« Les personnes qui attentent aux biens publics socialistes sont les ennemis du peuple ». Affiche soviétique relative à la Constitution de l'URSS de 1936, article 131

« Les personnes qui attentent aux biens publics socialistes sont les ennemis du peuple ». Affiche soviétique relative à la Constitution de l’URSS de 1936, article 131

CONVERSION DES CHANGEMENTS QUANTITATIFS EN CHANGEMENTS QUALITATIFS. Une des lois objectives les plus importantes et les plus générales du développement de la nature, de la société humaine et de la pensée.

La dialectique marxiste considère le développement comme le passage de changements quantitatifs graduels, insignifiants et latents, à des transformations radicales, manifestes, à des changements qualitatifs.

Dans son ouvrage « Le matérialisme dialectique et le matérialisme historique », Staline a donné une profonde caractéristique de cette loi de la dialectique : « Contrairement à la métaphysique, la dialectique considère le processus du développement non comme un simple processus de croissance où les changements quantitatifs n’aboutissent pas à des changements qualitatifs, mais comme un développement qui passe des changements quantitatifs insignifiants et latents à des changements apparents et radicaux, à des changements qualitatifs ; où les changements qualitatifs sont, non pas graduels, mais rapides, soudains, et s’opèrent par bonds, d’un état à un autre ; ces changements ne sont pas contingents, mais nécessaires ; ils sont le résultat de l’accumulation de changements quantitatifs insensibles et graduels » (M. 1954, p. 8).

Par sa façon de comprendre le développement comme la transformation qualitative des objets et des phénomènes, consécutive à des changements quantitatifs, la méthode dialectique marxiste se distingue foncièrement de toutes les conceptions philosophiques bourgeoises de l’évolution.

Pour les théories métaphysiques, le développement n’est que simple diminution ou augmentation de ce qui existe, c’est-à-dire un processus purement quantitatif, sans changement qualitatif radical, sans bonds révolutionnaires. Tout bond serait ainsi une violation « illégitime » du processus d’évolution.

Les réformistes et autres traîtres à la classe ouvrière soutiennent les philosophes bourgeois qui veulent assujettir le prolétariat aux intérêts des capitalistes. Ils ont en horreur la dialectique marxiste qui justifie la nécessité des révolutions des classes opprimées.

La conception uniquement évolutive selon laquelle le développement ne connaît que des changements quantitatifs et ignore les changements qualitatifs, rend les sciences naturelles et sociales incapables d’expliquer correctement les phénomènes, et alimente toute sorte d’opinions religieuses et idéalistes.

Elle ne permet pas d’expliquer comment la nature a engendré, au cours de son développement, l’infinie diversité de l’univers, comment la matière organique, la vie, est née de la matière inorganique, comment des espèces toujours plus complexes sont nées des espèces les plus simples ; de ce point de vue, il est impossible d’expliquer la conscience en tant que propriété de la matière hautement organisée, etc.

Les sciences ont réfuté les conceptions métaphysiques de l’évolution de la nature quand elles ont accumulé une multitude de faits démontrant que des changements qualitatifs radicaux viennent couronner les changements quantitatifs graduels.

La loi de la conversion des changements quantitatifs en changements qualitatifs a été formulée par les fondateurs du marxisme qui ont généralisé les données irréfutables de la science et de toute l’expérience historique de la société. La chimie, la physique, la biologie et les autres sciences de la nature ont fourni de nombreux faits démontrant le caractère universel de cette loi comme des autres lois de la dialectique.

« En physique…, écrivait Engels, toute modification est une conversion de la quantité en qualité, une conséquence d’un changement quantitatif de la quantité du mouvement, quelle qu’en soit la forme, qui est inhérent au corps ou qui lui est communiqué » (« Dialectique de la nature », P. 1952, p. 71).

Engels cite de nombreux exemples à l’appui de cette thèse : un minimum d’intensité de courant déterminé est nécessaire pour porter à l’incandescence le fil de platine d’une ampoule électrique ; tout métal a une température de fusion, tout liquide a, sous une pression connue, un point constant de congélation et d’ébullition etc. La découverte de la loi de la conservation et de la transformation de l’énergie a porté un coup foudroyant aux conceptions métaphysiques du développement considéré comme un processus purement quantitatif.

Elle a montré que le mouvement, le développement de la matière est un processus de transformation de formes déterminées en formes qualitativement différentes : le mouvement mécanique peut se transformer en mouvement de forme physique, celui-ci en mouvement de forme chimique, etc.

La découverte du système périodique des éléments par Mendeleïev (V.) a brillamment confirmé la thèse dialectique de la conversion des changements quantitatifs en changements qualitatifs. Engels et Staline ont estimé que cette découverte est une preuve éclatante du caractère dialectique du développement de la nature, en tant que passage des changements quantitatifs en changements qualitatifs.

Les sciences modernes confirment toujours plus et enrichissent la thèse de la dialectique matérialiste qui envisage le devenir comme une conversion de la qualité ancienne en qualité nouvelle par suite de l’accumulation de changements quantitatifs.

Signalons à ce propos la lutte entre la théorie métaphysique des weismanistes-morganistes (V. Weismanisme-morganisme) en biologie et la doctrine mitchourinienne (V.) qui a remporté une victoire complète. Pour les morganistes, l’évolution des plantes et des animaux consiste en un regroupement et une recombinaison purement quantitatifs des gènes immuables.

S’inspirant de la méthode dialectique, la doctrine mitchourinienne a réduit à néant ces conceptions antiscientifiques. Elle part du fait que l’évolution de la nature vivante est une suite de changements qualitatifs provoqués par des changements quantitatifs. Elle a démontré qu’il n’existe aucune substance héréditaire immuable, qu’à mesure que les organismes s’adaptent à leurs conditions d’existence, se modifie le type du métabolisme organisme-milieu extérieur et que sur cette base l’hérédité change à son tour.

Toute l’histoire de la société confirme également la loi de la conversion des changements quantitatifs en changements qualitatifs. Le développement de la société est non seulement une suite de changements quantitatifs, mais un processus où, à un certain moment, les changements quantitatifs s’interrompent pour faire place à un bond, à la conversion de l’ancien état qualitatif en un nouvel état qualitatif.

Par exemple, l’accroissement des forces productives, de la productivité du travail au sein de la commune primitive a abouti nécessairement à la naissance de la société de classe. Celle-ci a engendré successivement des formes qualitativement différentes: les régimes esclavagiste, féodal, capitaliste.

La dialectique marxiste enseigne que les changements qualitatifs s’opèrent par bonds. La transition d’une qualité ancienne à une qualité nouvelle est un bond qui se produit subitement, rapidement en comparaison avec le stade antérieur de l’évolution quantitative. Par exemple, l’eau s’échauffe lentement mais, à une certaine température, elle se transforme rapidement, par bond, en vapeur.

Dans la vie sociale, les périodes révolutionnaires sont sensiblement plus courtes que les périodes du développement évolutif. La révolution sociale supprime d’un seul coup l’ancien ordre de choses et crée les conditions propices au développement de formes nouvelles de la vie sociale. Il ressort de ce qui vient d’être dit que le devenir a un double aspect : quantitatif et qualitatif. Les changements quantitatifs préparent les changements qualitatifs.

Les deux formes du mouvement existent dans l’unité dialectique. Ce n’est qu’en en tenant compte qu’on peut obtenir une connaissance scientifique des phénomènes de la nature, de la société et de la pensée.

Puisque le développement s’opère par conversion des changements quantitatifs en changements qualitatifs, il n’est pas un mouvement circulaire, il n’est pas une simple répétition, mais une progression, qui suit une ligne ascendante allant du simple au complexe, de l’inférieur au supérieur. Ainsi se développe la société : de la commune primitive à l’esclavage, de l’esclavage à la féodalité, de la féodalité au capitalisme.

Aujourd’hui l’humanité traverse une époque où le socialisme, forme de la vie sociale incomparablement supérieure à toutes les anciennes formations économiques et sociales, vient remplacer le régime capitaliste qui a fait son temps et qui freine le progrès.

Le socialisme a vaincu en U.R.S.S. ; les pays de démocratie populaire (V.) se sont également engagés dans la voie du socialisme. La loi de la conversion des changements quantitatifs en changements qualitatifs implique des conclusions très importantes pour l’activité pratique du parti communiste.

Le principal, c’est, que la transition au socialisme est impossible au moyen de réformes qui apportent de petites modifications quantitatives au capitalisme.

Seule une révolution, un bond révolutionnaire, est capable d’abolir le capitalisme et de permettre la construction d’un monde nouveau. Toutefois, la révolution ne peut intervenir sans être précédée d’un stade de développement évolutif, c’est-à-dire sans que soient créées les conditions matérielles objectives pour la transition à un régime supérieur, sans le progrès quantitatif de la conscience, de l’organisation de la classe ouvrière, sans la préparation de la classe ouvrière en vue du renversement de l’ancien régime.

Le développement, c’est l’unité des formes évolutive et révolutionnaire du mouvement. L’évolution prépare la révolution et celle-ci, à son tour, achève, couronne l’évolution en créant les conditions d’un nouveau développement évolutif.

La conversion de l’ancienne qualité en qualité nouvelle peut revêtir des aspects divers, et ce n’est qu’en tenant compte du caractère concret des phénomènes et des conditions historiques de leur développement que l’on peut comprendre les formes que prennent ces bonds, ces passades brusques d’une qualité à une autre.

Dans « Le marxisme et les problèmes de linguistique » (V.), Staline a dénoncé les thèses vulgarisatrices de Marr et de ses adeptes, qui prétendaient que la transition de l’ancien au nouveau dans l’évolution de la langue s’effectue au moyen de bonds rapides et subits.

Le passage d’une qualité ancienne à une qualité nouvelle s’accomplit là non par explosion, mais par accumulation lente et graduelle des éléments de la qualité nouvelle, par l’extinction graduelle des éléments de la qualité ancienne.

Dans la nature inorganique aussi bien qu’organique les changements qualitatifs ne s’accomplissent pas toujours au moyen d’un anéantissement subit de l’ancien et de la naissance instantanée du nouveau, mais aussi par accumulation graduelle des éléments de la qualité nouvelle et le dépérissement graduel des éléments de l’ancien (par exemple, la lente évaporation de l’eau dans les conditions naturelles, le perfectionnement graduel des races d’animaux, etc.).

Dans la vie sociale, la langue n’est pas la seule à se développer de cette manière, il en est également ainsi d’autres phénomènes. La loi de la conversion de la qualité ancienne en qualité nouvelle par explosion est de rigueur dans une société divisée en classes hostiles.

Elle n’est pas obligatoire pour une société où les classes hostiles ont été liquidées. La transition du capitalisme au socialisme ne peut s’accomplir que par la révolution, c’est-à-dire par l’anéantissement du pouvoir politique existant et son remplacement par un autre pouvoir, celui du prolétariat car la classe bourgeoise dominante ne quittera pas la scène de bon gré. La Grande Révolution socialiste d’Octobre est un exemple probant d’une explosion révolutionnaire de ce genre.

Dans la société soviétique, où les classes antagoniques n’existent plus et où le développement a pour assise la coopération des ouvriers, paysans et intellectuels, tout changement important, toute transition d’une qualité ancienne à une qualité nouvelle, sont préparés et accomplis d’en haut, par l’Etat, le parti communiste, avec le soutien des masses d’en bas.

C’est pourquoi il n’y a pas, en U.R.S.S., de terrain pour des changements qualitatifs sous forme de révolutions politiques. C’est ainsi qu’à la campagne soviétique s’est effectué le passage de l’économie individuelle, bourgeoise, au régime socialiste.

Cette transition a été accomplie par l’Etat avec le soutien des grandes masses paysannes d’en bas ; elle l’a été non pas au moyen d’une explosion, mais méthodiquement, graduellement. Tout aussi méthodiquement, graduellement et sans explosions se fera dans la société soviétique la transition du stade inférieur du communisme à son stade supérieur, car dans les conditions du socialisme le développement économique s’accomplit non pas par bouleversements, mais par modifications graduelles.

La thèse de la conversion de la qualité ancienne en qualité nouvelle par développement graduel n’a rien à voir avec la conception évolutionniste du développement, c’est-à-dire avec la conception du développement en tant que processus exclusivement quantitatif.

Pour être graduelle, la transition de la qualité ancienne à la qualité nouvelle n’en signifie pas moins, en fin de compte, un bond, un tournant de l’ancien nu nouveau. Ainsi, la transition du socialisme au communisme sera une transition radicale du régime économique socialiste à un autre régime économique supérieur, au communisme.

La méthode dialectique marxiste part de ce principe que non seulement les changements quantitatifs se transforment en changements qualitatifs, mais aussi que ces derniers appellent de nouveaux changements quantitatifs.

Par exemple, le régime socialiste, qualitativement nouveau et supérieur au régime capitaliste, engendre des cadences sans précédent dans l’essor de la production, de la culture.

Aucun régime n’a encore connu un progrès de l’économie et du niveau culturel du peuple semblable à celui du régime socialiste. Accélération du développement, telle est la loi de la société socialiste soviétique, loi qui découle de la nature, qualitativement nouvelle, du régime social et politique de l’U.R.S.S. (V. également Bond ; Evolution et révolution ; Qualité et quantité.)


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