Le problème soviétique était très simple à comprendre. Le personnel militaire était issu de la révolution russe et ses traditions militaires étaient fortes, mais ne touchant pas à tous les domaines militaires, en particulier les grandes opérations s’appuyant sur du matériel moderne. Or, ce matériel moderne n’existait qui plus est que depuis récemment, avec l’industrialisation de l’URSS.

Du côté allemand, on avait la situation inverse à ce niveau. Les traditions militaires avaient été puissamment ébranlées par la défaite de 1918 et le national-socialisme visait justement à les régénérer. Inversement, il y avait une immense expérience accumulée depuis pratiquement cent ans, dans une continuité complète tant pour les écoles militaires que pour les formations effectuées.

Cela explique les frictions au sein de l’armée allemande entre le courant directement issu des traditions et celui ayant permis de régénérer celle-ci par l’offensive. L’unification se fit cependant dans la logique expansionniste, avec une Allemagne nazie économiquement bien plus développée alors que l’URSS.

L’Europe sous occupation des forces de l’Axe juste avant l’opération Barbarossa

L’Europe sous occupation des forces de l’Axe juste avant l’opération Barbarossa

C’est là la base pour l’opération Barbarossa commencée le 22 juin 1941 et visant à la destruction rapide de l’URSS. Furent mobilisées 3,8 millions de soldats, 4300 chars, 4389 avions, dans une offensive d’une dimension jamais vue encore.

Le calcul de l’armée allemande était simple : il fallait profiter de la rapide défaite française pour empêcher l’URSS d’arriver à un niveau militaire conséquent. C’était un retournement de situation totale, facile à comprendre.

L’opération Barbarossa avait une immense envergure. Il y avait les objectifs stratégiques du blé ukrainien et du pétrole du Caucase, ainsi que la liquidation du communisme, l’opération impliquant le meurtre systématique de tous les commissaires politiques et de tous les cadres du Parti Communiste d’Union Soviétique (bolchevik).

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Le prolongement de l’opération était censé ensuite permettre l’expulsion des populations slaves vers l’Est et une colonisation allemande. L’extermination de la population juive était quant à elle réaliser de manière immédiate et systématique, avec la Shoah par balles.

Ce qui fut nommé le Blitzkrieg – la guerre-éclair – et qui devait amener la victoire par la supériorité du matériel militaire et de la technique militaire, sembla réussir dans un premier temps, puisque un million de soldats soviétiques fut balayé dans l’offensive, l’opposition étant totalement dépassée tant techniquement que sur le plan du matériel.

Seulement, il arriva aux armées nazies la même chose qu’à celles de Napoléon. Le territoire était trop vaste : 800 km avaient été parcourus, 1 500 000 km² de territoires occupés. Les liaisons entre les unités trop compliquées à gérer, sans parler de l’approvisionnement à mettre en place.

L’invasion avait coûté la moitié des chars et des avions et sur les six premiers mois, 750 000 soldats allemands avaient perdu la vie. Le chiffre montera à 1,3 million six mois plus tard. Il ne faut ainsi pas considérer abstraitement que ce serait l’hiver qui aurait provoqué l’enlisement allemand.

L’URSS a de son côté perdu 1,5 million de soldats tués au combat et 4 millions faits prisonniers, dont 2 millions seront assassinés. La majeure partie de la Russie européenne était occupée, paralysant donc la zone la plus industrialisée. Mais si le premier échelon stratégique avait été écrasé, le second était là et le troisième se renforçait continuellement.


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