Le Parti et le coup d’Etat de juin.

1. La principale faute du P. C. B. pendant le coup d’Etat de juin, est son attitude passive vis-à-vis de l’action armée des forces réunies de la bourgeoisie, ainsi que vis-à-vis des tentatives de résistance armée d’une grande partie des paysans. Cette inaction de la plus grande organisation des travailleurs, après l’Union Agraire, par ses effectifs et son influence, a facilité à la bourgeoisie d’atteindre son but. Elle a empêché, au moment décisif, la formation du front unique des ouvriers et paysans, et a permis aux troupes blanches de vaincre assez facilement le soulèvement.

2. Il faut constater avec satisfaction que le parti tout entier n’était pas enclin à l’inaction et qu’en fait il n’est pas resté inactif devant les événements. Le Comité Central, pris au dépourvu par le coup d’Etat, au premier moment, lança un appel aux masses leur déconseillant d’intervenir dans la lutte armée, disant qu’il ne s’agit là que d’une lutte entre la bourgeoisie urbaine et la bourgeoisie rurale ; par cette attitude, il détermina dans une large mesure le cours des événements. Une partie des organisations locales se placèrent au même point de vue. Une autre partie du P. C. B., animée d’un esprit de lutte contre le coup d’Etat éventuel des blancs, sans cesse alarmée par l’annonce du coup d’Etat imminent, fut convaincue qu’il fallait agir, et, tout en attendant le mot d’ordre du C.C., mobilisa ses forces. Dans quelques localités (Plevna, Kilifareva, Kalovo, Kazalik, Bieloi-Statina, Drenovo, etc.), les communistes, convaincus que le C.C. ne peut donner d’autre mot d’ordre que l’insurrection, soulevèrent les masses et se lancèrent, unanimement, avec enthousiasme, dans la lutte. Apprenant la décision du C.C., ils s’en retirèrent ensuite.

3. Le soulèvement de juin engloba une grande partie de la Bulgarie, et une fraction considérable de la population rurale soumise à l’influence de l’Union Agraire. Là où le P. C. prit part à la lutte, à son appel, de larges masses de la population laborieuse se soulevèrent. Ces faits indiquent que le coup d’Etat de juin provoqua une fermentation révolutionnaire dans les villes et les campagnes. Si malgré cela, les masses n’ont pu s’opposer sérieusement, d’une façon organisée, à la prise du pouvoir par la bande militaire et capitaliste, la faute en est surtout à la politique chancelante et à la myopie petite-bourgeoise du gouvernement agrarien.

Abandonnant l’armée aux mains des blancs, il laissa les masses désarmées devant une bourgeoisie, qui, elle, était bien armée. Après les élections d’avril, il estima le danger d’un coup d’Etat complètement écarté et dirigea ses efforts contre les communistes. D’un autre côté, l’absence de résistance sérieuse s’explique par les mauvais rapports entre l’Union Agraire et le P. C. ce qui empêcha la formation d’un front unique des travailleurs des villes et des champs contre l’ennemi commun, la bourgeoisie capitaliste. D’autre part, la passivité du parti en fût également la cause.

4. Le soulèvement populaire de Plevna et du canton de Karlovo montra à quel point l’influence du parti communiste était grande parmi les ouvriers et les paysans de ces régions. Ce n’étaient pas là des exceptions. Partout où le Parti appela les masses à la lutte, elles se soulevèrent. Le cas de ces deux localités est caractéristique pour la plus grande partie du pays. Les dirigeants du Parti n’ont pas su apprécier exactement l’influence dont l’Union Agraire jouissait parmi les paysans, la force révolutionnaire et la préparation du parti lui-même et des masses qui le suivent.

5. Une discipline de fer dans le Parti Communiste est la condition nécessaire pour la victoire des travailleurs. Tous les efforts doivent être diriges pour éduquer en ce sens les masses du Parti. Cependant le soulèvement provoqué par les organisations locales du P. C., − Ignorant les décisions du C.C. dans beaucoup de localités, ne constitue pas une infraction à la discipline, car ces organisations, guidées par leur fidèle instinct révolutionnaire et par les résolutions du parti ont, avec raison, pensé que le P. C. ne pouvait donner d’autre mot d’ordre que celui de l’insurrection. De même, la responsabilité de leur défaite ne retombe pas sur elles, mais sur tout le corps dirigeant du parti, dans la mesure où il est responsable de l’insuccès du soulèvement.

6. Le Comité Exécutif de l’Internationale Communiste, dès qu’il eut connaissance du coup d’Etat, déclara clairement qu’il n’y a qu’une voie pour le P. C. B. en tant que parti révolutionnaire : soulever les masses qu’il a derrière lui pour une lutte commune avec les paysans de l’Union Agraire contre les auteurs du coup d’Etat.

Après les événements, le C.E. de l’I.C. fit une critique sévère de la conduite du Parti. La suite des événements prouva que le C.E. avait bien compris les tâches du Parti et que sa critique était fondée.

Pour la régénérescence et le développement du P. C. B., en tant qu’organisation révolutionnaire, il est nécessaire de reconnaître la lourde faute commise en juin. De cette façon seulement, le Parti pourra en éviter la répétition. Le C.E. de l’I.C. constate que la grande majorité du Parti et de ses organes dirigeants reconnaissent déjà cette faute et il voit en cela un gage qu’à l’avenir le Parti saura accomplir sa tâche révolutionnaire.

Le Parti et l’insurrection de septembre.

1. Pour renforcer sa domination la bourgeoisie, immédiatement après l’écrasement de l’Union Agraire, s’est mise à préparer l’anéantissement du P.C., organisation menaçante pour elle par ses dimensions et son influence. Effectivement le gouvernement réactionnaire prépara immédiatement son coup. Le P.C. vit venir le danger qui le menaçait ainsi que tout le peuple travailleur. Il comprit que l’insurrection était inévitable à bref délai et détermina ses tâches immédiates, tant politiques que tactiques et techniques. Bien que les divergences sur la tactique du 9 juin fussent encore loin d’être liquidées, tout le Parti s’unit et s’attela à la solution de ces tâches immédiates. La reconstruction du C.C. aida beaucoup à rétablir la confiance des masses du parti envers la direction, qui avait été ébranlée à la suite du coup d’Etat.

2. Le 12 septembre, alors que le P.C. était encore loin d’avoir achevé sa préparation, le gouvernement lui porta son coup, violent et général. Ce coup avait pour but de décapiter non seulement le Parti, mais tout le mouvement ouvrier et paysan, soumis à l’influence du Parti Communiste, d’anéantir et de paralyser pour de longues années tout mouvement du peuple travailleur. Les masses des villes et des campagnes, déjà fort mécontentes des attaques insolentes du capital, particulièrement après le 9 juin, sans cesse irritées par les représailles en masses et les assassinats des bandes fascistes, sentirent toute l’importance de l’assaut gouvernemental et leur indignation dépassa toute limite. Des bagarres se produisirent, des fusillades commencèrent à éclater, les morts tombaient quotidiennement, ceux qui étaient poursuivis s’armèrent et s’enfuiront dans les forêts où ils formèrent parfois d’importantes troupes de paysans armés. L’insurrection devenait inévitable. Elle éclata le 20 septembre, dans l’arrondissement de Staro-Zogora, s’étendirent sur quelques localités, des arrondissements de Vratza et de Vidin, puis dans quelques points de celui de Kustendil, Pétrich, Varna, Choumna, etc. Il n’est pas douteux que l’insurrection de septembre a été provoquée et rendue inévitable par le gouvernement militariste-capitaliste-démocrate.

3. L’insurrection embrassa une grande partie du pays. Dans quelques arrondissements (Staro-Zagora, Vratza Vidin) elle s’étendit très largement ; dans d’autres (Plovdiv et Sofia), elle fut importante, ailleurs elle ne toucha que quelques points. Dans les lieux où elle fut très étendue, elle entraîna la grande majorité du peuple. Sauf la bourgeoisie, qui fut réduite à l’impuissance, toute la population : jeunes et vieux, sans distinction de convictions politiques, fut avec l’insurrection. Elle fut véritablement populaire. Malheureusement, sauf quelques exceptions, le mouvement ne put se développer dans les grandes villes, non pas parce que les masses ouvrières ne sympathisaient pas avec elle, et n’étaient pas disposées à se soulever, mais pour la simple raison que le gouvernement avait eu le temps, par des mesures décisives contre l’avant-garde, de paralyser le mouvement dans son germe. Ce fait découvre un des côtés faibles de l’insurrection, mais ne signifie pas du tout qu’elle n’était pas populaire.

4. Contrairement à sa conduite dans les journées de juin, le P. C. B. joua en septembre un rôle actif et dirigeant. Les fautes commises et les manifestations de faiblesse, si nombreuses et si grandes soient elles (elles s’expliquent surtout par les conditions de développement du parti, par l’absence d’expériences révolutionnaires parmi les membres et les dirigeants), ces fautes et ces manifestations de faiblesse ne peuvent diminuer l’importance de ce fait, que pour la première fois dans son existence le Parti s’est trouvé à la tête d’une grande insurrection populaire. C’est son baptême de parti révolutionnaire et communiste. Bien que le mouvement ait commencé spontanément qu’il soit monté d’en bas, il ne pouvait pas avoir suffisamment de forces sans la participation des communistes et la conduite des organisations communistes. Il n’aurait pas pu se développer en une grande insurrection populaire, constituant une menace sérieuse, pour la bourgeoisie capitaliste au pouvoir, si la direction centrale du Parti n’était pas consciemment intervenue et n’avait pas lancé le mot d’ordre de l’insurrection armée pour le gouvernement ouvrier et paysan, si elle n’avait pas tenté de la rendre générale, d’y entraîner toutes les masses laborieuses, si elle n’avait pas cherché à lui donner dans la mesure du possible, l’organisation et la direction nécessaires, si elle ne lui avait pas fixé un but politique précis.

Il est hors de doute, que la participation du P. C. a été très grande, non seulement par sa quantité, mais aussi en tant que dirigeant, organisateur, initiateur et organe d’extension de l’insurrection.

5. L’insuccès de l’insurrection, les nombreuses et douloureuses victimes qu’elle a coûtées tant au parti qu’aux masses posent la question : la direction du parti a-t-elle bien agi en donnant le mot d’ordre de l’insurrection générale. Une analyse exacte conduit à la ferme conviction que les décisions prises étaient les seules qui répondaient au sain instinct révolutionnaire des masses laborieuses, aux intérêts du mouvement révolutionnaire dont le parti communiste est le guide. Le parti devait ou capituler sans combat, ou soulever les masses, se mettre â leur tête et se jeter dans une lutte décisive. Il avait bien tenté de recourir à la grève, aux démonstrations et autres moyens légaux de lutte, mais ces tentatives le replaçaient devant le dilemme : la reddition sans condition ou l’action armée. Mais si le parti avait capitulé, il n’aurait pas pu éviter le sort que le gouvernement fasciste bourgeois lui destinait, la destruction, la ruine en tant qu’organisation.

Mais dans ce dernier cas, un danger bien plus grave le menaçait : être à jamais abandonné par les masses déçues. Son prestige révolutionnaire avait déjà sérieusement souffert après le 9 juin, mais les masses avaient encore confiance en sa capacité de combat et la dictature fasciste les serrait autour de lui. Si le P.C., en septembre, s’était montré incapable de conduire les masses au combat, leur déception aurait été complète, elles se seraient dispersées, le mouvement aurait subi pour de longues années une irréparable défaite. Il n’aurait évité ni la lutte armée ni son écrasement sanglant. L’inaction de la direction centrale aurait brisé la discipline communiste, donné libre champ à l’anarchie, aux initiatives révolutionnaires partielles ; le nombre des victimes sanglantes n’aurait été diminué en rien et le mouvement bulgare aurait été conduit à une catastrophe terrible. La voie qu’a choisi le parti communiste, celle de l’action révolutionnaire, a également coûté un très grand nombre de victimes, mais elle a eu pour effet d’unir les masses, de renforcer leur confiance dans le P. C., en tant qu’organisation véritablement révolutionnaire et a préparé les conditions de la victoire future.

Tout le cours des événements confirme catégoriquement que l’insurrection de septembre n’a pas été un putsch ou une aventure irréfléchie de la direction du parti, mais une réponse hardie des masses laborieuses, guidées par le parti communiste, à la provocation insolente des gardes blancs bulgares et une tentative résolue de réaliser le gouvernement ouvrier et paysan en Bulgarie.

6. L’offensive décisive de la bourgeoisie capitaliste pour restaurer sa domination politique sur les masses laborieuses a commencé en juin et atteint son apogée en septembre. En juin, a d’abord été attaquée et ruinée l’Union Agraire, en septembre, à son tour, fut battu le parti communiste.

La faute historique de ces deux organisations de masse consiste en ce que pour des raisons différentes, elles n’ont pu former le front unique des ouvriers et des paysans contre les attaques de la bourgeoisie unie et qu’elles ont ainsi donné à cette dernière la possibilité de les battre séparément. La reconnaissance de cette faute, tant de la part des masses que de la part des organisations, sera la plus précieuse leçon à tirer de la défaite. Désunies, elles ont été battues, fraternellement unies, elles vaincront.

7. Les causes fondamentales de la défaite du P.C. sont les suivantes :

a) l’insurrection a été prématurés, c’est-à-dire a éclaté avant que l’alliance avec l’Union Agraire ait eu le temps d’être bien organisée, bien affirmée avant que l’action menée ait pu être suffisamment préparée au point de vue militaire et technique et avant que les masses aient pu être mobilisées.

b) L’insurrection a éclaté après que le gouvernement eut porté un coup très violent au parti. Le 12 septembre, par suite des nombreuses arrestations, tout l’appareil directeur, les militants et les ouvriers les plus actifs, tant dans la capitale qu’en province, étaient sous les verrous. Le parti s’engagea dans l’insurrection affaibli et désorganisé.

c) l’insuffisance de l’armement et des liaisons se fit sentir dès le début de l’action. En raison de la faiblesse numérique du prolétariat urbain, la collaboration entre les villes et les campagnes était nécessaire. Sauf quelques exceptions, cette collaboration n’a pu malheureusement se réaliser, et le gouvernement réussit à étouffer dans le germé le soulèvement des villes. Les villages insurgés insuffisamment armés, sont restés sans centre dirigeant et organisateur, et furent battus séparément par les troupes gouvernementales bien armées jouissant de toute leur liberté de manœuvre.

d) le P.C. n’avait pas assez de points de contact avec la masse des cheminots et des ouvriers des transports, ce qui explique qu’il n’ait pas réussi à déclencher la grève dans les chemins de fer et les télégraphes.

e) l’expérience révolutionnaire des ouvriers et des paysans bulgares ainsi que du P. C. était insuffisante.

Les différends dans le Parti.

1. Jusqu’au coup d’Etat de juin, le P. C. B. était unanime sur toutes les questions essentielles de tactique et d’organisation. La confiance en sa direction était entière et la discipline était ferme dans ses rangs.

Après le coup d’Etat, des désaccords ont surgi qui, après les critiques énergiques du C.E. de l’I.C. se sont manifestés en deux tendances. L’autorité du C.C. a été ébranlée et des signes d’affaiblissement de la discipline se sont fait jour.

Une tendance, représentée par le C.C. qui était encore unanime, défendait la position prise le 9 juin par le parti. Le Conseil du Parti, convoqué dans les premiers jours de juin y adhéra. La seconde tendance d’opposition, adopta le point de vue de la lettre ouverte du C.E. de l’I.C. au P. C. B : à l’exception de l’organisation de Sofia, qui examina plus à fond les questions litigieuses, et dont les ¾ des voix allèrent pour le C.C., les autres organisations eurent peu de possibilité d’examiner attentivement ces questions. Cependant, les comités d’arrondissement de Bargas et de Vidin s’élevèrent violemment contre le C.C. Il est à présent difficile de dire comment les masses communistes se seraient prononcées si elles avaient été plus informées et si elles avaient eu la possibilité de discuter. Les événements ont posé devant le parti de nouvelles tâches urgentes et il a dû se préparer à les résoudre. La critique du C.E. de l’I.C. et l’état d’esprit des masses exercèrent leur influence, et bientôt le parti s’est vu uni pour fixer ses tâches immédiates et les moyens de les résoudre. La réorganisation partielle du C.C. aida beaucoup à rétablir son autorité, fortement ébranlée.

2. Après le 12 septembre, éclatèrent de nouveaux désaccords dans le Comité Central. La minorité était convaincue que la campagne du gouvernement contre le P. C, qu’il accusait de préparer un coup d’Etat pour le 16 septembre, était compromise, vu que le gouvernement n’a pu fournir de preuves de son accusation et qu’il battait en retraite pour cette raison, la minorité était contre le renforcement de la lutte. La majorité, elle, ne partageait pas ces illusions. Elle était pour l’extension de la lutte allant, jusqu’à l’insurrection armée. C’est elle qui contre les voix de la minorité, décida l’insurrection armée.

3. L’écrasement sanglant de l’insurrection devait inévitablement provoquer de nouveaux désaccords. Les questions litigieuses sur la tactique du 9 juin qui n’avaient pas été résolues, devaient surgir de nouveau et cette fois-ci avec plus de force sur l’appréciation des événements de septembre. Naturellement, la masse du parti, emplissant les prisons, n’avaient pas la possibilité de se prononcer ; pour cette raison, la discussion commença dans les cercles supérieurs. Dans le parti en général et non dans le C.C. quatre tendances se manifestèrent : a) l’extrême-droite, dirigée par le docteur Sakarov, approuve la tactique du 9 juin, condamne l’insurrection de septembre, se déclare contre les méthodes illégales et pour la sortie de l’Internationale Communiste. En réalité, elle rompt avec le P. C. ; le déclare dissout et prétend le remplacer par un nouveau parti du travail, indépendant, complètement légal : b) l’extrême-gauche, englobant une partie de l’ancienne opposition d’après juin, ayant à sa tête le docteur Klintcharoy, condamne la tactique de juin, ainsi que l’insurrection de septembre. De même que l’extrême-droite elle déclare le parti liquidé et adhère à l’initiative de Sakarov, Ce sont deux tendances liquidatrices. Les deux autres tendances sont pour le maintien intégral de l’ancien P. C. et se caractérisent par les traits suivants : a) la droite rectifie sa position sur la question du 9 juin, en tant qu’action des masses, mais pas entièrement. Elle y voit des éléments de putschisme et d’anarchisme ; b) la gauche, sur la question du 9 juin, adopte également la position du C.E. de l’I.C. Non seulement elle se solidarise avec l’insurrection de septembre, mais elle approuve entièrement la tactique qui a mis le parti à la tête d’une grande insurrection populaire, l’a lié pour toujours avec la masse et a renforcé son prestige comme organisation révolutionnaire.

Dès que les deux tendances liquidatrices se manifestèrent publiquement, le C.C. exclut les liquidateurs comme traîtres au Parti Communiste. Il proclama la fidélité du parti à l’Internationale Communiste et reconnut l’insurrection de septembre. D’autre part, les masses communistes se montrèrent si unies autour du P. C. que les liquidateurs durent renoncer à leurs intentions de le liquider. Au lieu du P. C., ce sont eux qui ont été liquidés.

4. Le danger de voir le parti retomber à son ancienne voie d’irrésolution, d’hésitations et de crainte des actions énergiques de masses, n’est cependant pas entièrement disparu. Le germe de ce danger se cache dans le point de vue des camarades qui hésitent encore à reconnaître l’exactitude de la ligne de conduite adoptée par le C.C. pendant les journées de septembre. C’est pourquoi il faut lutter énergiquement non seulement contre les tendances liquidatrices de « droite » ou de « gauche », mais aussi contre toute tentative directe ou indirecte de nier ou de diminuer l’importance de l’immense pas en avant, fait par le P.C., en septembre, comme véritable parti communiste. Les événements de septembre doivent être éclairés de ce point de vue et les masses communistes doivent être mises au courant de toutes les données sur les faits. Le C.C. doit consolider les leçons de septembre, il ne doit permettre ni doutes, ni hésitations, ni méfiance et maintenir élevé l’esprit du parti.

Le front unique et le gouvernement ouvrier et paysan.

1. Pour pouvoir apprécier la tactique du P. C. bulgare envers l’Union Agraire, il faut avoir en vue les particularités suivantes :

a) L’Union Agraire, par sa composition sociale, n’est pas une organisation ouvrière, mais simplement le parti des prolétaires paysans, dont une très grande partie est formée de petits propriétaires, mais dans lequel il y a aussi des couches de « koulaks » (paysans riches).

b) L’Union Agraire a été au pouvoir et sous l’influence des « koulaks », a mené une politique anti-ouvrière et anti-communiste, allant jusqu’à la terreur contre le P. C. et la classe ouvrière.

c) Outre le P.C. et l’U.A., il y avait encore les partis de la grande bourgeoisie, ouvertement contre-révolutionnaires, qui se préparaient méthodiquement à la prise du pouvoir, même par un coup d’Etat.

2. Ces particularités ont obligé le P. C. à adopter vis-à-vis de l’U.A une politique souple, pouvant être modifiée selon les exigences du moment. Les traits essentiels de cette tactique étaient les suivants : avec les masses paysannes pauvres contre les « koulaks » dominant dans l’Union ; avec l’Union, en tant qu’organisation contre l’offensive de la grande bourgeoisie.

3. La tactique observée par le P. C. n’a cependant pas toujours été conséquente, elle n’a pas toujours suivi avec assez d’attention les rapports des forces antagonistes et surtout, elle n’a pas toujours été assez souple pour s’adapter rapidement aux nécessités du moment. Au moment du complot de Wrangel avec les partis bourgeois pour le renversement du gouvernement agrarien, le P.C. a exactement compris d’où venait le danger immédiat et a décidé à juste raison de marcher avec le gouvernement agrarien contre les partis capitalistes et les gardes blancs, leurs alliés. Il s’en est encore tenu à ce point de vue lors des événements de Tyrnovo (en septembre 1922), ce qui fut juste. Son front unique avec l’Union Agraire sur la question du jugement des ministres responsables de la guerre a été également justifié.

Mais on ne peut estimer juste sa tactique pendant l’occupation de la ville de Kustendil par les autonomistes, agissant en accord avec les partis bourgeois, tactique qui, en fait, plaça le parti du côté de ces derniers.

Lorsqu’au printemps de 1923, le gouvernement agrarien renforça d’une façon inouïe sa politique de terreur envers le P. C. ce dernier agit parfaitement bien en montrant la nécessité de mener en commun avec les paysans pauvres de l’Union Agraire une lutte énergique contre la bourgeoisie rurale, dont la domination était illimitée dans le gouvernement agrarien. Mais vu le danger, que le P. C. reconnaissait, d’un coup d’Etat de la part des partis capitalistes, sa tactique devait être assez souple pour pouvoir, dans ce cas, prendre immédiatement les armes avec l’Union agraire, contre la bourgeoisie blanche.

Comme les événements l’ont prouvé, le P. C. B. n’a pu exécuter cette importante manœuvre au moment du coup d’Etat de juin.

4. Après le coup d’Etat, les masses paysannes de l’Union Agraire, instruites par l’expérience, se sont politiquement rapprochées du Parti Communiste. Le P. C. aurait pu profiter de la ruine de l’Union Agraire pour faire augmenter ses effectifs, mais il a parfaitement bien agi en adoptant à l’égard de l’Union Agraire la tactique suivante : L’Union Agraire est une nécessité politique de moment ; elle doit englober et organiser les grandes masses paysannes non communistes et ne pas permettre qu’elles tombent sous l’influence des partis bourgeois ; pour cette raison, le P. C. accorde son aide complète, pour son relèvement. A l’intérieur de l’Union Agraire, le parti agira de façon à ce que les paysans pauvres et révolutionnaires, forment le front unique avec les ouvriers et le P. C. B., prennent le dessus sur les éléments de la paysannerie riche. Dans ce but, le P. C. fera le front unique, non seulement avec les masses de l’Union Agraire, mais aussi avec ses dirigeants.

La justesse de cette tactique a été confirmée pendant l’insurrection de septembre, quand non seulement les communistes et les membres de l’Union, mais aussi les dirigeants locaux de ceux-ci, ont lutté côte à côte.

5. Avant le coup d’Etat, le P. C. a accepté le front unique des syndicats communistes avec les autres organisations syndicales ouvrières, mais a catégoriquement refusé le front unique avec les socialistes-larges. La raison décisive d’une telle tactique vis-à-vis de ces derniers est leur peu d’influence parmi les masses. Cette raison était juste, mais l’erreur du P. C. a consisté en ce qu’il n’a pas suffisamment apprécié le rôle que les socialistes larges, malgré leur petit nombre et leur faible influence parmi les ouvriers, peuvent jouer en qualité d’agent fidèle de la bourgeoisie, dans un moment critique pour celle-ci, Cela est devenu parfaitement évident après les événements de juin et de septembre. C’est justement ce rôle, pour lequel le parti socialiste large a toujours été capable, qui rendit obligatoire pour le parti communiste une tactique plus souple à son égard.

Après le coup d’Etat de juin, le P. C. proposa effectivement au parti social-démocrate le front unique contre l’offensive capitaliste. Cette tactique était juste, mais les événements qui se développaient rapidement n’ont pas permis de l’appliquer jusqu’au bout. Les social-démocrates ont profité de cette proposition seulement pour s’élever aux yeux de la bourgeoisie.

6. Le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan a été adopté par le P. C. B. au début de 1922, plutôt comme mot d’ordre d’agitation que comme mot d’ordre politique. Cela ressort clairement du programme élaboré, pour ce gouvernement et il fut encore prouvé par les faits qu’avant les événements de septembre, rien n’a été fait pour sa réalisation. Même lorsque le coup d’Etat blanc ouvrit de larges possibilités pour [a création du gouvernement ouvrier et paysan, le P. C. ne sut rien faire pour le transformer en mot d’ordre de combat, en appelant les masses aux armés pour sa réalisation.

7. L’insurrection de septembre est devenue inévitable, en tant qu’acte d’auto-défense des masses contre l’attaque des généraux et des capitalistes.

Les masses se sont soulevées avec le mot d’ordre : à bas le gouvernement blanc ! Mais le P. C. a su, par le mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan, fixer un but politique positif à la lutte. Les masses répondirent avec sympathie au mot d’ordre du gouvernement ouvrier et paysan et montrèrent ainsi que non seulement elles adoptent ce mot d’ordre, mais qu’il est le seul capable d’unir les forces révolutionnaires des villes et des campagnes. Sous la poussée des masses paysannes, il fut également adopté par l’Union Agraire, et de cette, façon fut créé un programme positif de lutte commune de l’Union Agraire et du Parti Communiste.

8. Après l’insurrection de Septembre et sa défaite, la tactique du P. C. envers l’Union Agraire doit plus que jamais être la tactique du front unique. L’objectif principal de la lutte sur le front unique doit être le renversement du gouvernement blanc. Pour cela il est nécessaire que le P. C. B. élabore un programme d’action précis, embrassant tout le nécessaire et l’utilise pour la mobilisation politique des masses urbaines et rurales (mots d’ordres politiques pour les ouvriers, les paysans et tous les travailleurs ; meetings, manifestations, grèves, coordination des actions avec les autres partis et organisations, etc.…).

9. Le second objectif c’est la constitution du gouvernement ouvrier et paysan. Les masses ont progressé et sont prêtes à combattre pour ce but positif. Pour cela, il faudra aussi élaborer, au moins dans ses grandes lignes, un programme d’action. Il conviendra cependant de ne pas perdre de vue que, de même que le front unique n’est qu’une forme de lutte, le gouvernement ouvrier et paysan n’est qu’une étape dans la lutte de la classe ouvrière bulgare. La gouvernement ouvrier et paysan ne fait qu’ouvrir une nouvelle phase de la lutte révolutionnaire. La forme de gouvernement soviétique et la dictature des travailleurs des villes et des campagnes, réalisée par les soviets, reste notre but politique immuable, dont la réalisation nous permettra de vaincre définitivement la bourgeoisie et de passer du capitalisme au communisme. Une fois sur la voie du gouvernement ouvrier et paysan nous ne devons pas hésiter et nous laisser séduire par les formes de gouvernement (parlementarisme, république démocratique, etc…), nous devons tout faire pour consolider la puissance politique et économique des masses laborieuses, et pour affaiblir et désorganiser la bourgeoisie (monopole d’Etat, coopération, suppressions des privilèges légaux des capitalistes, suppressions des crédits de l’Etat aux entreprises privées-bancaires et commerciales, transfert des charges fiscales sur le dos des capitalistes, etc…). En préparant ainsi les masses au régime soviétique en créant par le fait des soviets et en les transformant en possesseurs effectifs de pouvoir, nous pourrons, dès la première possibilité, réaliser dans la forme aussi le gouvernement des Soviets.

10. Le parti social-démocrate bulgare faisait partie du gouvernement au moment de l’écrasement sanglant de l’insurrection de septembre et continue après cela à soutenir le régime fasciste sanglant. Il a montré ainsi qu’il s’est transformé en fait en organisation fasciste. Il est un des ennemis mortels des travailleurs dans la lutte révolutionnaire, c’est pourquoi le parti communiste doit se refuser à toute pensée de front unique avec lui.

Le Parti Communiste doit donc concentrer d’autant plus ses efforts pour entraîner dans la lutte contre le gouvernement blanc et l’offensive capitalistes toutes les autres organisations et les masses laborieuses (syndicats, coopératives, organisations d’artisans, d’anarchistes-communistes, etc…) ainsi que les grandes masses inorganisées des villes et des campagnes.

La condition première du succès de la lutte révolutionnaire en Bulgarie, c’est la création du front unique de la majorité écrasante des travailleurs des villes et des campagnes. Le Parti Communiste bulgare ne doit pas oublier un seul instant que c’est de son appréciation exacte des forces en lutte et de sa capacité à manœuvrer les masses que dépend avant tout ‘la solution de cette tâche historique.

(La fin au prochain numéro).

La situation en Bulgarie et les tâches du Parti

1. Après les événements de juin, le P. C. B. affirma que le coup d’Etat des gardes blancs n’avait aucunement résolu la crise du pouvoir, qui croîtra en acuité, malgré l’écrasement de l’insurrection paysanne, que la situation restait révolutionnaire et que le cours des événements conduira inévitablement à une nouvelle insurrection pour le renversement du gouvernement blanc et la formation d’un gouvernement ouvrier et paysan. Partant de ces constatations, le P. C. en tira les conclusions en ce qui concerne les tâches qui s’imposaient à lui.

Les événements confirmèrent très rapidement la véracité de cette appréciation.

2. Depuis l’écrasement de l’insurrection de septembre, une nouvelle appréciation de la situation, attentive et complète, s’impose.

a) En ce qui concerne les relations internationales, la situation du gouvernement Tsankov reste grave. Après le traité italo-yougoslave sur la question adriatique, la liberté d’action de la Yougoslavie à l’égard de la Bulgarie est devenue plus grande. Cette liberté d’action n’est pas assez limitée par l’amélioration sensible dans les rapports entre la Bulgarie et la Roumanie. Une preuve de la tension des relations avec la Yougoslavie, ce sont les graves incidents diplomatiques qui se produisent entre les deux gouvernements pour les causes les plus insignifiantes et qui se terminent toujours par la capitulation du gouvernement bulgare Son impuissance oblige le gouvernement Tsankov à chercher un rapprochement, d’une part avec la France et, par son intermédiaire avec la Yougoslavie, de l’autre, avec la Russie des Soviets. Mais l’obstacle au rapprochement avec la France, c’est sa politique macédonienne ; l’obstacle des relations normales avec la Russie des Soviets est, sans aucun doute, la question des Wrangéliens. Le gouvernement Tsankov ne peut se réconcilier avec la Yougoslavie sans voir se dresser contre lui les autonomistes, ni avec l’Union des Républiques Soviétiques sans perdre le précieux soutien des Wrangéliens dans sa lutte contre les masses populaires. Ou bien l’inévitable conflit avec la Yougoslavie pouvant aller jusqu’à l’action armée et l’occupation du territoire bulgare, ou bien l’affaiblissement de son appui militaire dans le pays : telle est l’alternative devant laquelle se trouve placé le gouvernement blanc.

b) La situation intérieurs est également devenue plus aigüe. La crise économique, loin d’être surmontée s’est encore approfondie, grâce à la liberté illimitée donnée au capital. La chute de la devise bulgare et ses crises partielles, l’avilissement artificiel des denrées agricoles pour les acheter pour rien, le renchérissement systématique du coût de la vie pour les travailleurs, la campagne éhontée contre les coopératives ouvrières et paysannes et les syndicats, la suppression de fait de la journée de huit heures et la diminution des salaires, l’accroissement du chômage, la crise des logements, l’activité renforcée du fisc contre les travailleurs des villes et des champs, la reprise des terres qui avaient été distribuées aux petits paysans, les exigences croissantes financières et autres des puissances victorieuses, le formidable déficit du budget, la balance commerciale passive ; autant de signes de la terrible crise qui ne fait qu’augmenter le mécontentement du peuple. Le gouvernement, prisonnier de la bourgeoisie capitaliste et rapace, n’est en mesure ni de résoudre, ni d’adoucir cette crise. Du reste, il l’avoue cyniquement.

En même temps se produit une décomposition politique du bloc gouvernant. L’entente démocratique n’a amené qu’une alliance provisoire entre les partis bourgeois. Les partis constituant ce bloc affirment de plus en plus leur indépendance et mènent une campagne toujours plus vive les uns contre les autres. Après la sortie des libéraux et des social-démocrates, les deux tendances en lesquelles se disloque le bloc bourgeois monarchiste qui a écrasé les soulèvements de juin et de septembre − d’une part, la dictature militaire-capitaliste franche, de l’autre, l’hypocrite réaction démocratique-fasciste − se font de plus en plus jour. Cette décomposition atteint inévitablement les forces de combat de la bourgeoisie. Cette dernière ne cache pas son inquiétude à ce sujet.

c) Il n’est pas douteux que la défaite de l’Union Agraire en juin et du Parti Communiste en septembre est un fait de la plus haute importance, C’est là un coup très dur pour ces organisations et pour les masses laborieuses. Le relèvement des organisations détruites, qui est déjà un travail très important et très difficile, est rendu encore plus pénible par les lois d’exception et la terreur. Mais, d’autre part, on ne peut passer sous silence que les masses laborieuses des villes et champs sont, en général, restées fidèles aux organisations révolutionnaires. La terreur gouvernementale ne peut les contraindre et le pharisianisme des fascistes-social-démocrates ne peut les engager par la tromperie à abandonner les drapeaux des partis qui les ont conduits au combat. Au contraire, une haine terrible contre les gardes-blancs sanguinaires les unit encore plus étroitement autour de ces drapeaux. Les 300.000 voix de protestations reçues, dans les conditions les plus exceptionnelles, par l’Union Agraire et les communistes pendait les dernières élections législatives ainsi que la leçon donnée par les masses aux traîtres et aux dirigeants pusillanimes de l’Union Agraire et du P. C. en sont les meilleures preuves. Le front unique des masses et leur foi inébranlable dans la révolution sont le plus précieux capital recueilli au cours des expériences de juin et de septembre, capital sur lequel le P. C. et l’Union Agraire doivent veiller avec un soin jaloux afin de ne pas le dépenser en pure perte.

Ainsi la situation en Bulgarie reste révolutionnaire non pas parce que l’insurrection a échoué, mais parce que la crise générale que traverse le pays, loin de se résoudre, gagne encore en acuité. Cette analyse générale impose au P. C. B. les mêmes tâches immédiates qu’avant septembre.

3. Ces tâches sont les suivantes :

1) Suivre attentivement les modifications dans le rapport des forces antagonistes, les analyser minutieusement, les apprécier exactement, chercher, d’une part à accélérer la décomposition des forces ennemies, de l’autre à augmenter et à unir les forces révolutionnaires.

2) Renforcer dans les masses composant la majorité écrasante du peuple la volonté d’arracher le pouvoir des mains de la grande bourgeoisie et de ses agents, généraux, professeurs etc, et de diriger l’Etat par le moyen du gouvernement ouvrier et paysan.

3) Ne pas permettre aux illusions parlementaires de s’enraciner dans l’esprit des masses et démasquer sans pitié les éléments de « gauche » du gouvernement (social-démocrates, radicaux, démocrates de « gauche ») qui ont été pendant l’insurrection les alliés et les complices des bourreaux du peuple, qui le sont et le seront toujours, mais qui maintenant versent des larmes sur la situation malheureuse du peuple, à seule fin de l’attirer à leur côté.

4) Mener une agitation incessante pour la création du front unique des travailleurs des villes et des campagnes, renforcer le rapprochement atteint entre le Parti Communiste et l’Union Agraire, en ayant en vue que le plus sûr moyen de rapprochement, c’est l’union des masses des organisations dans l’action, dans la lutte quotidienne pour la défense de leurs intérêts et de leurs droits et la création de comités paysans élus par les paysans mêmes et capables de diriger leur lutte.

5) Dans la lutte des organisations de masses (partis, syndicats, coopératives, associations d’artisans, organisations de locataires, de sans-logis, d’invalides, etc…), mobiliser politiquement les masses et les entraîner dans la lutte pour leurs intérêts immédiats, en cherchant à étendre et à approfondir leur lutte. Les mots d’ordre pour les paysans doivent être : la remise de la terre aux paysans travailleurs, remise aux paysans des terres de l’Etat, des monastères, etc… La lutte contre le capital commercial et usuraire, l’aide aux coopératives et associations paysannes, la fourniture d’outillage aux paysans pauvres ; la réduction des impôts etc… Pour les ouvriers et les employés : la journée de huit heures, l’augmentation des salaires correspondant au coût de la vie, l’inspection de travail, le droit de coalition et de grève, contrôle ouvrier dans les fabriques, lutte contre le chômage, aide aux chômeurs, etc… Pour les artisans : crédit facile et à taux bas, coopération, etc…

Mots d’ordre généraux : transfert du poids des impôts sur la bourgeoisie, lutte contre la spéculation et la vie chère, des habitations pour les sans logis, loyers à bon marché, commissions de contrôle des travailleurs pour la lutte contre la vie chère et la crise des loyers, aide aux grandes coopératives populaires, maintien de la paix avec les Etats voisins et les autres Etats, le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, le gouvernement ouvrier et paysan, boycottage des bourreaux, indemnités aux victimes des gardes-blancs, etc…

6) Le P.C. doit se souvenir que la question nationale, en particulier la question macédonienne, est un des principaux problèmes de la politique balkanique et bulgare. Elle est importante surtout parce qu’elle coïncide partiellement avec la question paysanne. Aussi, tout en élevant les revendications économiques les plus radicales, exprimant les intérêts de la classe paysanne, le P. C. comme parti des masses laborieuses, doit de la façon la plus catégorique et la plus énergique soutenir les mouvements d’émancipation nationale, se réclamant du droit d’autonomie allant jusqu’à l’indépendance. Seule une propagande franche et hardie seul le soutien des mouvements national-révolutionnaires, permettront aux communistes dans les Balkans d’attirer de leur côté les masses paysannes de Macédoine, Thrace, Dobroudja, etc… Le P. C. doit conclure une étroite alliance avec les communistes de Yougoslavie, dont le premier devoir est, de prêcher le droit de la Macédoine autonome et à l’indépendance. De même, Il doit coordonner son action avec les P.C. de Grèce et de Roumanie.


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