C’est une chose que tout observateur a pu remarquer : dans le cadre de la crise générale du capitalisme, on assiste au développement et au renforcement d’une multitude de groupes et de partis d’extrême droite en Europe et ailleurs dans le monde. Les importants progrès électoraux de l’AfD dans l’Est de l’Allemagne ce dimanche (dans les Landers de Saxe et de Brandebourg) viennent encore en attester.

Tom Van Grieken, Président du Vlaams Belang durant l'université d'été 2019 à Cracovie

Tom Van Grieken, Président du Vlaams Belang durant l’université d’été 2019 à Cracovie

Cela est également particulièrement vrai pour la Pologne où la pression culturelle de l’extrême droite a passé un cap terrible, alors qu’en Belgique aussi − en tout cas pour ce qui est du Nord du pays, la Flandre, – les partis nationalistes « modérés », comme la Nieuw-Vlaamse Alliantie (N-VA), (Nouvelle Alliance flamande) et « radicaux », comme le Vlaams Belang (Intérêt flamand) − d’extrême droite l’un comme l’autre ! − réalisaient ensemble un score de 40% lors des dernières élections fédérales.

Si aujourd’hui le Vlaams Belang se présente à nous comme une structure s’étant démocratisée, il est pourtant l’héritier direct du Vlaams Blok, parti qui s’est auto-dissous en 2004 suite à un arrêt de la Cour de cassation le condamnant pour « incitation permanente à la ségrégation et au racisme ».

Créé en 1977 sur un programme prônant notamment l’indépendance de la Flandre et l’amnistie pour les collaborateurs flamands de l’occupation nazie de la Belgique, le Vlaams Blok s’est fait connaitre par son mot d’ordre « Eigen Volk Eerst » (Notre peuple d’abord), ainsi que pour son « Programme en 70 points » ayant pour titre complet « Immigration : les solutions. 70 propositions pour résoudre le problème des étrangers » ; la violence de ses militants envers les étrangers et les militants de gauche était également une actualité en Belgique à l’époque.

S’estimant discriminé par une décision de justice considérée comme inique, les cadres du Vlaams Blok décidèrent de donner naissance au Vlaams Belang.

En apparence, le Vlaams Belang a donc changé. Mais ce changement d’identité politique ne se déroule qu’à la surface d’un fond fasciste-nazi qui lui n’a pas changé. Ainsi, à la veuille des dernières élections législatives, le Vlaams Belang accueillait sur ses listes électorales le fondateur du mouvement Schild & Vrienden (Bouclier & Amis), Dries Van Langenhove.

Dries Van Langenhove, fondateur de Schild & Vrienden

Dries Van Langenhove, fondateur de Schild & Vrienden

En septembre 2018, Van Langenhove et Schild & Vrienden étaient au cœur d’un reportage diffusé par la télévision publique flamande, VRT, qui a littéralement fait exploser l’image lissée de jeunes gens bien sous tous rapports que Schild & Vrienden faisait passer dans les masses jusque là.

En effet, il est apparu que Van Langenhove était l’animateur d’un groupe secret Facebook au sein duquel la pensée fasciste décomplexée, l’idéologie raciste et l’antisémitisme, en ce compris l’apologie d’Adolf Hitler, étaient diffusés « en roues libres ». Des photos de Van Langenhove et d’autres posant avec des armes à feu y côtoyant l’affirmation que d’ici un certain nombre d’années, le mouvement contrôlera la rue par la violence ; tout ceci n’empêchant pas Van Langenhove de récolter 39.295 voix de préférence lors des élections de mai 2019 en se présentant sur les listes d’un Vlaams Belang ayant « changé »…

Cette année, dans le cadre d’une « Université d’été », les jeunes du Vlaams Belang (Vlaams Belang Jongeren) se sont rendus à Cracovie à l’invitation de leurs congénères de Pologne.

Cet événement pourrait sembler anodin, tant il est vrai que divers partis ou organisations (y compris de gauche) organisent des camps, des voyages ou des universités d’été en dehors de leur pays. Mais ce qui importe ici, est le fait que ce soient des jeunes fascistes de Belgique qui viennent en Pologne.

Pourquoi la Pologne ?

La Pologne est vue par l’extrême droite comme un pays pur : la majorité des polonais est européenne, catholique romaine − 89% des polonais se déclarent catholiques − et blanche. La minorité nationale la plus importante du pays qui ne soit pas « européenne » (les nord-américains sont vus comme européens par l’extrême droite) est la minorité juive qui représente 7 000 personnes sur tout le pays, suivi par la minorité nationale vietnamienne qui représente 4 000 personnes. Sur une population de 30 Millions.

Dries Van Langenhove avec d'autres militants de Schild & Vrienden

Dries Van Langenhove avec d’autres militants de Schild & Vrienden

Nous ne cherchons pas à nous accoler aux statistiques bourgeoises, mais cela illustre la manière dont la Pologne est perçue comme « ethniquement pure » par les fascistes, alors qu’en même temps, pour la bourgeoisie, elle est vue comme un pays ayant une grande importance sur le plan géostratégique en Europe.

L’extrême droite polonaise a remporté la bataille culturelle, et ce en partie à cause des révisionnistes antisémites comme Gomułka. Président de la République « Populaire » de Pologne de 1956 à décembre 1970, ce dernier voyait des sionistes partout. Il est responsable notamment de la purge antisémite de 1968 ; selon lui les Juifs de Pologne étaient tous des sionistes sans nuance.

Depuis quelques années la fête de l’indépendance polonaise (11 novembre 1918) est l’occasion pour les fascistes de toute l’Europe de se réunir ; l’année passée les fascistes italiens de Forza Nuova sont venus parader à Varsovie pour la fête nationale ! Or, si l’extrême droite polonaise n’est pas encore au pouvoir formellement, elle est très présente dans les institutions de l’Etat, notamment dans l’armée et dans la Police.

Les forces nationalistes conservatrices au pouvoir l’utilise comme un allié et ont nommé il y a quelques mois Adam Andruszkiewicz (un ancien de Mlodziez Wszechpolska [Jeunesse de Toute la Pologne] et Ruch Narodowy [Mouvement National]) vice-ministre des affaires digitales…

Les « scouts » du Vlaams Belang l’ont tout à fait compris, et par ailleurs ils font référence à la victoire de la culture réactionnaire jusqu’à dans leur banderole d’université d’été. La Branche Jeunesse du Vlaams Belang est une habituée des memes ; ainsi sur plusieurs de ses autocollants il y a des références à des memes internet. En effet, sur la banderole « krakau zomeruniversiteit 2019 » [cracovie université d’été 2019], il y a deux « Countryballs », des balles vaguement dessinées censées représenter des pays ; l’une la Pologne en tenue de hussard et l’autre la Flandre tenant la lance du hussard.

Jeunes du Vlaams Belang pratiquant l'Airsoft en Pologne

Jeunes du Vlaams Belang pratiquant l’Airsoft en Pologne

On est là dans la dynamique du « remove kebab » (une phrase utilisée par les nationalistes en Europe, pour dire « dégageons les arabes et les turcs ») c’est un synonyme du Defend Europe. Evidemment le choix de ce meme n’est pas un hasard ; car les hussards dans l’histoire polonaise et l’imaginaire collectif, ce sont ces soldats d’élites qui « ont défendu l’Europe face aux barbares ottomans » le 24 septembre 1683 lors de la Bataille de Vienne, sous le commandement du roi polonais Jean III Sobieski.

Ce n’est évidemment pas tout, les jeunes du VB ne se sont pas limités à souiller de leur présence le paysage polonais, ils ont également fait une partie d’AirSoft (pratique consistant à imiter un jeu de guerre) aux abords de la ville Cracovie, ils s’y sont photographiés dans un endroit situé à 80 km du camp de la mort d’Auschwitz, munis d’armes (factices pour le coup…), arborant le drapeau flamand de la Collaboration. Ainsi, un jeune militant y a été vu levant le doigt en l’air comme le fait le pseudo humoriste français Dieudonné avec son « plus haut c’est le soleil » pour signifier que la Shoah est un mensonge.

Le fait qu’ils posent pseudo-armés doit aussi alerter, car il y a eu un saut ; les fascistes de toute l’Europe se prépare à prendre les armes, à l’image des nazis ukrainiens de la brigade Azov et des « nazbol » pro russe. Nous nous dirigeons vers de nouveaux pogroms ; l’attentat du musée juif à Bruxelles et les provocations antisémites devant Auschwitz ne sont que les prémices de ce qui attend les masses juives et progressistes d’Europe et ailleurs, toutes les forces progressives n’étant que des « judéo-bolchéviks » aux yeux de l’extrême droite.

Face à cela, une véritable Action Antifasciste populaire est nécessaire en Pologne comme en Belgique, de la même manière qu’un véritable Front Populaire est crucial pour être à même de s’opposer aux tentatives de mise mort de la société civile et des opinions démocratiques : pour combattre les tentatives d’anéantissement complet de la culture !

Si la Pologne tombe, les fascistes auront leur Internationale fasciste, c’est d’ailleurs ce qu’il se profile, car si d’apparence les fascistes polonais ne sont pas en première ligne dans les milieux nationalistes en Europe (faute à Salvini, à Orban et Marine Le Pen), ils jouent pourtant un rôle tout à fait central comme le prouve le 11 novembre avec la démonstration de force des fasciste européennes et polonais chaque année dans ce pays.

Mais cela ne sera pas ! Dans la bataille pour le triomphe de la République socialiste mondiale, nos deux pays vont connaitre de grands bouleversements, un affrontement entre les classes qui va consister en de grandes révoltes sociales, en une vraie bataille politique, idéologique et culturelle !

Nous n’avons pas de doute, la victoire sur le fascisme est certaine !

Vive la classe ouvrière, classe la plus révolutionnaire de l’Histoire !

Vive son idéologie : le matérialisme dialectique, aujourd’hui le Marxisme-Léninisme-Maoïsme !

Les rédactions de Naprzod et du Centre MLM de Belgique
Septembre 2019


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