Article repris du site agauche.org

Une grande diversion.

Le coup de force du post-modernisme ces quinze dernières années et son combat contre l’universalisme a amené les féministes universalistes a prendre leurs distances. On a donc une scission qui existe sur plusieurs plans, notamment concernant la question du voilement des femmes et de l’activisme trans. Ces deux sujets n’étant que deux aspects du post-modernisme qui réduit tout à des questions d’identité, à une sorte d’identitarisme contre toutes les normes sociales et contre l’émancipation collective.

On se retrouve donc avec des féministes bourgeoises qui essayent de se battre contre le post-modernisme mais sans parler de post-modernisme. Le clivage essentiel étant autour de la question du genre et des stupidités queers, elles appellent cela transactivisme ou encore queerisme.

C’est le cas du féminisme radical qui, même étant capable d’avoir un réel contenu de gauche est englué par son absence d’antagonisme avec le capitalisme. Le problème c’est que la sphère féministe radicale, comme très isolée à cause de l’hégémonie de l’idéologie queer, se rabat en masse sur un militantisme quasi exclusivement virtuel.

Deux figures affiliées, peut-être à tord, au féminisme radical ont résulté d’une intense activité sur les réseaux sociaux : La première étant Marguerite Stern qui se veut alternative, une artiste vivant en squat tout en mettant son activisme en scène avec les « collages féminicides ».

La deuxième étant Dora Moutot tenant le compte Instagram « T’as Joui », sur le sujet autour de la sexualité féminine. Une voie de garage classique équivalent des réunions Tupperware, consistant à borner les femmes dans les questions sexuelles, une déviation qui les empêche de s’ouvrir à la société et donc à l’émancipation sociale.

Cette façon d’aborder la question des femmes à travers une sorte d’obsession sexuelle a depuis les années 1970 amené à un nouveau cycle de consommation. Derrière la prétendue réappropriation de leur plaisir, les femmes sont désormais victimes et/ou rabatteuses pour le sexe facile pour les hommes, gratuit ou tarifé.

C’est à travers des exemples comme celui-ci qu’on voit que l’absence d’antagonisme avec les valeurs capitalistes amène le patriarcat à se régénérer dans les initiatives féministes elles-mêmes.

Par conséquent, quand Dora Moutot choisit d’assumer récemment son partenariat avec l’application « Wyylde », c’est comme le dénonce l’inflexible Collectif Abolition Porno-Prostitution, un pied de nez aux féminisme et à la lutte contre la prostitution.

En effet, ce « partenariat » signifie faire la promotion d’une plateforme pour des rencontres « libertines », où on trouve sans grande surprise beaucoup de profils de femmes venues de plateformes de vente de contenu pornographique comme Mym ou Onlyfans mais aussi de rabatteurs pour la prostitution ou des tournages X. C’est naturellement abject et rejoint complètement la démarche d’hommes misogynes qui poussent des jeunes femmes dans le proxénétisme et autres pratiques décadentes et destructrices.

Sans surprise, elle est soutenue par Marguerite Stern, ces deux personnalités ne jurant toutes deux que par « la liberté de penser », revendiquant chacune personnellement l’absence de dogme, de fidélité à un courant et quasiment d’être à elle-seule à l’origine d’une pensée féministe.

On peut considérer qu’on est là au cœur et à l’apogée du libéralisme, pas de fidélité à des principes, au contraire, il s’agit de transformer des convictions en promotion personnelle via les réseaux sociaux. L’équivalent d’un Aymeric Caron pour le féminisme en somme.

On a donc sur le plan du militantisme, une opération d’engloutissement complet des initiatives par le capitalisme. Il faut être incroyablement stupide ou naïf pour en attendre quoique ce soit, ou considérer n’importe quelle figure d’un compte avec beaucoup de « followers » comme autre chose qu’un ou une opportuniste incapable de convictions.

Si les féministes radicales ont, dans la séquence de ces huit dernières années, permis de faire vivre la ligne universaliste, l’unique option pour l’émancipation des femmes est la gauche historique. Seule capable de combattre et dépasser le post-modernisme en assumant l’héritage universaliste.


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