[Mars, avril et mai 1970.]
Il y a un an, le Mouvement de libération nationale palestinienne, le Fath, publia officiellement son programme politique, précisant l’objectif final de sa lutte de libération:
« Nous combattons aujourd’hui pour créer la nouvelle Palestine de demain, une Palestine progressiste, démocratique et non confessionnelle dans laquelle chrétiens, musulmans et Juifs bénéficieront de la liberté de culte, travailleront et vivront en paix, jouissant de droits égaux » 1.
Plus loin on pouvait lire : « Notre révolution palestinienne tend la main à tous ceux qui veulent combattre avec elle pour vivre dans une Palestine tolérante et démocratique, sans discrimination de race, de couleur ou de religion ».
Cette déclaration fut répétée, expliquée et complétée par les représentants du Fath chaque fois qu’ils participaient à un rassemblement international. Plusieurs journalistes ont cité cette phrase du porte-parole officiel du Fath, Abou Ammar (Yasser Arafat) : « Quand nous aurons battu l’ennemi et libéré la Palestine, nous créerons une patrie pour nous tous ».
Abou Iyad, un des leaders du Fath, déclarait, dans une longue interview avec l’éditeur â’Ai-Talfa, que la révolution palestinienne condamnait toute forme de persécutions et de discrimination et que le Fath était prêt à aider les juifs où qu’ils se trouvent s’ils étaient l’objet d’attaques racistes.
Une telle déclaration n’était pas un simple argument de propagande : elle devait se concrétiser quelques semaines plus tard, en joui et 1969, lorsque des étudiants affiliés au Fath protégèrent le professeur juif Elie Lobel, à Francfort, en Allemagne, contre les attaques et la tentative de meurtre perpétrées à son encontre par des sionistes allemands. Le Fath protégea de la même façon, en Allemagne, la vie des juifs membres du Matzpen qui avaient reçu des menaces de mort à la suite de cet incident.
Une idée révolutionnaire
Si tout cela semble difficile à croire, c’est à cause de l’amertume engendrée par la tragédie palestinienne depuis la déclaration Balfour et l’occupation de la Palestine par les sionistes. Cette occupation a entraîné l’expulsion des Palestiniens de leur patrie et leur exode, afin que soit crée « un Etat spécifiquement juif » : Israël
L’appel pour une Palestine nouvelle ouverte et tolérante à l’égard des juifs et des non-juifs marque un tournant dans le combat palestinien. Mais cette idée n’est pas nouvelle : les Palestiniens avaient suggéré la création d’un tel Etat à la commission Peel en 1937 et an comte Bernadette en 1948. Quant à l’idée de faire vivre en paix et harmonieusement juifs, musulmans et chrétiens, c’est aussi une très vieille idée.
Le Fath déclarait : « Ce n ‘est pas un rêve utopique ou une fausse promesse, car nous avons toujours vécu en paix, musulmans, juifs et chrétiens, sur la Terre sainte. Les Arabes de Palestine ont donné refuge aux juifs fuyant les persécutions en Europe chrétienne et les ont aidés, tout comme ils ont accueilli les Arméniens chrétiens fuyant les persécutions de la Turquie musulmane, les Grecs, les Caucasiens et les Maltais, entre autres » 2.
La nouveauté, c’est que des Arabes non juifs exilés, expulsés de leurs maisons et chassés de leur patrie par des juifs installés en Palestine puissent encore, malgré tout et alors qu’ils brandissent le fusil et hâtent pour leur libération et leur existence même, en appeler à un Etat groupant les ex-victimes et leurs ex-agresseurs et persécuteurs.
Cette idée est révolutionnaire et ses conséquences sont multiples et importantes.
Cette idée est si révolutionnaire en fait que peu de gens, en dehors de ceux qui sont directement concernés, peuvent y croire et la soutenir. Cependant l’idée d’une Palestine démocratique non confessionnelle est à la fois souhaitable et possible. Il suffit d’y croire et de lutter pour sa réalisation, quels que soient les sacrifices, pour établir en Palestine une paix durable.
Les Palestiniens exilés
Trente années de mandat et de domination anglaise avaient permis au peuple palestinien de bien connaître son ennemi. Dans l’esprit du peuple, l’impérialisme britannique et l’impérialisme sioniste étaient intimement liés.
Beaucoup de Palestiniens se doutaient déjà du complot que tramaient ces deux impérialismes, à savoir, la création d’un » foyer national juif » et l’expulsion des Arabes palestiniens.
Six révoltes sanglantes eurent lieu entre 1919 et 1939. Elles étaient, à la base, dirigés contre l’occupant britannique. Mais, quelle que soit la responsabilité des Anglais – et elle est grande -, les Palestiniens furent ensuite expulsés par les terroristes juifs. En quelques mois, ils furent chassés de leur pays par des massacres tel celui de Deir Yassin et rejetés dans la désert proche. Pendant ce temps, les leaders de leurs oppresseurs en appelaient à la création d’un « foyer exclusivement juif », les considérant, eux, les exilés, comme des citoyens de second ordre, tout juste bons à être chassés de leur patrie.
Dans leur misère, leur humiliation et leur désespoir, les Palestiniens apprirent à haïr les juifs, à haïr tout ce qui était juif, tout ce qui était en rapport avec leur ennemi.
Les juifs et les sionistes
Quelques leaders « intellectuels » prenaient bien la peine de faire la différence entre juifs et sionistes; ils répétaient: « Nous ne sommes pas anti-juifs, nous sommes anti-sionistes. Nous sommes aussi des sémites et les juifs sont nos cousins ». Mais cela paraissait un peu irréel de les entendre dire : « Parmi nos meilleurs amis, il y a des juifs. Nous sommes seulement contre l’Etat d’Israël « .
Dans leur misère, les réfugiés, eux, ne faisaient plus la distinction: les Israéliens eux-mêmes leur répétaient que tous les juifs du monde étaient sionistes. La pression « juive » sur les Etats-Unis, l’argent « juif », les immigrants juifs, tout cela donnait l’impression que l’ennemi s’imposait partout et que l’espoir du retour des Palestiniens était bien incertain.
Qu’on ne s’étonne donc pas de la prédominance de l’amertume et de la peur. Le « Protocole des Sages de Sion » devint à la mode et la littérature antisémite, développée par le racisme européen dans un tout autre contexte, à l’époque où les juifs étaient les victimes, se répandit un peu partout. Cette vague d’amertume, de haine et de confusion s’étendit aux autres pays arabes, aidant la propagande sioniste qui voulait provoquer le départ des juifs arabes de leur patrie afin qu’ils rejoignent la terre occupée.
En fait, des milliers de ces juifs seraient restés dans leur patrie si les circonstances avaient déjà été antres et auraient continué à vivre, comme ils le faisaient depuis des centaines d’années, en paix et en harmonie avec leurs voisins.
La révolution, une ère nouvelle
Le 1er janvier 1965, le Fath déclencha, après six années de préparation militaire et de travail politique, le processus de la révolution palestinienne. Les deux premières années furent consacrées à établir une présence dans l' »arène » palestinienne. L’expérience traumatisante de 1967 et le second exode qui s’ensuivit installèrent définitivement les Palestiniens dans la voie de la révolution.
Ils pouvaient enfin prendre les armes et rentrer chez eux lutter contre l’occupant. Les masses palestiniennes avaient compris que leur libération ne pouvait pas venir de l’action des armées arabes, sous la forme d’une guerre classique, mais de la guerre populaire de libération. Le peuple reprenait confiance, une nation renaissait. Karamé et les autres victoires, les sacrifices et les combattants morts sur le champ de bataille, l’escalade armée, concrétisaient et renforçaient le sentiment d’appartenir à la Palestine.
En même temps, la révolution apportait la maturité aux combattants. Aussi paradoxal que cela puisse sembler, ceux qui se battent deviennent plus tolérants. La violence en pensées et en paroles accompagne seulement le découragement, le désespoir.
La façon de considérer l’ennemi commença à changer, et la distinction entre juif et sioniste à prendre un sens. Le désir de vengeance ne suffit pas pour mener une guerre de libération. Les combattants se mirent à réfléchir sur leurs objectifs finaux. Les discussions avec les juifs intellectuels progressistes venus du monde entier pour entamer le dialogue avec la révolution amenèrent à un approfondissement toujours plus poussé.
La nouvelle doctrine
Les leaders de la révolution entreprirent des études et des discussions amenant à de sérieuses remises en question: les juifs ont souffert de la persécution du fait de racistes criminels, les nazis, de la même façon que nous, nous souffrons de fait des sionistes. On établit alors des parallèles révélateurs. « Comment pouvons-nous haïr les juifs en tant que juifs ? », se demandèrent les révolutionnaires. Comment avons-nous pu tomber dans le piège du racisme?
Une étude de l’histoire et de la pensée juive fut entreprise: la majorité de ceux qui étaient venus en Palestine fuyaient les camps de concentration allemands. On leur disait : « Vous êtes un peuple sans terre pour une terre sans peuple ». On leur assurait que les Palestiniens avaient quitté la Palestine de leur plein gré, observant en cela les ordres des leaders arabes, dans le cadre d’un plan perfide pour perpétrer un massacre général des juifs.
Ensuite, la « machine » sioniste répétait aux nouveaux immigrants juifs, comme aux vieux colons, qu’il n’existait qu’une alternative: soit combattre pour survivre et sauvegarder « Israël », soit être massacré ou, au mieux, s’enfuir dans une chaloupe hasardeuse sur la mer Méditerranée.
Même les juifs arabes – appelés « juifs orientaux » par les sionistes – qui, à l’intérieur d’Israël, étaient pourtant soumis à la discrimination de la part de l’oligarchie européo-sioniste, devaient finir par accepter l’argumentation et combattre pour ce qu’ils considéraient comme leur survie.
Le combat contre le sionisme devait révéler aux Palestiniens les forces et les limites de la personnalité juive. Les juifs n’étaient ni des monstres, ni des surhommes, ni des pygmées. Une image nouvelle, humaine, du juif était en train de se constituer. Martin Buber, Isaac Deutscher, Elmer Berger et Moshé Menuhim, sont des penseurs humanistes juifs qui étaient lus et relus.
Une image nouvelle
Le révolutionnaire palestinien s’est affranchi de la plupart de ses anciens stéréotypes. Les visiteurs étrangers sont étonnés lorsqu’ils visitent les bases de commandos, et plus particulièrement les camps des « Ashbal », les Lionceaux combattants. Le révolutionnaire palestinien est prêt à mourir pour la libération de la Palestine et n’acceptera aucun substitut, quel que soit le prix qu’il devra payer. Mais il a une idée claire de l’ennemi eu du but final Lorsque des étudiants juifs sont venus d’Europe pour passer une partie de l’été en Jordanie dans un camp du Fath, ils furent adoptés spontanément.
Le Fath attend avec impatience le jour où des milliers de juifs viendront combattre à ses côtés pour la libération de la Palestine. Vu les récents événements, cela pourrait bien arriver plus tôt qu’on ne le pense.
Le premier pas
Le premier pas, les révolutionnaires palestiniens l’ont franchi en demandant la création d’une Palestine démocratique non confessionnelle. Un changement d’attitude s’opère : les Palestiniens exilés et persécutés redéfinissent leurs objectifs et veulent créer une Palestine nouvelle englobant aussi les juifs actuellement en Israël.
Pour que ce but devienne réalisable, il faut commencer par prêter attention à l’interlocuteur quelle est la position actuelle des juifs par rapport à un tel objectif et qu’est-ce qui pourrait changer leur état d’esprit ? Ce thème sera traité maintenant. Puis on étudiera la Palestine nouvelle et on examinera comment elle se présente au stade actuel de la révolution. Nous espérons ainsi aider à amorcer un dialogue sur une base sérieuse. Notre révolution est jeune et dynamique. Ses militants continueront à combattre et à apprendre jusqu’à la victoire.
La révolution palestinienne, nous l’avons dit, a officiellement adopté comme objectif final de sa lutte de libération la création d’une Palestine démocratique non confessionnelle où chrétiens, juifs et musulmans pourront vivre sans discrimination. L’adoption de cet objectif représente un changement révolutionnaire dans la perspective de l’avenir de la Palestine. L’idée, certes, n’est pas tout à fait nouvelle et les Palestiniens chrétiens, musulmans et juifs, avaient vécu ensemble pendant des siècles en paix et en harmonie, ou tout au moins avec le minimum de frictions.
Toutefois, l’occupation par les sionistes de la Palestine et la déracinement d’une grande partie de ses habitants, musulmans et chrétiens, chassés par la terreur, la tromperie et la force brutale, avaient provoqué un profond changement dans leur mentalité.
Les Palestiniens exilés avaient appris à haïr les juifs comme des oppresseurs, des impérialistes, comme l’unique cause de leurs tourments. Ils constataient que les juifs persécutés, après avoir trouvé refuge en Palestine, étaient devenus à leur tour des persécuteurs. Et il devint difficile à beaucoup de Palestiniens persécutés de distinguer entre juifs et sionistes, de s’élever an-dessus de leurs souffrances et de distinguer clairement leurs véritables ennemis.
Le résultat le plus important de la révolution palestinienne aura été de libérer les Palestiniens de leurs chaînes et de leurs misères, de leur humiliation et de leur désespoir. Dès que le Palestinien a pu tenir un fusil en main et prendre en main son destin, il a grandi et mûri rapidement.
La révolution entreprit aussitôt des études sur son ennemi et sur elle-même. Un mouvement de libération progressiste ne peut pas être inspiré par la vengeance ni être déterminé par le racisme qui caractérise son ennemi dans son désir de conquête. Dès lors, on se pencha sur l’histoire des souffrances et des buts du peuple juif.
Des discussions sérieuses avec des juifs progressistes d’Europe et d’Amérique aidèrent à se former une nouvelle image du juif en général mais aussi des juifs comme sionistes et comme citoyens palestiniens : des hommes qui après avoir été persécutés par certains Européens racistes et nazis, ont été manipulé par des Européens racistes et sionistes qui les ont dirigés sur la Palestine, à la place des Palestiniens expulsés.
La révolution a réussi à amener un changement fondamental dans la pensée des Palestiniens et dans leur attitude à l’égard de leur ennemi. Les Palestiniens ne sont plus animés par des sentiments de haine envers les juifs en tant que tels; ils les considèrent comme les membres d’une communauté semblable aux autres, qu’elle soit chrétienne ou musulmane.
La façon dont ils se conduisent, leur attitude, leur position envers les Palestiniens et leur révolution, tout cela devient plus important que leur nom, leur langage ou leur croyance religieuse. Les Palestiniens se battent en vue de fonder un pays tolérant, démocratique et une terre libérée « pour nous tous », juifs, chrétiens et musulmans. Ce changement d’attitude est considéré comme le premier jalon vers la création d’un nouvel Etat. Un changement de l’attitude des juifs, qui comprendraient de leur côté les Palestiniens et leur révolution, en serait une autre.
Une Palestine ouverte, multiple, tolérante envers les juifs. les musulmans et les chrétiens est bien supérieure à un pays exclusivement raciste, fondé sur un principe d’exclusion et de misère pour une partie de sa population. Jusqu’à quel point ce but est-il réalisable ? Cela dépendra de l’attitude des juifs à l’intérieur et à l’extérieur de la Palestine ainsi que des progrès de la révolution. Comme on, a étudié l’attitude des Palestiniens musulmans et chrétiens, on étudiera maintenant l’attitude et les réactions des juifs.
Essai d’analyse des comportements juifs
Toute tentative pour étudier et interpréter les comportements et les réactions morales d’un groupe de population est soumis à des difficultés et peut être suspecté de parti pris et de distorsion. Nous ne prétendons pas être exempts de ce genre de faiblesse, mais nous essaierons de réduire au minimum son effet. Nous procéderons par des citations directs et en nous référant à des documents quand cela sera possible.
Un problème essentiel requiert notre étude : la plupart des comportements et des « idéologies » étudiés ont été construits par les sionistes, par les soins de leur organisation de propagande. Ils peuvent n’avoir pas été accepté par tous ou par la majorité des juifs dans le monde.
Cependant, on doit admettre que les sionistes ont dan une grande mesure réussi à identifier le judaïsme avec le sionisme aux yeux de la majorité des juifs, particulièrement dans les pays occidentaux Les horreurs commises par les nazis et les menaces antijuives dans plusieurs pays ont aidé les sionistes à maintenir partout leur emprise sur l’esprit des juifs.
Sans l’argent des juifs, sans leur influence politique, sans leur appui, Israël n’aurait pas survécu et l’occupation impérialiste sioniste n’aurait pas duré. En définitive, c’est la puissance et l’influence de la communauté juive mondiale manipulée par les sionistes qui ont perpétué la tragédie des Palestiniens, leur oppression, leur sujétion et leur exil.
Il est donc très important de se rendre compte des sentiments éprouvés par les juifs envers les Palestiniens, comment ils les considèrent en tant que « peuple » et jusqu’à quel point ces sentiments ont influencé l’action qui amena l’expulsion des Palestiniens. Et il est encore plus important de se demander, peut-on changer cette opinion?
Comment les sionistes voient les Palestiniens
Au début, l’attitude des sionistes envers les Palestiniens consista simplement à ignorer leur existence. La fameuse phrase d’Israël Zangwill : « Une terre sans peuple pour un peuple sans terre », résume cette attitude. Chaim Weizmann émit un jugement plus pittoresque : « Il existe un pays qui, paraît-il, s’appelle Palestine, un pays sans population, et, d’antre part, il existe un peuple juif et il n’a pas ce pays.
Qu’y a-t-il d’autre à faire que de sertir la pierre précieuse dans la bague, d’unir le peuple à son pays ? »
Uri Avnery signale que Theodor Herzl, dans son livre L’Etat juif, qui lança le mouvement sioniste moderne, s’est occupé des heures de travail, du logement des ouvriers et même du pavillon national, nos ne dit pas un seul mot des Arabes de Palestine.
Pour les sionistes, l’Arabe était « l’homme invisible ». Psychologiquement, il n’existait pas. Toutefois, cette attitude ne peut résister à l’épreuve des faits. On découvrit que la Palestine était un pays prospère pour l’époque. Sa population croissait et accomplissait sa tâche, cultivait son sol dans une paix relative et apportait dans l’ensemble sa contribution à la communauté arabe. Plusieurs rapports publiés à la fin du XIXème siècle et au début du XXème confirment que les Arabes palestiniens déployaient, par exemple, une activité intense dans le domaine des agrumes. Ils produisaient des oranges d’une qualité exceptionnelle qui étaient déjà réputées an XVIIIème siècle.
Achad Ha-am, juif russe et philosophe hébreu, signalait dès 1891 que la Palestine n’était pas vide et que cela posait des problèmes, il précisa, après un voyage en Palestine, qu’il était difficile d’y trouver des terres arabes qui n’aient pas encore été mises en cataire.
Max Nordau, leader sioniste, apprenant qu’il existait une population arabe en Palestine, accourut chez Herzl en s’écriant : « Je ne savais pas cela ! Mais alors, nous sommes en train de commettre une injustice… »
La fabrication sioniste des clichés traite ensuite un autre thème qui fut accepté par un grand nombre de juifs et de chrétiens en Europe et en Amérique et contribua grandement à déterminer l’attitude des juifs à l’égard des Palestiniens.
Selon les sionistes, ceux-ci se trouvaient vivre en Palestine par hasard; c’étaient des gens sous-développés; ils ne possédaient ni entité ni civilisation nationales. Ce point de vue a été adopté dans l’infâme déclaration Balfour, désignant les Palestiniens comme des indigènes qui peuvent avoir des droits religieux et civils, mais pas des droits politiques, qui ne constituent pas réellement un peuple. Plus tard, on inventa qu’il s’agissait, en réalité, non d’Arabes mais de Bédouins, de nomades errants, pillant le sol fertile de la Palestine et amenant à un état de dévastation croissante ce magnifique pays de lait et de miel.
Les juifs européens débarquant en Palestine y seraient donc une bénédiction, « car le juif européen était porteur d’une civilisation supérieure, maître de la technologie européenne et était en mesure d’apporter les bénédictions de cette civilisation à La population nomade de Palestine ». Il s’agissait clairement d’une « mission civilisatrice » typique.
Du reste, Herzl lui-même était autant un colonialiste européen, un impérialiste allemand, qu’un juif, et il ne le cachait pas : « Avec les juifs, disait-il, c’est un élément culturel allemand qui arrivera en Orient, la preuve en est que, même s’ils sont d’origine juive, ce sont des écrivains de langue allemande qui dirigent le mouvement sioniste. L’allemand est la langue du congrès. La grande majorité des juifs participent de la culture allemande ».
Il ajoute, un peu plus loin : « Si Dieu veut que nous retournions dans notre patrie historique nous devrons agir comme des représentants de la civilisation occidentale et apporter les coutumes savamment élaborées de l’Occident à ce malheureux coin de l’Orient, accablé de calamités ».
Portrait des chefs palestiniens
Les Palestiniens ne se sont pas montrés conformes à l’image qu’en avait donnée les sionistes et le monde a fini par apprendre qu’il existait des Palestiniens prêts à se battre pour vivre libres. A cela les fabricants de slogans sionistes trouvèrent facilement une réponse : les Palestiniens auraient été des indigènes dociles s’ils n’avaient pas été contaminés par des agitateurs et des fanatiques. Ce sont des luttes dynastiques, familiales ou « tribales » parmi les riches qui seules avaient provoqué ces troubles.
Ces luttes causeraient la ruine du petit peuple et c’est lui qui en payerait le prix. Les leaders palestiniens sont décrits par Maurice Samuel comme une « armée de paresseux, d’artistes à backchiches et de bavards de cafés parasites qui sont avant tout responsables de l’atmosphère instable. Une activité politique ne saurait être mené en Palestine par les ‘indigènes’, qui ne comprennent pas ces choses, mais seulement par des agitateurs ».
Attitude à l’égard des « réfugiés » palestiniens
La colonisation de la Palestine et le déracinement des Palestiniens ont été en partie accomplis en 1948 et complétés en 1967. Tous les rêves et programmes sionistes se réalisaient enfin. Une patrie juive fut créée en Palestine et les « indigènes » sont devenus des réfugiés, des exilés, privés de leurs foyers et de leurs droits nationaux. Cette grande tragédie humaine qui a apporté la misère, l’humiliation et le désespoir à un million, puis à un million et demi d’hommes, fut une sombre affaire, un crime prémédité.
On présenta cette nouvelle situation de la façon suivante: les Palestiniens avaient vendu leurs terres aux juifs et, ensuite, avaient fui le pays pour laisser les armées arabes se livrer au massacre de ceux-ci. Ainsi, ces traîtres indigènes récidivaient. Refusant de vivre en paix avec les Européens porteurs de la civilisation, ils écoutaient les agitateurs pris de convoitise à l’idée d’un bain de sang juif.
Les Palestiniens ne méritaient aucune sympathie dans leur misère et la perte de leur foyer. Ils devaient plutôt être stigmatisés ou tournés en dérision. Ils pouvaient d’ailleurs facilement être absorbés dans les autres pays arabes. Leur passion pour la Palestine était ridicule, stupide et déplacée. Ils n’avaient pas de raison de désirer si ardemment rentrer dans leur foyer, les camps de réfugiés actuels étaient probablement bien plus confortables que leurs masures en Palestine. Au reste, ces Bédouins n’avaient-ils pas toujours été des nomades ? Pourquoi se plaindraient-ils ?
Et puis, ils n’arrêtent pas de tricher dans les statistiques qu’ils fournissent aux Nations-Unies: ils falsifient les chiffres pour augmenter leur nombre et soutier plus de rations. En somme, ils sont la proie de démagogues et d’agitateurs qui les utilisent comme des pions dans un jeu politique à l’échelle mondiale.
Qu’ils ne prétendent surtout pas retourner dans la Palestine sioniste! Celle-ci a été civilisée et ne leur appartient plus. Ils y constitueraient seulement une cinquième colonne, une armée de saboteurs ou de collaborateurs de l’ennemi. De toute manière, ils ont été largement compensés par les » juifs orientaux » venus des pays arabes.
Cette présentation des choses, fondée sur une mission civilisatrice et sur la destruction du caractère propre des Palestiniens, a toujours cours aujourd’hui: ces révolutionnaires ne sont que des terroristes; on sait que les Palestiniens ne sont pas capables de sentiments et d’actes courageux, chevaleresques et patriotiques: ils sont juste bons pour la duplicité et l’intrigue.
Or l’histoire montre que les Palestiniens n’ont pas vendu leur pays: en 1948, les juifs possédaient moins de 6% des terres, et moins de 1% avaient été acheté aux Palestiniens. Les Palestiniens n’ont pas quitté leur pays sur l’ordre des chefs arabes : ils sont partis terrorisés et chassés par les sionistes. Alors, le problème est de savoir comment les juifs ont été amenés à accepter une vision aussi fallacieuse des choses.
Le paradoxe juif
Le fait que la propagande sioniste ait été acceptée par l’ensemble du judaïsme mondial et ait réussi à déterminer l’attitude des juifs envers les Palestiniens est en réalité très étonnant n y a toujours eu des juifs qui continuaient de clamer la vérité.
Mais ils étaient la minorité. Les autres ont fourni des hommes, de l’argent et le poids de leur influence pour faire d’Israël une réalité et perpétuer les crimes commis contre les Palestiniens. Le peuple du Livre, les hommes de la Lumière, les victimes des pogromes russes, du génocide nazi, de Dachau et d’autres camps de concentration allemands, ferment leurs yeux et leurs oreilles, et changent de rôle, d’opprimés devenant oppresseurs. C’est le paradoxe juif des temps modernes.
Achad Ha-am a écrit, au début du siècle que leur comportement montre que les juifs n’ont rien appris de leur propre histoire.
Il déclare : « Que font nos frères en Palestine ? Tout le contraire d’avant : ils étaient des serviteurs dans le pays de leur exile et se trouvent soudain dans un été de liberté sans limite et sans restriction, tel qu’on ne peut en trouver qu’en Turquie. Ce soudain changement a provoqué une tendance au despotisme, comme c’est toujours le cas lorsqu’un serviteur devient le maître, et ils traitent les Arabes avec hostilité et cruauté, ils restreignent leurs droits d’une manière déraisonnable, les insultant sans raison, et tirent gloire de tels actes; et personne ne prend aucune mesure contre cette méprisable et dangereuse tendance ».
En 1919, un autre juif, W. Brunn, écrivait : « Nous qui souffrons de persécutions dans le monde entier et qui réclamons le respect des droits de l’homme en notre laveur, nous allons en Palestine y renverser les rôles ».
En 1923, l’anthropologue juif américain Goldenweiser notait avec inquiétude que les juifs en Palestine avaient des préjugés contre les Palestiniens et les considéraient comme inférieurs, il raconte ses visites à des écoles juives où des instituteurs lui ont parlé de la stupidité et de l’infériorité congénitale des Arabes.
Quand Goldenweiser demanda à un éducateur juif s’il enseignait cela à ses élèves, le maître répondit « Mais ils savent cela par eux-mêmes ». Arthur Koestler raconte que » chaque juif, marxiste ou non, se considère comme un membre de la race élue et considère comme un membre de la race élue et considère l’Arabe comme son inférieur ».
Schizophrénie morale
Ce paradoxe, si répandu chez les juifs de notre temps, est appelé « schizophrénie morale », « myopie morale », par le journaliste juif J.F. Stone.
Celui-ci, qui a été décoré en 1948 par l’Irgoun, a écrit en 1967 un article très pénétrant 3 que nous allons citer. Il fait de très subtiles comparaisons entre le comportement sioniste et celui des nazis et en tire des conclusions psychologiques.
Refusant les arguments israéliens au sujet de l’exode palestinien, M. Stone déclare : « Le point de vue que les réfugiés ont fui ‘volontairement’ ou parce que leurs chefs les ont poussés à le faire jusqu’après la fin des combats, non seulement repose sur un mythe, mais ne constituerait même pas une justification. Est-ce que les réfugiés juifs allemands ont perdu le droit de récupérer leurs biens, sous prétexte qu’ils ont fui ‘volontairement’ leur pays sous Hitler ? »
M. Stone poursuit : « Le terrorisme juif, grâce aux massacres sauvages de l’Irgoun, tels que celui de Deir Yassin, et aussi sous la pression moins brutale de la Haganah, a lui-même ‘encouragé’ les Arabes à quitter les régions dont les juifs voulaient s’emparer pour des raisons stratégiques ou démographiques. Ils ont fait en sorte que dans la plus grande partie possible d’Israël il y ait le moins possible d’Arabes ».
En ce qui concerne la prétendue « compensation » qu’on pourrait établir entre les Palestiniens et des « réfugiés juifs » du monde arabe, M. Stone déclare : « Les Arabes palestiniens considèrent que cette ‘compensation’ de la même manière que les juif allemands quand le IIIème Reich refusait de restituer les biens sous ce prétexte qu’ils étaient ‘compensés’ par les pertes des réfugiés allemands des Sudètes ». Il remarque que « cette ‘myopie morale’ permet aux sionistes d’insister sur les droits des juifs a la Palestine après dix-neuf cents ans d’exil et de refuser ces mènes droits aux réfugiés arabes après seulement dix-neuf ans d’absence ».
Stone déclare plus loin : « Le fait d’être apatride est le thème principal du sionisme, mais le droit à cette situation pathétique est absolument refusé aux réfugiés arabes ».
Et encore : « Ceux qui ont connu les effets du racisme et de la discrimination dans leur propre chair et dans leur propre dignité sont moins excusables d’être racistes que ceux qui ne peuvent connaître que par l’imagination l’effet destructeur des préjugés raciaux « .
M. Stone raconte un entretien avec Moshé Dayan. à la T.V. américaine, le 11 juin 1967, dans lequel Dayan déclarait que mène si Israël pouvait absorber les Palestiniens dans les « territoires conquis », il ne le ferait pas, car cela transformerai Israël en un Etat bi ou poly-national, arabo-juif, au lieu d’un Etat juif. « Nous voulons un Etat juif comme les Français ont un Etat français ».
Stone conclut : « Israël crée une sorte de schizophrénie morale dans le judaïsme mondial Dans la Diaspora, le salut du judaïsme dépend de l’existence de sociétés laïques nos raciales et ‘pluralistes’.
En Israël, le judaïsme se trouve défendre une société dans laquelle un mariage mixte ne peut être légalisé, dans laquelle les non-juifs ont un statut inférieur aux juifs, dans laquelle l’idéal est racial et exclusif.
Les juifs doivent combattre dans la Diaspora, pour leur sécurité et leur existence, des principes a des pratiques qu’ils se trouvent eux-mêmes défendre en Israël’ Ceux qui viennent du monde extérieur, même dans leurs moments de plus grand enthousiasme pour les réalisations d’Israël ressentent des accès de claustrophobie, pas seulement géographique mais aussi spirituelle.
Ceux qui sont pris par une ferveur prophétique commencent bientôt à ressentir que la lumière qu’ils attendaient de Sion n’est, en lait, qu’un nouvel et étroit nationalisme « .
Or, les périodes des plus grands succès créateurs du judaïsme doivent être associées à des civilisations de caractère diversifie et aux grands moments d’expansion et de tolérâtes: durant la période hellénique, sous la civilisation arabe en Afrique du Nord, en Espagne, en Europe occidentale et en Amérique.
Les valeurs universelles ne peuvent qu’être le fruit d’une vision universelle : la grandeur des prophètes réside dans leur faculté de dépasser les limites de l’organisation ethnique. Un nationalisme lilliputien ne peut pas créer des vérité valables pour tonte l’humanité. Telles sont les racines d’une croissante divergence entre les juifs et les Israéliens, les premiers ayant le sens d’une mission de témoins dans la jungle humaine, les seconds s’occupant seulement du bien-être de leur tribu « .
Les juifs vont-ils changer leur comportement ?
Nous avons montré par ces citations qu’il a toujours existé des juifs pour s’opposer moralement au sionisme, n n’y a jamais eu une opinion juive vraiment monolithique.
Le succès de la propagande sioniste, en galvanisant la majorité des juifs et en l’attirant à lui, ne saurait être attribué à la seule tromperie ou à la manipulation intellectuelle. Les juifs sont assez intelligents pour ne pas céder à la seule propagande. C’est l’antisémitisme en Occident et l’hypocrisie régnant dans les sociétés occidentales sur les plais racial et religieux qui ont finalement pousse les juifs, graduellement, à cette schizophrénie morale mentionnée plus haut.
En toute franchise, il faut ajouter à ces facteurs les comportements souvent erronés des Arabes.
Avant la révolution palestinienne, les positions antijuives prévalaient oses le monde arabe, sans doute par la suite de comportements antiarabes de la part des juifs. Les Palestiniens n’étaient pas en mesure de proposer une solution humaine et raisonnable au sionisme israélien. Les juifs éprouvaient de la difficulté à vivre dans les pays arabes et te problème des minorités jetait un doute sur la possibilité. pour eux de trouver la sécurité au milieu du monde arabe sacs l’existence d’un Israël militariste.
C’est un fait qu’au cours lie la période 1948-1967 les juifs ont bénéficié de la sécurité, au moment où les Palestiniens, et peut-être d’autres Arabes avec eux se voyaient privés de la leur.
La révolution palestinienne a créé une nouvelle alternative: pas de sécurité dans un Etat raciste, mais toute la sécurité dans une nouvelle Palestine démocratique. Un dialogue se développe encre les révolutionnaires palestiniens et les juifs libéraux progressistes, socialistes, et même des conservateurs religieux. De plus en plus, des mais juifs ouvrent leurs bras pour embrasser la révolution palestinienne et être accueillis par elle.
Les sionistes sont réellement inquiets de ce nouveau phénomène. Un article publié dans le Jérusalem Post du 2 juillet 1969 accusait ces juifs d’être de nouveaux traîtres à leur peuple et considérait leur alliance avec la révolution comme des plus sérieuses et menaçantes, n est unie que le phénomène de schizophrénie morale juive soit souligné, que la conscience judaïque reçoive un choc en découvrant les conséquences ultimes du sionisme.
Mais on peut penser que les juifs non israéliens en viendront à une entente avec la révolution palestinienne avant les juifs israéliens. Après tout, les Français de Paris ont accepté plus facilement la révolution algérienne que les Pieds-Noirs. Cependant, les efforts doivent continuer en Palestine pour gagner les juifs à la révolution. Nos progrès auront des conséquences. De toute évidence, ils durciront l’attitude de certains sionistes juifs contre les Palestiniens, spécialement l’oligarchie qui n’a qu’à perdre dans une Palestine ouverte et démocratique; mais ils auront aussi un effet salutaire, en démontrant qu’un Israël voué à l’exclusivisme est un foyer, non de refuge, mais d’insécurité, et ne pourra pas durer.
La révolution palestinienne assume une grande responsabilité en décidant de gagner les juifs à sa cause par des actes et pas seulement par des mots. La révolution ne devrait pas – et en fait elle ne le fera pas – laisser échapper la moindre occasion de prouver au judaïsme mondial et aux juifs de Palestine qu’elle se tiendra à leur côté s’ils sont persécutés et qu’elle est résolue à créer avec eux et à faire vivre une nouvelle Palestine qui ne sera pas fondée sur la tricherie, le racisme ou la discrimination, mais sur la coopération et la tolérance.
Si une telle campagne réussit à vaincre à la fois sur le terrain et dans les cœurs, la Palestine démocratique deviendra vraisemblable en même temps que souhaitable et réalisable. Comment se présentera ce nouveau pays? Que veut réellement dire la révolution palestinienne par ces mots: démocratique, progressive et non confessionnelle? Voilà de sérieuses questions qui exigent une attention particulière et qui feront l’objet de la dernière partie de cette étude.
L’établissement d’une société progressiste ouverte à tous les Palestiniens est sûrement une meilleure solution que celles qui consisteraient à rejeter « les Arabes dans le désert » ou « les juifs à la mer ». Mais, pour que cette solution soit réalisable, il faut qu’elle soit acceptée par les parties concernées aussi bien que par les peuples du monde, agissant comme tierce partie intéressée, n faut montrer que ce plan peut réussir.
Nous avons déjà examiné le comportement de la révolution palestinienne pour atteindre ce but, en mettant l’accent sur son attitude à l’égard des juifs. Un changement révolutionnaire a été mis en évidence: les Palestiniens ne voient plus les juifs comme des ennemis héréditaires; ils identifient clairement l’ennemi comme l’Etat raciste-colonialiste d’Israël et ses alliés impérialistes. En lisant la littérature juive, en tendant la main aux juifs progressistes à travers le monde et en acquérant plus de confiance au fur et à mesure des progrès de la révolution, le comportement des Palestiniens a changé.
Les comportements des juifs ont été analysés ensuite. La propagande sioniste persiste à considérer les Palestiniens comme des nomades, des terroristes assoiffés de sang et des traîtres. Mais un certain nombre de juifs – spécialement ceux vivant hors de Palestine – sont en train de changer d’opinion et se rallient à un appel pour une Palestine progressiste et non-confessionnelle. Changer l’esprit et le comportement des juifs de Palestine reste une tâche de la révolution importante et pas encore accomplie. Mais une guerre de libération populaire destinée à détruire l’Etat raciste-impérialiste créera de nouvelles conditions de vie rendant possible une nouvelle Palestine.
Ainsi l’alternative présentée aux juifs de Palestine est radicalement changée. Auparavant c’était un Etat d’Israël puissant ou le risque d’être rejeté a la mer. aujourd’hui, la révolution propose, au lieu de l’insécurité dans un Israël exclusif et raciste, « une Palestine ouverte, sûre et tolérante pour tous ses habitants. La révolution palestinienne tend ainsi, à la longue, à recruter des juifs palestiniens aussi bien que des non-juifs dans ses forces de libération, et cela constitue une étape importante vers la réalisation de son but final. Mais cela requiert un changement profond dans le comportement juif.
Pour atteindre cet objectif, il est nécessaire maintenant d’élaborer et de clarifier le projet d’une Palestine démocratique.
Difficultés et limitations
Il est difficile et risqué, à cette première étape de la révolution, de faire une déclaration claire et définitive sur ce que sera la nouvelle Palestine libérée? Le réalisme plutôt qu’un rêve romantique doit constituer notre principal approche révolutionnaire.
Nous ne croyons pas que la victoire soit proche. La révolution ne sous-estime pas l’ennemi et ses alliés impérialistes. Ce qui se passera durant les années d’un dur combat pour la libération ne peut être aisément prévu. Le comportement des juifs palestiniens se durcira-t-il ou deviendra-t-il plus souple? Une nouvelle poussée vers la droite, augmentant le terrorisme antiarabe – dans la tradition de l’O.A.S. algérien -, suivi par un exode volontaire massif à la veille de la libération, poserait un problème tout à fait différent.
En revanche, si des juifs rejoignaient en grand nombre la révolution ou collaboraient avec elle, cela donnerait des assises plus solides au développement de la nouvelle Palestine. La révolution travaille sérieusement à réaliser la seconde hypothèse. Les opérations de guérillas sont essentiellement dirigées contre les fondements militaires et économiques de l’Etat colonial sioniste. Quand un objectif civil est choisi, on s’efforce de réduire an minimum la perte en vies civiles, bien qu’il soit difficile de distinguer entre civils et non civils dans cette société Spartiate moderne où tout adulte est mobilisé.
En frappant des zones non spécifiquement militaires, on s’efforce de provoquer chez les Israéliens un choc psychologique, en leur faisant comprendre que l’Etat raciste et militariste ne peut leur assurer la sécurité quand il organise un génocide contre les masses palestiniennes exilées et opprimées. Dans l’affaire de la bombe de la rue Dizengoff, à Tel-Aviv, les guérilleros du Fath ont différé trois fois l’opération pour choisir un emplacement (en face d’un immeuble en construction) et un moment (vers minuit) destinés à intensifier au maximum le bruit et réduire an minimum les victimes. Le résultat fut que peu de gens furent blessés, mais que des miniers furent ébranlés et conduits à de sérieuses réflexions.
Quoi qu’il en soit, et malgré toutes les incertitudes, les révolutionnaires palestiniens sont animés par la certitude d’un avenir meilleur pour leur contrée opprimée. H fait dès maintenant réfléchir et trouver des réponses aux milliers de questions relatives à cet avenir. Même si ces réponses sont aléatoires, elles ouvriront un dialogue qui préparera la route vers des solutions mûries et des réalisations fructueuses.
Profil de la Palestine démocratique : 1. Le territoire
La Palestine d’avant 1948, comme définie durant le mandat britannique, est le territoire qui doit être libéré et on un Etat démocratique et progressiste doit être crée. La Palestine libérée fera partie de la patrie arabe, et ne sera pas un Etat étranger à l’intérieur de cette patrie.
L’union probable de la Palestine avec d’antres Etats arabes rendra moins important le problème des frontières, mettant fin au caractère artificiel du présent statut d’Israël et éventuellement de celui de la Jordanie. Le nouveau pays sera anti-impérialiste et rejoindra le rang des pays progressistes et révolutionnaires. Par conséquent, il devra couper les liens, aujourd’hui vitaux pour Israël, de totale dépendance à l’égard des Etats-Unis. Son intégration dans la région sera une exigence essentielle.
Il doit être tout à fait clair que la nouvelle Palestine évoquée ici n’est pas la seule rive ouest du Jourdain occupée, ou le territoire de Gaza, Ce sont là des zones occupées par les Israéliens depuis juin 1967. La patrie des Palestiniens usurpée et colonisée en 1948 n’est pas moins chère ou importante que la partie occupée en 1967. D’autre part, l’existence même de l’Etat raciste et oppresseur d’Israël, fondée sur le départ et l’exil forcée d’une partie de ses citoyens, ne peut être acceptée par la révolution, même s’il ne s’agit « que d’un petit village palestinien. N’importe quel arrangement favorable à l’Etat colonial est inacceptable et ne saurait durer.
N’est permanente que la population de la Palestine: ses juifs, ses chrétiens et ses musulmans dans un pays qui les intègre tous.
2. Les composants
Tous les juifs, musulmans et chrétiens vivant en Palestine ou exilés de ce pays par la force auront droit à la citoyenneté palestinienne. Ce principe garantit le droit à tous les Palestiniens exilés de retourner dans leur patrie, qu’ils soient nés en Palestine ou en exil et quelle que soit leur présente nationalité. Cela signifie également que tous les juifs palestiniens – actuellement israéliens – ont les mêmes droits, à condition naturellement qu’ils rejettent le chauvinisme sioniste et raciste et qu’ils acceptent pleinement de vivre comme des Palestiniens dans la nouvelle Palestine.
La révolution rejette donc explicitement le principe selon lequel ne seraient accepté que les juifs qui vivaient en Palestine avant 1948 ou avant 1914, et leurs descendants. Après tout, Dayan et Allon sont nés en Palestine avant 1948 et ils sont, ainsi que beaucoup de leurs collègues, des sionistes racistes invétérés qui n’ont pas certainement pas la qualité pour recevoir le statut de Palestiniens.
Dans une interview fameuse, Abou lyad, un officiel du Fath, a réaffirmé que non seulement les juifs progressistes antisionistes, mais même des sionistes actuels qui manifesteraient la volonté d’abandonner leur idéologie raciste, seront les bienvenus comme citoyens palestiniens. C’est l’opinion de la révolution que la plupart des juifs israéliens actuels changeront leur comportement et souscriront à la nouvelle Palestine, surtout après la destruction de la machine d’Etat oligarchique, de l’économie de classes et de l’institution militaire.
L’idéologie
Les Palestiniens, au cours de leur lutte de libération et au moment de leur libération, décideront du système de gouvernement et de l’organisation politique, économique et sociale de leur patrie libérée. (On répète ici que le terme « Palestiniens » comprend les Palestiniens arabes qui sont exilés, ceux qui vivent en terre occupée, ainsi que les juifs antisionistes).
Une Palestine démocratique et progressiste, toutefois, rejette par élimination une forme de gouvernement théocratique, féodal, aristocratique, autoritaire ou raciste-chauvine. Ce sera un pays qui ne permettre pas l’oppression ou l’exploitation d’une partie de la population par un autre groupe ou par des individus, un Etat qui donnera des chances égales à chacun de ses citoyens pour le travail, l’accomplissement des devoirs religieux, l’éducation, le droit de décision politique, l’expression culturelle et artistique.
Cela n’est pas un rêve utopique, car la lutte pour réaliser la nouvelle Palestine crée par elle-même le climat nécessaire au futur système de gouvernement, c’est-à-dire que la guerre populaire de libération fait surgir de nouvelles valeurs et suscite un nouveau comportement qui sont une garantie pour la démocratie qui suivra la libération. Preuve en est le changement de comportement à l’égard du travail collectif constaté dans les camps de réfugiés et de combattants en Jordanie et au Liban. Les Palestiniens et les autres frères qui se joignent à eux acceptent volontairement de travailler et d’assurer leur subsistance, il n’y a pas d’exploitation ni de travail d’esclave. Les valeurs de la vie humaine se transforment.
Contrairement aux raids au napalm israéliens et à leurs tueries sans discrimination, les combattants palestiniens sélectionnent leurs objectifs. De nouvelles formes de relations humaines apparaissent. Aucune relation de maître à esclave ne peut être établie entre des combattants luttant pour la liberté. Une conscience accrue des dimensions internationales de leur problème, la prise en considération de ceux qui appuient l’oppresseur et de ceux qui aident l’opprimé, créent de nouvelles responsabilités à l’égard de la communauté internationale, en particulier envers les partisans de la libération et de la démocratie.
Par conséquent, les Palestiniens n’accepteront, après leur libération, d’être soumis à qui que ce soit et n’instaureront un régime d’oppression contre quelque groupe que ce soit, car ce serait la négation de leur raison d’être et l’abdication de leur idéal révolutionnaire. Cela apparaît clairement dans les camps de réfugiés palestiniens au Liban et en Jordanie. Après vingt-deux ans d’oppression, d’humiliation par la police secrète et les exploiteurs locaux, les camps se sont éveillés à la révolution.
Dans la lutte, les exilés ont brisé leurs chaînes, ils ont expulsé la police secrète, ses espions et les exploiteurs qui étaient leurs alliés, et ont institué une administration démocratique autonome. Des services médicaux, éducatifs et sociaux sont installés localement par les organisations révolutionnaires sur une base d’initiative personnelle qui a rétabli la dignité et le respect de soi. La criminalité dans ces camps a considérablement baissé, à 10% de ce qu’elle était avant la révolution. La discipline personnelle a remplacé la police.
La nouvelle milice a établi un lien entre l’avant-garde révolutionnaire et la base des masses populaires. Des contrôles démocratiques sont institués. Ces Palestiniens n’accepteront pas l’oppression ou la soumission et n’imposeront pas un tel régime à qui que ce soit. Les journalistes et les autres visiteurs étrangers ont découvert que nulle part dans le monde arabe ils ne trouvent des gens aussi mûrs et aussi tolérants envers les juifs que dans les camps de Jordanie et du Liban et spécialement parmi les « Ashbal ». Ces jeunes Palestiniens (de 8 à 16 ans) sont entièrement libérés de tout complexe antijuif. Ils ont une vision plus claire de la nouvelle Palestine démocratique que les bourgeois habitant dans les villes. Ces adolescents sont les libérateurs de demain. Ils compléteront la destruction de l’oppression israélienne et rebâtiront la nouvelle Palestine.
En définitive, si cette Palestine démocratique et progressiste est encore une utopie, et bien, les combattants palestiniens et les habitants des camps sont en train de la réaliser.
Deux conceptions fausses
Diverses interprétations de la Palestine démocratique sont apparues dans certains milieux, qui demandent à être clarifiées et parfois corrigées. Nous essaierons ici d’évoquer deux de ces interprétations qui nous semblent particulièrement importantes:
1) La conception d’une Palestine non confessionnelle ne doit pas être confondue avec celle d’un Etat multi-religieux ou bi-nationaL La nouvelle Palestine ne doit pas être construite autour de trois religions d’Etat ou de deux nationalités. Elle implique, plus simplement, l’absence d’oppression religieuse d’un groupe par un autre et la liberté de pratiquer sa religion sans discrimination. La révolution ne désire aucun durcissement des prescriptions religieuses.
Elle n’envisage aucune distribution stricte et fixée à l’avance, sur des bases religieuses, des fonctions politiques et des autres postes importants. Le modèle libanais (où une hiérarchie réactionnaire, quasi-féodale ou commerciale-capitaliste, divise les postes et les fonctions sur la base de l’appartenance à des sectes, pour perpétuer la domination sur les masses) est complètement étrangère à l’esprit de la révolution. Yasser Arafat a répété plusieurs fois que le président de la Palestine libérée pourra être un juif, un musulman, un chrétien, non à cause de sa religion ou de la secte à laquelle il appartient, mais en vertu de son mérite comme Palestinien.
En outre, les frontières religieuses et ethniques s’imbriquent étroitement en Palestine, de sorte que le terme binational et une dichotomie arabe-juive sont sans signification, ou an mieux, tout à fait sujets à contestation. La majorité des juifs actuellement en Palestine sont des juifs arabes. La Palestine rassemble donc des Arabes juifs, chrétiens et musulmans, aussi bien que des juifs non arabes, les juifs occidentaux
2) La nouvelle Palestine démocratique ne saurait constituer un substitut à la libération. Elle est au contraire l’objectif suprême de celle-ci. Un Etat fantoche sur la rive ouest et dans la zone de Gaza, un Israël désionisé dans le style d’un Avnery, ou « pasteurisé ». ou une confédération sémitique, sont catégoriquement rejetés par la révolution.
Ce sont là des plans racistes destinés à tromper les Palestiniens et les autres Arabes, de façon à maintenir une hégémonie israélienne et une soumission palestinienne. Tous ces projets prévoient le maintien de l’agression fondamentale qui a conduit à l’exil forcé des Palestiniens et à l’oppression des masses. La condition sine qua non de la nouvelle Palestine passe par la destruction des fondements politiques, économiques et militaristes de l’Etat colonial chauviniste et raciste. Le maintien d’une machine militaire, technologiquement avancée, grâce à un afflux continuel de capital occidental, et l’échange des populations ont permis à l’organisation sioniste expansionniste de poursuivre son agressionet de la répéter. La liquidation de cette organisation est nécessaire à la naissance de la nouvelle Palestine.
La période de transition
Il n’est tout à fait logique que soient prises des mesures collectives transitoires tout de suite après la libération et, même, que certaines d’entre elles subsistent dans l’Etat, c’est-à-dire que certains privilèges collectifs ou de groupes soient accordés à côté de privilèges purement individuels. Les juifs et les non-juifs auront le droit de pratiquer leur religion et de développer leur culture et leur langue. Il est normal, par exemple, que l’arabe et l’hébreu soient tous deux enseignés comme langues officielles dans les écoles du gouvernement à tons les Palestiniens, juifs ou non-juifs.
Le droit de libre circulation dans le pays et à l’extérieur sera garanti. Les Palestiniens désireux de quitter volontairement le pays seront autorisés à la faire. L’immigration sera limitée pendant une période transitoire an retour de tous les Palestiniens exilés désireux de rentrer dans leur patrie. Dans l’Etat permanent normalisé, l’immigration sera soumise à la réglementation sur laquelle on se sera mis d’accord et, compte tenu de la capacité d’absorption du pays, l’immigration sera ouverte sans discrimination. La liberté d’accès, les visites et les pèlerinages ainsi que le tourisme seront garantis – sous réserve de la réglementation normale – à tous les juifs, musulmans et chrétiens du monde, qui considèrent la Palestine comme un heu saint de pèlerinage et de méditation.
La nouvelle Palestine est-elle viable ?
Plusieurs critiques bien intentionnés déclarent que, même si la création d’une Palestine démocratique est possible, elle ne survivra pas longtemps. Leur principal argument est que l’équilibre démographique et culturel favorisera les juifs. Ce facteur, selon eux, conduira soit à une situation explosive, soit à la domination de la. nouvelle Palestine par les juifs et à un retour à un Etat néo-sioniste déguisé. Cet argument est sérieux et paraît tout à fat plausible dans le contexte actuel de la dichotomie européenne qui présente les Arabes comme un groupe ethnique arriéré et les jrâfs comme un groupe moderne.
Quant à la population, les juifs sont actuellement en Palestine an nombre de 2,5 millions, en face de 2,6 millions de Palestiniens arabes (chrétiens et musulmans) dans les territoires occupés avant et après 1967 et en exil. Le taux de natalité et le taux naturel net de croissance sont plus élevés chez les Palestiniens arabes que chez les juifs en Palestine.
C’est l’immigration qui a été la principale cause de l’accroissement du nombre des juifs. Mais on doit prendre en considération le fait que 250 000 juifs ont définitivement quitté la Palestine depuis 1949, dans une période où régnait une sécurité relative. La plupart de ces émigrants étaient des juifs européens. En outre, la majorité des nouveaux immigrants sont des juifs arabes qui ont trouvé très difficile de rester dans leur pays après la création et l’existence de l’Etat colonial d’Israël agresseur.
La lutte révolutionnaire provoquera inévitablement une augmentation du rythme de l’émigration, spécialement de ceux qui jouissent d’un statut privilégié dans l’Etat raciste et qui répugneront à s’adapter à une société ouverte et diversifiée. Parallèlement à cette évolution se développera la modernisation croissante des pays arabes et leur attitude tolérante à l’égard de tontes les minorités, y compris les citoyens juifs. Le Fath a déjà engagé des négociations avec plusieurs pays arabes pour qu’ils autorisent les émigrants juifs à rentier et qu’ils leur rendent leurs propriétés, en leur garantissant une entière égalité des droits.
On s’attend à ce que l’ensemble de ces facteurs maintienne un équilibre démographique relatif en Palestine.
Quant au niveau de développement social et éducatif, il augmente rapidement chez les Palestiniens arabes. On estime que le nombre de Palestiniens en exil détenteurs de diplômes universitaires dépasse 50 000. Les Palestiniens ont brillamment rempli des fonctions d’éducateurs, de techniciens et ont exercé des professions libérales dans plusieurs pays arabes, spécialement dans la Péninsule Arabique et en Afrique du Nord. Les Palestiniens arabes ont fait face à ce défi culturel d’avant 1948 et on réussi dans une période relativement courte de trente ans. à soutenir la compétition avec les juifs dans l’agriculture, l’industrie, l’éducation et même dans le domaine de la finance et de la banque. Armés de l’esprit d’une révolution victorieuse, remplis d’espoir par la camaraderie que leur manifestent nombre de juifs, les Arabes de Palestine seront des partenaires effectifs et à égalité dans la construction de la nouvelle patrie.
L’intégration de la Palestine dans la région arabe augmentera sa vitalité économique et politique. Le boycottage arabe actuel sera remplacé par une aide économique et par des relations commerciales, objectif que l’Etat colonial d’Israël n’a absolument pas atteint, restant un laquais et un protégé de l’Amérique depuis sa naissance.
Conclusion
Le concept de la Palestine démocratique non confessionnelle n’est pas encore tout à fait clair et doit encore être étudié. Mais on ne peut faire mieux à cette étape d’une lutte difficile pour la libération. Les Palestiniens ont surmonté leur amertume et leur sentiment de frustration dans un temps relativement court grâce à la lutte armée.
Il y a quelques années, la seule discussion de ce projet aurait été considérée comme une liquidation du problème, ou de la haute trahison. Même aujourd’hui, certains Arabes trouvent difficile d’accepter l’objectif que nous nous sommes proposé, et secrètement – ou publiquement – ils espèrent qu’il ne constitue rien d’autre qu’une action tactique de propagande.
Et bien, disons-le catégoriquement et définitivement, ce n’est pas cela. La révolution palestinienne est destinée à combattre pour la création de la nouvelle Palestine démocratique et non confessionnelle comme l’objectif à long terme du mouvement de libération. L’annihilation des juifs ou des Palestiniens exilés et la création d’un Etat raciste ou théocratique en Palestine, qu’il soit juif, chrétien ou musulman, est absolument inacceptable et ne peut réussir ni durer. Les masses palestiniennes opprimées combattront et feront tous les sacrifices pour abattre un Etat oppresseur et exclusiviste.
Les racistes israéliens sont vivement irrités par l’idée d’une Palestine démocratique. Cette irritation fait apparaître les contradictions du sionisme et met à nu la schizophrénie morale qui a atteint la communauté juive du monde depuis la création d’Israël.
L’adoption de ce nouvel objectif par de nombreux juifs progressistes, dont l’opinion compte, effraie le sionisme mondial Plusieurs de ces juifs ont été menacés et molestés par les sionistes pour leur adhésion aux principes d’une Palestine démocratique comme objectif final de la libération.
Les sionistes ont déclenché une campagne pour discréditer cette idée, particulièrement parmi les juifs.
Leur effort a été vain.
La force de la logique et le souvenir des années de persécutions subies dans des sociétés exclusives du fait des racistes ouvrent les yeux des juifs et des autres hommes, leur faisant comprendre que la seule solution permanente qui apportera une paix durable et la justice à notre Palestine est celle qui consiste à construire un pays progressiste, ouvert et tolérant pour nous tous.