PREFACE

De la trahison par les dirigeants du P.O.B. (Parti Ouvrier Belge) des grandes grèves d’avant la première guerre mondiale, aux trahisons de Spaak, Président du Conseil de l’O.T.A.N., l’histoire du réformisme en Belgique – et dans les autres pays il a joué et joue le même rôle – constitue une suite continue de forfaitures contre les travailleurs.

Carte postale de la Fédération bruxelloise du PC-Grippa – 1964

Ne citons que les événements les plus saillants de cette fresque de la félonie.

Les dirigeants réformistes poussent les travailleurs à la boucherie impérialiste de 1914-1918.

Au lendemain de la première guerre mondiale, ils trahissent la révolution au nom du suffrage universel.

Ils sont les hérauts de la politique d’étranglement de la République Espagnole, de la reconnaissance de Franco et de la politique « de Münich » qui allait inévitablement conduire à la deuxième guerre mondiale.

En 1940, le P.O.B. est dissous par son président, collaborateur des nazis, Henri De Man. Pendant l’occupation la plupart de ses dirigeants se réfugient dans l’attentisme anglophile et pro-américain, pour autant qu’ils n’aient pas été peu ou prou « kollaborateurs » à la suite de leur président.

Après la deuxième guerre mondiale, ils sont les protagonistes actifs – et les plus indispensables pour la classe dominante, pour les trusts et les monopoles – de la restauration du pouvoir bourgeois. Ils deviennent d’emblée les porte-parole de l’impérialisme américain qui a pris la relève de Hitler.

Ils sabotent les grandes luttes des masses laborieuses en 1950 et en 1960-61 comme ils s’opposent aux mouvements revendicatifs des travailleurs.

Depuis le début de la crise générale du capitalisme, depuis la victoire de la première révolution prolétarienne, de la révolution russe, ils se caractérisent par l’anticommunisme le plus rabique : ils sont constamment aux côtés des contre-révolutions partout dans le monde, ils soutiennent activement l’exploitation et l’oppression colonialistes – notamment au Congo.

Kautsky, Noske, Henderson, Turati, Léon Blum, De Man, Willy Brandt, Wilson, Saragat, Spaak, Guy Mollet ou Defferre, ont illustré jadis ou illustrent aujourd’hui le fait que le réformisme, toujours et partout, remplit le même rôle d’agent du capitalisme, de l’impérialisme.

Le Parti Socialiste Belge, parti de la bourgeoisie au sein de la classe ouvrière

Au cours de ces dernières années, le Parti « Socialiste » Belge (P.S.B.) a continué à faire d’une façon éclatante la démonstration, toujours plus ouvertement cynique, qu’il est un parti clé la bourgeoisie et le principal soutien politique de l’impérialisme américain en Belgique.

La politique du P.S.B., c’est l’application de la « loi unique » contre laquelle se dressèrent un million de grévistes en 1960-61.

La politique du P.S.B., c’est le nouvel arsenal des lois anti-grèves, anti-ouvrières, c’est le renforcement de la gendarmerie, de l’Etat bourgeois unitaire.

La politique du P.S.B., c’est le dépérissement de la Wallonie, c’est le sous-développement chronique de plusieurs régions flamandes, c’est l’application de multiples vexations, brimades, mesures d’oppression contre le peuple wallon, le peuple flamand et la population bruxelloise.

La politique du P.S.B., c’est la vie chère, c’est l’index truqué, c’est la dégradation du niveau de vie des travailleurs.

La politique du P.S.B., c’est la fiscalité réactionnaire toujours plus lourde pour les travailleurs.

La politique du P.S.B., c’est le muselage de la F.G.T.B. par les bonzes syndicaux, c’est la « programmation » avec le patronat contre les travailleurs.

La politique du P.S.B., c’est la trahison nationale, c’est l’établissement de bases allemandes et de bases atomiques en Belgique.

La politique du P.S.B., c’est celle de l’O.T.A.N., c’est la participation directe et indirecte à toutes les entreprises de ce Pacte agressif et contre-révolutionnaire au service de l’impérialisme américain.

La politique du P.S.B., c’est le budget de guerre sans cesse accru.

La politique du P.S.B., c’est l’appui au militarisme revanchard ouest-allemand, fidèle allié et principale tête de pont en Europe de l’impérialisme américain.

La politique du P.S.B., c’est le soutien actif des agressions des yankees nazis contre le Vietnam, contre le Laos, contre Cuba, contre la République Dominicaine, contre la République Populaire de Chine, contre le Congo, contre le Rwanda, le Burundi et combien d’autres peuples et nations encore.

La politique du P.S.B., c’est la sale guerre coloniale contre le peuple congolais.

LA POLITIQUE DU P.S.B., C’EST L’APPLICATION EN BELGIQUE DES DÉCISIONS DICTATORIALES DE L’IMPÉRIALISME AMERICAIN, ENNEMI N°1 DES PEUPLES DU MONDE ENTIER, ET DE SES ACOLYTES, LES CENT MAGNATS DE LA HAUTE FINANCE BELGE.

Crise du réformisme

La crise générale du capitalisme s’approfondit à l’échelle mondiale.

Les victoires des révolutions socialistes et du mouvement révolutionnaire de libération nationale – partie intégrante, à notre époque, de la révolution prolétarienne mondiale – portent des coups sévères à l’impérialisme.

Dans les pays capitalistes industrialisés, les luttes de la classe ouvrière, des masses laborieuses, connaissent un nouvel éveil.

Les contradictions inter-capitalistes, inter-impérialistes s’aggravent.

L’impérialisme américain, principal gendarme international, qui vise à la domination mondiale, voit se dresser contre lui un nombre croissant de peuples et nations, toujours plus décidés.

Les peuples et nations de la zone des tempêtes révolutionnaires, en Asie, en Amérique latine, en Afrique, lui portent des coups directs.

L’opposition à la domination américaine grandit dans les pays capitalistes. Ainsi l’impérialisme américain, ses alliés, ses agents, se trouvent de plus en plus isolés.

En Belgique, l’approfondissement de la crise générale du capitalisme a des répercussions de plus en plus profondes.

Ces répercussions diminuent les possibilités de manœuvres du grand Capital. Elles réduisent les possibilités de corruption de la couche de l’aristocratie ouvrière au sein de laquelle le réformisme établit sa base sociale par où se diffuse son idéologie. La grande masse des opprimés, toujours plus exploités, rejette avec une conscience croissante, la collaboration de classes.

L’approfondissement de la crise générale du capitalisme entraîne l’aggravation de la crise du réformisme qui est obligé de se démasquer toujours plus.

Des travailleurs toujours plus nombreux répudient le P.S.B.

Il ne fallait certes pas s’attendre à ce que la prise de conscience par tous ces travailleurs de la nature réelle de l’essence de la trahison réformiste soit immédiatement totale : cette prise de conscience est un processus, le processus de la connaissance du réformisme, par la théorie et par la pratique de la lutte de classes.

Ce processus amène à coup sûr les travailleurs d’avant-garde les plus conscients au marxisme-léninisme, à l’adhésion au parti marxiste-léniniste, à notre Parti Communiste.

Mais il n’est pas étonnant que pour beaucoup ont subsisté pendant longtemps les illusions d’un « redressement » intérieur du P.S.B., illusions entretenues par les dirigeants de la « gauche » socialiste, que l’on retrouve aujourd’hui soit à la direction de l’U.G.S. (Union de la Gauche Socialiste) et du P.W.T. (Parti Wallon des Travailleurs) soit parmi ceux qui ont réaffirmé leur allégeance au P.S.B.

Le développement de la lutte de classes, l’expérience acquise au cours de cette lutte, ont entraîné le discrédit croissant du P.S.B. et ont détruit toujours plus les vains espoirs en ce « redressement » de la social-démocratie, redressement intérieur que la connaissance théorique de la nature du réformisme démontre être impossible.

En prenant des mesures coercitives contre certains représentants de la gauche socialiste, les dirigeants du P.S.B. se sont encore plus démasqués. Le courant de désaffection à l’égard du P.S.B. s’accélérait. La création de nouvelles formations politiques – U.G.S. à Bruxelles, P.W.T. en Wallonie – allait un moment capter une partie de ce courant de travailleurs hostiles au réformisme spaakiste.

La rupture complète avec le réformisme eut été l’adoption de positions révolutionnaires conséquentes, marxistes-léninistes, idéologiquement, politiquement et organisationnellement.

C’est pourquoi nous avons dit que la création de tels partis « socialistes de gauche » n’était ni nécessaire, ni indispensable : le parti d’avant-garde révolutionnaire marxiste-léniniste existe, c’est le nôtre.

Néanmoins, la création d’un parti réalisant une rupture, même incomplète, avec le réformisme aurait pu être un fait positif reflétant une phase du processus de la prise de conscience révolutionnaire.

Mais les faits ont démontré que cette hypothèse ne se réalise pas. Il n’y eut aucune rupture avec le réformisme. La plupart des dirigeants de ces deux nouvelles formations se contentent de faire certaines critiques superficielles de la politique du P.S.B. et donnent surtout un autre habillage au réformisme.

Dès lors, si cette orientation devait persister, l’entreprise serait néfaste. Elle constituerait pratiquement, objectivement, une tentative de diversion et de duperie à l’égard des travailleurs.

A Bruxelles, la direction de l’U.G.S. est complétement sous l’influence trotskiste.

En Wallonie, le P.W.T. est en pleine incohérence politique et organisationnelle. Le P.W.T. est constitué par des régionales indépendantes, se présentant plutôt comme des « mouvements » aux contours politiques mal définis, se revendiquant d’un travaillisme englobant des cadres chrétiens.

Les lignes et les conceptions de ces régionales, quoique différentes dans leurs modalités, sont toujours d’orientation générale réformiste.

A Liège et à Verviers, cependant, le P.W.T. affirme certaines positions de lutte – pas toujours conséquentes, malheureusement – pour le fédéralisme. Et ce, malgré les pressions de dirigeants syndicaux affiliés au P.W.T., dirigeants réputés de « gauche », totalement réformistes en fait.

Il est caractéristique que, précisément à Liège et à Verviers, le P.W.T. n’a pas fait cartel avec les révisionnistes khrouchtchéviens : là où il reste une certaine orientation de lutte contre l’oppression capitaliste, même sous un aspect partiel, l’accord avec les khrouchtchéviens devient impossible.

Partout ailleurs, la direction du P.W.T. s’est disqualifiée avec une rapidité stupéfiante. Elle s’est, ainsi que celle de l’U.G.S., acoquinée avec le parti khrouchtchévien de Burnelle et consorts.

Le Parti révisionniste trahit la lutte de classe en Belgique

Énumérer les trahisons de ce parti révisionniste prendrait des volumes. Dans « Marxisme-léninisme ou révisionnisme », dans notre hebdomadaire « La Voix du Peuple », un nombre énorme d’exemples ont été donnés qui ont démontré que le parti khrouchtchévien est un auxiliaire du capitalisme, qu’il est un porte-parole docile en Belgique des directives de collaboration de classes à l’échelle internationale avec l’impérialisme américain, directives données par Khrouchtchev d’abord, par ses successeurs ensuite. L’ambition de ce parti est de ramener au P.S.B. les travailleurs qui s’en sont écartés ; et aussi de démontrer à Spaak et au P.S.B. que ses conseils pourraient leur être utiles pour continuer à mener leur sale besogne contre les travailleurs.

Citons quelques faits.

Lors de la grande GREVE DU MILLION, les révisionnistes condamnent le projet de marche sur Bruxelles, le projet d’abandon de l’outil, ils poussent des militants syndicaux communistes à devenir des briseurs de grève ; ils se désolidarisent, en pleine grève, des grévistes qui résistent aux provocations et attaques de la gendarmerie près de la gare des Guillemins, à Liège.

En matière de REVENDICATIONS OUVRIERES, ils pratiquent constamment la division afin d’empêcher la constitution de l’unité d’action de tous les salariés et appointés contre les attaques du Capital. Ainsi ils opposent leur mot d’ordre « contre le blocage des salaires » au mot d’ordre des « 10 % d’augmentation », mot d’ordre sur lequel se sont battus à juste titre des centaines de milliers de travailleurs au cours des derniers dix-huit mois.

Ils opposent les revendications catégorielles aux revendications interprofessionnelles dans l’espoir de désamorcer les mouvements généraux de la classe ouvrière et, en fin de compte, d’isoler et de faire échouer même les luttes catégorielles.

Ils sont des propagandistes de la programmation sociale capitaliste.

Ils déclarent soutenir inconditionnellement les bonzes syndicaux réformistes. Ils approuvent notamment les accords de trahison conclus récemment dans les fabrications métalliques.

Ils sont haineusement CONTRE L’ACTION DIRECTE à laquelle ils veulent substituer « la négociation la plus sereine possible » avec le patronat et les représentants de l’Etat bourgeois contre les travailleurs.

Faut-il s’étonner dès lors qu’ils n’aient mené aucune action contre les lois antigrèves, s’en remettant aux décisions du Parlement bourgeois ? Ils ne peuvent pas être contre le projet antigrève Servais, car les khrouchtchéviens sont inconditionnellement pour le référendum que Servais veut rendre obligatoire afin de paralyser les luttes ouvrières.

Ils sont le cheval de Troie de l’Etat bourgeois unitaire dans les rangs fédéralistes : pour Burnelle, les Etats fédérés n’auraient aucuns pouvoirs puisque toute la politique, intérieure et extérieure, ne serait pas de leur compétence.

Nous disons, nous, qu’il ne peut y avoir d’auto-détermination du peuple flamand, du peuple wallon et de la population bruxelloise si, par exemple, la Belgique toute entière reste dans les fers de l’Europe des trusts et de l’OTAN.

Le Parti révisionniste de Belgique trahit la lutte de classe à l’échelle internationale

En 1960, les révisionnistes ont « toléré » la présence de troupes belges au Congo afin d’y ramener le « calme » colonialiste.

Ils ont été les premiers à préconiser l’intervention au Congo de l’O.N.U., cet instrument de l’impérialisme américain. C’est cette intervention qui a coûté la vie à Patrice Lumumba et à ses compagnons, qui a servi pendant des années à l’action des colonialistes américano-belges contre le peuple congolais.

Ils ont tantôt ménagé Tshombé en préconisant le cessez-le-feu au Katanga en décembre 1962, et simultanément ils ont appuyé Adoula, ce fantoche des Américains.

En toutes circonstances, ils sont les PROTAGONISTES DU NEO-COLONIALISME AMERICAIN au Congo et ailleurs.

Kennedy, puis Johnson, ces dirigeants de l’impérialisme yankee, principale force d’agression et de guerre dans le monde, sont glorifiés par eux comme de « sages » et « raisonnables » « défenseurs de la paix ».

L’élection de Johnson, chef de l’exécutif des nazis yankees, responsable des crimes de guerre au Vietnam, au Congo, et maintenant à Saint Domingue, est pour eux le résultat d’un « grand mouvement de la pensée populaire aux U.S.A. » et ils avouent cyniquement que « les idées des 20e et 22e Congrès du P.C.U.S., les voyages de Mikoyan et Khrouchtchev, y ont contribué ».

Agents en Belgique du chauvinisme de grande puissance des révisionnistes d’Union. Soviétique, avec ou sans Khrouchtchev, ils ont appuyé les projets – d’ailleurs mis en échec – de sacrifier la souveraineté de CUBA et ce pays socialiste lui-même.

Ils sont CONTRE L’INTERDICTION COMPLÈTE ET LA DESTRUCTION TOTALE DES ARMES ATOMIQUES.

Ils appuient sans réserve le « Traité de Moscou » qui prétendait légaliser l’hégémonie et le chantage nucléaires américains avec la collaboration révisionniste.

Faut-il s’étonner dès lors qu’ils s’opposent aux mots d’ordre « Quittons l’OTAN ! » et « réduction de 10, ou maintenant 15 milliards de dépenses militaires » au nom de la collaboration de l’OTAN et du Pacte de Varsovie, collaboration baptisée « pacte de non-agression », La sortie de la Belgique de l’OTAN, pour eux, maintenant, c’est un problème à examiner … en 1969 !

Lorsque le groupe de Khrouchtchev prit d’odieuses mesures de blocus économique contre la République Populaire de Chine et la République Populaire d’Albanie, souhaitant mettre les peuples de ces deux pays à genoux en y provoquant la famine, la clique révisionniste des Burnelle, Terfve, Blume et consorts applaudit et répandit des flots de calomnies contre les héroïques peuples chinois et albanais, contre les glorieux partis frères, le Parti Communiste Chinois et le Parti du Travail d’Albanie, et leurs dirigeants.

Lorsque la bourgeoisie réactionnaire indienne passa à l’agression militaire ouverte contre la République Populaire de Chine, les révisionnistes belges prirent inconditionnellement le parti des agresseurs indiens qui étaient armés à la fois par l’impérialisme américain et par les khrouchtchéviens soviétiques.

Les alliés révisionnistes de l’U.G.S. et du P.W.T. appuyèrent le scissionnisme de Khrouchtchev dans le mouvement communiste international et appuient actuellement le scissionnisme de ses successeurs.

En Belgique même, ils peuvent donner des leçons de scissionnisme et de méthodes anti-démocratiques, même aux dirigeants du P.S.B. !

En avril 1963, n’ont-ils pas fabriqué un Congrès entièrement truqué pour faire approuver des thèses et des statuts entièrement réformistes et contre-révolutionnaires, et pour « exclure » les marxistes-léninistes en refusant même, non seulement de les entendre, mais encore de les laisser pénétrer dans la salle du congrès !

Faut-il dire qu’avec une pareille politique et de pareilles méthodes, ce sont les révisionnistes qui se sont exclus du mouvement communiste international.

Ces derniers temps, ils atteignent de nouveaux sommets de l’ignominie en trahissant l’héroïque peuple vietnamien.

Ils ont fait l’éloge du discours de Johnson le 7 avril à Baltimore, en le présentant comme une victoire de l’opinion publique mondiale alors que cet odieux discours n’était autre chose que les conditions de la « pax americana » dans le sud-est asiatique.

Ils sont les propagandistes de la « négociation » pro-américaine, légalisant l’agression américaine en Indochine, l’occupation du Sud Vietnam par les impérialistes yankees. Cette négociation, le Front National de Libération du Sud Vietnam, le peuple vietnamien tout entier, la rejettent comme une trahison. Les khrouchtchéviens voudraient imposer la capitulation au peuple sud-vietnamien, alors que celui-ci est sur le point d’arracher la victoire totale en boutant dehors l’occupant nazi yankee.

Ils ont été jusqu’à présenter les gangsters de l’armée U.S.A. comme étant des VICTIMES du Front National de Libération du Sud-Vietnam (!)

Prendre conscience des dangers du réformisme

La bourgeoisie a bien reconnu les services de ce parti khrouchtchévien en lui attribuant la « qualité » et les avantages de parti « national », comme le P.S.C (Parti Social-Chrétien), le P.L.P. (Parti de la Liberté et du Progrès) et le P.S.B.

L’U.G.S. et le P.W.T. (ce dernier, sauf à Liège et Verviers) sont maintenant alliés avec ceux qui, il y a quatre mois à peine, les traitaient d’« irresponsables » et d’ « impuissants » et les condamnaient parce qu’ils refusaient de s’incliner devant les ukases du P.S.B.

Les membres de la base de l’U.G.S. et du P.W.T. ont-ils voulu une telle dégénérescence, de telles compromissions ? Nous sommes persuadés que non.

Nous examinons ci-après un projet de programme établi par la direction de l’U.G.S.

Nous croyons que celle analyse est une contribution sur le front théorique à la lutte anti-capitaliste, anti-impérialiste, que cette contribution aidera les membres de l’U.G.S., du P.W.T., d’autres encore, à prendre conscience des dangers du réformisme, sous quelque forme qu’il se présente.

Nous espérons que cette étude incitera des travailleurs d’avant-garde à rejoindre la lutte anti-capitaliste, anti-impérialiste conséquente menée par notre Parti sur la base du marxisme-léninisme.

Notre Parti, quant à lui, ne ménagera pas ses efforts pour réaliser l’unité d’action de la classe ouvrière sur les objectifs de la lutte anti-capitaliste, anti-impérialiste, pour souder la vaste alliance de combat de la classe ouvrière avec les autres couches de la population laborieuse, pour réaliser le programme de Front uni populaire.

Jacques GRIPPA, 15 mai 1965.

A PROPOS DE L’U.G.S.

Une polémique sur les principes contre une polémique déloyale

Nous reproduisons dans cette brochure le texte intégral d’un article d’Ernest Mandel paru dans « La Gauche » du 17 avril sous le titre « Polémiques déplacées »,

Examinons ici plus particulièrement l’« argumentation théorique » par laquelle Mandel prétend régler notre compte en 44 lignes…

Il dénonce notre « réformisme » en faisant par contre de Louis de Brouckère un théoricien marxiste, ou, si l’on préfère, de Rosa Luxembourg une révisionniste, ou encore de Lénine un trotskyste !

Notre plate-forme de Front Uni Populaire, en dix points, est qualifiée par Mandel de programme électoral, alors qu’il s’agit d’un programme de lutte globalisant les objectifs IMMEDIATS principaux pour lesquels nous appelons la classe ouvrière, les masses laborieuses de Belgique à mener quotidiennement, dès maintenant, concrètement le combat anticapitaliste, anti-impérialiste.

L’utilisation de ce programme au cours de la campagne électorale a la signification d’un appel à l’action qui seule permettra de faire triompher ces objectifs.

Par ce programme, nous dit Mandel, « vous vous rapprochez dangereusement de la pratique du réformisme ».

Curieux réformisme qui pratiquerait la solidarité totale avec le peuple vietnamien, avec le peuple congolais, avec les classes et peuples révolutionnaires.

Curieux réformisme qui mènerait la lutte contre l’impérialisme américain, pour l’indépendance nationale, pour que la Belgique quitte l’OTAN.

Curieux réformisme qui appellerait à l’action effective pour un programme revendicatif comprenant notamment les 10 %, les 40 heures, le service national de santé, etc…

Les réformistes s’opposent généralement ouvertement à de tels objectifs. Et si, devant la combativité des masses, ils font mine de temps à autre d’en adopter l’un ou l’autre, c’est pour en dénaturer la portée, l’édulcorer, c’est pour tromper les travailleurs, c’est pour tenter de saper, de saboter la lutte du peuple travailleur pour des objectifs valables.

Dans la situation actuelle en Belgique, c’est un aspect directement sensible, visible, de la trahison réformiste que son opposition à toute véritable action, que son sabotage de la lutte de la classe ouvrière, des masser, laborieuses pour des objectifs valables.

Et lorsque vient la situation révolutionnaire, les réformistes, toujours pour sauver le capitalisme, trahissant toujours la classe ouvrière, tentent alors de détourner les masses laborieuses du combat concret révolutionnaire pour le pouvoir, en fixant, de connivence avec la grande bourgeoisie, des « concessions » matérielles ou « démocratiques » laissant intact le pouvoir de la classe possédante et exploiteuse. Alors les révolutionnaires devront dénoncer à juste titre comme une trahison les tentatives réformistes de sauvetage du capital, consistant à fixer à ce moment des « revendications » qui ne seraient pas directement liées à l’objectif de la destruction de la machine d’Etat bourgeois et de l’instauration de la dictature du prolétariat.

OBJECTIFS IMMÉDIATS ET BUT FINAL

La preuve de notre « réformisme », selon Mandel, c’est que ces objectifs sont « parfaitement réalisables dans le cadre du régime capitaliste ».

Eh oui ! Effectivement ils seraient parfaitement réalisables dans le cadre du système capitaliste … dans la mesure où la classe ouvrière, les masses laborieuses, mèneront une action décidée. C’est pourquoi ce sont des objectifs immédiats de la lutte et non pas des objectifs plus éloignés. Il s’agit bien moins encore de notre but final, de la réalisation des tâches de la révolution socialiste et nous faisons tout le contraire que semer des illusions à ce sujet.

Et nous nous efforçons tous les jours de forger notre Parti, d’élever la conscience de la classe ouvrière, des masses laborieuses afin que le Parti, la classe, les masses, soient à même d’affronter victorieusement, le moment venu, les combats décisifs et de réaliser alors les tâches de la révolution socialiste.

Pour nous, même la simple lutte revendicative économique de la classe ouvrière a la portée que Marx avait déjà définie :

« Si la classe ouvrière lâchait pied dans son conflit quotidien avec le Capital, elle se priverait elle-même de la possibilité d’entreprendre tel ou tel mouvement de plus grande envergure. » (« Salaires, Prix et Profits ».)

Au cours de la lutte de classes incessante qui, pour l’instant, en Belgique se mène encore « dans le cadre du système capitaliste », se développent constamment la capacité combative du Parti, de la classe ouvrière, des masses laborieuses, leur conscience et l’organisation, nécessaires à la réalisation des actions révolutionnaires qui détruiront et le « cadre du système capitaliste » et le capitalisme lui-même.

LE PROGRAMME U.G.S., UN PROGRAMME ENTIÈREMENT RÉFORMISTE

Mandel et les dirigeants de l’« Union de la Gauche Socialiste » (U.G.S.) ne manquent pas d’impudence en portant contre nous l’accusation d’être des réformistes.

Examinons par exemple le projet de programme publié récemment par eux.

Certains points de notre programme immédiat de combat s’y retrouvent – très souvent édulcorés, il est vrai.

Comment un objectif pourrait-il être « réformiste » lorsque c’est notre Parti qui en fait un but de l’action immédiate, et pourrait devenir « révolutionnaires » lorsque c’est l’U.G.S. qui le cite ?

En réalité, c’est le contraire qui se produit. C’est qu’il y a une différence entre notre position et celle de l’U.G.S. à l’égard de ces revendications que l’on retrouve dans les deux programmes.

En effet, pour l’U.G.S., ces revendications font partie d’un programme général et ce programme est totalement de conception réformiste : c’est ce que nous allons démontrer plus loin.

Notre Parti, lui, a toujours en vue son but final et ses principes révolutionnaires ; les luttes actuelles valent pour leurs résultats immédiats certes, mais aussi parce qu’elles doivent permettre au Parti, à la classe ouvrière, aux masses laborieuses, d’élever leur capacité d’utiliser toute situation objectivement révolutionnaire afin d’emporter la victoire révolutionnaire.

Mais remarquons de suite qu’en montrant son mépris pour les revendications immédiates des travailleurs, en qualifiant ces objectifs de « réformistes », Mandel veut donner une base « idéologique » pseudo-marxiste, pseudo-révolutionnaire – à une attitude qui rejoint dans la pratique celle du réformisme du P. S. B. et celle du néo-réformisme des khrouchtchéviens. Ces deux derniers partis ne sont plus aucunement des partis ouvriers mais au contraire des agences de la bourgeoisie, des partis de la bourgeoisie au sein de la classe ouvrière.

En ayant abandonné toute lutte pour la réalisation du but final du mouvement ouvrier – le socialisme (par la révolution socialiste), puis le communisme – en ayant renié ce but lui-même, étant passés aux positions de collaboration de classes – et plus particulièrement à la collaboration avec l’impérialisme américain, cet ennemi N° 1 des peuples du monde entier – inévitablement ils devaient trahir, et ils trahissent en fait le prolétariat, les masses laborieuses, également dans les conflits quotidiens de la lutte de classes.

Leur intervention consiste notamment à tromper, à duper les travailleurs, à les détourner de l’action pour des objectifs valables, à tenter d’assurer le fonctionnement du système capitaliste aux moindres frais pour la classe dominante, en gérants loyaux de celle-ci, à avancer éventuellement les « solutions » de rafistolage du régime capitaliste notamment lorsque celui-ci est sérieusement menacé.

En certaines circonstances – notamment en période électorale – P.S.B. et parti khrouchtchévien trouvent utile de se rappeler telle ou telle revendication valable : ce ne sont là, de leur part, qu’exercices démagogiques propres aux partis bourgeois, jouant le jeu du parlementarisme bourgeois. Ils l’ont assez prouvé !

Ce que les réformistes ont toujours en vue, c’est le sabotage de l’action des masses laborieuses.

Notre Parti Communiste, parti marxiste-léniniste, parti révolutionnaire, remplit d’une façon conséquente son rôle d’avant-garde dans ces luttes quotidiennes des travailleurs contre leurs exploiteurs, leurs oppresseurs, en ayant soin, lui, de toujours défendre, de toujours représenter les intérêts généraux et fondamentaux de la totalité du mouvement ouvrier, de la révolution prolétarienne mondiale, l’avenir du mouvement et l’internationalisme prolétarien.

DES CITATIONS ET DES SILENCES RÉVÉLATEURS

Il y aurait beaucoup à dire sur le caractère réformiste du programme de l’U. G. S. Bornons-nous à brosser à grands traits cette analyse.

Et tout d’abord, quelques comparaisons entre le programme immédiat de combat de notre Parti et le projet de l’U.G.S. Signalons notamment l’absence, dans le programme de l’U.G.S., des mots d’ordre de lutte pour l’indépendance nationale, pour la libérations du pays du joug de l’impérialisme américain exploiteur et agresseur, pour la revendication de portée internationale d’interdiction et de destruction totales des armes nucléaires.

A deux reprises, par contre, le projet U.G.S. reprend le thème bien connu du chantage nucléaire, cette clef de voûte de l’idéologie du révisionnisme moderne, de l’idéologie de collaboration de classes avec l’impérialisme américain à l’échelle internationale, qui prétend mettre les peuples à genoux.

En matière de salaires, le projet se limite à réclamer « l’indexation automatique et sincère (!), le droit de veto syndical sur l’index des prix de détail étant la garantie de cette sincérité… et un relèvement sensible de la part des salariés-appointés dans le revenu national » sans autres précisions.

UN FÉDÉRALISME A L’AUTODÉTERMINATION BIEN LIMITÉE

Reprenant la revendication du fédéralisme, l’U.G.S. accorde à l’Etat fédéral « les prérogatives qui sont habituellement (?) reconnues aux Etats fédéraux (Affaires étrangères, monétaires, militaires, etc.) … », ce qui limite à priori les pleines possibilités du droit à l’autodétermination et s’apparente ainsi en fait au « fédéralisme » selon le khrouchtchévien Burnelle, pour qui les politiques extérieure et intérieure sont du ressort de l’Etat fédéral (que resterait-il donc, dans ces conditions, comme prérogative aux Etats fédérés ?).

Dans la conception de l’U.G.S., une Cour constitutionnelle pour « trancher les conflits d’attribution entre les Etats fédérés et l’Etat fédéral » viendrait encore, en fait, renforcer le caractère coercitif de l’Etat bourgeois « fédéral ».

Nous trouvons aussi dans le programme U.G.S. cette idée « remarquable » d’une « société publique de presse » (en régime capitaliste, avec une machine d’Etat bourgeois, instrument de domination de la classe possédante ! ) qui aurait le monopole des services matériels (impression et diffusion) ainsi que de la collecte de la publicité commerciale et de sa répartition selon des critères « objectifs » ! Bref, ce serait la mise sous tutelle de la presse, directement sous le contrôle de l’Etat bourgeois.

En fait, et ce sera le fil conducteur permettant de démasquer le caractère réformiste de ce programme, celui-ci adopte une position fondamentalement antimarxiste en voulant constamment ignorer le caractère de classe de l’Etat.

LE MONDE ACTUEL EST-IL UN MONDE SANS GUERRE ET SANS ARMES ?

L’U.G.S. est « partisan de la suppression de l’armée ».

Quel est l’ouvrier tant soit peu conscient qui ne considérera pas que poser une telle revendication dans le monde actuel est une fumisterie ?

Une fois de plus, la question doit être posée qu’éludent les dirigeants de l’U.G.S.

De quelle armée s’agit-il ? Faisant partie de quel pouvoir, de quel Etat ?

Les dirigeants de l’U.G.S. sont-ils devenus des adeptes de la théorie mystificatrice de Khrouchtchev et de ses successeurs d’un monde sans guerre et sans armes, alors que subsiste l’impérialisme ?

Le mot d’ordre de suppression de l’armée est un mot d’ordre à la fois trompeur et réactionnaire.

Trompeur parce qu’il répand l’illusion qu’il serait possible d’envisager l’Etat capitaliste sans force armée, cet élément essentiel du pouvoir de classe.

Et, à l’égard de l’armée capitaliste, il n’est d’autre position révolutionnaire que celle indiquée par Lénine (« A propos du mot d’ordre de DESARMEMENT » – Octobre 1916) :

« Se borneront-elles (les femmes de prolétaires) à maudire toutes les guerres et tout ce qui est militaire, à réclamer le désarmement ? Jamais les femmes d’une classe opprimée vraiment révolutionnaire ne s’accommoderont d’un rôle aussi honteux. Elles diront à leurs fils :

« Bientôt tu seras grand. On te donnera un fusil. Prends-le et apprends comme il faut le métier des armes. C’est une science indispensable aux prolétaires, non pour tirer sur tes frères, les ouvriers des autres pays, comme c’est le cas dans la guerre actuelle, et comme te le conseillent les traîtres au socialisme, mais pour lutter contre la bourgeoisie de ton propre pays, pour mettre fin à l’exploitation, à la misère et aux guerres autrement que par de pieux souhaits, mais en triomphant de la bourgeoisie et en la désarmant. »

Réactionnaire : face à l’impérialisme, face à l’Etat bourgeois et à ses forces répressives qui sont et seront utilisées contre les travailleurs, face à la violence permanente du Capital, la classe ouvrière, les masses laborieuses ne peuvent envisager la conquête du pouvoir si elles condamnent l’usage de la violence révolutionnaire, la lutte armée révolutionnaire, la guerre révolutionnaire.

En l’occurrence, pour que la situation révolutionnaire donne le jour à la révolution socialiste, il sera indispensable de réaliser l’armement du prolétariat.

Et c’est pourquoi, en internationalistes prolétariens, nous saluons les luttes armées des peuples qui ont pris les armes contre l’impérialisme, contre les exploiteurs, contre les oppresseurs et leur violence.

Si suppression de l’armée signifie suppression de l’armée populaire dans une Belgique socialiste, ce serait de la trahison. La Belgique socialiste, comme tout pays socialiste, ne pourrait rester désarmée tant que subsistera l’impérialisme. Quand nous combattons pour le communisme, nous combattons pour une société où seront supprimées les guerres, où sera réalisé le désarmement général, parce que seront supprimées les classes et toutes les survivances de la division de la société en classes. Mais jusqu’alors, et précisément pour arriver à ce but, subsistera comme élément de la dictature du prolétariat, une force armée, force armée populaire, qui ne disparaitra qu’avec le dépérissement de l’Etat.

« CRITIQUE » SOCIAL-DÉMOCRATE DES PAYS SOCIALISTES

Le projet de programme de l’U.G.S. parle du soutien aux travailleurs des pays à base économique socialiste, dans leur effort de construire une société sans exploitation de l’homme par l’homme. Ce soutien implique aussi l’indépendance de jugement par rapport aux partis communistes et la critique socialiste de toutes les déformations bureaucratiques et du développement insuffisant de la démocratie politique, ainsi que de l’absence de gestion des entreprises par les producteurs dans ces pays.

Essayons de comprendre ces deux phrases fumeuses.

De nouveau la question essentielle est ignorée, est éludée : quel est le caractère de classe du pouvoir, de l’Etat, des pays dont parle l’U.G.S.? Or c’est cela qui détermine si un pays est socialiste ou non.

La dictature du prolétariat, l’U.G.S. veut l’ignorer parce qu’elle n’en veut pas.

Le révisionnisme moderne, ses entreprises contre-révolutionnaires de destruction de la dictature du prolétariat et des conquêtes socialistes dans certains pays, sa politique de collaboration de classes avec l’impérialisme américain, ses trahisons du camp socialiste et des luttes révolutionnaires des peuples : tout cela l’U.G.S. veut aussi l’ignorer parce qu’en réalité, elle s’apparente au khrouchtchévisme.

Ce n’est pas non plus un hasard si le programme de l’U.G.S. parle de « soutien aux travailleurs des pays… » et non de « solidarité avec les pays socialistes menacés par l’impérialisme ou en butte à ses agressions ».

Le journal « La Gauche » a été assez explicite au cours des dernières années pour que nous sachions que la prétendue « critique socialiste » des dirigeants de l’U.G.S. ne vise pas les méthodes bureaucratiques et policières des révisionnistes modernes, pour que nous sachions que les entreprises contre-révolutionnaires des khrouchtchéviens dans les pays socialistes ont tout leur soutien. Et que ce soutien va aussi au régime policier titiste qui sévit en Yougoslavie, où le capitalisme a été rétabli avec l’aide américaine, et en utilisant notamment les méthodes de prétendue autogestion des entreprises.

En ce qui concerne la République Populaire de Chine, l’U.G.S. réclame sa reconnaissance et… « son admission à l’O.N.U. et au Conseil de Sécurité si elle le désire ». Il ne s’agit donc pas pour l’U.G.S. de la RESTITUTION à la R.P. de Chine de son siège à l’O.N.U. et au Conseil de Sécurité, de la restitution de ses droits légitimes à l’O.N.U. mais de son « admission ». C’est la formule consacrée utilisée par les partisans de la thèse des impérialistes et des révisionnistes au sujet de la prétendue existence de « deux Chines », c’est-à-dire la thèse de la reconnaissance du fantoche Tchang Kaï-chek et de l’occupation militaire du territoire chinois de Taïwan, par l’impérialisme américain.

DES « OUBLIS » SIGNIFICATIFS

Il ne suffit pas d’admettre, en principe, la nécessité de la solidarité avec la lutte anti-impérialiste, avec le mouvement révolutionnaire de libération nationale des peuples d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine. Il faut surtout que les objectifs de cette solidarité soient clairement définis et la faire passer dans la pratique.

Or, si le programme de l’U.G.S. se rappelle l’Espagne, le Portugal, l’Afrique du Sud, il comporte un « oubli » vraiment significatif : le Vietnam, où se poursuit depuis plus de dix ans l’agression des yankees nazis. Et pourtant, depuis plusieurs mois la solidarité avec le peuple vietnamien doit se trouver au premier plan des tâches de l’internationalisme prolétarien et cela, avec courage, sans faiblesse, en rejetant les honteuses compromissions avec les révisionnistes admirateurs de Johnson. La solidarité totale avec le peuple vietnamien c’est organiser cette action sous le mot d’ordre :

« HORS DU VIETNAM LES YANKEES NAZIS ! » Mais cela le programme de l’U.G.S. l’ignore !

CONGO « BELGE » OU CONGO INDÉPENDANT ?

Au Congo continue à se perpétrer la criminelle agression américano-belge contre un peuple qui s’est dressé les armes à la main pour sa libération.

Les plans sont prêts, préparés par les Harriman, Spaak, les fantoches Tshombe, Mobutu, et aussi Adoula, pour aggraver encore la sale guerre coloniale.

Et de nouveau – et pas par hasard – nous trouvons un autre « oubli » significatif des dirigeants de l’U.G.S. : celui de la guerre concrète menée actuellement contre le peuple congolais avec la participation active des colonialistes belges et du gouvernement Lefèvre-Spaak qui a mérité des milliers de fois le nom de « gouvernement des assassins ».

Pour les travailleurs de Belgique, faire ECHEC A LA GUERRE CONTRE LE PEUPLE CONGOLAIS est une tâche essentielle.

Or, dans cette conjoncture, que dit le programme de l’U.G.S.? Continuant à vouloir ignorer le caractère de classe de l’Etat belge, il nous fait une description de conte de bibliothèque rose :

Toute l’aide technique que la Belgique apporte au Congo, au Rwanda et au Burundi devrait être :

1) exempte de toute ingérence néo-colonialiste dans les affaires intérieures ;

2) ne constituer en aucun cas une forme de subside indirect ou caché aux entreprises capitalistes ;

3) gérée par un parastatal (!) libéré (!) de toute influence néo-colonialiste.

Toute « assistance technique » dans le domaine militaire doit être totalement exclue, quel qu’en soit le prétexte.

Bref, la Belgique capitaliste, la Société Générale, pourraient être transformées en sociétés de bienfaisance !

Ces rêveries prennent un tour grinçant quand le programme de l’U. G. S. réclame le « boycott ou la mise en quarantaine » par les « organisations internationales » de l’Afrique du Sud et du Portugal, « comme de tout autre pays qui se livrerait à des agressions néo-colonialistes armées », Il faut donc croire que pour l’U.G.S. l’impérialisme américain et le colonialisme belge ne se livrent pas encore « à des agressions néo-colonialistes armées » !

POUR LES DIRIGEANTS DE L’U.G.S., LE P.S.B. EST UN PARTI OUVRIER

Signalons d’abord pour mémoire la bouffonne analyse donnée dans le programme U.G.S., dans laquelle le parti révisionniste des renégats khrouchtchéviens est mis sur le même pied que notre parti marxiste-léniniste :

Dans les deux partis communistes, l’U.G.S. critiquera le manque de compréhension des réalités de la lutte de classes en Belgique et de la stratégie des réformes de structure anticapitalistes qu’elle implique, l’insuffisante démocratie intérieure du fait de l’absence du droit de tendance, et les alignements parfois dogmatiques sur les positions des partis communistes d’autres pays…

Pour ce qui nous concerne, laissons de côté la prétentieuse appréciation de l’U.G.S. sur notre « manque de compréhension des réalités de la lutte de classes en Belgique », Les dirigeants de l’U.G.S. qui pendant des années ont voulu faire croire à un redressement du P.S.B. grâce à leur action, pourraient être un peu plus modestes et se rappeler que c’est notre dénonciation conséquente du P.S.B. comme parti de la bourgeoisie, comme parti anti- ouvrier principal soutien politique de l’impérialisme américain en Belgique, qui l’a démasquée aux yeux de très nombreux travailleurs.

D’autre part, garantissons à l’U.G.S. qu’il n’y a pas « manque de compréhension de la ‘stratégie’ » des « réformes de structure anticapitalistes » ni de notre part, ni de la part des khrouchtchéviens. Nous rejetons cette « stratégie » parce qu’elle est réformiste et destinée à tromper les travailleurs. Les khrouchtchéviens l’approuvent d’enthousiasme pour les mêmes raisons !

Le fonctionnement de notre Parti, contrairement à celui de l’U.G.S., est basé sur le centralisme démocratique. Nous nous considérons comme responsables à la fois et uniquement devant la classe ouvrière, les masses laborieuses de notre pays, et devant le mouvement communiste et ouvrier international.

Par ailleurs, l’absence de toute autre critique de l’U.G.S. à l’égard du parti khrouchtchévien, l’absence de toute critique fondamentale de sa trahison, sont un sûr critère qui permet déjà de juger l’U.G.S. comme une formation également réformiste.

Et l’U.G.S. s’obstine, contre toute évidence, à considérer le P.S.B. comme un parti ouvrier ! Les faits démontrent pourtant à satiété que le P.S.B. des Spaak, Collard, Spinoy, Vermeylen, Major, Van Eynde et consorts, est un parti de la bourgeoisie, et le principal soutien politique, en Belgique, du capitalisme et plus particulièrement de l’impérialisme américain.

L’influence que le P.S.B. conserve encore – malheureusement – sur une partie de la classe ouvrière, qu’il trompe, ne change rien à ce fait.

C’est le devoir du parti révolutionnaire de la classe ouvrière de dénoncer le P. S. B., ainsi que sa succursale khrouchtchévienne, de les déshonorer aux yeux de la classe ouvrière. Il n’est pas de véritable lutte anticapitaliste, anti-impérialiste qui n’implique la dénonciation intransigeante de ces instruments portiques de la bourgeoisie.

L’U.G.S., non seulement a failli à cette tâche, mais encore tend à réhabiliter le P. S. B., et le parti khrouchtchévien. De ce fait, elle renonce ainsi, dès sa fondation, à toute véritable lutte anticapitaliste.

PAS DE PRINCIPES RÉVOLUTIONNAIRES

Le projet de l’U.G.S. définit aussi ce qu’il appelle « les objectifs fondamentaux »,
Ces objectifs fondamentaux, l’on croit deviner qu’il s’agit soit du communisme, soit du socialisme, sans que ces mots soient d’ailleurs mentionnés. Et la définition de ces objectifs fondamentaux est incommensurablement beaucoup plus éloignée encore des définitions et .des concepts du socialisme scientifique que ne l’était celle du « programme de Gotha » qui fut si sévèrement critiqué en son temps par Marx et Engels.

Lénine (Discours au 3e Congrès de l’Internationale Communiste – 1er juillet 1921 – Œuvres complètes tome 32, page 499) faisait cette remarque :

« J’ai parfois réussi à m’entendre avec eux (des anarchistes) à propos des buts, mais jamais sur le plan des principes. Les principes, ce ne sont ni le but, ni le programme, ni la tactique, ni la théorie. La tactique et la théorie, ce ne sont pas les principes. Qu’est-ce qui nous distingue des anarchistes quant aux principes ? Les principes du communisme consistent dans l’institution de la dictature du prolétariat, dans l’emploi par l’Etat des méthodes de coercition en période de transition. Tels sont les principes du communisme, mais non son but . »

Eh bien, nous devons dire qu’avec les auteurs du projet de programme de l’U.G.S. nous ne pouvons-nous entendre ni sur le but, ni sur les principes.

Car pour les auteurs du programme U.G.S., l’Etat ne se caractérise pas par sa nature de classe. Le vieux mythe des libéraux et des réformistes, repris par les révisionnistes de l’Etat au-dessus ou en dehors des classes, est aussi celui de l’U.G.S.

Pour cette dernière, il n’est donc pas question de détruire la machine d’Etat bourgeois, ni d’ailleurs d’instituer la dictature du prolétariat afin de pouvoir réaliser les tâches de la révolution socialiste menée jusqu’au bout, et les tâches du développement de la société dans sa phase communiste jusqu’à l’extinction de l’Etat.

Pour l’U.G.S., il y aurait d’abord « un Etat encore dominé par la bourgeoisie mais contre lequel les travailleurs mettent déjà en place un pouvoir d’une nature diverse ». Il y aurait donc deux pouvoirs, celui de la bourgeoisie dominant l’Etat, l’autre, celui des travailleurs. Et ensuite adviendrait une situation avec « un Etat dans lequel le pouvoir du grand capital sera renversé ».

Malgré le caractère brumeux de ces conceptions de l’U.G.S., l’on en distingue cependant les intentions.

Pour l’U.G.S., l’Etat n’est pas un Etat de classe.

Il n’est ni bourgeois, ni ouvrier. Le « pouvoir des travailleurs » s’emparerait de l’Etat en y renversant « le pouvoir du grand Capital ».

C’est nier que l’Etat est l’organe de domination d’une classe et l’on comprend très bien que les faux schémas de l’U.G.S. rejoignent les conceptions réformistes classiques et révisionnistes de la soi-disant conquête graduelle de l’Etat, du pouvoir, dans le cadre de la démocratie bourgeoise.

Voyons d’ailleurs comment le programme de l’U.G.S. s’exprime encore sur cette question du pouvoir. N’importe quel réformiste ou révisionniste marquerait certainement son accord total avec de telles vues :

« le développement et le renforcement de tendances d’opposition au capitalisme parmi les travailleurs doivent contribuer à mener ceux-ci au pouvoir. C’est la condition qui permettra d’atteindre ces objectifs fondamentaux. Cette prise de pouvoir implique un large regroupement comprenant les travailleurs chrétiens, socialistes, communistes et inorganisés. »

Ainsi pour l’U.G.S., comme pour le P.S.B. et le parti khrouchtchévien, le capitalisme se retirera bien sagement devant ce « large regroupement » ainsi que devant « le renforcement des tendances d’opposition » ?

La recette est donnée depuis longtemps par les réformistes et les révisionnistes modernes l’ont reprise : le bulletin de vote, la démocratie bourgeoise, vont permettre aux « tendances d’opposition » de s’exprimer et ainsi se conquerrait « pacifiquement » ce que feu Togliatti appelait « des positions de pouvoir » : municipalités, conseils provinciaux… en attendant probablement l’investiture d’un « gouvernement des travailleurs » par Sarragat, avec la bénédiction du Pape !

Alors vraiment, le P.S.B. n’a de leçons à recevoir de personne. Il a des ministres au gouvernement, de nombreux bourgmestres, des députés provinciaux permanents, et de hauts fonctionnaires, directeurs généraux, secrétaires généraux. Il a même conquis récemment une importante « réforme de structure » : le Directoire Charbonnier, qui a d’immenses « pouvoirs d’investigation et de contrôle » et il a mis à la tête de cette « importante position de pouvoir » un P.S.Biste de la « tendance de gauche ».

Il est vrai que tous les jours les réformistes de toutes sortes font encore de grandes « inventions » dans cette voie !

Nos ineffables khrouchtchéviens de Belgique n’y ont-ils pas ajouté récemment la « grande découverte du siècle », le « référendum d’initiative populaire » …comme en Suisse !

Fréderic Engels, dans une lettre à Bebel de mars 1875, il y a 90 ans, dans la « Critique du programme de Gotha » disait déjà à ce propos que figuraient à ce programme :

« toute une série assez confuse de revendications purement démocratiques dont une partie est uniquement affaire de mode, telle que la ’législation directe’ qui existe en Suisse et y a fait plus de mal que de bien, si tant est qu’elle y fasse quelque chose. »

LES « OBJECTIFS TRANSITOIRES » DE L’U.G.S. : TOUJOURS DES OBJECTIFS RÉFORMISTES

Les « objectifs transitoires » du programme de l’U.G.S., ce sont ces fameux objectifs qui ne seraient pas réalisables dans le cadre du régime capitaliste (mais alors que la société serait encore capitaliste et l’Etat un Etat capitaliste).

Et d’après Mandel, c’est parce que nous méconnaissons ces « objectifs transitoires » que nous serions des « réformistes », alors que lui qui les a découverts ou redécouverts, serait un « révolutionnaire ».

Ce sont les fameuses « réformes de structure anticapitalistes ». Nous ne voulons pas priver nos lecteurs du plaisir de lire ce programme en 13 points, pour leur édification.

En réalité, comme nos lecteurs pourront le constater, la réalisation de ce programme est parfaitement compatible avec l’existence du régime capitaliste. La réalisation de plusieurs points de ce programme pourrait même être souhaitée par les trusts et les monopoles.

Contrairement aux affirmations du préambule et de Mandel, le programme des « objectifs transitoires » reconnaît explicitement que les structures capitalistes, que le capitalisme lui-même, subsistent dans cette « phase de transition ».

Et disons de suite aussi que dans ce programme se mêlent quatre mystifications typiquement réformistes : c’est une tromperie que de parler de « réformes de structure anticapitalistes », de « gouvernement des travailleurs », de « contrôle ouvrier » et de « socialisation » dans le cadre du système capitaliste, avec un Etat bourgeois.

Voici donc le texte du programme U.G.S. relatif à ces « objectifs transitoires » :

« En attendant que les conditions qui permettent la réalisation de ce programme maximum soient remplies, et afin d’en hâter le mûrissement, le P.S.T. (Parti Socialiste des Travailleurs) mettra en avant une série d’objectifs transitoires. Leur réalisation suppose l’établissement dans le cadre d’une Belgique fédérale d’un gouvernement des travailleurs qui apportera durant une phase de transition de durée forcément limitée, des réformes de structure anticapitalistes au régime économique :

1. Planification du développement économique et de la reconversion régionale par l’adoption de plans d’investissements et de production revêtus de force obligatoire par la loi.

2. Contrôle ouvrier sans une cogestion, qui impliquerait l’intégration dans le capitalisme, exercé sur les entreprises capitalistes par un organe démocratiquement élu par le personnel ; ce contrôle impliquera la normalisation comptable et la suppression du secret commercial et bancaire, dans la mesure où il est nécessaire pour rendre le contrôle efficace.

3. Pour mener à bien une telle politique et imposer aux forces capitalistes, dont les structures n’ont pas été détruites, les objectifs de développement économique, de reconversion régionale et de progrès social élaborés par le gouvernement des travailleurs, il sera indispensable à la stabilité de ce gouvernement qu’il puisse empêcher certaines manœuvres financières. Il faut donc socialiser les opérations de banques et d’assurances.
4. Nationalisation de l’énergie, y compris la distribution en gros des combustibles.

5. Initiative industrielle publique, appuyée sur un réseau de laboratoires publics de recherche et de recherche appliquée, ce qui permettra de créer un secteur d’entreprises publiques spécialisées dans les fabrications nouvelles.

6. Suppression de la spéculation foncière par la socialisation de l’usage du sol au profit notamment de l’aménagement du territoire et du logement social.

7. Socialisation et rationalisation de la construction de logements ; renouvellement systématique de l’habitat.

8. Réforme de l’agriculture en vue du relèvement du revenu des cultivateurs et de leur affranchissement des contraintes capitalistes, par la suppression du droit du propriétaire foncier non exploitant de choisir son locataire, et la réorganisation coopérative des circuits de commercialisation et de valorisation des produits de la ferme.

9. Assainissement du réseau de commerce de détail. Pratique des prix fixes (pour des secteurs de consommation à déterminer) et fixation d’un pourcentage maximum des marges bénéficiaires.

10. Sur le plan de l’égalité économique, un grand pas en avant peut être accompli dès cette phase transitoire par un élargissement de la consommation sociale gratuite des services les plus importants au point de vue de la promotion des masses : enseignement à tous les niveaux ; soins de santé ; culture ; sports et vacances ; repas de midi au travail ou à l’école ; transports urbains gratuits. L’ensemble de ces services sera assuré gratuitement à l’ensemble de la population par le produit des impôts, ce qui réduira considérablement les inégalités du niveau de vie résultant de celles des revenus.

11. L’assiette de l’impôt doit être réformée dans le sens suivant : instauration d’un impôt sélectif et progressif sur le patrimoine ; progressivité accrue de l’impôt sur le revenu ; augmentation des droits de succession ; lutte énergique contre la fraude et l’évasion fiscale.

12. En vue de mobiliser les capitaux nécessaires à l’exécution du plan, il faut notamment drainer vers l’Etat l’épargne des indépendants et des cadres. Par ailleurs, le plan qui implique les conventions conclues entre le gouvernement et les entreprises au niveau des branches, règlera l’usage des provisions d’amortissement et des réserves d’autofinancement des entreprises. L’ensemble de cette politique suppose un affrontement de tous les instants entre les forces capitalistes et le gouvernement des travailleurs. Celui-ci ne peut survivre que par une mobilisation permanente des travailleurs et par leur participation vigilante au contrôle des entreprises et des pouvoirs publics.

13. Soumettre il des formes adéquates de contrôle public, la détention de participations d’entreprises dans d’autres entreprises (holdings), de manière il empêcher des manœuvres financières dirigées contre la réalisation du plan.

Ainsi, la phase transitoire du combat pour le socialisme sera l’école de démocratie économique qui préparera les travailleurs à la gestion des entreprises dans une économie entièrement collectivisée, laquelle constitue l’étape et l’objectif ultérieurs. »

Tel est le programme de « réformes de structure » de l’U.G.S.

Quelle sera la nature de l’Etat au cours de cette « phase transitoire » ? De quel Etat s’agira-t-il ?

L’Etat est l’organe de domination d’une classe. De quelle classe s’agira-t-il ?

Le projet de l’U.G. S. ne répond pas à ces questions. Il ne se les pose même pas.

Questions essentielles pourtant, fondamentales. Les dirigeants de l’U.G.S. n’y répondent pas parce qu’ils sont entièrement réformistes, même s’ils mettent un emballage « de gauche » à ce réformisme.

Un « gouvernement des travailleurs » s’appuyant ou « utilisant » l’appareil d’Etat bourgeois ne sera qu’une étiquette trompeuse de plus, même si y participent un Servais, démocrate-chrétien, un Spaak du P.S.B., un Major du P.S.B. et de la F.G.T.B., même si y participent Mandel de l’U.G.S. ou le khrouchtchévien Jean Blume.

La nationalisation des entreprises réalisée par l’Etat bourgeois, reste une nationalisation dans le cadre du système capitaliste, sera toujours une nationalisation bourgeoise. Par conséquent, elle correspondra toujours à un renforcement du capitalisme monopoliste d’Etat bourgeois, c’est-à-dire à la fusion renforcée du capitalisme et de l’Etat en un mécanisme unique d’exploitation et d’oppression.

Certes,

« le capitalisme monopoliste d’Etat est la préparation matérielle la plus complète du socialisme, l’antichambre du socialisme, l’étape de l’Histoire qu’aucune autre étape intermédiaire ne sépare du socialisme » (Lénine : « La catastrophe imminente et les moyens de la conjurer », septembre 1917).

Mais ces nationalisations bourgeoises ne marquent aucunement des étapes dans la voie de la transformation de la société capitaliste en société socialiste. C’est donc une tromperie que de parler dans ces conditions de socialisation.

L’erreur la plus répandue est l’affirmation réformiste bourgeoise prétendant que le capitalisme monopoliste ou le capitalisme monopoliste d’Etat n’est déjà plus du capitalisme, qu’il peut dès lors être qualifié de « socialisme d’Etat ».
(Lénine : « L’Etat et la révolution », 1917.)

C’est-à-dire que le développement du capitalisme monopoliste d’Etat doit nous servir à démontrer la nécessité de la révolution socialiste, et non à nier la nécessité de cette révolution, ou à célébrer les prétendus progrès du capitalisme comme s’y emploient les réformistes et les alliés de l’U.G.S., les néo-réformistes et révisionnistes.

En essayant de semer la confusion entre nationalisations bourgeoises et nationalisations socialistes, les réformistes et les néo-réformistes tendent à discréditer les nationalisations socialistes et partant le socialisme lui-même. Ils tentent de faire accepter par les masses les nationalisations bourgeoises et le renforcement du capitalisme monopoliste d’Etat comme une transformation de la société capitaliste en société socialiste afin de détourner la classe ouvrière, les masses laborieuses, de la tâche indispensable que constituent la destruction de la machine d’Etat bourgeois et l’instauration de la dictature du prolétariat comme acte premier fondamental de la révolution socialiste.

Et que penser aussi du « contrôle ouvrier » alors que le pouvoir reste dans les mains du capitalisme, alors que l’Etat est un Etat bourgeois ? Pour « La Gauche » (16 janvier 1965), le « contrôle ouvrier » serait une des clés principales de réformes de structure anticapitalistes.

Contrôler quoi et dans quel but ? Le programme de l’U.G.S. est fort discret à ce propos. Nous y trouvons bien que ce « contrôle ouvrier » se ferait « sans une cogestion qui impliquerait l’intégration dans le capitalisme ». Bien. Mais alors « ce gouvernement des travailleurs » qui gérerait l’Etat bourgeois et le capitalisme, n’est-ce pas – et c’est bien cela – l’intégration dans le capitalisme ?

Le « contrôle ouvrier » du programme U.G.S., dans ces conditions, ne serait pas et ne pourrait pas être autre chose que le contrôle de l’application de la législation bourgeoise, de la fiscalité bourgeoise, des décisions de l’Etat bourgeois, le contrôle de la gestion capitaliste (sans y prendre part, dit l’U.G.S., et nous le notons), tout cela dans le cadre des lois économiques du capitalisme.

Tout au plus, la réalisation de ce « contrôle » donnera-t-elle le « droit » (bourgeois) d’obtenir un certain nombre d’informations sur le fonctionnement de l’entreprise capitaliste.

Il n’y a pas l’ombre de socialisme dans de telles dispositions, pas de trace du moindre passage du capitalisme au socialisme.

Un tel « contrôle » ne serait pas qualitativement différent de celui du Conseil Central de l’Economie où siègent les bonzes syndicaux : il serait de même nature que celui exercé par les « Conseils d’entreprise » à l’heure actuelle : tous organismes qui n’ont jamais et ne pourront jamais entamer en quoi que ce soit le pouvoir capitaliste, les lois économiques du capitalisme, ni transformer le capitalisme en socialisme.

Mandel, dans « La Gauche » du 17 avril, a appelé à la rescousse Louis de Brouckère, transformé pour la cause en « théoricien marxiste »,

C’est là une allusion à un texte de Louis de Brouckère destiné à un congrès syndical, tenu en 1924.

C’est un rapport typiquement réformiste où Louis de Brouckère se réfère par exemple avec admiration au Traité impérialiste de Versailles (!) art. 327/1 :

« Le travail ne doit pas être considéré simplement comme une marchandise ou un article de commerce. »

Il ne fallait pas attendre de ces Messieurs qu’ils emploient la terminologie scientifique du marxisme : c’est de la force du travail qu’ils voulaient parler. Dans ce texte comme dans d’innombrables déclarations semblables, les capitalistes veulent simplement camoufler la réalité.

Depuis près un demi-siècle, cette clause existe, la force de travail a-t-elle pour autant cessé d’être une marchandise en régime capitaliste ?

Cette clause a-t-elle eu une influence quelconque sur les lois économiques du capitalisme sur la va- 1eur et le prix de la force de travail ?

Pour Louis de Brouckère, il s’agissait essentiellement d’organiser « le droit de regard » des salariés à l’occasion de l’établissement des conventions collectives.

Dans les négociations paritaires, disait de Brouckère, « les ouvriers ne tolèreront pas toujours que l’on triche quand on les invite au jeu. »

C’est bien de cela qu’il s’agit dans le rapport de de Brouckère, et de rien d’autre : il s’agit des règles du jeu capitaliste.

Et, en régime capitaliste, le « contrôle ouvrier » sera toujours limité aux règles du jeu capitaliste et, de plus, la classe possédante y trichera toujours.

Il reste donc, tout au plus, de cette « clé principale des réformes de structure anticapitaliste » la possibilité pour la classe ouvrière d’être mieux « informée » (mais comment ?) sur son degré d’exploitation.

Mais l’oppression de classe ne sera en rien changée. Les manœuvres des agents réformistes dl ! capital n’en continueront pas moins : ils ne manqueront pas d’utiliser lesdites informations pour tromper la classe ouvrière avec leurs « théories » : « il ne faut pas tuer la poule aux œufs d’or » dans les périodes de haute conjoncture ; ou « les capitalistes ne peuvent pas faire plus » dans d’autres cas.

D’ailleurs, chaque année sont publiés des bilans de sociétés anonymes, truqués certes, et qui laissent néanmoins apparaître des bénéfices fabuleux.

Ces chiffres, dont on peut d’ores et déjà disposer, peuvent être utilisés dans l’agitation d’un parti d’avant-garde ou de l’organisation syndicale de lutte de classe.

Mais en fin de compte, dans la lutte entre le Capital (pour le maximum de profit) et le Travail (les ouvriers pour leur salaire),

« la chose se réduit à la question des forces respectives des combattants ».
(Karl Marx : « Salaires, Prix et Profits ».)

Sans perdre de vue un instant que :

« le système du travail salarié est… un système d’esclavage …quel que soit le salaire, bon ou mauvais, que reçoit l’ouvrier. »
(Karl Marx : « Critique du programme de Gotha ».)

Enfin, la planification dont parle le programme de l’U.G.S., puisqu’elle est réalisée dans le cadre du système capitaliste et du maintien de l’Etat capitaliste bourgeois, est, faut-il le dire, une « planification » capitaliste. C’est le genre de « planification » pratiquée déjà par les trusts et les monopoles. C’est le genre de « planification » à laquelle se livre l’Etat bourgeois, le capitalisme monopoliste d’Etat notamment, sous le nom de « programmation économique ».

Par ailleurs, cette programmation s’accompagne généralement do tentatives d’encadrer, do ligoter, la classe ouvrière et ses organisations (notamment les syndicats) au moyen d’accords de collaboration de classes. C’est le cas des « accords » que la bourgeoisie tente d’imposer sous le nom de « programmation économique et sociale », en prétendant subordonner les revendications ouvrières aux vicissitudes de l’économie capitaliste.

La « planification » capitaliste ne modifie en rien la nature du régime, ne corrige en rien ses tares, ne lui permet aucunement de résoudre ses contradictions.

Seule la planification socialiste permettra un développement harmonieux de la production, un essor sans pareil des forces productives.

Maintenant que voilà enfin explicité le contenu de ces fameuses « réformes de structure » ainsi que les perspectives de « démocratie politique » exposées par la direction de l’U. G. S., nous pouvons voir qu’il s’agit d’une variante du vieux schéma réformiste.

Avant la première guerre mondiale et jusqu’au début des années ’30, le réformisme du Parti Ouvrier Belge (P.O.B.) prétendait grignoter le pouvoir économique du capitalisme grâce aux coopératives et autres entreprises qualifiées de socialistes.

D’autre part, le pouvoir politique de la bourgeoisie aurait été grignoté grâce au suffrage universel par le bulletin de vote.

La grande crise économique du capitalisme de 1930-33, en entraînant la déconfiture de la Banque Belge du Travail en 1934, allait porter un coup mortel aux illusions réformistes sur le grignotage du pouvoir économique du capitalisme par les entreprises « socialistes ».

C’est alors qu’intervint Henri De Man. Citons quelques passages des « thèses de Pontigny », présentées par Henri De Man en septembre 1934. Comme on pourra le constater, De Man, comme ses prédécesseurs et successeurs, ne reculait pas devant certain radicalisme de langage pour tenter de justifier ce qui était encore et toujours du réformisme, mais sous certaines apparences « nouvelles » :

« … Le réformisme qui a pratiquement dominé le mouvement ouvrier jusqu’à présent est devenu impossible. Les réformes de répartition sont devenues irréalisables, à moins de réformes de structure suffisamment radicales pour influencer le cours de l’évolution esquissée au 1° (l’évolution du capitalisme qui après avoir été progressive est entrée dans un stade régressif)… »

« La solution… est un régime d’économie mixte (secteur nationalisé et secteur privé) pouvant être considéré comme intermédiaire entre l’économie capitaliste et l’économie socialiste … »

Comme on peut le voir, De Man faisait du réformisme au nom de l’antiréformisme.

Il condamnait insidieusement déjà la lutte quotidienne de la classe ouvrière (qualifiée de « réformes de répartition ») au nom d’une critique du réformisme « ancien » … dans le but de rafraîchir le réformisme pour le rendre plus apte au sauvetage du capitalisme dans les conditions concrètes nouvelles.

Les réformes de structure – le réformisme des structures – allait valoir au P.O.B. de rentrer à nouveau au gouvernement, et à la classe ouvrière elles « apportèrent » la commission bancaire, la politique de Münich de neutralité favorable à Hitler, la participation à l’étranglement de la République Espagnole sous le couvert de la « non-intervention » et la reconnaissance de Franco !

Aujourd’hui, la crise du P.S.B., reflet de l’approfondissement de la crise générale du régime capitaliste, s’accroît. Inexorablement la faillite du réformisme doit accompagner la faillite du capitalisme.

Il est bien regrettable que les dirigeants de l’U.G.S., au lieu de rompre véritablement avec le réformisme, veuillent simplement lui rendre de nouvelles couleurs, mais toujours selon le même vieux schéma trompeur : prétendre grignoter le pouvoir économique du capitalisme par des réformes qualifiées maintenant de « réformes de structure anticapitalistes » et prétendre grignoter le pouvoir d’Etat capitaliste dans le cadre de la démocratie bourgeoise.

D’Anseele à Collard, en passant par De Man, c’est au fond toujours le même réformisme qui n’a apporté que déboires et trahisons à la classe ouvrière de Belgique. Car le réformisme – qui renonce en fait à réaliser le but final de la lutte de la classe ouvrière, le socialisme par la révolution socialiste, le communisme – le réformisme est théorie et pratique de collaboration de classes.

Les camarades de I’U.G.S. qui veulent réellement briser avec le réformisme ne peuvent manquer d’être frappés du fait qu’aujourd’hui le P.S.B. de Spaak, le parti khrouchtchévien de Blume-Moulin et la direction de l’U.G.S. reprennent le même mot d’ordre de réformes de structure. Et ce ne sont pas les adjectifs d’anticapitalistes ou d’antimonopolistes qui modifient quoi que ce soit au contenu qui est, dans les trois cas, le même dans son essence.

LA VOIE RÉVOLUTIONNAIRE MARXISTE-LÉNINISTE

Notre Parti Communiste, lui, développe son activité révolutionnaire conformément aux enseignements du marxisme-léninisme, que l’expérience fondamentale de toutes les révolutions, à ce jour, a confirmés.

Le marxisme-léninisme, nous entendons l’appliquer aux conditions concrètes du pays et de notre époque.

Notre Parti, édifié sur les principes du centralisme démocratique, pratique la critique et l’autocritique afin d’être à même de corriger ses erreurs éventuelles.

Il entend déployer, et déploie déjà effectivement, une activité de masse sur tous les fronts de lutte : économique, revendicatif, politique et idéologique.

Il pratique l’internationalisme prolétarien agissant. Il entend éduquer, élever la conscience de ses membres et des masses populaires dans l’esprit du marxisme-léninisme. Il mène une politique destinée à unir les travailleurs autour du prolétariat, dans la lutte quotidienne contre le capitalisme, contre l’impérialisme, dans un front uni populaire.

Il préconise et organise la lutte pour les réformes favorables à la classe ouvrière qui, de ce fait, ont un caractère anti-opportuniste, antiréformiste.

La dénonciation du réformisme, du révisionnisme sous toutes ses formes, en vue d’éliminer ces agences de l’ennemi au sein de la classe ouvrière, constitue une nécessité absolue de la lutte anticapitaliste, anti-impérialiste.

Le Parti Communiste souligne sans cesse qu’aucune réforme de caractère démocratique ne peut transformer l’Etat bourgeois en Etat ouvrier.

Dans la lutte quotidienne contre le Capital, notre Parti, avant-garde de la classe ouvrière, aura toujours en vue la réalisation du but final.

En vue du renversement du capitalisme et de l’édification de la société nouvelle, il forge ainsi le Parti, y compris organisationnellement, élève la conscience de la classe ouvrière, des masses laborieuses, prépare la formation d’un front uni révolutionnaire.

A l’échelle mondiale, notre époque est celle de la transition du capitalisme au socialisme. Notre époque est celle de la lutte des deux systèmes sociaux opposés, des révolutions socialistes victorieuses et des révolutions de libération nationale, parties intégrantes, objectivement, de la révolution prolétarienne mondiale.

Notre époque est celle de la crise générale du capitalisme, du triomphe du socialisme à l’échelle mondiale.

Les luttes de la classe ouvrière, des masses laborieuses dans notre pays font partie intégrante du processus révolutionnaire mondial, de la révolution prolétarienne mondiale.

La ruine, la faillite du capitalisme sont inévitables.

Ses contradictions internes et externes le mènent à sa perte inéluctable.

Le Parti Communiste accomplit les tâches de formation des facteurs subjectifs de la révolution.

Ainsi lorsque, dans notre pays, les conditions objectives de la situation révolutionnaire seront rassemblées, le prolétariat, uni aux autres couches de la population laborieuse engagera le combat révolutionnaire pour le pouvoir avec le Parti Communiste comme guide et organisateur.

Ce combat, pour être victorieux, ne peut que se terminer par la destruction de l’appareil d’oppression d’Etat bourgeois et par l’instauration de la dictature du prolétariat.

C’est seulement avec la dictature du prolétariat qu’il sera possible d’avoir un gouvernement ouvrier, gouvernement révolutionnaire, gouvernement des travailleurs.

C’est seulement alors que les nationalisations seront socialistes et qu’il sera possible de procéder à la planification socialiste. C’est seulement alors, avec l’Etat prolétarien, que pourra et devra être développé le contrôle ouvrier, c’est-à-dire le contrôle ouvrier de l’Etat ouvrier, notamment sur ces branches d’administration qui accomplissent le travail de statistique et d’enregistrement, afin, entre autres, d’établir la comptabilité nationale, le contrôle à l’échelle nationale de la production et de la répartition des produits.

Avec l’établissement de la dictature du prolétariat s’ouvre une période de transition, de transformation révolutionnaire de la société, couvrant toute une phase historique, celle de l’édification de la société socialiste.

La lutte de la classe ouvrière et de ses alliés continuera, prolongée, implacable, héroïque, contre l’ennemi exploiteur de l’extérieur et de l’intérieur, contre ses complots, ses agressions, son idéologie, contre le danger de rétablissement ou de renaissance du capitalisme.

En consolidant la dictature du prolétariat, et l’alliance du prolétariat et des autres couches de la population laborieuse sous la direction de la classe ouvrière, le Parti Communiste devra veiller à mener jusqu’au bout la révolution socialiste sur les fronts économique, politique et idéologique.

Lorsque les tâches de la révolution socialiste auront été accomplies, les conditions seront alors réalisées pour passer à la phase communiste de la révolution.

IL N’Y A PAS DE TROISIÈME VOIE

Mandel, dans son article de « La Gauche » du 17 avril, prend aussi comme références pour défendre sa thèse – sans citer de textes pourtant – Rosa Luxembourg et Lénine.

Rosa Luxembourg a certes commis des erreurs, mais elle fut néanmoins une grande révolutionnaire.

Nous nous permettons donc, nous, de la citer. Qui ne verra combien sa critique du réformisme et du révisionnisme est restée actuelle :

« Bernstein a commencé sa révision du programme social-démocrate en niant la théorie de la faillite du régime capitaliste. Mais comme la chute de la société bourgeoise est la pierre angulaire du socialisme scientifique, la suppression de cette pierre angulaire conduit logiquement à la ruine de toute la conception socialiste de Bernstein. Au cours des débats, le désir de défendre sa première affirmation le pousse à céder l’une après l’autre les positions du socialisme.

(…)

Se représenter les réformes législatives comme une révolution de longue durée et la révolution comme une réforme condensée, est erroné et antihistorique. Le bouleversement social et la réforme législative sont différents non par leur durée, mais par leur nature. Tout le secret des bouleversements historiques accomplis par le pouvoir politique consiste justement à transformer de simples changements quantitatifs en une qualité nouvelle, à passer d’une période historique, d’un régime social vers un autre.

Ainsi, celui qui se prononce pour la voie légale des réformes au lieu de la conquête du pouvoir politique et de la révolution sociale, choisit en fait non pas une voie plus calme, plus sûre et plus lente vers le même but, mais un but tout à fait différent : au lieu de la réalisation d’un nouveau régime social, des changements insignifiants de l’ancien régime. Les conceptions politiques du révisionnisme se ramènent à la même conclusion que sa théorie économique : ce n’est donc pas l’établissement du régime socialiste qu’il veut, mais seulement la transformation du régime capitaliste, il ne vise pas à l’anéantissement du système du salariat, mais seulement à une exploitation plus ou moins grande ; bref, il aspire à l’anéantissement des excroissances du capitalisme et non du capitalisme lui-même.

(…)

La théorie de l’établissement graduel du socialisme se ramène à la réforme graduelle, dans l’esprit socialiste, de la propriété et de l’Etat capitalistes. Or, en vertu des conditions objectives de la vie de la société moderne, ils se développent précisément dans la direction opposée. Le processus de production se socialise de plus en plus, et l’intervention de l’Etat, son contrôle exercé sur ce processus s’élargit ; mais en même temps la propriété privée devient une forme d’exploitation capitaliste manifeste du travail d’autrui, et le contrôle d’Etat s’imprègne toujours plus exclusivement des intérêts de classe. Ainsi, l’Etat, c’est-à-dire l’organisation politique, et les rapports de propriété, c’est-à-dire l’organisation juridique du capitalisme, qui prennent au fur et à mesure de leur développement un caractère toujours plus capitaliste et non socialiste, dressent devant la théorie de l’établissement graduel du socialisme deux obstacles infranchissables.

L’idée qu’avait eue Fourier de transformer toute l’eau de mer du globe terrestre en limonade au moyen du système des phalanstères, était chimérique ; mais l’idée qu’a Bernstein de convertir la mer d’amertume capitaliste en mer de douceur socialiste en y versant de temps à autre une bouteille de limonade social-réformiste, est non moins chimérique et plus absurde.

Les rapports de production de la société capitaliste se rapprochent toujours plus de la société socialiste, mais en revanche ses rapports politiques et juridiques élèvent un mur toujours plus haut entre ces deux sociétés. Les réformes sociales et le développement de la démocratie n’y perceront aucune brèche. Au contraire, ils rendront ce mur encore plus haut et plus solide. Seul le coup de massue de la révolution, c’est-à-dire la prise du pouvoir politique par le prolétariat, est capable de le détruire. »
(Rosa Luxembourg : « Réforme sociale ou révolution ».)

Mais peut-être Mandel tentera-t-il de nous expliquer que sa voie est originale, que c’est une troisième voie.

Nous lui rappellerons sans cesse une vérité fondamentale, exprimée sous une forme extrêmement concise : « le pouvoir est au bout du fusil ! »

Et à propos de la troisième voie, nous céderons la parole à Lénine :

« Dans cet état de choses, la dictature du prolétariat est non seulement tout à fait légitime en tant que moyen de renverser les exploiteurs et de briser leur résistance, mais aussi absolument indispensable pour toute la masse laborieuse en tant qu’unique défense contre la dictature de la bourgeoisie qui a mené à la guerre et qui prépare des guerres nouvelles.

Le point essentiel que les socialistes ne comprennent pas, et qui explique leur myopie théorique, qui fait qu’ils demeurent prisonniers des préjugés bourgeois, qui constituent leur trahison politique à l’égard du prolétariat, c’est que dans la société capitaliste, dès que la lutte de classe qui es est le fondement s’accentue d’une manière tant soit peu sérieuse, il ne peut y avoir aucun terme moyen entre la dictature de la bourgeoisie et la dictature du prolétariat. Tout rêne d’on ne sait quelle troisième voie est une lamentation réactionnaire de petits bourgeois. Témoin en est l’expérience d’un développement de plus d’un siècle de la démocratie bourgeoise et du mouvement ouvrier dans tous les pays évolués, notamment l’expérience des dernières cinq années. C’est ce qu’établissent également la science de l’économie politique, le contenu du marxisme qui explique la nécessité dans toute économie marchande de la dictature de la bourgeoisie qui ne peut être remplacée que par la classe développée, multipliée, cimentée, renforcée par l’évolution même du capitalisme, c’est-à-dire la classe des prolétaires. »
(Lénine : « Thèses sur la démocratie bourgeoisie et la dictature du prolétariat » – 1er Congrès de l’Internationale Communiste – mars 1919.)

Et encore, en polémiquant avec Emile Vandervelde et Kautsky, Lénine écrivait :

« Des affirmations trop absolues risqueraient de devenir inexactes. Entre l’Etat capitaliste, fondé sur la domination exclusivement d’une classe et l’Etat prolétarien poursuivant l’abolition des classes, il y a bien des intermédiaires »
(Vandervelde : « Le Socialisme contre l’Etat », p. 156).

Voilà la « manière » de Vandervelde. manière qui ne se distingue que très peu de celle de Kautsky, et qui, en substance, lui est identique. La dialectique nie les vérités absolues, en expliquant comment s’opère le passage d’un contraire dans un autre et en montrant le rôle des crises dans l’histoire. L’éclectique ne veut pas d’affirmations « trop absolues », afin de glisser sous-main son désir petit-bourgeois, philistin, de remplacer la révolution par des « intermédiaires ».

Que l’intermédiaire entre l’Etat organe de domination de classe des capitalistes, et l’Etat organe de domination du prolétariat, soit justement la révolution qui consiste à renverser la bourgeoisie et à briser, à démolir sa machine d’Etat, cela les Kautsky et les Vandervelde le taisent.

Que la dictature de la bourgeoisie doive être remplacée par la dictature d’une seule classe, le prolétariat ; qu’après les « intermédiaires » de la révolution viennent les « intermédiaires » du dépérissement graduel de l’Etat prolétarien, là-dessus les Kautsky et les Vandervelde jettent le voile.

C’est en cela que consiste leur reniement politique. » (« La révolution prolétarienne et le renégat Kautsky », ann. 2 : « Un nouveau livre de Vandervelde sur l’Etat ».)

ÉLIMINER LE RÉFORMISME SOUS TOUTES SES FORMES

Les dirigeants de l’U.G.S. se tiennent donc sur des positions idéologiques entièrement réformistes, sous l’influence notamment des théories de la variante trotskiste du réformisme. Ils nient la perspective de la situation révolutionnaire. Ils enjolivent donc le capitalisme et veulent ignorer la crise générale de celui-ci, comme ils ne veulent pas tenir compte de la révolution prolétarienne en cours à l’échelle mondiale.

Au lieu de la réalisation du but final et des objectifs révolutionnaires qui en découlent, ils avancent les fumeuses théories réformistes des objectifs « transitoires » de réformes de structure, sollicitant la collaboration ouvrière au renforcement du capitalisme monopoliste d’Etat bourgeois.

Les travailleurs socialistes dégoûtés du P.S.B., refusant de se rendre plus longtemps complices des crimes du parti de Spaak, n’ont certes pas voulu, ne veulent certainement pas, constituer une aile prétendument « gauche » du réformisme.

En se détournant du réformisme spaakiste, ils ont entamé un processus qui, par l’expérience de leur participation à la lutte de classes sur le front revendicatif, politique et idéologique, va amener la plupart d’entre eux sur les positions révolutionnaires du marxisme-léninisme.

La tentative des dirigeants trotskistes de l’U.G.S. de canaliser leur volonté révolutionnaire vers les marécages du révisionnisme échouera aussi devant l’évidence des faits et par leur défaite idéologique.

Les réformistes du P.S.B. s’opposent ouvertement à la lutte quotidienne des travailleurs contre les attaques du Capital.

Les réformistes de la direction de l’U.G.S. s’y opposent également avec une phraséologie de gauche, en tentant de discréditer cette lutte qualifiée de « réformiste ».

Mais cette « fuite en avant » les démasque déjà. A l’occasion de la grève de la Batterie ou par leur scandaleux et provocateur sabotage de la solidarité avec le peuple vietnamien, les dirigeants de « La Gauche » ont déjà fait la démonstration effective de leur activité néfaste dans la pratique actuelle.

Et les voilà, pratiquant le crétinisme parlementaire en s’acoquinant dans un cartel du style électoraliste bourgeois au parti des traîtres khrouchtchéviens. Les khrouchtchéviens pratiquant à l’échelle internationale la collaboration avec l’impérialisme américain sont des agents perfides de la sujétion à l’impérialisme américain. Ils trahissent ignominieusement l’internationalisme prolétarien. Ils attaquent et calomnient bassement des pays socialistes tels que la Chine et l’Albanie socialistes.

Ils ont vanté le discours de Johnson prétendant dicter les conditions de la « Pax americana » au Vietnam et ils préconisent une négociation de trahison contre le peuple du Sud-Vietnam. Ils n’ont cessé de trahir le mouvement révolutionnaire de libération nationale au Congo. Ils participent au chantage nucléaire yankee.

Ils glorifient le parlementarisme bourgeois et la démocratie bourgeoise.

Ils voudraient que les salariés et appointés s’inclinent devant les trahisons des bonzes syndicaux réformistes.

Ils font la cour à un Spaak !

Ils espèrent s’intégrer au P.S.B. dans l’espoir d’un strapontin ministériel.

Voilà les tristes personnages, les vils contre-révolutionnaires auxquels se sont ralliés les dirigeants de l’U.G.S. qui montrent ainsi à quel degré de décomposition politique ils se trouvent.

Le frêle esquif de l’U.G.S. – et c’est aussi le cas du P.W.T. – Hainaut – à peine lancé, sombre déjà dans les eaux boueuses du révisionnisme khrouchtchévien.

Que les travailleurs socialistes, y compris ceux qui avaient placé leur confiance en l’U.G.S. ou dans le P.W.T. – Hainaut tirent les enseignements des évènements des dernières semaines. Ceux-ci constituent une dure mais excellente école. Ce n’est pas la déception qui doit en résulter pour ces camarades mais, au contraire, une conviction et une combativité révolutionnaire renforcées. Et aussi la volonté de faire place nette, de rejeter fermement toute idéologie, toute pratique réformiste, de quelque forme qu’elles soient.

Ainsi se trouve accéléré pour ces travailleurs, dont certains nous rejoignent déjà, le processus de prise de conscience qui les conduit aux positions révolutionnaires conséquentes du marxisme-léninisme.

J. GRIPPA.

UN ARTICLE D’ERNEST MANDEL OU UNE POLÉMIQUE DÉLOYALE

Ernest Mandel publiait dans le journal « La Gauche » du 17 avril, sous le titre « Polémique déplacées », un article qui était une vile attaque contre notre Parti.

Comme nous l’avons déjà fait précédemment pour des textes particulièrement significatifs d’adversaires politiques, nous publions intégralement ci-après, au même titre, celui d’Ernest Mandel.

Ainsi nos lecteurs pourront juger eux-mêmes à quelle bassesse un cartel avec les khrouchtchéviens fait descendre un homme sur lequel d’ailleurs il n’y avait pas lieu de s’illusionner.

Nous procédons à une critique détaillée des positions politiques de Mandel et de l’U.G.S. par ailleurs.

Rappelons que le camarade Lefèbvre avait écrit dans notre hebdomadaire « La Voix du Peuple » un article critiquant à juste titre l’alliance électorale du P. W. T. – Hainaut avec les khrouchtchéviens et signalant que l’U.G.S., à peine née, était, semblait-il, sur la même voie de la dégénérescence totale.

C’est ce qu’Ernest Mandel appelle des « polémiques déplacées », Bornons-nous dans cette présentation, à reprendre en quelques mots certaines ignominies contenues dans l’article de Mandel.

Le camarade Lefèbvre n’a pas eu à « chercher ses arguments dans les poubelles de la ‘Voix Socialiste’ » comme l’affirme Mandel. Il a simplement cité des textes fort embarrassants pour l’U.G.S. des amis et alliés actuels de Mandel.

D’après Mandel, les rédacteurs de la « Voix du Peuple » feraient le « front unique des bureaucrates (marxistes-léninistes et social-démocrates), qui craignent la démocratie ouvrière parce qu’elle leur fait perdre leurs privilèges », Si la démocratie ouvrière devait s’identifier avec Ernest Mandel qui ne tolère pas nos critiques contre le P.S.B. qu’il considère comme un grand parti ouvrier (!), les bureaucrates de la social-démocratie n’auraient pas grand-chose à craindre.

Quant aux camarades du Parti, leur privilège, c’est leur dévouement sans borne à la lutte révolutionnaire.

Mandel considère que nous utilisons des procédés polémiques stériles et stupides lorsque nous signalons qu’il y a accord électoral P.W.T. – Hainaut et U.G.S. avec les khrouchtchéviens : ce cartel est-il un mythe, est-ce une calomnie que de le dire ?
Mandel prétend que le camarade Lefèbvre aurait écrit (les guillemets sont dans le texte de Mandel) : « Si le P.W.T. – Hainaut et I’U.G. S. font cartel avec les khrouchtchéviens, c’est qu’ils sont, comme eux, des réformistes, des révisionnistes et des traîtres. La preuve, c’est que nous les avons suppliés jusqu’à la dernière minute de faire… cartel avec nous-mêmes ! ».

Mandel est un fieffé menteur : Il n’y a aucune trace dans l’article du camarade Lefèbvre d’un tel texte, ni d’ailleurs d’un tel « argument » de « preuve ».

Mais laissons juger le lecteur, apprécier lui-même la prose de Mandel, « exempte », comme il pourra le constater, d’injures et d’invectives !

L’article d’Ernest Mandel

POLÉMIQUES DÉPLACÉES

Le dernier numéro de « La Voix du Peuple » contient une série d’attaques à l’égard de nos camarades du P.W.T. et de l’U.G.S. que nous ne voudrions pas laisser passer sans réponse.

Signalons tout d’abord au camarade Lefèvre, de Mons, qu’il est pour le moins bizarre pour un « marxiste-léniniste » pur-sang d’aller chercher ses arguments contre l’U.G.S. dans les poubelles de la « Voix Socialiste ». Si nous utilisions les mêmes méthodes polémiques que les rédacteurs de « La Voix du Peuple », il nous serait facile de riposter : voilà le front unique des bureaucrates, qui craignent la démocratie ouvrière parce qu’elle leur fait perdre leurs privilèges. Mais à quoi servent des procédés polémiques de ce genre, sinon à empêcher la clarification politique, qui ne peut résulter que d’une discussion sereine d’éventuelles divergences ?

L’argument selon lequel les « fauteurs » du cartel P.W.T. – P.C. et U.G.S. – P.C. seraient des « réformistes » et des « révisionnistes » qui s’acoquineraient avec « ceux de l’avenue de Stalingrad » [siège du PC révisionniste à l’époque NDLR] parce que foncièrement d’accord avec eux, est du même acabit des procédés polémiques et stupides. Les rédacteurs de « La Voix du Peuple » semblent croire que la conviction se mesure au nombre d’injures qu’on utilise, et que le degré « révolutionnaire » de la prose est en proportion directe avec les invectives. Ils apprendrons à leurs dépens qu’en pratique, injures et invectives produisent surtout l’isolement, et renforcent l’impression que leurs auteurs ne se sentent pas très sûrs de leur cause…

Le camarade Lefèvre ne semble d’ailleurs pas se rendre compte de la contradiction ridicule à laquelle aboutit son argument : « Si le P. W.T. – Hainaut et l’U.G. S. font cartel avec les khrouchtchéviens, c’est qu’ils sont, comme eux, des réformistes, des révisionnistes et des traîtres. La preuve, c’est que nous les avons suppliés jusqu’à la dernière minute de faire… cartel avec nous-mêmes ! », Lefèvre prend-il ses lecteurs pour si naïfs de croire que les « purs marxistes-léninistes » brûleraient d’envie de conclure un cartel avec nous, si nous étions vraiment des « révisionnistes et des réformistes » ?

Quant au fond polémique de l’argument ; de Lefèvre, il mériterait un débat plus sérieux. Nous sommes prêt à un débat public quand il le désire, lui et ses amis, pour démontrer que le mot d’ordre des réformes de structure anticapitalistes, loin d’être « réformiste » ou « révisionniste », et loin d’avoir pour ancêtres « Bernstein et De Man » constitue un authentique programme de classe, qui doit faciliter la rupture des travailleurs avec une pratique de la lutte revendicative se limitant à combattre pour des objectifs parfaitement réalisables dans le cadre du régime capitaliste, qui, pour cette raison, ne mettent nullement en question l’existence de ce régime. C’est d’ailleurs dans cette pratique que réside la racine du réformisme, et les dix points du programme électoral du parti de Lefèvre s’en rapprochent dangereusement …

Les véritables ancêtres du programme des réformes de structure anticapitalistes, ce sont tous les théoriciens de la gauche socialiste marxiste d’avant la première guerre mondiale, parmi lesquels il ne faut pas seulement classer de Brouckère et Rosa Luxembourg, mais encore Lénine. Au lieu de ridiculiser imprudemment le mot d’ordre de l’ouverture des livres de comptes et du contrôle ouvrier, les rédacteurs de « La Voix du Peuple » feraient mieux de relire les brochures de Lénine où ces mots d’ordre se retrouvent repris et détaillés. Ils ignorent aussi, sans doute, que les textes qui analysent le mieux le sens du contrôle ouvrier, ce sont d’une part un texte de Louis de Brouckère, et d’autre part … une résolution de l’Internationale Communiste à l’époque de Lénine.

Il est vrai qu’il est plus facile d’insinuer et d’insulter que de vérifier ses sources et d’analyser des documents…

C’est dommage, car au sein du P.W.T. comme au sein de l’U.G.S., il y avait et il n’y a pas mal de sympathie à l’égard de la lutte courageuse que mènent des camarades de « La Voix du Peuple » pour la défense de la révolution coloniale. Pour cette raison, comme d’ailleurs par hostilité de principe à l’égard de toute discrimination contre un courant quelconque du mouvement ouvrier, nous avons toujours insisté, dans toutes les négociations de cartel ou d’unité d’action, sur quelque plan que ce soit, pour que ces camarades y soient associés à titre d’égalité. Mais certains de leurs dirigeants pratiquent à merveille l’art de se faire des ennemis et de s’isoler de tout le monde …

E. M.
(« La Gauche » du 17-4.)


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