L’effondrement au Sud-Ouest des armées nazies assit celui au Nord. La ville de Leningrad, qu’Adolf Hitler entendait entièrement raser avec l’appui finlandais, sortit le 27 janvier 1944 d’un siège de 872 jours, avec un blocus terrible. Un million d’habitants est mort de faim.
La ville était cernée par la Finlande au Nord, par les armées nazies au sud, alors qu’une poche se maintenait isolée à l’Ouest et qu’une autre poche existait à l’Est, elle seule reliée au reste de l’URSS.
Tanya Savicheva, né le 23 janvier 1930, écrivit un petit journal de bord ; elle décédera de tuberculose après l’évacuation, le 1er juillet 1944. Sur l’un des feuillets on lit : Jenya est morte le 28 décembre à midi, 1941
Grand-mère est morte le 25 janvier à trois heures, 1942
Leka est morte le 17 mars 1942, à cinq heures le matin, 1942
Oncle Vasya est mort le 13 avril à deux heures le matin, 1942
Oncle Lesha le 10 mai, à quatre heures de l’après-midi, 1942
Maman le 13 mai à 7h30 le matin, 1942
Les Savichev sont morts
Tout le monde est mort
Il ne reste que Tanya
Un exemple d’héroïsme se déroula à l’Institut de production végétale, qui disposait d’un très grand fond de graines spécialisées mais que les employés refusèrent catégoriquement d’utiliser pour se nourrir, afin de servir la science. 28 d’entre eux moururent de faim.
La libération de Leningrad rentre dans le cadre d’une vaste offensive menée sur tout le front, divisée en dix opérations qui furent surnommées les dix attaques de Staline, celui-ci ayant employé l’expression des « dix coups » lors du 27e congrès des députés du Soviet de Moscou, en novembre 1944.
L’URSS dispose en janvier 1944 de 6,5 millions de soldats, de 5 600 tanks, de 8 800 avions, contre 4,3 millions de soldats aux forces de l’Axe, 2 300 tanks, 3 000 avions. L’Allemagne nazie a perdu, alors que de toutes façons les États-Unis et les Britanniques, avec les Français, ont également débarqué en Sicile en juillet 1943, prolongeant par le débarquement en Normandie en juin 1944.
Les dix coups emportèrent littéralement les armées nazies. L’opération Bagration marqua un parcours de 600 km sur une ligne de front de 1000 km, en deux mois, provoquant le plus grand désastre qu’ait connu l’armée allemande, avec pratiquement 300 000 tués et toute l’armée nazie du centre structurellement anéantie.
En août 1944, la route menant à Berlin était ainsi ouverte ; le nom de l’opération faisait référence au prince géorgien Pyotr Bagration (1765-1812), qui fut un général russe lors des guerres napoléoniennes.