Publié dans le Renmin Ribao, le 8 août 1975

Hao Jan, l’auteur de cet article, est un des écrivains les plus célèbres en Chine. Il a signé de nombreux recueils de nouvelles et des romans : « Jours ensoleillés » (1964) ; « La grande voie radieuse » (1972) ; « Les enfants de Xisha » (1974).

Hao Jan : Ma plume au service du prolétariat − Notes pour l’étude de la théorie de la dictature du prolétariat

La plume que je tiens à la main peut sembler légère, vraiment très légère, mais lorsqu’elle devient l’instrument de combat du travailleur littéraire que je suis, elle est lourde, vraiment très lourde. Au fur et à mesure que mon expérience s’accroît par la pratique, je sens s’accroître encore son poids. Lorsque je suis plongé dans la vie ou dans le processus de création littéraire, lorsque j’étudie la théorie de la dictature du prolétariat avec les paysans pauvres et moyennement pauvres, avec les cadres de base, cette pensée ne me quitte pas : comment ma plume peut-elle servir à consolider la dictature du prolétariat ? C’est là un devoir glorieux, qu’on ne peut pas décliner. Dans une telle tâche un article, une phrase ou un mot, une virgule même, on peut considérer qu’ils pèsent des tonnes. Cela mérite qu’on traite l’affaire avec le plus grand sérieux.

Le Président Mao a soulevé un point théorique important : « Pourquoi Lénine a-t-il dit qu’il est nécessaire de bien comprendre la question de la dictature du prolétariat ? C’est que si cette question n’est pas comprise à fond le danger demeure de retomber dans le révisionnisme. Voilà ce que tout le pays doit savoir. » Pour nous les créateurs littéraires, l’étude de cette instruction prend un double sens : d’abord elle nous permettra de réformer notre conception du monde et nous gardera de devenir des écrivains révisionnistes. Ensuite, guidés par elle nous atteindrons à une meilleure connaissance de la vie et des luttes réelles et nous saurons les représenter en offrant des modèles de héros qui se vouent de corps et de cœur avec un enthousiasme ardent à la cause de la littérature du prolétariat. Et c’est ainsi que nous encouragerons les masses à « pousser en avant la roue de L’histoire ».

Telle est la tâche glorieuse que nous devons assumer de tout cœur. Une pièce de métal ou un roc, on peut les soulever et les mouvoir avec une machine, mais la plume que tient un travailleur littéraire, il n’y a que sa pensée qui puisse la soulever et la mouvoir : telle conception du monde, telle portée politique et esthétique. Tout œuvre est un hydromètre qui permet de mesurer la densité de pensée de son auteur. Le moindre creux, elle le détecte.

Pendant longtemps je n’ai pas suffisamment étudié la théorie de la dictature du prolétariat pour en avoir une conscience assez claire. Je croyais naïvement que, puisque j’avais été cadre et journaliste, mon niveau politique était plutôt élevé et que c’était seulement la technique artistique qui me faisait défaut dans la mesure où mes études avaient été si brèves1. Imprégné d’une telle pensée, je portais bien quelque intérêt à l’étude de la politique concrète du Parti à telle ou telle époque, mais celle des principes fondamentaux du marxisme-léninisme ne m’intéressait pas, alors qu’elle doit faire l’objet d’une étude assidue et prioritaire.

Pendant ce temps, c’était le sentiment pur et spontané du prolétaire qui dirigeait ma plume : je sais parfaitement que c’est la prise de pouvoir du prolétariat et du Parti qui m’a tiré de la mer de douleurs où me laissait croupir l’ancienne société qui, non seulement m’a rendu ma place, à moi paysan pauvre, sur la scène politique et économique, mais m’a fait maître aussi du domaine culturel. J’étais reconnaissant de cela envers le Parti et le peuple et j’étais résolu à mettre ma plume à leur service pour les célébrer. Mes œuvres ont toujours mis en lumière les hommes nouveaux et les choses nouvelles, les gens de bien et les belles actions. Par là, bien sûr, pendant tout ce temps j’ai pu diffuser les mérites éclatants du régime socialiste, apporter du courage et de l’espoir aux masses et prendre ma part de la tâche dominante de chaque époque, mais maintenant je l’avoue : c’était là une attitude très insuffisante.

Quant à mes œuvres, depuis 1956 où je commençai à écrire La pie sur la branche jusqu’aux six premiers mois de 1962, où j’écrivis La pluie des fleurs d’abricotiers, il y a quelque cent nouvelles qui représentent la vie telle quelle, presque toujours paisible et prospère, sans contradictions ni luttes de classes, sans modèles de héros non plus. Même si j’ai mis en relief la lutte que se livraient à l’intérieur du peuple les anciennes et les nouvelles pensées, je ne les ai pas dominées de bien haut ni ne les ai creusées assez profondément. Je n’étais pas à un niveau d’où je puisse découvrir les lois essentielles de la vie. Sur le plan subjectif je voulais marcher au rythme du combat politique, mais ma plume était trop faible pour me le permettre.

Après la dixième séance plénière du comité central issu du huitième congrès2, j’ai étudié l’instruction importante du Président Mao, qui nous engage à ne pas oublier la lutte de classes. Ma pensée et ma conscience se sont élevées à un plus haut niveau, ma conception politique est devenue plus claire et plus exacte, et c’est alors que j’ai commencé à me servir du concept de classe et de lutte de classes pour faire de ma plume une arme. L’expérience de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne m’a montré clairement que dans le Parti comme dans la société il existe aussi une lutte de classes, une lutte violente et implacable entre les deux lignes. Je me suis rendu compte alors de cette grande vérité que « c’est la ligne idéologique et politique qui est en tout déterminante ». Je me suis efforcé de suivre de très près la ligne fondamentale du Parti pour orienter ma plume et il en est sorti le roman qui a pour titre La Grande voie radieuse. (Tomes I et II.)

Ce regard sur le passé me permet de comprendre maintenant que c’est la position et le point de vue de l’écrivain révolutionnaire qui rendent sa plume capable de servir le prolétariat. Or il doit savoir aussi que pour avoir une position et un point de vue corrects, il lui faut étudier le marxisme-léninisme et la pensée de Mao Zedong. Le marxisme-léninisme est le phare et la boussole qui dirigent le prolétariat en lutte sur la route du communisme et par conséquent donnent leur sens à sa vie et à sa création littéraire. Il n’y a que ceux qui peuvent se placer sur les positions du marxisme et, partant de lui, utiliser ses analyses et ses méthodes qui peuvent atteindre une connaissance correcte de la vie et la rendre exactement. C’est à ce moment-là seulement qu’ils peuvent mettre leur plume au service du prolétariat. (…)

« Il faut assimiler à fond les principes du marxisme », dit le Président Mao, les assimiler à fond pour les appliquer. Si pour étudier la théorie de la dictature du prolétariat on adopte un style du genre « se cultiver à portes fermées », on ne peut pas arriver à la compréhension et encore moins à la transformation radicale de notre monde subjectif en accord avec les transformations du monde objectif, de lier étroitement notre pratique littéraire à notre pratique dans la vie. Alors seulement on peut passer de la théorie à la pratique. En retour une application valable de la théorie à la pratique accroît encore l’intelligence qu’on en a déjà. C’est pourquoi nous devons nous plonger longuement et sans réserve au cœur de la lutte ardente des masses d’ouvriers, de paysans et de soldats. (…)

« Mais comment se servir de la théorie de la dictature du prolétariat pour observer et comprendre la vie ? Il s’agit là d’une question de méthode, mais aussi de position et de point de vue de classe. J’ai rencontré plusieurs jeunes écrivains professionnels qui s’étaient « plongés dans la vie longtemps sans pour autant y trouver des sources d’inspiration littéraire, et cela malgré toutes les peines qu’ils se donnaient ». Or dès qu’ils ont assimilé la théorie de la dictature du prolétariat, « la voie s’est ouverte » tout à coup à leur pensée. Parmi eux il y avait des camarades qui avaient bien quelques idées sur la façon de découvrir des « histoires », et ils en avaient collectionné ainsi un certain nombre, mais ils se sentaient incapables d’en faire des œuvres littéraires qui intéressent les gens et ils sont venus me raconter leur tourment. A mon avis ils doivent continuer à suivre tes recommandations du Président Mao et se lancer dans la lutte ardente des masses pour y « observer et éprouver, étudier et analyser tous les hommes, toutes les classes, l’ensemble des masses, toutes les formes de vie vécue, toutes les formes de combat, toutes les sources et tous les matériaux de la littérature et de l’art », et alors seulement passer au processus de création littéraire.

Hors de cette voie pas de raccourci. C’est seulement si l’écrivain a dans l’esprit un grand nombre de personnages qu’il connait bien, qu’il peut faire un choix parmi eux, les représenter dans des situations concrètes qui soient dans la logique de leur pensée et de leur conduite. C’est seulement ainsi que l’écrivain peut donner à son récit un caractère de vérité qui ne révèle aucun creux. Lorsque les personnages des romans sont placés dans la lutte des contraires et les rapports de classe, le récit à son tour les sert, ils deviennent des êtres vivants et cessent d’être des abstractions.

Pour les jeunes écrivains dont je viens de parler, qui cherchent à « ouvrir la voie » à leur pensée, il y a encore un autre moyen de composer : on cherche spécialement des problèmes et des personnages négatifs. Par exemple, conformément à la théorie de la dictature du prolétariat on recherche des éléments de la nouvelle bourgeoisie. De ces personnages on collectionne les paroles et les actes, dont on fait le point de départ du roman, puis pour répondre à leurs besoins on introduit quelques personnages positifs qu’on fait évoluer autour d’eux. J’affirme que cette pratique d’étude et de création est dans une impasse dès le départ. Si un écrivain de ce genre continue à marcher sur un tel chemin, il y a de grands risques qu’il finisse par basculer dans des pratiques littéraires droitières de la bourgeoisie comme celle, par exemple, qui consiste à « écrire la vie dans sa vérité » ou à « faire ressortir les ombres du socialisme ».

La tâche essentielle de la littérature socialiste est de créer des figures de héros prolétariens. Eux seuls, en effet, peuvent incarner la pensée et la volonté du prolétariat, exprimer l’apparence et l’essence de notre époque ; eux seuls aussi peuvent encourager, unir et éduquer les masses comme un seul corps pour leur lutte contre l’ennemi et pour la consolidation de la dictature du prolétariat. Dans ma nouvelle Un visage de fer sans égoïsme, je mettais en scène un paysan (c’était en fait un petit producteur) en prenant pour point de départ la lutte qu’il mène pour obtenir un terrain sur la propriété collective afin d’y construire une petite maison pour soi.

Mais au fur et à mesure que ma pensée se développait sous ma plume, je sentais monter de mon brouillon je ne sais quel relent de la théorie des personnages « intermédiaires »3 si bien qu’à plusieurs reprises je dus cesser d’écrire. C’est seulement après avoir assimilé la théorie de la dictature du prolétariat, après avoir dépensé beaucoup de temps et d’effort à connaître de près les héros et les héroïnes qui combattaient résolument les personnages négatifs par des actions qui me touchaient, c’est alors seulement que ma plume s’est sentie plus libre de créer les personnages principaux promouvant les contradictions et les luttes. Et cela me permettait du même coup de donner les réponses qui convenaient aux questions de notre temps.

Dans un récit que l’ai écrit par la suite, Les deux seaux d’eau4, le personnage m’avait été inspiré par un homme réel, un homme courageux qui avait su rompre avec la conception traditionnelle de la propriété privée et du point de vue égoïste. Le personnage prit d’abord vie dans mon esprit puis sous ma plume, à laquelle Il s’imposa d’une façon irrésistible. J’ai tâché alors de le connaître de mon mieux, de le comprendre et de le juger selon la ligne fondamentale du Parti. Ensuite j’ai créé aux antipodes de sa pensée et de sa conduite des personnages négatifs. C’est cet antagonisme qui m’a permis de développer le mouvement des contradictions, de lier les épisodes et finalement de réaliser une nouvelle. Cette expérience a commencé à me faire comprendre que l’écrivain doit se ranger tout d’abord du côté des prolétaires, que c’est en se plaçant à la hauteur de leur point de vue qu’il peut vraiment saisir l’essence et le mouvement de la vie, choisir des matériaux de création littéraire importants et significatifs. Alors seulement lui vient la liberté de créer des figures représentatives de héros supérieurs et de héros principaux.

Il m’est arrivé tout récemment de rencontrer à la consultation d’un hôpital, un écolier qui attendait, le dernier d’une longue queue de malades. J’ai vu une infirmière accourir vers lui et lui dire d’aller tout de suite à la salle de consultation en passant devant tout le monde. Pourquoi ? Parce que son père est un des médecins de l’hôpital. Eh bien, voilà que le garçon au lieu d’accentuer la faveur se montre décidé à n’en rien faire : il refuse. Mais non seulement il refuse : il critique l’infirmière sur le champ. Dans le passé, si j’avais été mis devant un tel fait, il l’aurait probablement laissé tomber : un brave gosse, une belle action, certes, mais un sujet tellement ressassé ! Cette fois-ci, sous l’influence toute fraîche de mes études sur la théorie de la dictature du prolétariat ma pensée et mon cœur répondent en écho à son acte et je le retiens.

Je perçois nettement que ce petit soldat rouge est en train de faire étinceler en lui un trait du communisme. Il met en œuvre dans sa pratique la théorie de la dictature du prolétariat. Il est l’un, parmi les millions d’hommes des masses prolétariennes qui s’élèvent par leur idéologie au rang des hommes nouveaux. Il m’encourage moi-même à progresser dans la réforme de ma conception du monde et à mieux connaître la vie. Je dois le prendre pour modèle et le célébrer par ma plume. Quel admirable sujet ! Et peu m’importe si cette histoire n’est pas bien riche de contradictions et d’événements concrets : l’essentiel, c’est qu’elle a ouvert la voie à ma réflexion et à mon imagination.

Le Président Mao nous a enseigné depuis longtemps qu’il faut « se mêler longtemps et de tout cœur aux masses des ouvriers, des paysans et des soldats » et puiser dans leur lutte ardente pour y trouver l’unique, la plus riche source de la vie. Le fait est que c’est en examinant si un écrivain est capable d’appliquer ce principe qu’on juge la profondeur de sa représentation de la vie et la hauteur de sa pensée. Nous les écrivains issus de la classe des ouvriers et paysans, qui avons déjà par là une certaine expérience de la vie, il nous serait facile de nous laisser bercer par une autosatisfaction aveugle, de croire que nous faisons un bon usage de notre vie et que seule notre technique est à perfectionner.

Or cet état d’esprit nous empêcherait non seulement de nous lancer dans la pratique des luttes populaires, mais aussi de manier correctement notre plume pour qu’elle suive de près la marche de notre époque. Le temps se précipite, les peuples progressent, la vie de combat est riche de transformations de toutes sortes : pour quelle raison affirmer que nous faisons bon usage de notre vie ? D’ailleurs n’est-ce pas en soi contraire aux principe fondamentaux du marxisme ? Mes camarades du monde littéraire me considèrent comme quelqu’un qui connaît plutôt bien la vie des paysans, mais en réalité ces événements que j’ai vécus je ne les comprends pas encore bien. Il me faudra les examiner à nouveau, les confronter à la vie actuelle qui se développe, pour à nouveau repartir à zéro et essayer sérieusement et honnêtement de comprendre les choses.

Dans La grande voie radieuse j’ai utilisé les matériaux de ma propre expérience, des événements que j’avais moi-même vécus. Or le premier brouillon achevé, je sentis que j’avais été prisonnier des personnages et des faits tirés de la réalité, mais que j’étais incapable de les dépasser pour exprimer l’essence de la lutte menée par les paysans dans les années cinquante. A tel point que je posai la plume. Ensuite je me mis à réétudier l’enseignement du Président Mao sur la typisation5 et je compris peu à peu que pour savoir sauter hors des limites imposées par les hommes et par les faits réels, il faut savoir d’abord sauter hors des limites de notre pensée et de notre connaissance. Sans de telles ruptures (« tupo » − « briser en passant outre ») sur le plan idéologique on n’arrivera certainement pas à refléter la vie de façon typique.

Avant la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne j’avais essayé trois fois déjà de dresser le personnage de Gao Daquan6, mais une fois qu’il était sous ma plume ce qui évoluait autour de lui n’était que des personnages intermédiaires du genre de tel bureaucrate étriqué « comme une femme aux pieds bandés »7 ou un quelconque « Petit boulier ». Dans tous les cas je n’arrivais pas à rendre la grandeur et le prestige de son caractère.

Après la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne, je récrivis La grande voie radieuse. Entre temps j’avais étudié toute une série d’instructions du Président Mao et la ligne fondamentale du Parti. J’avais participé à la grande critique révolutionnaire avec les membres de la Commune. J’étais désormais à la hauteur de la pensée de mon temps. Je pouvais enfin comprendre la lutte entre les deux lignes et entre les deux classes qui s’était déroulée dans la campagne après la fondation de notre Nouvelle Chine. En même temps se trouvait revalorisé tout ce que j’avais accumulé par réflexion et par lecture : mais c’est seulement après avoir pris part au mouvement « Une chose à abattre, trois choses à combattre »8, que je suis enfin arrivé à confronter les matières tirées de la vie nouvelle avec celles dont j’avais rempli mon ancien bagage, à les comparer et à faire mon choix. C’est pourquoi j’ai pu découvrir en dehors de « la femme aux pieds bandés » et du « Petit Boulier » d’autres types comme celui de Zhang Jinfa, le représentant de la nouvelle bourgeoisie, de Gao Erlin le petit producteur tout récemment parvenu à la propriété par l’achat d’un lopin de terre.

Ce qui est plus important pour moi, c’est que je découvrais du même coup en Gao Daquan un vrai héros prolétarien, qui s’en tient résolument à la ligne révolutionnaire du Président Mao pour mener son combat jusqu’au bout contre la ligne révisionniste et la tentation bourgeoise. A découvrir cela il me vint à l’idée que des hommes comme Gao Daquan, il y en avait déjà assurément dans les années cinquante et soixante, mais c’est nous qui n’avions pas su les voir et nous en emparer. Ma pensée avait entravé ma plume et ma plume avait entravé mes personnages ! A y regarder de près on pouvait voir que c’est le marxisme qui avait manqué à ma pensée, et je n’avais donc pas été en mesure de faire ressortir les traits essentiels de mes héros. A vrai dire, même aujourd’hui ils ne sont pas encore à la taille qu’il faudrait. Cela vient du fait que je ne suis pas encore plongé assez profondément dans la nouvelle vie de combat, que mon effort n’est pas encore suffisant pour me permettre d’appliquer dans ma pratique, d’écrivain la théorie de la dictature du prolétariat, ni de passer de mes expériences vécues à des acquis de connaissance.

Nous devons savoir que pour un travailleur révolutionnaire de la littérature la plongée dans la lutte ardente du peuple n’a ni de fin ni de limites. Jamais il n’en emportera le diplôme final. Bien sûr, les expériences dont il s’enrichit créent des conditions favorables à son travail d’écrivain, mais il ne doit pas s’attendre à posséder un jour la richesse littéraire définitive. Un seul moyen : s’emparer du marxisme, du léninisme, de la pensée Mao Zedong et s’en servir comme de télescopes et de microscopes pour examiner, réexaminer et finir par comprendre correctement les choses vécues. C’est ainsi seulement qu’il entrera en possession des précieuses matières indispensables à la création littéraire.

Si nous voulons posséder à fond la théorie de la dictature du prolétariat et nous mettre à son service pour la consolider, il faut aussi que nous ayons en main une plume que l’effort a exercée. Il faut élever notre pouvoir d’expression. Mais s’il est vrai que notre effort vise à l’unité des deux critères, celui du contenu révolutionnaire et celui de la forme artistique la plus parfaite possible, nous devons néanmoins nous en tenir au principe que c’est le critère politique qui commande. Les pièces d’opéra modèle nous donnent un exemple d’une unité réalisée entre le politique et l’artistique. Il nous serait profitable de nous y référer pour la création romanesque : elles doivent leur succès à l’alliance du réalisme et du romantisme révolutionnaires. Bref, si on veut mettre sa plume au service du prolétariat, que ce ne soit pas par la platitude d’un rapport superficiel mais par l’expression artistique des aspects et des luttes de la vie, afin qu’elle devienne ainsi dans la lutte pour la victoire définitive du prolétariat sur la bourgeoisie, une arme pleine de puissance.

 

  1. Hao Jan commence à écrire en 1949. Il n’a comme bagage que trois ans d’études primaires. Il a fait plus tard quatre ans d’études dans une école de la jeunesse fondée par le Parti (1952-1956).
  2. Septembre 1962.
  3. La théorie de « l’approfondissement du réalisme » de Zhou Yang et de son groupe préconisait de rejeter les figures de héros purs et de créer des « personnages Intermédiaires » (ou « moyens ») avant un caractère complexe.
  4. Yi dan shui. Cf. littérature chinoise, 1974. 3.
  5. Cf. Interventions au Forum de Yan’an.
  6. Le héros de La Grande voie radieuse (Jinguang da dao).
  7. C’est-à-dire limité à un horizon très étroit.
  8. « Yi da san fan ». Mot d’ordre lancé par le communiqué de la deuxième session plénière du comité central issu du 9 congrès du P.C.C., le 6 septembre 1970 et repris dans l’éditorial du premier janvier 1971 : « Il faut développer sans défaillance le mouvement pour abattre la contre-révolution, et lutter sans concession contre la concussion, le vol, la spéculation, la prodigalité et le gaspillage. »

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