De 1970 à 1985, l’Albanie construisit 600 000 petits bunkers à travers tout le pays, pour parer à une invasion du Pacte de Varsovie. C’était là la conséquence directe de l’invasion de la Tchécoslovaquie en 1968.

Un exemple de bunker albanais

Un exemple de bunker albanais

L’Albanie s’était en effet placée dans une situation inextricable. A la base, ce pays, dont le dirigeant était Enver Hoxha, avait dénoncé le « révisionnisme » soviétique après la mort de Staline – c’était en fait le masque du nationalisme albanais et une ligne choisie en raison de la modification du rapport à la Yougoslavie.

La Yougoslavie titiste avait été dénoncé par l’URSS de l’époque de Staline et cela protégeait l’Albanie, car il y avait eu la tentative d’intégrer de force celle-ci à la Yougoslavie. La victoire du révisionnisme en URSS normalisait les relations soviéto-yougoslaves – cela présentait donc un risque énorme pour l’Albanie, dont les longues frontières étaient principalement avec la Yougoslavie, et sinon avec la Grèce seulement.

À cela s’ajoutait la question du Kosovo, région de Yougoslavie peuplée en grande majorité d’Albanais, mais un lieu de haute symbolique pour les Serbes.

Enver Hoxha, le dirigeant de l’Albanie et praticien d’un nationalisme identitaire parallèle à celui de Nicolae Ceaușescu

Enver Hoxha, le dirigeant de l’Albanie et praticien d’un nationalisme identitaire parallèle à celui de Nicolae Ceaușescu

Cependant, l’intervention militaire du Pacte de Varsovie bouleversait la situation. Car, de manière pragmatique, l’Albanie n’était pas sorti du Pacte de Varsovie malgré sa rupture avec l’URSS et le bloc de l’Est.

L’arrière-pensée derrière cela, c’est que si la Yougoslavie attaquait l’Albanie, celle-ci pouvait encore en appeler au Pacte de Varsovie – même si lors des réunions de celui-ci, depuis 1961, il y avait à chaque fois une place vide avec le petit drapeau de l’Albanie.

Or, la chose se retournait maintenant totalement en son contraire. En faisant encore partie du Pacte de Varsovie, il y avait une base légale pour une invasion de la part de celui-ci. Comme la situation était explosive avec le soutien de la Yougoslavie à la Tchécoslovaquie, une invasion de la Yougoslavie pouvait déboucher sur une invasion de l’Albanie.

Par conséquent, dès l’invasion de la Tchécoslovaquie, l’Albanie cessa la propagande critique envers la Yougoslavie et se mit immédiatement en rapport avec celle-ci. La question d’une intervention militaire du Pacte de Varsovie devint prépondérante pour les deux pays.

En décembre 1968, la Yougoslavie accorda une plus grande autonomie au Kosovo, puis les rapports diplomatiques albano-yougoslaves furent normalisées en février 1971.


Revenir en haut de la page.