Le soutien de la Chine populaire au Vietnam dans sa lutte de libération fut immense ; il se conclut cependant par une guerre sino-vietnamienne, alors que le Vietnam était devenu un satellite soviétique et avait pris le contrôle du Cambodge.
Avant même 1949, l’Armée Populaire de Libération et le Vietminh avaient mené des opérations militaires coordonnées contre les forces coloniales françaises. Lorsque le Vietminh passa à la guerre ouverte avec la France en 1946, il y eut une unité de guérilla sino-vietnamienne opérant à la frontière commune des deux pays, avant que l’Armée Populaire de Libération allant à la victoire parvienne dans la zone et épaule le Vietminh directement.
Le Sud de la Chine devint de facto une base arrière pour le Vietminh, 20 000 soldats du Vietminh y étaient formés et équipés, alors que plus de trente ouvrages de stratégie communiste chinoise furent traduits en vietnamien. La Chine populaire devint le premier pays à reconnaître la République Démocratique du Vietnam, ce dernier reconnaissant la Chine populaire dans la foulée, avec échange immédiat d’ambassadeurs. Ho Chi Minh vint à Pékin au début de l’année 1950.
La Chine populaire fournit au Vietminh environ 30 tonnes de matériel militaire en 1951, 250 tonnes en 1952, 750 en 1953, alors que pour la bataille de Diên Biên Phu en 1954 il y eut une grande vague de matériel soviétique et chinois fourni, avec également des ingénieurs chinois aidant à la réalisation des tranchées et des tunnels et des centaines de défenses anti-aériennes chinoises essentielles dans la bataille, accompagnées de conseillers chinois.
La Chine populaire fit ainsi partie des pays présents à la conférence de Genève de 1954 sur la Corée et le Vietnam, où le secrétaire d’État américain Dulles refusa de serrer la main au ministre des affaires étrangères chinois Zhou Enlai.
Comme après 1956, l’URSS se désengageait de son soutien au Nord-Vietnam en prônant le statu quo, la Chine populaire intensifia son engagement dans le domaine militaire, notamment à partir de l’intervention américaine toujours plus massive. La Chine populaire fournit des ingénieurs du rail pour la mise en place de voies ferrées pour le transport des troupes vietnamiennes vers le sud et l’arrivée de matériel depuis la Chine, ainsi que des unités anti-aériennes en masse avec du personnel conseiller.
Il y eut également la mise en place par la Chine populaire de lignes téléphoniques en masse au Nord-Vietnam, des millions des pièces d’armement de fournies, plusieurs centaines de milliers de soldats chinois étant actifs en rotation au Nord-Vietnam.
Cependant, l’URSS cherchait à tout prix à obtenir la main-mise sur la direction vietnamienne, parvenant à imposer la fourniture de matériel lourd (missiles SAM-7, avions MIG-17, etc.), ce qui aboutit à une sorte de lutte de deux lignes aux contours largement indéfinis. C’est en raison de cette situation qu’Ernesto Che Guevara, qui était centriste comme Ho Chi Minh et se mettait de côté dans la polémique sino-soviétique, affirma que le Vietnam serait tragiquement seul.
Guevara recevait la critique chinoise de l’URSS, mais tout autant la désinformation soviétique sur la Chine populaire, et il ne voyait pas que les aides étaient en réalité massives mais foncièrement différentes dans leur nature, la Chine populaire poussant à la victoire totale par la mobilisation de masses et l’URSS par une sortie négociée avec une partition et l’établissement d’un régime par en haut.
Des militaires chinois de haut rang vinrent d’ailleurs au Nord-Vietnam entre octobre 1974 et mars 1975, alors que la victoire allait être complète, Saïgon tombant en avril. Cependant, l’URSS avait réussi son opération et il y eut immédiatement la mise en place d’une approche bureaucratique au Vietnam, se concrétisant par des visées expansionnistes sur le Laos, qui passa sous sa coupe en 1977, et le Cambodge.
Ce dernier pays bascula alors dans une fuite en avant racialiste anti-vietnamienne sous la conduite des khmers rouges, avec une situation de quasi guerre avec le Vietnam.
Le 3 novembre 1978, le Vietnam signa avec l’URSS un traité d’amitié et de coopération de 25 ans ; un mois après il envahit le Cambodge, où il établit un régime qui lui soit soumis. Dans la foulée se produit une courte guerre sino-vietnamienne au début de l’année 1979, dans un cadre de tensions extrêmes.
Lorsque l’URSS envahit l’Afghanistan en 1979, la Chine se voit ainsi littéralement encerclée, alors que l’URSS transforma la base maritime de la Baie de Cam Ranh en l’agrandissant jusqu’à atteindre 100 kilomètres carrés.