Le premier mai de cette année a une signification particulière : il y a 50 ans eut lieu la révolte estudiantine de mai 1968 en France, qui a produit un mouvement populaire dans tout le pays, amenant plus de dix millions de travailleurs à faire grève.

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Elle a également produit de nombreuses organisations révolutionnaires – qui sont historiquement résumées sous l’étiquette de « gauchisme » – essayant de relancer le processus révolutionnaire brisé par le triomphe du révisionnisme, suite au coup d’État en Union soviétique en 1953.

Elle était en peine convergence, en tant que révolte de la jeunesse, qu’appel de la Révolution, avec la Grande Révolution Prolétarienne Culturelle en Chine.

La valeur de mai 1968 en France – et aussi dans d’autres pays, avec des formes différentes -, la valeur des expériences révolutionnaires des années 1970 en général, l’aspect négatif des influences idéologiques des petits-bourgeois et des universités (avec les étudiants, mais aussi les enseignants), doivent être compris correctement.

En ce premier mai 2018, nous appelons à apprendre la leçon du passé. La valeur historique de mai 1968 fait partie du patrimoine révolutionnaire mondial, car cela montre que, aussi forte que la société moderne bourgeoise puisse être à organiser ses institutions et ses contrôles idéologiques et culturels, elle est condamnée à l’échec.

Il y a toujours un moyen de briser le système maintenant les masses dans une attitude passive ; il y a toujours un moyen d’ouvrir des espaces pour la conscience révolutionnaire.

En ce sens, la leçon principale de mai 1968 est l’autonomie des travailleurs, c’est-à-dire l’autonomie de la classe ouvrière, la non-dépendance vis-à-vis des institutions et en particulier des syndicats.

Le principal syndicat, la CGT, dominé par le Parti « Communiste » révisionniste, joua un rôle majeur pour empêcher l’alliance entre les étudiants et les ouvriers, pour réduire la lutte à une question économique. Il était une composante des institutions en tant que tel.

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C’est la grande leçon de mai 1968, qui correspond au changement de forme de la société bourgeoise depuis que les forces productives se sont développées après 1945.

Cela souligne bien sûr l’aspect subjectif. La capacité de rompre avec les formes de pensée et d’action diffusées par la bourgeoisie exige un haut niveau idéologique-culturelle. C’était une nouvelle situation pour les communistes dans les pays impérialistes.

Si mai 1968 a eu un tel écho, c’est aussi parce que la révolution russe d’octobre 1917 et la révolution démocratique chinoise de 1949 relevaient de sociétés peu développées, tant dans le plus grand pays du monde que dans le pays le plus peuplé du monde.

Mai 1968 en France apparaît donc comme une rupture majeure dans une société moderne bourgeoise, quelque chose d’un genre nouveau. Nous ne devons jamais oublier que la jeunesse rebelle a alors compris que la question était celle de la vie quotidienne.

La lutte des classes ne se réduisait pas à une question économique, mais était comprise comme telle : une lutte concernant chaque aspect de la vie, parce que la révolution touche au mode de production, à l’organisation de la société, au fait de permettre que se développent les facultés de chaque personne.

C’est pourquoi nous disons que la clef de mai 1968 est que le Parti révolutionnaire interagisse avec les larges masses à travers l’autonomie ouvrière : cela a été compris dans les vraies expériences maoïstes après mai 1968, en France, en Allemagne, en Italie, en Belgique.

C’est le moyen de construire le nouvel État, d’organiser la rupture à l’échelle de la société avec l’idéologie dominante. C’est le véritable sens du maoïsme.

Et ce sens réel était porté par la ligne rouge, à l’inverse de la ligne noire, qui prétendait être antirévisionniste dans la mesure où elle proposait le modèle révolutionnaire des années 1920, alors qu’en réalité c’était une tendance syndicaliste, légaliste, formaliste.

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En ce premier mai 2018, nous appelons à comprendre ce fait : en raison de l’échec temporaire de la ligne rouge dans les années 1980-1990, les derniers restes de la ligne noire qui existent encore aujourd’hui prétendent avoir formé, dans les années 1960-1970, la bonne ligne, être le vrai mouvement maoïste.

Ce n’est pas vrai et il y a encore le besoin d’un mouvement prolétarien « de retour aux sources », récupérant l’héritage du passé et la Pensée-Guide qui a émergé alors.

Nous disons : il n’y aura pas de processus révolutionnaire dans aucun pays, si on ne comprend pas la lutte des deux lignes des années 1960-1970. Même si souvent la ligne rouge avait tendance à passer au subjectivisme, elle était sur la bonne voie ; la ligne noire n’a rien à proposer, sinon une stratégie néo-syndicaliste, formelle, pleine de clichés, sans aucune valeur culturelle et idéologique.

L’exemple français de mai 1968 est ici très clair, car il y avait :

– un Parti Communiste Marxiste-Léniniste de France – PCMLF, qui était légaliste, néo-syndicaliste, allant de plus en plus à travers de nombreuses scissions vers le réformisme, l’hoxhaisme, une ligne pro-Deng Xiaoping ;

– une Union des Jeunesses Communistes (marxistes-léninistes) – UJC (ml), devenue la Gauche Prolétarienne – GP, étant l’organisation la plus célèbre des années 1960-1970 en raison de son activité, de sa quête de l’autonomie ouvrière.

Cette lutte de deux lignes existait en fait partout dans le monde, par exemple à travers la contradiction entre le Parti communiste d’Inde (marxiste) et le Parti communiste d’Inde (marxiste-léniniste), le Türkiye İhtilalci İşçi Köylü Partisi et le Parti communiste de Turquie / Marxiste-Léniniste, le Revolutionary Youth Movement II et le Revolutionary Youth Movement I, etc.

C’est au cours de ces luttes des deux lignes que Siraj Sikder, Akram Yari, Ibrahim Kaypakkaya, Gonzalo, Charu Mazumdar… sont apparus comme Pensées-Guides dans leur propre pays.

Comme on le sait, la ligne rouge n’a pas réussi à mener à bien son initiative, même si elle a marqué l’histoire de son pays, contrairement à la ligne noire.

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Il est évident, par exemple, que même s’ils ont échoué, le Black Panther Party et les Weathermen ont marqué l’Histoire américaine, alors que le Parti Communiste Révolutionnaire des États-Unis, ne l’a pas fait.

La raison de l’échec peut maintenant être correctement comprise, cinquante ans après.

La ligne rouge, alors, surestimait la question de l’aspect subjectif, croyant que le processus révolutionnaire ne serait qu’une question de quelques années; ce n’est pas avant le début des années 1980 qu’apparut la compréhension que le processus révolutionnaire serait en soi de nature prolongée.

La ligne rouge, également, n’a pas été capable de récupérer correctement le matérialisme dialectique.

La continuité du marxisme-léninisme, défini par Staline, à travers la Grande Révolution Prolétarienne Culturelle, à travers le Maoïsme, n’a pas été appréhendée de manière appropriée, permettant l’émergence de la gauche-subjectiviste et de la droite-liquidationniste.

L’histoire de la ligne rouge est donc souvent marquée par l’instabilité et le triomphe brutal du liquidationnisme.

Nous devons comprendre que c’était le prix à payer pour découvrir la nouvelle situation. Pour cette raison, il n’y a pas de fétichisme à faire, ni de mai 1968, ni des expériences faites alors et ensuite.

Cela remettrait entre les mains du subjectivisme, même si le risque principal, encore aujourd’hui et à cause du développement des forces productives, est encore la perte de l’aspect subjectif.

Il faut rappeler ici que de nombreux acteurs de mai 1968 sont devenus membres des institutions, notamment dans les domaines intellectuel et culturel. Et la partie moderniste de la bourgeoisie a aussi utilisé l’ébranlement de mai 1968 pour promouvoir le libéralisme, l’individualisme, le refus de toute valeur « conservatrice » qui signifie n’importe quelle valeur, etc.

Chaque séquence de lutte de classe doit être correctement comprise en rapport avec les séquences avant et après celle-ci, et bien sûr avec le but principal : la conquête du pouvoir. Nous disons pour cette raison: apprenons, ce 1er mai 2018, de mai 1968 !

Centre Marxiste-Léniniste-Maoïste [Belgique]
Parti Communiste de France (marxiste-léniniste-maoïste)
Mai 2018


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