« II n’existe pas dans la réalité d’art pour l’art, ni d’art au-dessus des classes, ni d’art qui se développe en dehors de la politique ou indépendamment d’elle.

La littérature et l’art prolétarien font partie de l’ensemble de la cause révolutionnaire du prolétariat…»
(Mao Zedong, Interventions aux causeries sur la littérature et l’art à Yenan)

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Mai 68 : la tempête révolutionnaire souffle sur la France

Dix millions de travailleurs sont en grève.

Les usines sont occupées, la contestation gagne toutes les couches du peuple, ouvriers, paysans, étudiants, intellectuels, artistes…

Pour nous, jeunes comédiens chanteurs, se mettre en grève, ça ne veut pas dire grand-chose, ça ne peut guère gêner que quelques bourgeois qui constituent en majorité le public des théâtres, des cabarets et même des différents centres dits « de culture populaire. »…

Par contre nous pouvons transformer notre grève en une grève «active», c’est-à-dire nous mettre au service des travailleurs en lutte.

Alors, guitare sous le bras, on va d’usine en usine, on chante dans les ateliers, les cantines, sur des caisses, dans des tris postaux.

Ça nous plus rien à voir avec du « spectacle ».

Ça nous semble même frivole, de chanter ce que nous chantons car pour la première fois, nous nous sentons partie prenante dans la lutte que mènent les travailleurs.

Avec eux, on discute, de la révolte, de la liaison avec les intellectuels révolutionnaires, ensemble on parle de la vie, de l’avenir, du pain et des rosés…

On prend conscience de la force du mouvement populaire qui occupe les usines et la rue. Au nombre de flics qui occupent ces rues, on mesure la peur de l’ennemi, la bourgeoisie capitaliste.

Après mai : ni échec, ni défaite : une semence

« Tout point de vue qui surestime la force de l’ennemi et sous-estime la force du peuple est faux. » (Mao Tsé-toung, Tome IV)

Après Mai, l’ennemi quelque temps déséquilibré, s’est ressaisi : affaiblie politiquement, la bourgeoisie utilise des armes qui révèlent cette faiblesse, l’appareil de répression, les négociations bidons, les élections, l’intoxication.

Le gigantesque mouvement de masse de mai-juin est brisé, en apparence seulement, avec la complicité des traîtres du P.C.F. et des directions syndicales.

Les grévistes reprennent le travail, contraints, écœurés par la trahison des soi-distants « défenseurs de la classe ouvrière », devenus de fait les gardes-chiourmes de l’ordre, de la légalité, de l’oppression patronale.

Pourtant, ce que les ennemis du peuple n’avaient pas prévu, c’est que mai-juin 68 a ouvert la voie de la révolte et dé la résistance.

Rien n’est plus comme avant

Alors il y a des choses qu’on ne peut plus faire.

Pour moi, chanter comme avant, faire un métier qui subit la loi bourgeoise du « succès » commercial et du profit, c’était devenu intolérable.

On était en juillet, les gens partaient en vacances, bien sûr, était encore présente la question comment continuer, comment expliquer Mai à tous ceux qui n’avaient pas été au cœur de la tempête mais qui avaient commencé d’espérer ?

Alors, avec deux copains, on prend les premiers cinés-tracts, des journaux, des témoignages sur la répression, on emprunte une voiture et un projecteur, et on quitte Paris.

On s’en va dans les campagnes, dans le Gard et le Vaucluse, on projette les films, on explique, on informe.

Ça se passe dans des petits villages ; des petits paysans viennent avec leur famille, expliquent comment ils ont vu Mai, ce qu’ils pensaient des grèves, parlent de leurs luttes, de leurs difficultés et le plus souvent de leur misère.

L’exemple d’une jeune Garde Rouge

Septembre 68 : à nouveau Paris, la rentrée-Une question : comment continuer Mai ?

Comment s’organiser et avec qui ?

Quand on n’est pas étudiant et que dans le désarroi général, on a du mal à entrevoir la voie prolétarienne ?

Je cherche, je vais à la Sorbonne, il y a des meetings, des étudiants qui parlent, il faut discerner, comprendre, tirer des leçons de mai-juin.

Un jour il y a un meeting sur la Chine, pour la première fois j’entends parler d’une manière vivante, de la Révolution culturelle, du maoïsme comme expression de la révolte des masses, de la lutte idéologique.

J’achète quelques livres de Mao, des revues, « Pékin-Information ».

Et là il se passe quelque chose : je trouve un article écrit par une jeune garde rouge, qui raconte comment elle a quitté son métier de comédienne pour se mettre au service du peuple, le jour où elle a compris que tant que la révolution ne serait pas faite, elle ne pourrait rien changer dans le domaine artistique, et que continuer, cela ne pouvait que servir l’idéologie dominante.

Par cet exemple, je comprends que la seule issue, c’est de se battre aux côtés du peuple, dans le camp du peuple jusqu’à la victoire totale sur les forces réactionnaires.

Dès lors, ça devient facile de dénoncer un contrat de disques, facile de refuser galas, émissions, interviews…

Des gens me disent : « Tu es folle, puisque tu as compris, tu peux changer des choses dans le « métier », chanter des chansons subversives à la télé, etc. ».

Mais suivre ces conseils, ce serait suivre la voie réformiste, la voie qui accepte la coexistence pacifique, entre l’idéologie bourgeoise et l’idéologie prolétarienne.

Pour un artiste révolutionnaire, pour un artiste qui devient maoïste et qui est capable de le mettre en pratique, servir le peuple de tout cœur, ça veut dire abandonner toute idée de renommée personnelle ou de gain matériel.

Ça veut dire aller se battre dans le camp du peuple : partager le travail à l’usine, trouver une issue collective à la révolte, aider à s’organiser, vivre de là même vie simple et lutter durement pour démasquer les traîtres qui, dans leurs rangs entretiennent la collaboration de classes.

Alors quand on se bat, quand on a fait sienne la cause du peuple, l’envie de chanter vous reprend, mais ce sont des chants de lutte qui montent des usines, des H.L.M., des bidonvilles, de la rue, de la sueur et du sang de ceux qui souffrent.

« Nous sommes les nouveaux partisans »

Le terrorisme des patrons se fait plus intolérable que jamais.

Une nouvelle poussée prolétarienne part des usines, car là où il y a oppression, il y a résistance.

Contre les ennemis qui font de l’or avec notre sang, une seule attitude possible : la riposte.

Contre les assassins qui ont la justice pourrie de leur côté, une seule chose à faire : faire vengeance nous-mêmes et le plus durement possible. C’est pourquoi nous disons : « Patrons, c’est la guerre ».

Mais comme leurs flics sont installés à tous les coins de nos rues, comme ils occupent militairement nos villes, nous menons contre eux des combats de partisans, contre eux et contre tous les kollabos et autres flics syndicaux qui cherchent à nous diviser, à nous empêcher d’anéantir les patrons et leur état.

Vous occupez, nous résistons !

Voilà qui annonce aux assassins les lendemains où le sang appelle le sang.

CAMARADES, QUE DANS LES USINES, CONTRE LES ASSASSINS AUX MAINS BLANCHES, SE LÈVENT LES NOUVEAUX PARTISANS!


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