J. Staline
Remarques sur un résumé de manuel d’ « Histoire de l’URSS »
8 août 1934
Le groupe présidé par Vanag1 n’a pas accompli sa tâche et même ne l’a pas comprise. Il a fait un résumé d’histoire russe et non d’histoire de l’URSS, c’est-à-dire une histoire de la Russie, mais sans l’histoire des peuples qui sont entrés au sein de l’URSS. (Pas de données sur l’histoire de l’Ukraine, de la Biélorussie, de la Finlande et des autres pays baltes, des peuples du Caucase du Nord et de Transcaucasie, des peuples d’Asie Centrale et d’Extrême-Orient, des peuples de la Volga et des peuples du Nord : Tatars, Bachkirs, Mordves, Tchouvaches, etc.).
Dans le résumé, n’est pas souligné le rôle colonisateur et annexionniste du tsarisme russe et de ses soutiens, la bourgeoisie russe et les propriétaires terriens (« Le tsarisme, prison des peuples »). Dans le résumé, n’est pas souligné le rôle contre-révolutionnaire du tsarisme russe en politique extérieure depuis Catherine II jusque vers 1850 et au-delà (« Le tsarisme comme gendarme international »). Dans le résumé, sont confondues les notions de réaction et de contre-révolution, de révolution « en général », de révolution bourgeoise et de révolution bourgeoise-démocratique. Dans le résumé, ne figurent pas les bases et les origines du mouvement de libération nationale des peuples de la Russie conquis par le tsarisme, et ainsi la Révolution d’Octobre, en tant que révolution qui a libéré ces peuples du joug national, n’est pas motivée de même que ne l’est pas la formation de l’URSS.
Le résumé abonde en banalités et en clichés comme « la terreur policière de Nicolas Ier », « l’insurrection de Razine », « l’insurrection de Pougatchev », « l’offensive de la contre-révolution des propriétaires terriens dans les années 70 du XIXe siècle », « les premiers pas du tsarisme et de la bourgeoisie en lutte contre la révolution de 1905-1907 », etc. Les auteurs du résumé copient aveuglément les banalités et les définitions étrangères à toute science, des historiens bourgeois, oubliant qu’ils ont à enseigner à notre jeunesse des conceptions marxistes fondées scientifiquement.
Le résumé ne reflète pas le rôle et l’influence des mouvements révolutionnaires bourgeois et socialistes de l’Europe Occidentale sur la formation du mouvement révolutionnaire bourgeois et du mouvement socialiste prolétarien en Russie. Les auteurs du résumé semblent avoir oublié que les révolutionnaires russes reconnaissent être les élèves et les continuateurs des coryphées de la pensée révolutionnaire bourgeoise et marxiste de l’Occident.
Dans le résumé ne sont pas mis en relief les racines de la première guerre impérialiste et le rôle du tsarisme dans cette guerre, en tant que réserve des puissances impérialistes de l’Europe Occidentale, de même que n’est pas soulignée la dépendance tant du tsarisme russe que du capitalisme russe à l’égard du capital de l’Europe Occidentale. Aussi l’importance de la Révolution d’Octobre, qui libéra la Russie de sa situation semi-coloniale, reste-t-elle non motivée.
Le résumé ne note pas l’existence d’une crise politique européenne à la veille de la guerre mondiale qui s’exprime entre autres dans la décadence de la démocratie bourgeoise et du parlementarisme. Aussi l’importance des Soviets du point de vue de l’histoire universelle, en tant que représentants de la démocratie prolétarienne et organes de la libération des ouvriers et des paysans du capitalisme, reste-t- elle non motivée. Le résumé ne note pas la lutte des tendances dans le gouvernement du parti communiste de l’URSS, ni la lutte avec le trotskysme en tant que manifestation de contre-révolution petite-bourgeoise.
Et ainsi de suite.
… Nous jugeons indispensable une refonte radicale de ce résumé dans l’esprit des propositions exposées ci-dessus, et il faut aussi tenir compte qu’il s’agit de la composition d’un manuel où chaque mot et chaque conception doivent être pesés, et non d’articles de revues dans lesquels on peut bavarder comme on l’entend sur tout, sans aucun sens de sa responsabilité. Il nous faut un manuel de l’histoire de l’URSS où premièrement l’histoire de la grande Russie ne soit pas coupée de l’histoire des autres peuples de l’URSS et où, deuxièmement, l’histoire des peuples de l’URSS, ne soit pas coupée de l’histoire européenne et en général de l’histoire mondiale.
Staline – Jdanov – Kirov.
Bolchévik, n° 3, 1936.