C’est par son analyse scientifique du développement de la lutte de classes que le marxisme-léninisme dirige les luttes révolutionnaires du prolétariat et de tous les peuples qui aspirent à la libération.
Quand le prolétariat et le peuple révolutionnaire se trouve sous l’oppression, leurs forces sont toujours de loin inférieures à celles des propriétaires terriens et la bourgeoisie qui, de longue date, occupent une position d’où ils oppriment et dominent.
Mais, comme ils sont l’histoire en marche, leur force est à même de croître de jour en jour. Et tant qu’ils mènent inlassablement la lutte selon la juste méthode et ont l’audace d’arracher la victoire au moment décisif, ils finissent par triompher des forces dominantes, réactionnaires et décadentes.
Car, en fin de compte, quelles forces sont réellement puissantes ? Les forces populaires montantes ou les forces réactionnaires décadentes ?
Les marxistes-léninistes répondent sans la moindre hésitation : ce sont les forces populaires montantes et non pas les forces réactionnaires décadentes. C’est là une réponse profondément scientifique, et hautement révolutionnaire.
Ainsi, dans la lutte contre l’ennemi de classe, le prolétariat et le peuple révolutionnaire doivent, en premier lieu, opérer une juste appréciation du rapport des forces de classe, en envisageant la situation dans son ensemble, avoir un esprit révolutionnaire intrépide et un grand idéal révolutionnaire, et être fermement convaincus que les forces révolutionnaires, faibles en apparence, l’emporteront à coup sûr sur les forces contre-révolutionnaires, apparemment puissantes.
Comme le dit Lénine : « Toutes les classes et tous les pays sont considérés sous un aspect non pas statique, mais dynamique, c’est-à-dire non pas à l’état d’immobilité, mais dans leur mouvement (mouvement dont les lois dérivent des conditions économiques de l’existence de chaque classe). Le mouvement est à son tour envisagé du point de vue non seulement du passé, mais aussi de l’avenir, et non pas selon la conception vulgaire des ‘évolutionnistes’, qui n’aperçoivent que les changements lents, mais d’une façon dialectique… »1.
Il est évident que c’est seulement en considérant le rapport des forces de classe du point de vue de la dialectique révolutionnaire, comme l’a indiqué Lénine, que le prolétariat et le peuple révolutionnaire peuvent, dans la lutte contre leur ennemi momentanément puissant, arrêter correctement leurs dispositifs stratégiques, et aller, courageusement et pas à pas, jusqu’à la victoire finale.
C’est précisément ainsi que, face à l’ennemi de classe, les grands éducateurs de la révolution, Marx, Engels et Lénine ont agi dans leurs activités révolutionnaires. Il y a plus d’un siècle, le monde entier se trouvait encore sous la domination de la bourgeoisie, et les communistes, dont Marx, Engels et quelques autres, n’étaient qu’une infime minorité. Sans pouvoir et sans armées, ils osèrent cependant défier le vieux monde et c’est en paroles de feu qu’ils prononcèrent la sentence de mort du système capitaliste.
Ils disaient : « Sa chute (la chute de la bourgeoisie) et la victoire du prolétariat sont toutes deux inévitables. » Que les classes dirigeantes tremblent à l’idée d’une révolution communiste ! Les prolétaires n’y ont rien à perdre que leurs chaînes. Ils ont un monde à y gagner »2.
Lors de la « révolution de mars » 1848 en Allemagne, les forces du prolétariat étant encore faibles, la bourgeoisie s’empara des fruits de la révolution et s’imagina capable de tout. Marx remarqua avec mépris : « Sur le sol de Berlin, il ne subsiste ni monstres, ni colosse révolutionnaire, mais seulement des créatures de type ancien, de rampantes figures bourgeoises. »
Il disait qu’elle était semblable à « un vieillard abominable, qui avait pour destin de mener et détourner les premiers élans juvéniles d’un peuple vigoureux dans son propre intérêt sénile, − dépourvu d’yeux, d’oreilles, de dents, de tout − telle était la bourgeoisie prussienne lorsqu’elle se trouva à la barre de l’Etat prussien après la révolution de mars »3.
Arrêté par l’ennemi au début de son activité révolutionnaire, Lénine fut interrogé par un commissaire de police : « Pourquoi vous révoltez-vous, jeune homme, alors que vous avez un mur devant vous ? » Lénine répondit imperturbablement : « Un mur, oui, mais pourri ; il n’y a qu’à le pousser, et il sera par terre »4.
Au début du XXe siècle, alors que le capitalisme entrait dans le stade impérialiste de son développement, Lénine, s’appuyant sur une abondante documentation, fit une analyse scientifique de la nature de l’impérialisme. Allant droit au cœur du problème, il déclara que l’impérialisme est un capitalisme agonisant et pourrissant.
Après la victorieuse Révolution d’Octobre en Russie, la Grande-Bretagne, la France, le Japon, les Etats-Unis et d’autres pays impérialistes formèrent une alliance réactionnaire, ils passèrent à l’attaque armée contre le pouvoir des Soviets qui venait de naître et appuyèrent énergiquement les rebellions contre-révolutionnaires des gardes blancs Koltchack et Denikine, dans le but d’étouffer le pouvoir des Soviets au berceau.
Lénine dit alors, avec la fermeté voulue : « Toutes ces forces (les forces de l’impérialisme mondial) en apparence invincibles et imposantes ne sont pas sûres ni redoutables pour nous, elles sont pourries à l’intérieur, elles nous affermissent de jour en jour et cet affermissement nous permettra de vaincre l’ennemi extérieur et de pousser notre victoire jusqu’au bout »5.
Parlant à l’occasion du 2e anniversaire du déclenchement de la Révolution d’Octobre, Lénine rappela : « L’impérialisme mondial apparaissait alors une force si grande, si invincible que les ouvriers d’un pays arriéré qui tenteraient de s’insurger contre lui pouvaient être taxés de folie. Mais aujourd’hui, en jetant un coup d’œil rétrospectif sur les deux années écoulées, nous voyons que nos adversaires, eux aussi, commencent de plus en plus à nous donner raison. Nous voyons que l’impérialisme que nous considérions comme un colosse extraordinaire s’est révélé aux yeux de tous un colosse aux pieds d’argile »6. Il dit aussi : « Le capitalisme mondial est un vieillard décrépit, mourant, condamné. »
Tout ceci montre qu’en la personne de Marx, Engels et Lénine, l’esprit hautement scientifique et un esprit révolutionnaire élevé étaient alliés, car ils surent, au-delà de tous les phénomènes superficiels, discerner la nature fragile des forces réactionnaires, puissantes en apparence, et ils eurent l’audace de conduire le prolétariat dans la lutte contre un ennemi provisoirement bien plus puissant. C’est pour cette même raison qu’on a osé porter à l’impérialisme un coup pareil à celui de la grande Révolution d’Octobre, à un moment où les Philistins l’ont considéré comme totalement impossible.
L’histoire a prouvé que le destin de tous les réactionnaires est tel que l’indique le marxisme-léninisme : leur puissance n’est pas sûre et il ne faut pas la craindre et, en fin de compte, par la lutte des peuples révolutionnaires, les réactionnaires sont irrémédiablement appelés à disparaître. Le tsar était fort en apparence ; mais la tempête de la révolution de février le balaya de la Russie. Il y eut un temps où Hitler, Mussolini et l’impérialisme japonais avaient annexé la moitié du monde ou presque ; leur arrogance était telle qu’ils se croyaient tout puissants ; mais le poing de fer du peuple soviétique et des autres peuples les frappa et ils durent capituler devant le peuple.
Sur la base de la théorie marxiste-léniniste de la lutte des classes, en particulier de la théorie de Lénine au sujet de l’impérialisme, par le bilan d’une expérience historique extrêmement variée et riche, le camarade Mao Tsé-Toung a montré que l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier, que leur puissance est toute en surface, que sous des dehors consistants ils cachent, en fait, une nature faible, que leurs fanfaronnades ne sont que le masque de leur fragilité, qu’ils ne sont aucunement redoutables. Ceci répond en tous points à la façon dont Marx, Engels et Lénine envisageaient l’ennemi de classe.
Il y a 16 ans que le camarade Mao Tsé-Toung formula la thèse selon laquelle l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier. A l’époque, avec la fin de la seconde guerre mondiale, des changements fondamentaux étaient intervenus dans la situation internationale ; un regroupement des forces de classes s’était effectué à l’échelle mondiale ; les bandits fascistes, allemands, italiens, japonais, avaient été battus ; la Grande-Bretagne, la France et d’autres forces impérialistes se trouvaient affaiblies ; le camp socialiste commençait à se former ; les forces des peuples du monde − forces de paix et de démocratie, mouvement d’indépendance nationale − se développaient de jour en jour.
Cependant, l’impérialisme américain avait pris la relève des fascistes allemands, italiens et japonais, et était devenu le centre et le rempart de la réaction mondiale. S’appuyant sur sa puissance économique, accumulée grâce aux profits fabuleux qu’il avait réalisés pendant la guerre, ainsi que sur la « puissance de la bombe atomique» alors uniquement en sa possession, il rassembla les forces réactionnaires de tous les pays, recueillit ce qui restait des forces du fascisme pour mettre sur pied un camp impérialiste et antidémocratique opposé aux forces du socialisme, ainsi qu’à toutes les forces démocratiques, s’imaginant pouvoir dominer le monde sans partage et l’asservir.
Sur le plan international, comme en Chine, se manifesta alors un contre-courant antisoviétique, anticommuniste et antipopulaire, apparemment puissant. Grâce à la colossale aide militaire et financière de l’impérialisme américain, les réactionnaires tchiangkaïchistes déclenchèrent la guerre contre le peuple chinois, afin d’en anéantir les forces révolutionnaires, et ils s’efforcèrent de répandre le mythe de l’invincibilité de l’impérialisme américain parmi les masses populaires.
Dans cette situation, où la lutte de classes était tendue et aiguë, comment fallait-il envisager le rapport des forces de classes ? Les forces révolutionnaires pourraient-elles l’emporter sur les forces contre-révolutionnaires ?
Le problème concernait, au plus haut point, non seulement le peuple chinois, mais aussi tous les autres peuples du monde. Le camarade Mao Tsé-Toung analysa la situation intérieure et internationale d’après la seconde guerre mondiale, à partir de la position révolutionnaire du prolétariat et par la méthode scientifique marxiste-léniniste.
Il fit ressortir que les contradictions entre le prolétariat et la bourgeoisie des pays impérialistes, les contradictions entre les pays impérialistes, les contradictions entre l’impérialisme d’une part et les peuples des colonies et semi-colonies de l’autre, non seulement existaient toujours, mais allaient s’aggravant et s’élargissant. Ces contradictions se manifestaient avec un relief tout particulier chez l’impérialisme américain.
La puissance économique de l’impérialisme américain, qui avait grandi durant la guerre, se trouvait, avec l’après-guerre, devant un marché intérieur et international instable, se rétrécissant de jour en jour. Ce rétrécissement continu devait inévitablement engendrer de nouvelles crises économiques.
Après la guerre, l’impérialisme américain était devenu, sur le plan politique, plus réactionnaire et plus corrompu qu’il ne l’était. Le fait que l’impérialisme américain avait groupé autour de lui les forces réactionnaires des divers pays pour en faire l’instrument de sa domination et de son oppression des peuples de ces mêmes pays, a soulevé l’opposition résolue de tous les peuples du monde.
Ces contradictions irréductibles, auxquelles l’impérialisme américain avait à faire face tant à l’intérieur qu’à l’extérieur, faisaient songer à un volcan le menaçant à tout moment, et pouvant éclater, engendrer la révolution à chaque instant. Le camarade Mao Tsé-Toung affirma : « L’impérialisme a des bases fragiles, il se désagrège intérieurement, il est détaché du peuple et plongé dans d’inextricables crises économiques ; il peut donc être vaincu »7.
A partir de cette analyse, le camarade Mao Tsé-Toung remarqua : « Tous les réactionnaires sont des tigres en papier. En apparence, ils sont terribles, mais en réalité ils ne sont pas si puissants. A envisager les choses du point de vue de l’avenir, c’est le peuple qui est vraiment puissant et non pas les réactionnaires. »
Il ajouta, dans le même ordre d’idées : « Tchiang Kaï Chek et les réactionnaires américains qui le soutiennent sont aussi des tigres en papier. En parlant de l’impérialisme américain, il y a des gens qui semblent le croire terriblement fort et les réactionnaires chinois se servent de cette ‘force’ des Etats-Unis pour effrayer le peuple chinois. Mais la preuve sera faite que les réactionnaires américains comme tous les réactionnaires dans l’histoire ne sont pas si forts que cela »8.
En considérant l’impérialisme et tous les réactionnaires comme des tigres en papier, le camarade Mao Tsé-Toung a émis un concept stratégique fondamental qui arma idéologiquement le peuple révolutionnaire et renforça sa confiance dans la victoire sur les forces contre-révolutionnaires. Cette pensée a joué un rôle considérable dans la guerre de libération du peuple chinois.
Depuis plus de 10 ans, la justesse de la thèse du camarade Mao Tsé-Toung, selon laquelle l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier, a été vérifiée et démontrée par de nombreux événements survenus dans le monde. Et le triomphe de la révolution du peuple chinois en est la preuve éclatante. Le camarade Mao Tsé-Toung a formulé cette thèse au moment même où les réactionnaires tchiangkaïchistes imposaient la guerre civile au peuple chinois. A l’époque, sur le plan du rapport des forces, la supériorité était du côté des réactionnaires tchiangkaïchistes.
Ceux-ci disposaient d’une armée de plus de 4 millions d’hommes, ils tenaient sous leur domination des régions dont la population représentait plus des deux tiers du pays, ils avaient pris possession de tout l’équipement d’un million de soldats de l’armée d’invasion japonaise et obtenu une énorme aide de l’impérialisme américain. L’armée populaire de libération était de loin inférieure en effectifs et en matériel à l’armée de Tchiang Kaï Chek et elle ne comptait, à l’époque, qu’un million deux cent mille hommes.
Les régions libérées étaient également beaucoup moins étendues que les régions sous domination du Kuomingtang. Mais à l’issue de l’âpre lutte du peuple chinois, le puissant ennemi fut battu, le point final était mis aux 22 années de la domination réactionnaire de la dynastie tchiangkaïchistes.
Dans des conditions extrêmement difficiles et au prix d’une lutte longue et âpre, qui dura 8 ans, de 1946 à 1954, le peuple vietnamien a fini par vaincre les colonialistes français que les Etats-Unis soutenaient, mettant un terme à plus de 80 années de domination colonialiste par l’impérialisme français, dans la partie nord du Vietnam.
Au début de la lutte du peuple algérien contre les colonialistes français, les partisans n’étaient que 3000. Les colonialistes français eurent beau aligner une armée de 800 000 hommes, ils n’ont pu entraver le torrent révolutionnaire du peuple algérien qui, après 7 années de lutte armée, a obligé la France à admettre l’indépendance de l’Algérie et a mis fin à 130 années de domination colonialiste. Tout cela montre amplement que l’impérialisme et tous les réactionnaires sont faibles, que les forces révolutionnaires du peuple sont puissantes et qu’elles peuvent triompher des impérialistes et de tous les réactionnaires.
Située à deux pas des Etats-Unis, Cuba est une île, elle a 7 millions d’habitants et 114 000 kilomètres carrés. La lutte révolutionnaire dirigée par Fidel Castro commença avec 12 hommes disposant de 7 fusils. Mais après plus de 2 années de combats héroïques, ils renversèrent la dictature fasciste de Batista, ce valet nourri par l’impérialisme américain. Ainsi fut brisé un maillon de la chaîne des impérialistes américains en Amérique latine, dans cet hémisphère occidental où ils avaient l’habitude de faire la loi. Les impérialistes américains vouent une haine implacable à la révolution victorieuse du peuple cubain et cherchent, par tous les moyens imaginables, à renverser le pouvoir révolutionnaire cubain.
Mais ils craignent ce pays de 7 millions d’hommes, car la justice est du côté du peuple cubain, car à Cuba va la sympathie de tous les peuples du monde. Les impérialistes américains craignent que la révolution cubaine n’influe sur toute l’Amérique latine. La tension créée par eux, il y a deux mois, dans les Caraïbes vise à étouffer cette révolution. Cependant, avec le soutien de tous les peuples du monde, le vaillant peuple cubain a combattu fermement, il a frappé durement en riposte aux provocations de guerre de l’impérialisme américain et défendu sa souveraineté et sa révolution.
La thèse « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier » a été rapidement acceptée par les grandes masses des peuples révolutionnaires parce qu’elle répond entièrement à la réalité objective. Le fait a vivement alarmé les impérialistes et tous les réactionnaires.
Les impérialistes vivent dans la hantise de voir le peuple découvrir les tigres en papier qu’ils sont et, partant, ne leur accorder que mépris. Aussi profitent-ils de toutes les occasions pour se vanter, pour affirmer qu’ils ne sont nullement des tigres en papier, mais des tigres puissants, authentiques.
Mais la réalité est impitoyable. Le plaidoyer des impérialistes prouve uniquement que la thèse du tigre en papier les a touchés au point sensible, qu’elle les a étalés tels qu’ils sont.
Certains envisagent la thèse « l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier » métaphysiquement. Puisque l’impérialisme et les réactionnaires sont des tigres en papier, disent-ils, comment se fait-il qu’ils parviennent encore à se livrer à l’agression et à déclencher des guerres ? Et puisque l’impérialisme et les réactionnaires sont des tigres en papier, disent-ils encore, ne peut-on pas les anéantir sans grand effort ?
Ces questions montrent que ceux-ci n’entendent absolument rien à la dialectique marxiste. Le marxisme nous enseigne encore et encore, que tout problème doit être envisagé dans son essence, que les liens organiques doivent être dégagés de l’amas des choses en tant que phénomènes, qu’il ne faut pas se laisser tromper par les apparences. Lénine a dit : « Au sens propre, la dialectique est l’étude de la contradiction dans l’essence même des choses »9.
En considérant l’impérialisme et les réactionnaires comme des tigres en papier, le camarade Mao Tsé-Toung s’en prend à leur nature même. D’une part, l’impérialisme et les réactionnaires sont des « tigres », car ils peuvent effrayer et dévorer les hommes, et d’autre part, ils sont « en papier », et leur force n’est pas tellement grande ; c’est là la dualité propre à l’impérialisme et à tous les réactionnaires. Le camarade Mao Tsé-Toung a souligné : « De même qu’il n’y a rien au monde dont la nature ne soit double (c’est la loi de l’unité des contraires), de même l’impérialisme et tous les réactionnaires ont une double nature, ils sont de vrais tigres et en même temps des tigres en papier »8.
La dialectique révolutionnaire marxiste est une arme idéologique acérée, parce qu’elle permet de discerner dans les choses existantes les signes de leur fin inéluctables. L’impérialisme et tous les réactionnaires, toujours, « dévoreront les hommes », ils sont féroces avec les peuples, et le seront jusqu’à leur fin. Mais le marxisme fait ressortir les choses telles qu’elles sont, et que, par nature, l’impérialisme qui montre griffes et dents n’est qu’un tigre en papier.
Ceci a inspiré l’ardeur et la combativité révolutionnaires de tous les peuples opprimés. Pas un ouvrier conscient, pas un simple militant de la lutte révolutionnaire n’estiment la dialectique révolutionnaire difficile à saisir. Ils ne prétendront jamais que, puisque l’impérialisme et les réactionnaires sont des tigres en papier, ceux-ci n’opprimeront donc pas leurs peuples ou ne se livreront pas à l’agression à l’extérieur ou qu’une chiquenaude suffirait pour les crever.
Au contraire, c’est bien parce que les peuples révolutionnaires ont discerné la nature de l’impérialisme qu’ils combattent en toute confiance, avec plus d’héroïsme, de détermination et recourent aux forces populaires pour pousser l’impérialisme et les réactionnaires dans la tombe.
Ceux qui n’admettent pas que l’impérialisme est un tigre en papier se sont laissé effrayer par la puissance apparente de l’impérialisme et éprouvent envers lui un sentiment fait d’estime et de crainte ; ils considèrent que mépriser le puissant impérialisme serait aller à l’encontre de la réalité. Mais il doit être souligné que la réalité qu’il envisagent n’est que la réalité des Philistins opportunistes.
De ces opportunistes, Lénine disait qu’ils « ne connaissent qu’un réalisme terre à terre ; la dialectique révolutionnaire du réalisme marxiste, qui met l’accent sur les tâches urgentes de la classe d’avant-garde et découvre dans l’état existant des choses les facteurs qui mèneront à son renversement, leur est totalement étrangère »10.
Une caractéristique essentielle des opportunistes, c’est qu’ils ne croient pas à la force du peuple, pas plus qu’ils ne croient que les forces populaires provisoirement en état d’infériorité puissent croître et vaincre l’impérialisme et tous les réactionnaires. Et ils ne peuvent donc accepter la thèse selon laquelle l’impérialisme est un tigre en papier.
Contrairement à tous les opportunistes, les marxistes-léninistes estiment que la force du peuple est la plus puissante des forces, qu’elle est la force décisive du développement de la société. Toute lutte révolutionnaire donne naissance à une force inépuisable, à condition qu’elle prenne racine dans les masses populaires, que ces masses soient pleinement mobilisées et considèrent cette lutte comme la leur. Cette force est sans pareille et elle est capable de détruire les forces réactionnaires, si puissantes soient-elles.
C’est en partant de sa confiance dans la force du peuple que Lénine caractérisa l’impérialisme comme un « colosse aux pieds d’argile ». Il dit : « Celui qui gagne, dans une guerre est celui qui possède les plus grandes réserves, les plus grandes sources de forces, le plus grand soutien de la masse de son peuple. De tout cela, nous avons plus que n’ent ont les Blancs, plus que n’en a le mondialement puissant impérialisme anglo-français, ce colosse aux pieds d’argile. Nous en avons davantage parce que nous pouvons en puiser et nous en puiserons pendant longtemps encore et de plus en plus profondément parmi les ouvriers et les paysans travailleurs, parmi les classes qui étaient opprimées par le capitalisme et qui comprennent partout l’écrasante majorité de la population »11.
Considérant la force du peuple comme la plus vaste des « réserves », Lénine disait : « Nos ennemis, qu’il s’agisse de la bourgeoisie russe ou de la bourgeoisie mondiale n’ont rien qui ressemble, même de loin, à ces réserves ; sous leurs pieds, le sol tremble de plus en plus »6. Le concept selon lequel l’impérialisme est un tigre en papier a le même point de départ : la confiance dans la force du peuple. Le camarade Mao Tsé-Toung a souligné : « J’ai dit alors que tous les réactionnaires réputés puissants n’étaient en réalité que des tigres en papier, pour la bonne raison qu’ils étaient séparés du peuple »12.
L’impérialisme recourt toujours aux armes dont il dispose pour intimider le peuple, mais quelles que soient ces armes, il n’arrivera jamais à transformer sa faiblesse irrémédiable, qui est d’être coupé du peuple. Nulle arme n’a jamais décidé du sort de l’humanité ; ce sont toujours les masses populaires qui en ont décidé. Et ce n’est pas l’arme nucléaire qui est ce qu’il y a de plus puissant au monde, mais la force du peuple. Aux yeux du peuple révolutionnaire, l’arme nucléaire dont l’impérialisme se sert pour intimider et opérer son chantage est du genre même du tigre en papier et ne parviendra jamais à effrayer les masses.
Dans leurs attaques contre d’autres théories marxistes-léninistes, les révisionnistes modernes de Yougoslavie ont, il y a longtemps déjà, pris à partie la thèse selon laquelle l’impérialisme est un tigre en papier. Ils en ont dénaturé le sens, la traitant de « prévision de pure fabrication ». Rien d’étonnant si la clique du traître Tito conteste que l’impérialisme et tous les réactionnaires sont des tigres en papier.
Ces révisionnistes se sont fort écartés du peuple et, en collusion avec les impérialistes, ils cherchent à entraver le mouvement révolutionnaire populaire. Se prosternant devant la puissance de l’impérialisme, ils répandent la crainte de l’impérialisme parmi les masses populaires et tentent ainsi de les faire s’agenouiller devant ce dernier tout comme eux, aussi n’osent-ils ni ne veulent-ils en aucun cas admettre que l’impérialisme est un tigre en papier.
Partant de sa connaissance de la nature de l’impérialisme et de tous les réactionnaires et se fondant sur la longue expérience de la lutte révolutionnaire de notre pays, le camarade Mao Tsé-Toung a défini la stratégie et la tactique de la révolution, développant ainsi la pensée marxiste-léniniste en matière de stratégie et de tactique. « Pour combattre l’ennemi, dit-il, nous avons longuement formulé le concept que, du point de vue stratégique, nous devons mépriser tous les ennemis et, du point de vue tactique, tenir pleinement compte de tous les ennemis. Ce qui veut également dire que nous devons mépriser l’ennemi dans son ensemble, mais en tenir sérieusement compte en ce qui concerne chacune de toutes les questions concrètes »6.
Mépriser l’ennemi du point de vue stratégique signifie que, envisagé dans son essence et à longue échéance, l’ennemi de classe finira par périr, quelle que soit sa puissance du moment ; et que les forces révolutionnaires, si faibles soient-elles à un moment donné, finiront par remporter la victoire. En dernière analyse, la force véritable appartient aux masses populaires et non pas à l’impérialisme et aux réactionnaires.
C’est pourquoi nous devons oser combattre l’ennemi, renverser la domination de l’impérialisme et de la réaction et arracher la victoire ; alors que la guerre de résistance contre le Japon touchait à sa fin, le camarade Mao Tsé-Toung nous enseigna que, pour renverser les deux montagnes pesant sur le peuple chinois, l’impérialisme et le féodalisme, nous devions faire montre de l’esprit animant « le vieux fou qui enlève les montagnes ».
Selon le « Lieh Tsé », les monts Taihang et Wangwou étaient très grands et très vastes ; mais un vieillard appelé communément le vieux fou était persuadé que lui-même et ses descendants parviendraient à les enlever à la pioche, le vieux fou savait mépriser « l’ennemi » du point de vue stratégique. Au début de la troisième guerre civile révolutionnaire, le camarade Mao Tsé-Toung souligna que « le millet plus les fusils » du peuple seraient plus puissants que les avions et les tanks de la clique réactionnaire de Tchiang Kaï Chek.
Plus tard, il ajouta que « la supériorité militaire de Tchiang Kaï Chek n’était que momentanée, qu’elle était un facteur qui ne pouvait jouer qu’un rôle temporaire, que l’aide de l’impérialisme américain était de même un facteur qui ne pouvait jouer qu’un rôle temporaire, alors que le caractère antipopulaire de la guerre de Tchiang Kaï Chek et les sentiments du peuple étaient des facteurs au rôle constant, et que sous ce rapport l’armée populaire de libération détenait la supériorité. Patriotique, juste et révolutionnaire de par sa nature, la guerre menée par l’année populaire de libération devait forcément gagner l’appui du peuple dans le pays tout entier. C’était là la base politique de la victoire sur Tchiang Kaï Chek »6.
Ce mépris de l’ennemi du point de vue stratégique est la manifestation d’un esprit révolutionnaire conséquent. Pour les marxistes-léninistes, le plus important est, d’abord et avant tout, d’avoir un courage révolutionnaire, un idéal révolutionnaire et un esprit révolutionnaire pour vaincre l’impérialisme et les réactionnaires, et de fondre élan révolutionnaire et esprit scientifique.
Tenir pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique signifie que dans chaque situation particulière, dans chaque lutte concrète, il faut tenir pleinement compte de l’ennemi, agir avec prudence, étudier et perfectionner l’art de mener le combat et, selon le temps, le lieu et les conditions, adopter les formes de lutte appropriées, afin d’isoler et d’anéantir graduellement l’ennemi. Pour illustrer la nécessité de tenir pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique, le camarade Mao Tsé-Toung a usé de la comparaison suivante : « Dans la guerre, les batailles ne peuvent être livrées qu’une par une et l’ennemi ne peut être écrasé que morceau par morceau. Les usines ne peuvent être bâties qu’une par une, les paysans ne peuvent labourer la terre que parcelle par parcelle »13.
Dans notre lutte contre la clique réactionnaire de Tchiang Kaï Chek, le camarade Mao Tsé-Toung a, d’une part, considéré celle-ci comme un tigre en papier, en montrant l’échec inévitable de la réaction et la victoire certaine du peuple; et d’autre part, dans chaque lutte concrète contre la clique réactionnaire de Tchiang Kaï Chek, il a toujours pris au sérieux, agi avec prudence, étudié et perfectionné l’art de mener la lutte, combattu toute tendance à la sous-estimation de l’ennemi et l’aventurisme. Il a toujours fait les préparatifs nécessaires à chaque lutte concrète et n’a jamais engagé de combat sans préparation, ou un combat dont l’issue victorieuse n’était pas certaine.
Pour chaque bataille, il a toujours concentré des forces d’une supériorité absolue, deux, trois, quatre, parfois même cinq ou six fois celles de l’ennemi, pour anéantir celles-ci totalement et remporter la victoire. Il a indiqué, en outre, que dans la lutte contre l’ennemi, nous devons non seulement prévoir les éventualités favorables, mais envisager aussi les difficultés de toutes sortes, nous bien préparer à faire face aux plus grandes difficultés possibles. C’est seulement ainsi que nous pourrons rester invincibles.
La lutte que le peuple révolutionnaire mène contre l’impérialisme et la réaction est ardue et complexe, et la victoire est impossible sans grands sacrifices. La voie de la révolution n’est pas sans vicissitudes, parfois y surgissent difficultés et revers, et certains détours ou replis provisoires sont parfois nécessaires. Quand se présente une situation défavorable, il est plus indispensable encore pour le peuple révolutionnaire de s’en tenir fermement au principe stratégique général pour vaincre l’ennemi, s’il veut faire progresser la lutte et transformer la situation à son avantage.
Si on n’ose mépriser l’ennemi du point de vue stratégique, non seulement perdra-t-on la volonté révolutionnaire dans une situation défavorable, mais, de ce fait, on n’osera pas, même dans une excellente situation révolutionnaire, profiter de l’occasion pour remporter la victoire, et de la sorte la cause révolutionnaire en souffrira.
D’autre part, c’est précisément parce que la voie de la révolution est sinueuse qu’il faut tenir pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique ; la légèreté et l’imprudence dans la lutte concrète nuiraient également à la révolution.
Mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et en tenir pleinement compte du point de vue tactique doivent être liés de façon dialectique. C’est là un important principe marxiste-léniniste. Tous ceux qui veulent vraiment la révolution et remporter la victoire doivent adopter cette attitude envers l’ennemi. Il n’y a pas et il ne peut y en avoir d’autres.
Si, dans la lutte révolutionnaire, on s’écarte de ce principe marxiste-léniniste, on versera dans l’opportunisme, sous l’une ou l’autre de ses formes. Si l’on tient pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique, mais n’ose le mépriser du point de vue stratégique, on versera inévitablement dans l’opportunisme de droite. Si l’on méprise l’ennemi tant du point de vue stratégique que tactique, on versera inévitablement dans l’aventurisme « de gauche ». Si l’on n’ose mépriser l’ennemi du point de vue stratégique et que l’on n’en tienne pas pleinement compte du point de vue tactique, on versera dans l’opportunisme de droite sur le plan stratégique et l’aventurisme « de gauche » sur le plan tactique.
Voilà les conclusions que le peuple chinois a tirées de la longue expérience, faite de succès et de revers, qu’il a accumulée par sa lutte révolutionnaire prolongée. C’est seulement en méprisant l’ennemi du point de vue stratégique, en tenant pleinement compte du point de vue tactique et en liant étroitement les deux que l’on peut s’assurer l’initiative et frapper victorieusement l’ennemi jusqu’à sa défaite totale.
Mépriser l’ennemi du point de vue stratégique est une condition préalable essentielle pour en tenir pleinement compte du point de vue tactique. La tactique est régie par la stratégie. Dans la lutte concrète, les tactiques, malgré leur variété, qui est dictée par la diversité des situations, ont toutes la défaite de l’ennemi pour but final si l’on n’ose mépriser l’ennemi du point de vue stratégique, et ne considère pas l’impérialisme et les réactionnaires comme des tigres en papier.
Ou bien on abandonnera la lutte révolutionnaire, en faisant compromis et accommodements unilatéraux avec l’ennemi jusqu’à la capitulation honteuse, ou bien on adoptera des mesures à la légère, imprudemment et d’une façon aventuriste, dans une lutte concrète donnée. Il va sans dire que, dans chacun de ces deux cas, il ne pourrait nullement être question de tenir pleinement compte de l’ennemi du point de vue tactique. Ce n’est donc qu’en méprisant effectivement l’ennemi du point de vue stratégique que l’on pourra effectivement en tenir pleinement compte du point de vue tactique.
Le monde actuel connaît toujours la contradiction fondamentale existant entre l’impérialisme et ses laquais d’une part, et les peuples du monde entier de l’autre. La lutte antiimpérialiste des peules continue à prendre de l’essor dans tous les pays.
Dans la lutte contre l’impérialisme et les réactionnaires, le danger principal réside dans la surestimation des forces de l’ennemi et la sous-estimation des forces du peuple. Ne pas oser considérer l’impérialisme et les réactionnaires comme des tigres en papier revient à ne pas oser mépriser l’ennemi du point de vue stratégique ni étaler sous les yeux des peuples du monde la nature même de l’impérialisme et des réactionnaires, ni mener contre ceux-ci une lutte résolue et conséquente. C’est là de l’opportunisme de droite. Liquider l’influence de l’opportunisme de droite parmi les grandes masses populaires, les aider à discerner la nature même de l’impérialisme et des réactionnaires, réaffermir leur confiance et leur détermination révolutionnaires, voilà la tâche de tous les marxistes-léninistes et de tous les révolutionnaires.