Ce 21e numéro de la revue Crise a ceci de marquant qu’il se produit alors que, de manière ininterrompue, des événements contribuent la tendance à la guerre. Les pays se militarisent, les perspectives bellicistes se voient ouvertement tracées. Ainsi, le 13 juillet 2022, dans son Discours aux armées, le président français Emmanuel Macron parlait de « l’économie de guerre », d’une situation où « tout a changé », ce qui impose un « solfège différent ».

Le 15 juillet 2022, une réunion exceptionnelle de la Douma en Russie permettait une réorganisation institutionnelle au profit du ministère de l’Industrie, avec le président russe Vladimir Poutine signant une centaine de lois pour que les entreprises s’alignent sur les orientations militaires, tandis qu’un Conseil de sécurité se tenait qui plus est le jour même.

Si nous suivons avec persévérance et productivité cette incessante actualité militariste, c’est que ce rythme confirme toutes nos analyses et nos prévisions depuis le lancement de Crise en avril 2020.

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Le mode de production capitaliste s’est heurté à une limite ; il connaît une crise générale, il se précipite vers la guerre impérialiste, dont la substance est le repartage du monde.

En ce sens, nous pouvons dire que la mise en place de Crise était juste et incontournable. Qui veut comprendre le monde en évolution doit se servir de Crise, comme organe de réflexion et de stratégie, au poste de commande de la compréhension de la crise générale du mode de production capitaliste que nous connaissons aujourd’hui.

Ce n’est qu’avec et autour de Crise que les énergies militantes et réflexives ne sont pas perdues : elles sont articulées à la grande bataille idéologique et culturelle qui se joue, elles participent ainsi à élever le niveau de conscience des forces de l’avant-garde qui nous lit de manière prolongée, elles instillent inspiration, confiance et enthousiasme en structurant la théorie, en traçant la ligne rouge et en donnant un cadre et une direction.

En ce sens, l’Histoire nous donne toujours plus raison, parce que Crise s’est édifiée sur la forteresse du matérialisme dialectique. Crise parvient ainsi à refléter justement le réel et son mouvement, et c’est fort de l’héritage de tous les immenses théoriciens de la raison et de la science que nous pouvons marteler nos concepts pour affirmer notre vision du monde concernant cette crise, à propos de ses fondements, de son contenu et de sa perspective inévitable.

Notre force et notre pertinence repose ainsi sur ce que nous savons comprendre la situation historique non seulement dans les formes de la crise du mode de production capitaliste, mais aussi parce nous disons que celle-ci est l’antichambre du socialisme, ce qui donne une profondeur et un sens à l’engagement dans la bataille à mener.

Dans celle-ci, et au milieu d’une Belgique et d’une France encore largement passives, abruties par la routine générale du régime capitaliste et déboussolées par la décadence et l’accumulation des contradictions, Crise entend être l’organe de la dictature des faits, œuvrant à ajuster les consciences sur le mouvement historique, allant à la rupture avec le capitalisme et son monde.

« La loi fondamentale de la révolution, confirmée par toutes les révolutions et notamment par les trois révolutions russes du XX° siècle, la voici : pour que la révolution ait lieu, il ne suffit pas que les masses exploitées et opprimées prennent conscience de l’impossibilité de vivre comme autrefois et réclament des changements.

Pour que la révolution ait lieu, il faut que les exploiteurs ne puissent pas vivre et gouverner comme autrefois. C’est seulement lorsque « ceux d’en bas » ne veulent plus et que « ceux d’en-haut » ne peuvent plus continuer de vivre à l’ancienne manière, c’est alors seulement que la révolution peut triompher.

Cette vérité s’exprime autrement en ces termes : la révolution est impossible sans une crise nationale (affectant exploités et exploiteurs).

Ainsi donc, pour qu’une révolution ait lieu, il faut : premièrement, obtenir que la majorité des ouvriers (ou, en tout cas, la majorité des ouvriers conscients, réfléchis, politiquement actifs) ait compris parfaitement la nécessité de la révolution et soit prête à mourir pour elle ; il faut ensuite que les classes dirigeantes traversent une crise gouvernementale qui entraîne dans la vie politique jusqu’aux masses les plus retardataires (l’indice de toute révolution véritable est une rapide élévation au décuple, ou même au centuple, du nombre des hommes aptes à la lutte politique, parmi la masse laborieuse et opprimée, jusque-là apathique), qui affaiblit le gouvernement et rend possible pour les révolutionnaires son prompt renversement. »

LENINE


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