EUGENIQUE (du grec […] — bien et […] — race). Pseudo-science bourgeoise qui propage des idées réactionnaires sur l’inégalité biologique et intellectuelle des hommes et des races humaines, due, prétend-on, à la différence de leur nature héréditaire immuable. Selon les eugénistes, l’inégalité biologique est la cause première et fondamentale de l’inégalité économique et sociale.
L’eugénique vise à tromper les masses laborieuses et à camoufler les véritables raisons, sociales et économiques, de l’inégalité sous le capitalisme. Serviteurs fidèles des intérêts de classe de la bourgeoisie, les eugénistes affirment que si les masses travailleuses vivent dans la misère et la pauvreté, c’est parce qu’elles se composent d’individus « biologiquement déficients », « intellectuellement inférieurs », et non parce qu’elles sont férocement exploitées par les capitalistes et que le produit de leur travail est usurpé par la bourgeoisie.
Les classes bourgeoises représenteraient, selon les eugénistes, « la fine fleur biologique de la nation ». Cette « théorie » avait été formulée avec le plus de franchise par le père spirituel de l’eugénique, le biologiste anglais Galton. Selon lui, « ce sont les classes supérieures qui constituent l’intelligence d’une nation ».
L’eugénique a pour fondement la doctrine idéaliste du weismanisme-morganisme-mendélisme (V. Weismanisme-morganisme ; Mendélisme) sur l’hérédité éternelle et immuable, sur le « plasma germinal immortel » qui existerait indépendamment de toute influence extérieure et intérieure du milieu matériel et se transmettrait de génération en génération.
Partant de cette thèse antiscientifique, les eugénistes prétendent que le développement physique et intellectuel des hommes n’est pas fonction des conditions sociales de leur existence, mais qu’il est déterminé par l’hérédité.
C’est aussi là le point de départ des théories sur les races « supérieures » et « inférieures », les races de « maîtres » et d’ « esclaves », sur la supériorité des peuples blancs sur les peuples de couleur, des races aryenne et anglo-saxonne sur toutes les autres, etc.
Aussi l’eugénique, dès son apparition, a-t-elle servi d’arme idéologique pour justifier la politique de conquête et d’asservissement des colonies, pour justifier les carnages impérialistes.
Largement répandue dans l’Allemagne hitlérienne, elle est aujourd’hui énergiquement diffusée par les idéologues de la bourgeoisie réactionnaire. Pour « améliorer » la race humaine, les eugénistes préconisent des méthodes appliquées aux animaux : stérilisation forcée des éléments « inférieurs », fécondation artificielle des femmes, etc.
Au VIIIe congrès mondial des généticiens (Stockholm, 1948), Seymour a fait un rapport sur la nécessité d’appliquer la fécondation artificielle en tant que « moyen d’amélioration » de l’espèce humaine. Ce fanatisme n’est pas seulement propagé en théorie, mais trouve aussi son expression pratique.
D’après la « théorie » du géographe américain Hunington, seul le « superman » américain a droit à la postérité, et l’eugéniste Léon Whitney propose de stériliser 10 millions d’Américains qui ne seraient pas des « pur sang ».
Le marxisme a depuis longtemps réfuté comme antiscientifiques et réactionnaires les tentatives de ramener à des phénomènes biologiques les faits sociaux qui possèdent leurs lois de développement spécifiques. L’homme, dans son développement physique et intellectuel, dépend entièrement de ses conditions sociales de vie.
Seul le socialisme crée les prémisses nécessaires au développement harmonieux de l’homme. La doctrine mitchourinienne a battu en brèche les idées antiscientifiques de Weisman et de Morgan sur la nature de l’hérédité et a détruit ainsi la base théorique de l’eugénisme.
EVOLUTION ET REVOLUTION. L’évolution est une accumulation lente, graduelle de changements quantitatifs ; la révolution est un changement brusque, radical, qualitatif. La métaphysique ne reconnaît que les changements quantitatifs, qu’une croissance graduelle, évolutive. Cette conception du développement ignore les bonds, les bouleversements révolutionnaires et n’explique pas la naissance du qualitativement nouveau.
Le matérialisme dialectique combat cette façon de voir et enseigne que le mouvement revêt une forme double : évolutive et révolutionnaire. Les changements peu sensibles, latents, continus, quantitatifs s’accomplissent par évolution ; ils préparent les changements radicaux, qualitatifs, révolutionnaires qui s’opèrent par bonds.
C’est pourquoi il faut considérer le devenir non seulement comme un changement quantitatif, mais aussi comme un développement par bonds, révolutionnaire, discontinu, comme une transformation de la quantité en qualité. On ne saurait donc séparer l’évolution de la révolution qui sont liées indissolublement.
Le développement véritable est l’unité de l’évolution et de la révolution. « Le mouvement est évolutif quand les éléments progressistes poursuivent spontanément leur travail quotidien et apportent dans le vieil ordre de choses de menus changements quantitatifs.
Le mouvement est révolutionnaire quand ces mêmes éléments s’unissent, se pénètrent d’une idée commune et s’élancent contre le camp ennemi pour anéantir jusqu’à la racine le vieil ordre de choses, apporter dans la vie des changements qualitatifs, instituer un nouvel ordre de choses.
L’évolution prépare la révolution et crée pour elle un terrain favorable, tandis que la révolution achève l’évolution et contribue à son action ultérieure » (Staline : Œuvres, t. I, P. 1953, pp. 251-252).
Le marxisme-léninisme lutte contre l’opportunisme qui nie la révolution en tant qu’instrument d’une transformation radicale de l’ordre social et qui substitue l’action réformiste à la lutte révolutionnaire. Pour un révolutionnaire la réforme n’est qu’un produit accessoire de la révolution. Ce qui importe, c’est la lutte révolutionnaire.
Le marxisme-léninisme lutte également contre la théorie qui détache la révolution de l’évolution, qui ne reconnaît que la forme révolutionnaire du mouvement et nie la nécessité de l’évolution, de la préparation graduelle et de l’organisation des masses en vue d’une action révolutionnaire.
En détournant les masses de la préparation d’un bond révolutionnaire, cette théorie petite-bourgeoise fait beaucoup de tort au mouvement ouvrier : elle n’est pas moins réactionnaire que l’évolutionnisme. La négation de la nécessité du développement évolutif est caractéristique pour les anarcho-syndicalistes. « L’anarcho-syndicaliste décline le « menu travail » et particulièrement l’utilisation de la tribune parlementaire.
En fait cette dernière tactique aboutit à guetter les « grands jours », sans savoir rassembler les forces qui créent les grands événements » (Lénine : Marx-Engels-marxisme, M. 1954, p. 311).
Les leaders des socialistes de droite d’aujourd’hui se servent des théories évolutionnistes bourgeoises pour justifier la trahison des intérêts de la classe ouvrière et de tous les travailleurs. Ainsi le réformiste autrichien Renner, dans son livre « Le monde nouveau et le socialisme », prétend que le passage du capitalisme au socialisme doit s’accomplir graduellement, « de succès en succès », au moyen de la rénovation réformiste du régime bourgeois, et non par la révolution socialiste.
Le marxisme- léninisme stigmatise ces laquais du capital et enseigne qu’on ne peut abolir le capitalisme et construire le socialisme que par la révolution, par un bond révolutionnaire.
Cependant la dialectique exige que la révolution qui achève tout développement évolutif soit considérée sur le plan historique.
C’est seulement quand la société est divisée en classes hostiles que le bond revêt le caractère d’une révolution politique, d’une explosion, c’est-à-dire que le pouvoir existant est renversé et un pouvoir nouveau se crée. Si la société n’est pas composée de classes hostiles, la transition de la qualité ancienne à la qualité nouvelle ne revêt pas la forme de révolutions politiques, d’explosions. (V. également Bond ; Conversion de changements quantitatifs en changements qualitatifs.)
EXISTENCE SOCIALE ET CONSCIENCE SOCIALE. Par existence sociale le marxisme entend les conditions de la vie matérielle de la société (V.), avant tout le mode de production, ainsi que le régime économique de la société.
La conscience sociale, ce sont les vues philosophiques, politiques, artistiques, scientifiques, morales, religieuses. Le rapport de l’existence sociale à la conscience sociale est la question philosophique fondamentale pour ce qui est des phénomènes sociaux. Le matérialisme dialectique considère l’existence comme donnée première, et la conscience, comme donnée seconde ; la conscience est le reflet de la matière dans le cerveau humain, produit suprême de l’évolution de la nature.
C’est dans le même sens que le matérialisme historique tranche le problème du rapport de l’existence sociale à la conscience sociale (idées, théories, opinions, etc.). L’existence sociale est donnée première, elle détermine la conscience sociale, la vie spirituelle de la société. Telle existence sociale, telles conditions de vie matérielle de la société, telles idées, théories, vues politiques, institutions politiques.
La période prémarxiste était dominée par la conception idéaliste de l’histoire, selon laquelle le moteur du développement social réside dans la conscience sociale ou bien dans l’« idée absolue », Dieu, etc. Ayant appliqué le matérialisme dialectique aux phénomènes sociaux, Marx a établi que l’existence sociale détermine la conscience sociale.
Cette grande découverte marque la naissance d’une science sociale véritable. En même temps le marxisme montre l’importance considérable des idées d’avant-garde dans la vie matérielle de la société. Une fois apparues, elles deviennent une puissante force active, elles aident le nouveau régime à abolir la base économique ancienne et les classes caduques. (V. également Base et superstructure.)