L’alimentation est un élément essentiel de notre vie quotidienne et sa production se place dans le rapport entre les villes et les campagnes, depuis que le capitalisme a arraché la société au moyen-âge.
Or, cela signifie que ce thème devient primordial à une époque où le capitalisme, en crise, régit de manière toujours plus violente les rapports sociaux et donc également la contradiction villes-campagnes.
L’affaire du Fipronil retrouvé dans les œufs est ici exemplaire de cela, de par son opacité, la dimension de l’empoisonnement, le caractère industriel de la production décidée de manière chaotique par le capitalisme ne raisonnant qu’en termes de profit.
Dans tous les aspects de cette affaire, le capitalisme prouve qu’il a fait son temps et c’est une preuve de plus de la crise profonde qui caractérise l’utilisation sans commune mesure d’animaux dans l’industrie.
Le Fipronil est en effet un traitement pesticide utilisé sur les animaux contre les poux, les tiques, les acariens et les puces.
Il appartient à la société allemande BASF, mais a été conçu à l’origine par une société française en 1993. Il est présent dans de nombreux produits antiparasitaires pour animaux de compagnie et dans certains produits comme les anti-termites ou les anti-fourmis.
Pour des raisons de sécurité, l’Union Européenne a cependant interdit l’utilisation du Fipronil sur les animaux destinés à la consommation (directe ou indirecte, à partir du moment où ils entrent dans la chaîne alimentaire).
Le Fipronil est considéré comme « modérément toxique » pour l’Homme par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) ; il est dangereux surtout s’il est absorbé en grande quantité.
Or, au mois de juin 2017, les autorités belges ont été officiellement alertées par un exploitant agricole sur la présence de Fipronil. Les premiers cas ont été détectés le 19 juin, mais les autorités n’ont pas révélé l’affaire.
L’enquête de l’agence sanitaire belge a établi un lien avec une entreprise basée aux Pays-Bas, ChickFriend. C’est une société spécialisée dans le traitement des animaux d’élevage qui a été appelée par plusieurs exploitations dont les poules avaient des poux rouges, ce qui est très courant dans les gros élevages industriels.
Elle est accusée d’avoir mélangé du Fipronil à un produit légal pour augmenter la durée de son efficacité.
En l’espace de trois ans, l’entreprise s’est largement imposée sur le marché néerlandais. Elle utilisait du Dega 16, présenté comme 100% naturel, alors qu’il contenait en fait du Fipronil.
L’intérêt pour les entreprises clientes était que le Dega 16 est efficace pendant environ huit mois, contre trois mois pour les solutions habituelles.
Ce désinfectant aurait été acheté à une autre entreprise du nord de la Belgique, Poultry-Vision. Les poules ainsi traitées produisent des œufs qui sont contaminés.
C’est seulement le 20 juillet 2017 que la Belgique a alerté officiellement l’Union Européenne sur la contamination d’oeufs. Le 1er août, les autorités néerlandaises ont annoncé que le Fipronil a été détecté dans des centaines de milliers d’œufs et que des dizaines d’élevages de volaille sont bloqués. D’après les autorités belges, les Pays-Bas avaient déjà été alertés de la présence de Fipronil dans des œufs en novembre 2016.
Quinze pays de l’Union européenne sont concernés par les œufs contaminés au Fipronil : la Belgique, les Pays-Bas, l’Allemagne, la France, la Suède, le Royaume-Uni, l’Autriche, l’Irlande, l’Italie, le Luxembourg, la Pologne, la Roumanie, la Slovaquie, la Slovénie et le Danemark. La Suisse et Hong Kong sont aussi concernés.
Selon le ministre de l’Agriculture français, 250 000 œufs ont été « mis sur le marché » en France depuis le mois d’avril. Les autorités allemandes estiment qu’au moins trois millions d’œufs contaminés ont été livrés dans le pays en provenance des Pays-Bas.
La Belgique a retiré préventivement et en toute discrétion des œufs du marché dès le mois de juillet. Le 10 août, la Roumanie a annoncé la découverte d’une tonne de jaunes d’œufs liquides contaminés au Fipronil.
Depuis le début du scandale, plusieurs millions d’œufs ont été détruits : cela témoigne de la catastrophe industrielle que cela représente. L’affaire du Fipronil montre que les capitalistes sont prêts à contourner les lois pour faire du profit, que les institutions ne maîtrisent rien dans le contrôle.
Le capitalisme relève du gâchis, sa production est chaotique, sa logique tout simplement criminelle.
Pour faire bonne figure, les Etats ont dû réagir. Deux dirigeants de l’entreprise ChickFriend ont été arrêtés aux Pays-Bas suite à des perquisitions menées le jeudi 10 août.
Les premières perquisitions ont aussi été menées en Belgique en juillet au sein de la société Poultry-Vision. Plus de 6000 litres de produits interdits y ont été saisis.
Les deux dirigeants arrêtés ont 24 et 31 ans. L’un des deux est connu pour avoir souvent donné « des coups de main » dans des élevages, le second est diplômé d’agronomie. Ils ont comparu à huis-clos mardi 15 août 2017. La Justice néerlandaise a maintenu leur détention préventive pour deux semaines.
Le 15 août, l’agence fédérale pour la sécurité de la chaîne alimentaire (Afsca) a indiqué avoir trouvé des œufs contaminés au Fipronil dans quelques magasins. Ils n’avaient pas été retirés alors qu’ils auraient dû l’être :
« Dans un nombre limité d’entreprises, il est apparu que les œufs avaient été insuffisamment retirés des rayons. »
Dans le même temps, assumant totalement la violence des rapports sociaux capitalistes comme relevant de l’ordre « naturel » des choses, devant la commission Economie et Santé publique, Denis Ducarme, ministre MR de l’agriculture (qui a la tutelle de l’Afsca) et Maggie De Block, ministre VLD de la Santé couvrent leurs administrations : ni l’Afsca, ni le gouvernement belge, ni eux-mêmes, bien entendu, n’ont la moindre responsabilité dans ce qui est présenté comme un simple incident de parcours relevant de la négligence et du laxisme des seules autorités des Pays-Bas.
A l’époque du capitalisme en crise, les individus sont prisonniers d’une barbarie où la vie elle-même est niée ; où, pour des questions de rentabilité, il est « avantageux » − à l’instar de cet éleveur d’Houffalize, Christophe Bastin − de gazer massivement 36 000 poules contaminées par le Fipronil. Et pour quoi cela ? Parce que le délai de 4 à 6 semaines nécessaire a l’élimination « naturelle » du Fipronil par l’organisme des animaux est matériellement intenable pour lui.
Alors que la Terre subit une agression générale, avec les destructions insensées sur une échelle gigantesque, que la vie de milliards d’êtres vivants n’est tout simplement pas prise en compte, nous tenons à exprimer ici notre rage et notre haine contre les organisateurs de l’écocide auquel fait face la Biosphère.
Néanmoins, nous sommes confiants en le fait que les masses, guidées par la classe ouvrière de chaque pays, feront la révolution mondiale et reconnaîtront la Biosphère, comme le matérialisme dialectique l’exige.
Alors l’humanité unifiée dans la république socialiste mondiale n’aura plus besoin de la viande produite à l’échelle industrielle, comme elle n’aura plus besoin du nucléaire et des usines d’armement.
Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste [Belgique]
20 août 2017