Les sept sœurs ont été construites à Moscou afin de donner à la ville un caractère marqué. Cependant, à petite échelle, c’est également le cas de l’ensemble des œuvres. Comme en fait, les bâtiments sont liés les uns aux autres, car la ville est planifiée, il faut se fonder sur la vie quotidienne des gens pour avoir un réel aperçu de ce qu’il en est.
En ce sens, le plan pour la réorganisation urbaine de Moscou établi en juillet 1935 fit en sorte de bloquer tant la mise en place de petites maisons individuelles que d’ensembles en bloc à bas prix (comme cela deviendra inversement la règle dans le révisionnisme après 1953).
Le plan prévoyait des bâtiments d’au moins six étages, de 7 à 14 sur les grandes artères, relevant d’ensembles d’au moins 9-15 hectares, avec une densité maximale de 400 personnes par hectare.
L’architecture soviétique possède ainsi toujours une visée affirmative. Une oeuvre architecturale ne peut tout simplement pas être « neutre ».
On comprend que l’architecture soviétique joue sur les ornements de manière marquée, afin de fournir de manière adéquate cette puissance affirmative le cas échéant.
Les œuvres, en plus d’être affirmative, ont donc également un poids idéologique ; dans le cadre de la lutte de classes, de la construction du socialisme, elles contribuent à faire pencher la balance du bon côté.
Moscou devint la ville emblématique d’une réorganisation dans le sens socialiste.
Chaque oeuvre architecturale majeure était ainsi, dans les années 1930, 1940 et au début des années 1950, un puissant marqueur avec toujours un contenu, jamais comme une fin en soi.
On a avec l’architecture soviétique de l’époque socialiste une insistance sur la capacité de l’architecture à à la fois s’insérer dans la vie et refléter celle-ci.
L’architecture soviétique témoigne de l’esprit de bienveillance devant façonner la vie quotidienne des masses et la nécessité idéologique de l’affirmation de cette bienveillance.