L’année prochaine, tous les révolutionnaires authentiques du monde salueront la révolution d’octobre, la prise du pouvoir en Russie, il y a cent ans. Avec le grand Lénine à la tête des « bolcheviks » formant la majorité du Parti Ouvrier Social-Démocrate de Russie, les révolutionnaires ont été capables de renverser l’État réactionnaire et d’établir le socialisme.
Comme communistes suivant le chemin de 1917, nous voulons profiter de ce centième anniversaire à venir pour souligner un très important aspect de la révolution d’Octobre : la question de la direction, c’est-à-dire l’importance de Lénine.
Si nous voulons comprendre historiquement la révolution d’Octobre et si nous voulons l’année prochaine en montrer l’importance, alors nous aurons à la présenter avec tout son contenu et ainsi à affirmer la signification du léninisme.
La révolution d’Octobre n’a pas été un coup d’État, mais un saut dans le processus révolutionnaire guidé par Lénine. Nous appelons ici à l’étude de deux documents d’importance et écrits par Lénine durant l’année 1906.
Tant Les enseignements de l’insurrection de Moscou que La guerre des partisans donnent de très importantes leçons aux révolutionnaires quant à l’esprit nécessaire pour aller en direction de l’insurrection générale.
Quand nous parlons de la Guerre Populaire comme théorie militaire universelle du prolétariat, nous ne voulons pas dire par là que la révolution de 1917 est en contradiction avec la théorie élaborée par Mao Zedong et expliquée par Gonzalo.
Au contraire, Lénine est allé dans le sens de la Guerre Populaire, parce qu’il était un révolutionnaire authentique, comprenant que le pouvoir est au bout du fusil. Comme Lénine le souligne :
« Le marxiste se tient sur le terrain de la lutte de classes, et non de la paix sociale.
Dans certaines périodes de crises aiguës, économiques et politiques, la lutte de classes aboutit dans son développement à une véritable guerre civile, c’est-à-dire à une lutte armée entre deux parties de la population.
En de telles périodes, le marxiste a l’obligation de se placer au point de vue de la guerre civile.
Toute condamnation morale de celle-ci est absolument inadmissible du point de vue du marxisme. »
La Révolution d’Octobre n’aurait pas pu avoir lieu sans l’approche scientifique de Lénine, qui a manqué par exemple à des gens connaissant aussi bien le marxisme que Georgi Plekhanov et Karl Kautsky. Les deux ont joué historiquement un rôle important, mais n’ont pas été en mesure de comprendre l’impérialisme et la question de l’État, et donc de la révolution.
C’est pourquoi, en fin de compte, Lénine s’est opposé à eux. Déjà en 1906, Lénine présentait la situation en train de naître, où la lutte armée était inévitable et la clef pour la bataille pour le pouvoir. Il dit alors :
« Rappelons-nous que le jour approche de la grande lutte de masse. Ce sera l’insurrection armée.
Elle doit être, dans la mesure du possible, simultanée. Les masses doivent savoir qu’elles vont à une lutte armée implacable et sanglante.
Le mépris de la mort doit se répandre parmi les masses et assurer la victoire.
L’offensive contre l’ennemi doit être la plus énergique : l’attaque et non la défense doit devenir le mot d’ordre des masses ; l’extermination implacable de l’ennemi deviendra leur objectif ; l’organisation de combat sera mobile et souple ; les éléments hésitants de l’armée seront entraînés dans la lutte active.
Le Parti du prolétariat conscient remplira son devoir dans cette grande lutte. »
Le Parti révolutionnaire sait que l’État réactionnaire doit être détruit ; la destruction de l’appareil d’État est le but stratégique en tant que tel.
Le processus révolutionnaire consiste précisément en cette destruction, avec la construction du nouvel État par l’Armée rouge, dans un processus non-linéaire où le progrès de la guerre populaire ne peut pas être historiquement stoppé par la réaction, parce qu’elle porte le Nouveau contre l’Ancien.
Et cela est vrai aussi pour la Révolution mondiale, en tant que Guerre Populaire mondiale. La Révolution d’Octobre a été la première composante de sa première vague, suivie de la Révolution chinoise de 1949 et de la Grande Révolution Culturelle Prolétarienne commençant en 1966.
Maintenant, nous suivons cette voie, ouverte par Lénine, travaillant à être une partie de la seconde vague de la Révolution mondiale.
Pour cette raison, nous voulons appeler à l’utilisation d’une nouveau concept : celui de Pensée de Lénine. Le concept de Pensée-guide de la révolution est le cœur du maoïsme ; il explique qu’une Direction est générée dans le processus révolutionnaire, qu’une personne synthétise la compréhension de la situation d’une manière matérialiste dialectique, montrant la voie à suivre.
Dans le cas de la Russie, deux œuvres montrent en particulier la capacité de Lénine à comprendre la société, son histoire, sa culture, son développement. Publié en 1899, Le développement du capitalisme en Russie est une œuvre expliquant que le capitalisme s’est développé dans les campagnes et pourquoi, par conséquent, l’idéologie populiste des « narodniks » est erronée.
Publié en 1908, Léon Tolstoï, miroir de la révolution russe donne de très importantes indications sur l’évolution de la mentalité de la société russe, vue à travers les œuvres d’un grand artiste.
Il est évident que Lénine a été un grand dirigeant, comme Mao, qui a compris la situation historique, et ainsi, de la même manière qu’il y a eu une Pensée Mao Zedong, il y a eu une Pensée Lénine, portant à la fois un aspect particulier à la Révolution russe et un autre étant universel.
Nous pensons également que l’utilisation de ce concept aidera à comprendre le rôle de Staline d’une manière correcte. Staline a compris l’importance de Lénine et il a développé le léninisme comme seconde étape du marxisme.
Staline dit dans Les principes du léninisme que :
« D’après les uns, c’est l’application du marxisme aux conditions spéciales de la Russie.
Cette définition renferme une part de vérité, mais une part seulement. Lénine a, en effet, appliqué, et supérieurement appliqué, le marxisme à la situation russe.
Mais si le léninisme n’était que l’application du marxisme à la situation spéciale de la Russie, il aurait un caractère purement national, uniquement russe.
Or, le léninisme n’est pas seulement un phénomène russe, mais un phénomène international. Voilà pourquoi cette définition est trop étroite (…).
Le léninisme, c’est le marxisme de l’époque de l’impérialisme et de la révolution prolétarienne, ou, plus exactement, c’est la théorie et la tactique de la révolution prolétarienne en général, la théorie et la tactique de la dictature du prolétariat en particulier.
Marx et Engels vivaient à une époque pré-révolutionnaire où l’impérialisme était encore à l’état embryonnaire, où les prolétaires ne faisaient encore que se préparer à la révolution, où la révolution prolétarienne n’était pas encore une nécessité directe, pratique.
Lénine, disciple de Marx et d’Engels, a vécu à une époque d’épanouissement de l’impérialisme, de développement de la révolution prolétarienne, à une époque où cette révolution, triomphante dans un pays, y détruisait la démocratie bourgeoise et ouvrait l’ère de la démocratie prolétarienne, l’ère des soviets.
Voilà pourquoi le léninisme est le développement du marxisme. »
Staline a presque compris la Pensée de Lénine. Il s’est toujours placé dans la propagande comme le meilleur disciple de Lénine ; sa carte du Parti Communiste de l’Union Soviétique (bolchevik) était seulement la numéro deux, l’honneur du premier numéro étant donné à Lénine, qui était déjà décédé.
Néanmoins, Staline ne connaissait pas le concept de Pensée et bien sûr, cela a amené des problèmes dans la compréhension de ce qui est universel et de ce qui est particulier dans le léninisme. Comme l’Internationale Communiste était par exemple fondée sur le léninisme sans aucune distinction de sa différence avec la Pensée de Lénine, cela a apporté des erreurs, produisant une manière administrative de comprendre les choses.
De la même manière, le précis d’histoire du Parti Communiste de l’Union Soviétique (bolchevik) était certainement un ouvrage de valeur pour tous les communistes dans le monde. Mais il n’était pas possible de saisir la situation dans son propre pays seulement avec cet ouvrage – et cela a été le livre le plus imprimé par le Mouvement Communiste International avant le « petit livre rouge » imprimé en Chine.
Cela montre comment est riche historiquement le léninisme, avec un caractère dialectique : un aspect particulier, un aspect universel. Bien entendu, ici une grande attention doit être donnée à la tentative faite par les révisionnistes de prétendre que l’aspect universel était en réalité l’aspect particulier : c’est ainsi que les khrouchtchéviens ont déformé le marxisme-léninisme.
En saluant la révolution d’Octobre l’année prochaine, nous aurons ici à être très prudents, afin de protéger le contenu du léninisme, expliquant son aspect universel et son aspect particulier, condamnant les tentatives gauchistes pour nier l’étape léniniste, sans tomber dans le piège des révisionnistes qui essaieront de le déformer.
Sans cela, nous ne serons pas en mesure l’année prochaine d’apprendre à comprendre le sens de la révolution d’Octobre pour le monde d’aujourd’hui, à étudier le maoïsme comme troisième étape du marxisme, à pratiquer la guerre populaire comme voie révolutionnaire universelle.
Organisation des Ouvriers d’Afghanistan (Marxiste-Léniniste-Maoïste, principalement Maoïste)
Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste de Belgique
Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
Novembre 2016