Les succès du révisionnisme dans les démocraties populaires étaient parallèles à ceux de l’URSS. Mais cette dernière était par ce chemin devenue un social-impérialisme, entendant bien faire des pays de l’Est européen ses semi-colonies.

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A l’opposé, le triomphe des révisionnistes de type titiste dans les démocraties populaires ne pouvait que contribuer à l’émergence du nationalisme ouvert, sans maquillage « socialiste ». C’est pour cette raison que, dans le prolongement du triomphe révisionniste en Hongrie après 1953, on en arriva à l’insurrection de Budapest en octobre – novembre 1956.

Ce processus armé était un aboutissement contre-révolutionnaire ; en Hongrie, comme en Pologne, il a existé pendant plusieurs années des maquis anti-communistes. Le soulèvement de Budapest fut ainsi d’une très grande cruauté, avec des pendaisons par la foule de communistes et de policiers qui traumatiseront particulièrement l’opinion publique tchécoslovaque.

Politiquement, si la presse des pays impérialistes a toujours souligné que la direction était celle de communistes « démocratiques », c’était uniquement pour contribuer à la désintégration du régime, car de fait plus de 70 partis « nouveaux » apparurent lors du soulèvement, dont tout à fait officiellement le parti fasciste des « croix fléchés ».

Le même phénomène se déroula lors du « printemps de Prague » en 1968 en Tchécoslovaquie, la direction révisionniste entendant rendre davantage « indépendant » le pays, avec le soutien massif des pays impérialistes en faveur de ce projet de « socialisme à visage humain ».

Cette révolte pragoise suivait de quelques années la destruction au moyen de 800 kilos d’explosifs du monument à Staline à Prague, construit de 1949 à 1962, faisant 15,5 mètres sur 22. Le facteur progressiste des démocraties populaires étant éteint, inévitablement les forces réactionnaires l’emportaient ouvertement, surtout qu’elles restaient sur le qui-vive, comme l’avait montré notamment le soulèvement réactionnaire en juin 1953 à Berlin-Est.

Dans les deux cas, en Hongrie comme en Tchécoslovaquie, le social-impérialisme soviétique s’empressa d’écraser ces forces centrifuges, afin de les remplacer par des bourgeoisies bureaucratiques totalement soumises et instaurant des régimes policiers stricts.

Il eut cependant parfois beaucoup de mal, notamment avec la Roumanie de Nicolae Ceaușescu qui réussit à maintenir une ligne particulièrement nationaliste et ouverte aux pays impérialistes. A la fin des années 1960 vont ainsi en Roumanie en visite officielle Charles De Gaulle, le président américain Richard Nixon, la reine d’Angleterre Élisabeth II et le roi d’Espagne Juan Carlos ; Nicolae Ceausescu exige même le « retour » à la Roumanie d’une partie de l’URSS, la Moldavie.

Palais de la culture et de la science à Varsovie

Palais de la culture et de la science à Varsovie

Lorsque Nicolae Ceaușescu est renversé, en 1989, il l’est ainsi surtout par des forces liées à l’URSS, qui terminent un travail effectué plusieurs décennies auparavant dans les autres pays de l’Est.

Tout dépendait de la marge de manœuvre possible ; ainsi, en République Démocratique Allemande, il y eut une grande continuité de l’équipe dirigeante, afin de ne pas risquer un dérapage contre-révolutionnaire trop puissant.

En Pologne, ce n’est également qu’au moyen de l’État d’urgence que le régime dirigé par les révisionnistes put se maintenir – les communistes authentiques avaient déjà eu du mal, la situation était forcément impossible pour les révisionnistes. On était bien loin du début des années 1950 et de la construction offerte par l’URSS du Palais de la culture et de la science à Varsovie.

C’est là qu’est la clef : la démocratie populaire était un régime où les forces du progrès représentaient le facteur principal grâce à la présence de l’URSS voisine, qui assurait l’hégémonie dans les États démocratiques, mais non socialistes au sens strict, c’est-à-dire permettant l’application de la dictature du prolétariat, sans être en tant que tel une dictature du prolétariat.

Une fois l’URSS révisionniste et une fois que les forces de type titiste prédominent dans les démocraties populaires (qui n’en sont donc plus), alors les forces réactionnaires gagnent inévitablement du terrain, jusqu’à faire vaciller la domination du social-impérialisme soviétique tentant de maintenir une domination semi-coloniale, jusqu’à l’emporter une fois le social-impérialisme soviétique affaibli.


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