, en dissimulant le fait que les formes les plus inférieures et les plus mauvaises du capitalisme dominent absolument dans la fameuse industrie « artisanale ».
Le rôle historique progressiste du capitalisme peut être résumé en deux mots : développement des forces productives du travail social et collectivisation de ce travail. Mais selon les domaines de l’économie nationale auxquels on a affaire, ces deux phénomènes prennent des formes extrêmement variées.
Ce n’est qu’à l’époque de la grande industrie mécanique que le développement des forces productives du travail social se manifeste dans toute son ampleur. Jusqu’à ce stade supérieur du capitalisme, en effet, la production est basée sur le travail à la main et sur une technique primitive dont les progrès sont extrêmement lents et purement spontanés.
A cet égard, l’époque postérieure à l’abolition du servage se différencie radicalement des autres périodes de l’histoire russe. La Russie de l’araire et du fléau, du moulin à eau et du métier à bras a commencé à se transformer à un rythme rapide en un pays de charrues et de batteuses, de moulins à vapeur et de métiers mécaniques.
Et cette transformation complète de la technique a pu être observée dans toutes les branches de l’économie nationale, sans exception, soumises à la production capitaliste.
De par la nature même du capitalisme, ce processus de transformation comporte inévitablement toute une série d’inégalités et de disproportions : les périodes de prospérité sont suivies par des périodes de crise, le développement d’une branche industrielle aboutit à la décadence d’une autre, les progrès de l’agriculture touchent des aspects de l’économie rurale qui varient selon les régions, le développement du commerce et l’industrie devance celui de l’agriculture, etc.
Bon nombre des erreurs commises par les écrivains populistes viennent de ce que ces auteurs tentent de prouver que ce développement disproportionné, aléatoire, par bonds, n’est pas un développement.
Une autre particularité du développement capitaliste des forces productives sociales, c’est que, comme nous l’avons indiqué à plusieurs reprises, aussi bien pour l’agriculture que pour l’industrie, l’accroissement des moyens de production (de la consommation productive) est bien supérieur à celui de a consommation personnelle. Cette particularité est due aux lois générales qui régissent la réalisation du produit en société capitaliste et correspond en tous points à la nature antagonique de cette société.
Quant à la socialisation du travail provoquée par le capitalisme, elle se manifeste dans les processus suivants : Premièrement, le développement de la production marchande met fin au morcellement propre à l’économie naturelle des petites unités économiques et rassemble les petits marchés locaux en un grand marché national (puis mondial).
La production pour soi se transforme en production pour toute la société, et plus le capitalisme est développé, plus la contradiction entre le caractère collectif de la production et le caractère individuel de l’appropriation se renforce.
Deuxièmement, le capitalisme remplace l’ancien morcellement de la production par une concentration sans précédent et ce aussi bien dans l’agriculture que dans l’industrie. C’est là la manifestation la plus spectaculaire et la plus évidente de cette particularité du capitalisme, mais ce n’est nullement la seule.
Troisièmement, le capitalisme élimine les formes de dépendance personnelle inhérentes aux anciens systèmes économiques. A cet égard, son caractère progressiste ressort tout particulièrement en Russie où la dépendance personnelle du producteur existait non seulement dans l’agriculture (où elle continue à subsister partiellement), mais également dans l’industrie de transformation (les « fabriques » basées sur le travail servile), dans l’industrie minière, dans les pêcheries, etc.
Par rapport au travail du paysan dépendant ou asservi, il va de soi que pour toutes les branches de l’économie nationale le travail du salarié libre constitue un phénomène progressiste.
Quatrièmement, le capitalisme entraîne inévitablement une mobilité de la population dont les régimes économiques antérieurs n’avaient pas besoin et qui, sous ces régimes, ne pouvait pas exister sur une échelle un tant soit peu importante.
Cinquièmement, le capitalisme provoque une diminution constante de la part de la population qui travaille dans l’agriculture (où ce sont toujours les formes les plus retardataires de rapports économiques et sociaux qui prédominent) et un accroissement du nombre des grands centres industriels.
Sixièmement, la société capitaliste accroît le besoin d’unions et d’associations de la population et donne à ces associations un caractère particulier qui les différencie de celles de l’ancien temps. Tout en détruisant les étroites unions corporatives locales de la société moyenâgeuse, et en créant une concurrence acharnée, le capitalisme scinde l’ensemble de la société en vastes groupes de personnes qui se différencient par la position qu’elles occupent dans la production, et donne une vigoureuse impulsion à la constitution d’associations au sein de chacun de ces groupes.
Septièmement, toutes les transformations de l’ancien régime économique provoquées par le capitalisme que nous venons de signaler entraînent inévitablement une transformation morale de la population.
Le caractère saccadé du développement économique, la transformation rapide des modes de production, l’énorme concentration de celle-ci, la disparition de toutes les formes de dépendance personnelle et des rapports patriarcaux, la mobilité de la population, l’influence des grands centres industriels, etc., tout cela ne peut que modifier de façon profonde le caractère même des producteurs et nous avons déjà eu l’occasion de signaler les observations des enquêteurs russes dans ce sens.
Pour en revenir aux économistes populistes avec lesquels nous n’avons cessé de polémiquer, nous pouvons résumer les causes de nos désaccords de la façon suivante.
Nous sommes tout d’abord dans l’obligation de constater que la conception même que les populistes ont du développement capitaliste en Russie et du régime économique qui a précédé le capitalisme dans ce pays est, à notre point de vue, radicalement erronée.
De plus, leur ignorance des contradictions capitalistes existant aussi bien dans le régime de l’économie paysanne (qu’elle soit agricole ou industrielle) nous paraît particulièrement grave.
Enfin, pour ce qui concerne le problème de la lenteur ou de la rapidité du développement du capitalisme en Russie, tout dépend de ce que l’on prend comme point de comparaison. Si l’on compare l’époque précapitaliste de la Russie à son époque capitaliste (et c’est précisément cette comparaison qu’il faut faire si on veut résoudre le problème qui nous occupe), force nous est de reconnaître qu’en régime capitaliste, notre économie nationale se développe d’une façon extrêmement rapide.
Mais si on compare ce rythme de développement à celui qui serait possible étant donné le niveau actuel, de la technique et de la culture, on doit reconnaître qu’effectivement le développement du capitalisme en Russie est lent.
Et il ne peut en être autrement car aucun pays capitaliste n’a conservé une telle abondance d’institutions surannées, incompatibles avec le capitalisme dont elles freinent les progrès et qui aggravent considérablement la situation des producteurs « souffrant à la fois du capitalisme et de son développement insuffisant » (Karl Marx, Le Capital).
Enfin, la cause essentielle des divergences qui nous opposent aux populistes est peut-être la différence qui sépare nos conceptions fondamentales des processus économiques et sociaux.
Quand il étudie ces processus, le populiste en arrive généralement à des conclusions moralisatrices ; il ne considère pas les divers groupes participant à la production comme les créateurs de telle ou telle forme de vie ; il ne se propose pas de présenter l’ensemble des rapports économiques et sociaux comme le résultat des rapports existant entre ces groupes qui ont des intérêts et un rôle historique différents… » (Le développement du capitalisme en Russie)