INDUCTION ET DEDUCTION. Induction (lat. inductio), raisonnement qui va du particulier au général, des faits aux généralisations. Déduction (lat. deductio), raisonnement qui va du général au particulier, des propositions générales aux conclusions particulières. Les philosophes empiristes (F. Bacon — V. et autres) attachaient à l’induction une importance exceptionnelle, la plaçaient au-dessus de la déduction.
Les philosophes rationalistes (Descartes — V., Spinoza — V., Leibniz — V.) accordaient la primauté à la déduction. Pour la métaphysique, l’induction et la déduction sont des moyens d’investigation opposés et s’excluent l’une l’autre.
La dialectique matérialiste voit dans l’induction et la déduction des moyens de recherches distincts mais non indépendants
L’un est impossible sans l’autre. Toute déduction scientifique provient d’un examen inductif préalable et se fonde sur cet examen. L’étude des faits doit précéder la formation des plus simples notions, sans quoi la généralisation est suspendue dans le vide, est dénuée da valeur scientifique. Le grand physiologiste russe Pavlov (V.) disait que les faits sont l’air du savant.
La véritable science de la nature n’a commencé qu’avec une connaissance fondée sur l’expérience et l’analyse des faits. A son tour l’induction n’est scientifique que lorsque l’étude des faits s’inspire de la connaissance des lois générales.
Dans sa « Dialectique de la nature » (V.), Engels soumet à une critique implacable les « inductivistes » pour qui seule l’induction est « une méthode infaillible ». L’accumulation purement empirique des faits sans leur généralisation théorique n’est pas à même d’aboutir à une connaissance scientifique. L’étude des faits permet à la déduction de dégager leur essence, la loi de leur développement.
Tout en attachant aux faits une importance considérable, Pavlov notait qu’une idée générale de l’objet est toujours indispensable pour « accrocher les faits », pour aller de l’avant. Les faits qui ne sont pas éclairés par la théorie demeurent opaques. Ainsi, avant Mendéléev (V.), on avait accumulé des connaissances sur les différents éléments chimiques, mais on n’avait pas encore découvert le lien réel et les rapports réciproques entre ces éléments.
S’appuyant sur les faits accumulés par voie d’induction, Mendéléev élabora son célèbre système périodique qui mit à jour la liaison interne nécessaire entre les éléments chimiques. La théorie de Mendéléev, ses déductions scientifiques ont permis de comprendre et d’interpréter les faits plus profondément.
Grâce à son système, Mendéléev prédit l’existence de plusieurs éléments inconnus dont il donna une description détaillée. Peu après on découvrit ces éléments. Aucune induction n’est capable à elle seule de pareils pronostics.
La méthode dialectique, la seule scientifique, s’appuie sur l’induction aussi bien que sur la déduction, car elles sont liées l’une à l’autre et se complètent mutuellement, tout comme l’analyse et la synthèse (V.).
Dans son « Capital » (V.) Marx analyse une multitude de faits et découvre les lois générales de tout le développement du capitalisme à l’aide de l’induction et de la déduction. Ce qui fait la force de la doctrine marxiste-léniniste, c’est que chacune de ses thèses repose sur une analyse approfondie d’une multitude de faits et de phénomènes réels.
Ses principes théoriques, les lois de développement qu’elle a découvertes projettent la lumière sur les faits les plus embrouillés, les phénomènes et les événements les plus complexes de la vie sociale, ce qui aide à s’y orienter et permet non seulement de connaître le passé et le présent, mais aussi de prévoir, d’une façon rigoureusement scientifique, le développement dans l’avenir.
INFINI ET FINI. La métaphysique sépare l’infini et le fini comme deux catégories diamétralement opposées. En réalité, l’infini et le fini sont liés dialectiquement. L’infini n’existe que par les formes finies de la matière, à travers le fini.
Le monde matériel, infini dans l’espace et dans le temps, est un ensemble de phénomènes finis, en cours de développement. Les notions de l’infini et du fini reflètent cet enchaînement réel des formes de la matière en mouvement perpétuel. La notion du fini exprime la limitation des choses, des phénomènes, des processus concrets dans l’espace et le temps.
La notion de l’infini traduit le caractère illimité de la matière dans l’espace et le temps. Cette notion reflète également la diversité qualitative infinie des choses, des phénomènes et des processus du monde matériel.
L’infini est contradictoire. Il inclut toute la diversité du fini sans pour autant se réduire à une simple somme de choses finies, car l’infini signifie: mouvement éternel, changement, mort de l’ancien et naissance du nouveau.
Engels distingue le « mauvais infini » et le véritable infini. Le « mauvais infini » n’est que la répétition ininterrompue du fini, par exemple dans le cas de la série simple 1 + 1 + 1 + 1 + 1 + 1… ; l’infini est ici la somme d’une série infinie d’unités, il lui est opposé. Le véritable infini signifie le monde qui existe réellement et se développe éternellement, dans toute la richesse inépuisable de ses manifestations.
Les notions d’infiniment grand et d’infiniment petit, qui sont à la base de l’analyse mathématique, reflètent des rapports réels Ce qui fait la réalité de la grandeur infinie, c’est l’infinité de la matière dans l’espace et dans le temps, c’est l’infinie diversité des choses et de leurs qualités.
Quant à l’infiniment petit, il a ses prototypes dans l’infinité des infimes particules de la matière. Engels voit également les prototypes de la petitesse infinie dans certains corps célestes dont les dimensions, comparées aux distances qui les séparent dans l’espace (les distances entre les étoiles, par exemple), sont insignifiantes, ce qui permet de les traiter en mathématiques comme des petitesses infinies.
L’analyse mathématique doit son importance scientifique au fait que les notions de grandeur infinie et de petitesse infinie sont des abstractions tirées des rapports réels du monde matériel. L’infini et le fini sont donc des contraires qui n’existent que reliés l’un à l’autre, qui se pénètrent mutuellement.
INTEGRISME. V. Philosophie de l’« intégrité ».