La tendance à l’impressionnisme en lieu et place du naturalisme se combine historiquement avec une tendance au symbolisme. Le parcours du peintre Léon Frédéric (1856-1940) est ici tout à fait significatif.

Si c’est un peintre symboliste belge majeur, il part initialement du naturalisme, dans une optique sociale allant jusqu’à l’engagement, voire une vraie perspective réaliste. C’est indéniablement un artiste incontournable de la Belgique.

Voici Les âges de l’ouvrier, datant de 1895-1897, formant un triptyque rappelant les œuvres religieuses flamandes ayant très apprécié cette forme. On remarquera, dans le tableau du milieu, un cortège funéraire s’éloignant à l’arrière-plan, le drapeau rouge présent témoignant qu’il s’agit d’un rassemblement ouvrier en l’honneur d’une victime de la répression ayant frappé le mouvement pour le suffrage universel en 1893. Il y a également une petite fille habillée en rouge au premier plan.

On notera aussi dans le tableau de droite qu’est présent le palais de justice surplombant le quartier populaire bruxellois des Marolles, on peut aussi voir la cathédrale Saints-Michel-et-Gudule.

Dans celui de gauche, il y a d’ailleurs la prison de Saint-Gilles.

Léon Frédéric - Les âges de l’ouvrier

Léon Frédéric – Les âges de l’ouvrier

Les âges de l’ouvrier - panneau central

Les âges de l’ouvrier – panneau central

Les âges de l’ouvrier - panneau droit

Les âges de l’ouvrier – panneau droit

Les âges de l’ouvrier - panneau gauche

Les âges de l’ouvrier – panneau gauche

Le tableau central montre également l’hôpital Saint-Pierre – un lieu de passage pour les ouvriers – et la tour de l’Hôtel de Ville, symbole du pouvoir municipal, haut lieu de lutte, et symbole historique de la ville, de la bourgeoisie, par rapport à l’aristocratie.

Voici le tableau Le peuple, un jour, verra le soleil, de 1890-1891, ainsi que L’âge d’or, tous deux dans le même esprit d’une lecture sociale pleine d’espoir.

Léon Frédéric - Le peuple, un jour, verra le soleil

Léon Frédéric – Le peuple, un jour, verra le soleil

Léon Frédéric - L’âge d’or

Léon Frédéric – L’âge d’or

L’âge d’or - panneau gauche

L’âge d’or – panneau gauche

L’âge d’or - panneau central

L’âge d’or – panneau central

L’âge d’or - panneau droit

L’âge d’or – panneau droit

Le repas des funérailles, de 1886, est de facture plus classiquement naturaliste. On retrouve l’approche sobre d’un côté, mais également misérabiliste de l’autre, avec une touche de romantisme national de par la visibilité de la vie quotidienne.

On a la même approche pour ‘S zondags vóór de mis (Le dimanche avant la messe) ou encore Boerenmaaltijd (Le repas des paysans).

Léon Frédéric - Le repas de funéraille

Léon Frédéric – Le repas de funéraille

Léon Frédéric - S zondags vóór de mis (Le dimanche avant la messe)

Léon Frédéric – S zondags vóór de mis (Le dimanche avant la messe)

Léon Frédéric - Boerenmaaltijd (Le repas des paysans)

Léon Frédéric – Boerenmaaltijd (Le repas des paysans)

Léon Frédéric a également fait une série très intéressante de portraits, qui tendant à une certaine représentation synthétique, avec Les Âges du paysan.

On a ici Les vieillards, Les époux, Les promis, Les fillettes, Les garçons.

Léon Frédéric - Les Âges du paysan : Les vieillards

Léon Frédéric – Les Âges du paysan : Les vieillards

Léon Frédéric - Les Âges du paysan : Les époux

Léon Frédéric – Les Âges du paysan : Les époux

Léon Frédéric - Les Âges du paysan : Les promis

Léon Frédéric – Les Âges du paysan : Les promis

Léon Frédéric - Les Âges du paysan : Les fillettes

Léon Frédéric – Les Âges du paysan : Les fillettes

Léon Frédéric - Les Âges du paysan : Les garçons

Léon Frédéric – Les Âges du paysan : Les garçons

Un autre triptyque est véritablement intéressant : Les marchands de craie (Volet gauche : Le matin. Centre : Midi. Volet droit : Le soir).

Léon Frédéric - Les marchands de craie (Volet gauche : Le matin)

Léon Frédéric – Les marchands de craie (Volet gauche : Le matin)

Léon Frédéric - Les marchands de craie (Centre : Midi)

Léon Frédéric – Les marchands de craie (Centre : Midi)

Léon Frédéric - Les marchands de craie (Volet droit : Le soir)

Léon Frédéric – Les marchands de craie (Volet droit : Le soir)

Voici également La femme à loques (les ramasseuses d’escarbilles), Repas de Noël à l’hospice, L’enterrement d’un paysan, Le paysan mort, Le retour de la procession, Rhododendron en fleur, Les trois sœurs.

Léon Frédéric - La femme à loques (les ramasseuses d’escarbilles)

Léon Frédéric – La femme à loques (les ramasseuses d’escarbilles)

Léon Frédéric - Repas de Noël à l’hospice

Léon Frédéric – Repas de Noël à l’hospice

Léon Frédéric - L’enterrement d’un paysan

Léon Frédéric – L’enterrement d’un paysan

Léon Frédéric - Le paysan mort

Léon Frédéric – Le paysan mort

Léon Frédéric - Le retour de la procession

Léon Frédéric – Le retour de la procession

Léon Frédéric - Rhododendron en fleur

Léon Frédéric – Rhododendron en fleur

Léon Frédéric - Les trois sœurs

Léon Frédéric – Les trois sœurs

Le prolongement de cette approche marquée par le misérabilisme finit par aboutir tout droit à l’idéalisme mystique. Léon Frédéric rejoignit le Salon d’art idéaliste, l’équivalent belge du mouvement symboliste Rose Croix de Péladan en France.

Il y a en même temps une sensibilité sociale, en même temps un esprit d’engagement incapable de saisir la réalité et basculant dans l’espoir religieux.

Le triptyque Le ruisseau (Volet gauche : Le glacier – le torrent. Centre : Le ruisseau. Volet droit : L’eau – l’eau dormante), dédié à Beethoven, est un bon exemple de cela.

Léon Frédéric - Le ruisseau

Léon Frédéric – Le ruisseau

Léon Frédéric - Le ruisseau (Volet gauche : Le glacier - le torrent)

Léon Frédéric – Le ruisseau (Volet gauche : Le glacier – le torrent)

Léon Frédéric - Le ruisseau (Centre : Le ruisseau)

Léon Frédéric – Le ruisseau (Centre : Le ruisseau)

Léon Frédéric - Le ruisseau (Volet droit : L’eau - l’eau dormante)

Léon Frédéric – Le ruisseau (Volet droit : L’eau – l’eau dormante)

Que dire également du triptyque Tout meurt mais connaîtra la résurrection par l’amour de Dieu ?

Léon Frédéric - Tout meurt mais connaîtra la résurrection par l’amour de Dieu

Léon Frédéric – Tout meurt mais connaîtra la résurrection par l’amour de Dieu

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Léon Frédéric, qui venait d’une famille aisée, a connu un succès certain. Bruxelles lui commanda une grande fresque, Le départ des conscrits, pour la salle des milices de l’Hôtel de ville. Il obtint également une médaille d’or à l’Exposition universelle de 1889, ainsi qu’à celle de 1898.


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