Le patriarcat n’existe pas de toute éternité. Le patriarcat est apparu à la suite de la domestication des animaux dans l’histoire de l’humanité. Les femmes sont alors devenues la propriété des hommes au même titre que les animaux. Cette étape historique marque la fin du mode de production qui prévalait sous le communisme primitif, période pendant laquelle dominait une organisation matriarcale de la société.

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L’humanité a gardé de nombreuses traces du matriarcat dans les productions culturelles que sont les statuettes (les fameuses « vénus » de la préhistoire), les gravures sur roche ou l’art pariétal.

Pourtant, ces signes du matriarcat sont systématiquement ignorés par la bourgeoisie. En effet, la bourgeoisie se doit d’affirmer l’idée que le patriarcat est « dans l’ordre des choses », qu’il a toujours existé et existera toujours.

La bourgeoisie incite de ce fait à la résignation et au respect de l’ordre établi. Par exemple, à chaque débat sur la prostitution, on entendra immanquablement les mêmes poncifs du type « prostituée est le plus vieux métier du monde », « il y a toujours eu des prostituées », voire même que « la prostitution permet de limiter les crimes sexuels en déchargeant les hommes de leurs « pulsions » violentes ».

Voilà quelle est la vision du monde de la bourgeoisie, classe dominante du capitalisme, indéfectiblement arrimée au patriarcat. La lamentable, mais ô combien symptomatique affaire du site Rich Meet Beautiful apporte une nouvelle preuve de cette conception du monde arriérée de la bourgeoisie, où les femmes ne sont considérées que comme une marchandise.

La tâche historique des communistes consiste donc à combattre avec acharnement l’idéologie dominante de la bourgeoisie pour paver la voie de la révolution socialiste.

Pour ce faire, analyser les œuvres préhistoriques de l’époque du matriarcat est une nécessité. Il s’agit d’abord de faire vivre une réalité historique consciencieusement déniée par la bourgeoisie.

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Les œuvres conçues à l’époque du matriarcat reproduisent des signes et symboles récurrents qu’il importe d’interpréter et de comprendre. L’archéologue américaine d’origine lituanienne Marija Gimbutas a justement essayé de décrypter ce langage du temps du matriarcat.

Posons tout d’abord quelques repères chronologiques.

Le matriarcat en Europe s’est achevée au quatrième millénaire avant notre ère avec l’arrivée des tribus indo-européennes, à l’organisation sociale patriarcale en raison de leur mode de production économique fondée sur l’élevage des animaux.

Le dieu masculin de ces tribus indo-européennes a progressivement balayé la déesse-mère du matriarcat.

Les formes d’art les plus anciennes retrouvées remontent au paléolithique supérieure, c’est-à-dire environ 30.000 ans avant notre ère.

Les œuvres qui témoignent du matriarcat s’étendent donc sur une très longue période de plus de 25.000 années.

Le matriarcat n’est en rien une invention de théoriciens puisqu’on le retrouve de très nombreuses fois aux origines-mêmes des peuples. Et cela sur tous les continents et dans toutes sortes de peuples.

Ainsi, beaucoup de pays possède de nombreux sites préhistoriques très riches en productions artistiques attestant du matriarcat.

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Nous commencerons notre exploration de la culture matriarcale par l’examen de la sculpture sur roche dite de la « Vénus de Laussel » (Dordogne).

Cette œuvre date d’environ 25.000 ans, à l’époque du Gravettien période du paléolithique supérieure comprise entre l’Aurignacien et le Solutréen (la différence entre ces différentes phases tient essentiellement aux innovations dans la confection des outils, notamment la taille des silex).

La femme est représentée à la manière typique des œuvres du paléolithique avec une proéminence des attributs féminins que sont les fesses, les hanches et les seins.

De même, comme toutes les figures féminines de cette époque, les traits du visage et les pieds son inexistants. La main gauche de la femme posée sur son ventre constitue certainement un élément explicatif de ces choix de représentation. En effet, cette main indique très certainement que la femme est enceinte. Or, il est probable que les sculptures du paléolithique aient été réalisées par des femmes enceintes elle-même. Ces auto-portraits correspondent au point de vue d’une femme enceinte qui essaie de se représenter elle-même. Une femme enceinte ne peut voir ni ses pieds, masqués par son ventre proéminent, ni bien entendu son visage, en l’absence de miroir.

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Pourtant, la bourgeoisie nie le fait même que des femmes aient pu être des artistes à la préhistoire. Il suffit de voir l’imagerie typique de la préhistoire à destination des enfants pour constater que, du point de vue de l’idéologie dominante, l’artiste de la préhistoire est forcément un homme ! Et dans la plupart de ces images, on prend même soin de représenter la répartition des rôles de la famille « traditionnelle », avec une femme s’occupant de la cuisine.

Pour revenir à la sculpture dite de la « Vénus de Laussel », le signe distinctif de la femme représentée est une corne de bison qu’elle tient levée dans sa main droite. Les cornes de bison sont un symbole très ancien assimilées au croissant de lune et, par extension, au cycle féminin rythmée par les menstruations.

On constate d’ailleurs que la corne tenue par la « Vénus de Laussel » est incrustée de 13 entailles en référence aux cycles de la lune et de la femme liés évidemment au cycle de la nature.

Cette même idée de cycle est présente dans une autre sculpture sur roche sur le même site de Laussel en Dordogne. Ce relief montre deux femmes se tenant les mains et imbriquées l’une dans l’autre au point que leurs corps se confondent.

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La femme du dessus est représentée de manière beaucoup plus nette que celle du dessous, dont les contours sont très succinctement figurés. Cette oeuvre est remarquable par l’idée qu’elle donne d’un temps cyclique entre une femme en âge d’enfanter, possédant les attributs de la féminité (la poitrine est clairement apparente) et celle infertile aux traits estompés qui n’en sont pas moins unis dans le même corps.

Nous avons vu que la main placée sur le ventre était un symbole communément utilisée à l’époque du matriarcat pour signifier la grossesse d’une femme. Un autre symbole très ancien de l’humanité est la double ligne parallèle, tracée la plupart du temps sur le ventre ou les fesses. Ce symbole est évidemment clairement interprétable, illustrant que deux êtres sont en fait présents là où l’on ne voit qu’un seul corps.

Ces deux lignes parallèles ne sont pas tracées uniquement sur des femmes mais aussi des animaux, notamment des bisons. D’une manière générale, les mêmes codes se retrouvent dans les illustrations de femmes ou d’animaux pour signifier que le cycle de la vie englobe tous les animaux, toute la nature, dont les humains sont une composante.

L’illustration ci-dessous montre une jument de la grotte de la Pileta, dans l’Etat espagnol, en Andalousie. Cette représentation est remarquable car les doubles lignes foisonnent à l’intérieur du corps rebondi de la jument. Ces lignes présentent plusieurs pigments différents et ont probablement été tracées par divers individus.

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A ce propos, plusieurs études scientifiques ont démontré que les mains (en négatif ou positif) que l’on trouve un peu partout dans les grottes ont été tracées majoritairement par des femmes. Si l’apposition de mains constituent une sorte de signature des peintures rupestres, on peut alors en déduire qu’une majorité d’œuvres ont été composées par des femmes, ce qui corrobore évidemment l’analyse marxiste du communisme primitif et du matriarcat.

A l’opposé, la jument de la grotte de la Pileta date du magdalénien supérieur (environ 10.000 ans avant notre ère), la dernière époque du paléolithique supérieur, époque marquée par un accroissement considérable de la production d’outils de plus en plus variés et décorés. Le thème de la dualité est récurrent dans les œuvres du matriarcat et constituent une des illustrations les plus évidentes de la compréhension de la dialectique de la nature par l’humanité qui se conçoit comme partie intégrante de la nature.


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