Depuis de nombreux mois, la plupart des militants du Bloc Marxiste-Léniniste faisaient le même constat : l’activité politique d’agitation et de propagande de l’organisation était extrêmement réduite, la majorité de ses forces étant tournées vers l’organisation de masse – le Secours Rouge (SR) – dans laquelle, en vertu de sa plateforme-même, le Bloc s’investissait. Simultanément, s’imposait au sein du SR une ligne ultra-démocratique et anti-communiste (surtout depuis les arrestations de cinq militants du Secours Rouge dont quatre militants du Bloc, le 5 juin 2008). Paradoxalement, cette ligne était cautionnée, sinon impulsée, par certains militants du Bloc – alors que le Bloc Marxiste-Léniniste n’a jamais débattu de la position que ses militants devaient défendre au sein du SR.
La question de la position à défendre au sein du SR devenait donc brûlante fin 2008 : débattant de cette problématique, le Bloc Marxiste-Léniniste souhaitait faire progresser les idées communistes au sein du SR, et assurer la victoire d’une ligne communiste prolétarienne contre la ligne activiste, démocrate et anarchiste qui préside, sinon au discours, du moins à la réalité pratique du Secours Rouge. Jamais le Bloc n’a considéré le SR comme une « réserve de recrutement » compte tenu de sa composition de classe, de son mode de fonctionnement et de son éclectisme, mais bien comme une organisation de masse dans laquelle il investissait une partie de ses forces dans le cadre de la lutte contre la répression.
Fin 2008 donc, la majorité du Bloc marxiste-léniniste, constituée initialement en fraction, a souhaité impulser un débat politique sur la question du SR.
Mais le ver était dans le fruit : les arrestations du 5 juin 2008 (dont les seuls poursuivis en justice furent nos quatre militants) ont en effet révélé des contradictions politiques jusque-là latentes.
La contradiction s’est polarisée en deux camps : la majorité estimait que les rapports entre Bloc et SR étaient faussés au profit du SR, que la politique démocrate activiste et petite-bourgeoise du SR entravait le développement du Bloc, et que certains éléments au sein du Bloc, privilégiant l’engagement au sein du SR, se mettaient en position d’empêcher le Bloc de fonctionner comme organisation partitiste, comme une réelle organisation politique communiste. La minorité au contraire, se plaçant de manière hypocrite à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de l’organisation, estimait que le Bloc « ne fonctionnait pas » à la hauteur de ses ambitions, sans jamais essayer de rectifier le tir ni d’impulser au sein du Bloc la dynamique de débat et de pratique qui lui aurait permis de franchir un saut qualitatif. Seule une minorité de la minorité participait aux réunions de l’organisation qu’ils critiquaient sans cesse, refusant encore et toujours le débat politique.
Prétextant notamment des conditions de libération restrictives interdisant aux militants de se réunir, plusieurs de ces militants – qu’ils soient activistes ou touristes, expérimentés ou dilettantes, ou toute combinaison de ces adjectifs – ont empêché que le débat souhaité par la majorité du Bloc n’ait lieu. Finalement, au lieu d’accepter les principes du centralisme démocratique en défendant leur position en réunion plénière de l’organisation, ils ont préféré démissionner collectivement et fonder une organisation sans réelle volonté partitiste. Nous regrettons leur décision, tout en nous réjouissant de nous retrouver, moins nombreux mais sans entraves, prêts enfin à nous développer, dans la théorie et dans la pratique, dans la jeunesse et dans la classe ouvrière, sur tous les terrains de la lutte du prolétariat. Enfin, nous nous apprêtons à recruter de nouveaux militants sur la base commune du marxisme-léninisme. Le marasme dans lequel sombrait peu à peu le Bloc ML, prétexte aux critiques de la minorité, était en réalité la conséquence de leur sabotage, de l’ambiguïté de leur engagement politique, et de la priorité qu’ils accordaient à un travail de solidarité démocrate par rapport au travail politique communiste.
Pour répondre aux accusations sommaires de la minorité : non, le Bloc marxiste-léniniste ne revendique pas un héritage unique, fût-ce celui du PCMLB : les tendances présentes à l’origine de la fondation du Bloc Marxiste-Léniniste restent toutes représentées dans l’organisation, l’héritage du PCMLB certes, mais aussi celui du communisme combattant (celui des Brigades Rouges et des Cellules Communistes Combattantes) et celui du maoïsme. Mais aujourd’hui, le Bloc Marxiste-Léniniste souhaite réellement progresser vers une ligne unique, et cette unification – qui passera nécessairement par une clarification – ne peut emprunter que deux voies, simultanées et indissociables : d’une part le débat théorique et politique, et d’autre part une pratique de parti, une pratique prolétarienne, une pratique d’agitation et de propagande. Ceci imposera, de façon interne et externe, une lutte idéologique continue. Ces événements récents nous mènent vers davantage de Clarté politique, condition nécessaire de l’Unité réelle, en dépassant le clair-obscur dans laquelle la minorité à contenu le débat pendant de nombreux mois. Cette réflexion se traduira prochainement vers une modification de notre plateforme et de notre manifeste, correspondant davantage à la réalité politique.
Enfin, le Bloc Marxiste-léniniste, faible numériquement, dépourvu encore de ligne et d’analyse commune, mais guidé par les principes invincibles du marxisme-léninisme, va se donner les moyens de faire de la politique, d’intervenir – de manière aussi limitée que ce soit dans un premier temps – dans la lutte révolutionnaire du prolétariat, et d’être un instrument – de « type parti » sans que nous puissions évidemment nous targuer d’être déjà l’embryon du parti communiste de la classe prolétarienne – aux mains du prolétariat en lutte. Nous voulons déjà agir comme Parti, selon les règles de fonctionnement d’un parti.
C’est dans le cadre de cette lutte idéologique, que nous publions le texte fondamental sur la crise du système capitaliste, publié par les camarades français du ROCML, base d’une unification et d’une refondation d’un réel pôle marxiste-léniniste.
En Belgique, il n’existe aujourd’hui pas d’autre organisation marxiste-léniniste : la première tâche des marxistes-léninistes en Belgique est donc de regrouper les communistes isolés, prêts à s’engager dans la lutte des classes, et de les soustraire en particulier à l’influence néfaste et sectaire des saboteurs trotskystes, prêts à toutes les compromissions avec la social-démocratie et sa pourriture électorale.
Nous entendons ainsi progresser dans le processus d’unification des militants communistes qui ne peut se développer que par une participation active à la lutte de classe, par le renforcement de l’opposition syndicale et par la participation aux fronts anti-impérialistes et anti-néo-coloniaux.
Nous invitons nos lecteurs à participer au débat et à nous rejoindre dans la lutte.
Au fur et à mesure que s’intensifie la crise, que les actions de résistance se multiplient, en ordre dispersé, mais avec de plus en plus de force, la classe ouvrière retrouve la conscience d’elle-même. Conscience limitée, limitée par l’idéologie bourgeoise répandue en son sein par les syndicats réformistes et dont le contenu est :
– que sans capitaux, il est impossible de procurer du travail
– que sans investissements patronaux, ou publics, la survie de la société est menacée
– que l’aide de l’Etat aux entreprises privées est nécessaire, parce que sans cette aide la production péricliterait
– Etc…
L’idéologie bourgeoise doit nécessairement masquer la véritable nature de ses contradictions avec le prolétariat puisque sans celui-ci la bourgeoisie cesserait d’exister comme classe dominante. Tout en opprimant le prolétariat, en l’exploitant, la bourgeoise doit se le concilier, obtenir la paix sociale, condition de se survie. Outre la caporalisation dans l’organisation du travail industriel elle s’assure la collaboration de l’aristocratie ouvrière dont les syndicats réformistes sont les représentants.
Tout l’appareil des syndicats réformistes est mobilisé pour maintenir la division et, pour le compte du patronat, maintenir la paix sociale.
Les manoeuvres des ces appareils n’auraient guère d’efficacité s’il ne s’agissait principalement d’une lutte idéologique contre les illusions réformistes et surtout la tentative, basée sur l’unité bourgeoisie-syndicats réformistes, de priver la classe ouvrière de son idéologie, de sa conscience. Ce processus historique, le recul des luttes ouvrières, les défaites, prive ces luttes de toute perspective politique et même, à court terme, de perspective économique. Il correspond au cycle des crises capitalistes. En période d’expansion, le capitalisme investit une petite partie de la plus-value dans le contrôle idéologique de la classe ouvrière, contrôle dont les syndicats sont l’instrument principal.
La crise a commencé bien avant celle du système bancaire avec l’intensification de l’exploitation de la force de travail et une tentative d’adapter l’appareil de production pour maintenir un taux de plus-value. Simultanément, l’Etat bourgeois perfectionnait son appareil de répression.
L’idéologie prolétarienne, l’expérience historique du prolétariat, a toujours eu pour but la destruction du capitalisme et une dictature exercée sur la bourgeoisie. Pour, enfin, l’éliminer définitivement. C’est le prolétariat, avec son avant-garde politique, son parti, qui doit s’assurer aussi, dans un front, la collaboration des autres composantes du peuple, paysans, classes moyennes déclassées, intellectuels, progressistes, cadres anti-capitalistes…, acquis au socialisme.
La » tactique « , chère aux groupes trotskistes, sans oublier celle de ex-maoïstes du PTB, consistant à « redresser » les syndicats, à conquérir des postes de responsabilités dans les appareils bureaucratiques pour les transformer en » bons appareils » est devenue un complément indispensable à la collaboration de classe.
L’exemple le plus accompli de cette « tactique » c’est la prétention de ces groupes de se présenter aux travailleurs une issue politique par une participation aux élections alors que la lutte de classe quotidienne est aussi la dénonciation de la démocratie bourgeoise. Parmi « la gauche de la gauche « , la gauche du PS, on trouve le MAS-LSP, génial inventeur du « parti-syndicat ». On ne peut mieux bafouer le marxisme-léninisme, ce qui est d’ailleurs l’activité principale de ce groupe, assuré de sa fidélité à l’idéologie bourgeoise par une dénonciation obsessionnelle du » stalinisme « .
Des formes clandestines d’organisation
La répression idéologique au sein des syndicats de collaboration de classe est telle qu’il faut adopter des formes d’organisation clandestines. Réunions d’information, assemblées de « sensibilisation », assemblées sans aucune liberté d’expression, application de règlements d’ordre intérieur calqués sur ceux qui régissent la « concertation sociale », les procédés pour étouffer et réprimer l’expression de la conscience de classe au sein des « syndicats » et la volonté de la lutte sont multiples et exposent au licenciement et à la répression patronale et policière.
Faut-il pour autant adopter des formes organisationnelles sans étiquette ? Tout dépend des conditions concrètes , des situations particulières et des rapports de force. Les travailleurs qui veulent mener les luttes ouvrières sur des positions de classe se trouvent dans l’obligation de s’organiser selon des méthodes leur garantissant le maximum de conditions favorables.
Les interventions extérieures, celles du Bloc ML, se font, elles, sans mettre « notre drapeau en poche ». Elles sont nécessaires, indispensables, pour renforcer l’organisation des comités d’opposition syndicale et les comités de lutte syndicale.
Elle sont une condition indispensable pour rendre les conditions du combat idéologique durables et efficaces, combat indissociable du combat économique et pour de meilleures conditions de travail.
Le Bloc Marxiste-Léniniste a décidé de reproduire, dans son intégralité, le texte d’analyse de la crise actuelle qu’a publié en février 2009, le Rassemblement d’Organisations Communistes Marxistes-Léninistes (ROCML) récemment constitué. Ce texte est d’une importance considérable, pour deux raisons.
Tout d’abord, nous saluons l’acte par lequel des organisations communistes des quatre coins de la France se rassemblent sous la bannière du marxisme-léninisme, afin de produire un texte théorique d’actualité, mais de portée globalisante et révolutionnaire.
Ensuite et surtout, le contenu de ce texte nous montre qu’au-delà des façades financières et boursières, la crise actuelle ne diffère en rien, par sa nature, des crises structurelles de surproduction auxquelles le capitalisme nous a habitués, crises décuplées et mondialisées au stade de l’impérialisme avancé. Cette crise est liée à un mode de production particulier, à l’anarchie du capitalisme, non au boursicotage, à la spéculation, aux excès du néolibéralisme, à la dérégulation, la financiarisation ou autre…
Le document du ROCML explique en termes simples et rigoureux l’essence de cette crise, à savoir la ‘contradiction fondamentale entre le caractère privé des moyens de production et d’appropriation et le caractère social des rapports de production’, et la nécessité de la révolution prolétarienne pour résoudre définitivement la crise du capital.
Il analyse également les moyens que les deux ailes politiques de la bourgeoisie -la droite et la gauche réformiste bourgeoise- tentent de mettre en œuvre pour gérer cette crise, vainement, car sans espoir d’y apporter une réelle solution politique. Ces crises marquent une lente et criminelle agonie du système mortifère et condamné, qui cependant ne mourra pas naturellement, de sa belle mort. Il peut, sous certaines conditions, repartir dans un nouveau cycle de développement. Ces conditions sont catastrophiques pour la classe ouvrière : la bourgeoise ne sortira pas de cette crise sans « lourdes pertes matérielles, sociales, politiques et physiques pour le prolétariat », pertes qui peuvent se traduire par des guerres entre puissances impérialistes ou l’établissement de politiques ultra-réactionnaires, voire fascistes. Les derniers râles de la bête immonde peuvent encore entraîner pour les peuples du monde une longue cohorte de drames, guerre et misères.
Et si les communistes doivent soutenir les revendications des masses dans la lutte pour leur pouvoir d’achat, si l’intérêt immédiat des travailleurs est de « refuser par (leurs) luttes, de payer les pots cassés par la bourgeoisie », cette crise ouvre également aux communistes une perspective pour un changement révolutionnaire du mode de production, un changement du système social, économique et politique.
Ce document nous montre, sans le moindre doute, que le socialisme est la seule solution à la crise du capital, à travers la planification de la production par l’Etat ouvrier, et nous rappelle que la supériorité du socialisme a été démontrée par l’URSS de Lénine et de Staline.
Le Bloc Marxiste-Léniniste se rallie totalement aux positions exposées dans le document du ROCML, et-tout en restant une organisation visant à la révolution contre l’Etat bourgeois belge, tout en visant à « faire la révolution dans notre propre pays » – affirme son soutien – au nom de l’internationalisme prolétarien, à l’initiative d’unification des camarades français.
Les médias, sans exception, mettent en avant l’aspect financier de la crise, développant par là l’idée que si les banques et les bourses n’avaient pas dérapé, la crise n’aurait pas éclaté. Sans aucun doute, la crise a éclaté de manière spectaculaire depuis quelques mois dans la sphère financière avec les faillites bancaires aux USA et en Europe, et avec des dégringolades boursières lourdes sur l’ensemble des places dans le monde. On aurait tort de croire, cependant, que la crise résulte d’un disfonctionnement du système financier international, de l’incompétence de ses dirigeants ou de la perversion de ripoux de la finance comme Madoff.
La crise financière est en réalité la conséquence inévitable et ouverte d’une crise profonde que l’oligarchie financière a essayé de freiner et de masquer depuis des années, une crise typique du mode de production capitaliste, une crise de surproduction que l’on peut caractériser ainsi : d’un côté, une suraccumulation de marchandises fabriquées par les grands groupes industriels capitalistes et de l’autre, l’incapacité de la masse des consommateurs d’acheter ces marchandises. Dans l’impossibilité de vendre leurs produits, les stocks grandissent, les entreprises réduisent leurs activités, finissent par les interrompre, ferment et jettent à la rue des millions de prolétaires, entraînant du même coup une misère accrue et sur le marché des marchandises une chute de la demande solvable. Quels sont les mécanismes d’une telle situation ?
Les crises capitalistes de surproduction font partie des mécanismes inhérents au mode de production du capitalisme lui-même. Pour réaliser du profit, le capital fait produire des marchandises par des travailleurs exploités et il lance ces marchandises sur le marché pour les vendre. La vente d’une marchandise est la condition de la réalisation du profit.
Pour réaliser des profits toujours plus grands, les grandes entreprises liées au capital financier cherchent donc logiquement à accroître la masse des marchandises mises sur le marché et dont la vente escomptée permettra de réaliser la plus-value visée par les actionnaires grands ou petits de ces entreprises. Tant que ces marchandises trouvent acheteurs, le système fonctionne. Au mieux, production et consommation s’équilibrent globalement.
MAIS, une autre logique entre INEVITABLEMENT en contradiction avec cette hypothèse « idéale ».
En effet, en même temps que, chacun pour soi, les monopoles développent leur production au maximum, ils rivalisent entre eux pour écouler leurs marchandises, ce qui nécessite d’abaisser au maximum leurs coûts de production.
Ils disposent pour cela de plusieurs leviers :
– Le premier, c’est d’utiliser des machines plus performantes que celles de leurs concurrents, pour produire plus en moins de temps et avec moins de main d’oeuvre. Cette méthode suppose d’importants investissements financiers (d’où le rôle des banques et de l’actionnariat boursier). Ces investissements coûteux agissent pourtant contradictoirement sur les niveaux des taux de profits et d’autant plus qu’ils sont sans cesse remis en question par les progrès technologiques.
– Le deuxième levier, c’est l’exploitation accrue de la force de travail humaine : par la réduction des effectifs salariés et une productivité accrue rendues possibles par la modernisation des machines, par la déréglementation des conditions de travail (flexibilité…), par le maintien au plus bas des salaires, et enfin par la délocalisation des activités de production dans les régions du monde où le prix de la main d’œuvre est le plus bas.
Les ouvriers et d’autres couches de salariés connaissent ces calamités qui les accablent depuis de nombreuses années. Les conséquences de cette « logique » capitaliste, c’est l’appauvrissement général des masses populaires et leur impossibilité d’acheter les marchandises produites dans les usines capitalistes dans leur pays ou ailleurs dans le monde.
Pour résumer : La logique du profit capitaliste conduit immanquablement à la crise de surproduction, à cette contradiction scandaleuse de la capacité matérielle de produire des biens d’usage qui permettraient aux masses de vivre aisément, et de l’autre, de l’impossibilité de ces masses d’acheter et de consommer ces biens dont elles ont besoin.
La partie financière de la crise
Les grands groupes industriels et commerciaux sont structurellement unis aux grandes banques. Ces dernières investissent directement dans les premiers en détenant une fraction parfois majoritaire du capital des entreprises, soit indirectement par le moyen de ce qu’elles appellent « produits financiers » (sicav, fonds communs de placement, fonds de pensions…) souscrits par leurs déposants.
Les banques interviennent aussi en prêtant directement de l’argent aux PME (dont beaucoup sous-traitent pour des grandes entreprises) et par l’intermédiaire de sociétés de crédit qu’elles alimentent en capital.
Il est clair que la rentabilité du capital que les banques investissent dans l’économie dépend de la masse de plus-value produite dans les activités de production et donc du dynamisme et de la rentabilité de ces activités.
Sur l’autre plan, comme il ne suffit pas de produire des marchandises pour réaliser du profit, mais qu’il faut impérativement les vendre, les banques dopent le marché en fournissant des crédits à la consommation. En période de ralentissement économique, ces crédits deviennent le principal ressort de l’économie. C’est ce ressort qui, jusqu’à il y a quelques mois, a permis à l’économie de fonctionner et de masquer son état de surproduction avancé.
Mais voilà, quand les emprunteurs ne peuvent plus, faute de revenus, rembourser leurs crédits, alors le système s’enraye. Les banques et les sociétés de crédit voient leurs réserves fondre, ne veulent plus prendre de risques, ne prêtent plus y compris aux entreprises, celles qui se sont le plus exposées font faillite. C’est la crise financière. Cette crise financière précipite les autres secteurs de l’économie, et en particulier le secteur industriel dans une spirale de crise encore plus profonde.
Le monde capitaliste est dans cette phase là de sa crise.
La façade boursière de la crise
La crise boursière, c’est-à-dire la chute catastrophique des cours des actions cotées en bourse, est à la fois le phénomène le plus spectaculaire et le plus superficiel de la crise économique de surproduction.
La première fonction de la bourse est de capitaliser les entreprises cotées sous forme de vente d’actions, c’est-à-dire de parts de leur capital. Qui possède une action possède une part du capital d’une société. Toute action peut être vendue par son propriétaire.
La bourse est l’institution où se font les transactions. C’est un marché où les marchandises sont des parts de capital, des actions.
Le rendement d’une action est proportionnel aux profits réalisés par l’entreprise concernée, quelle que soit sa branche d’activité (industrie, services, banques, commerce…), c’est-à-dire, en dernière analyse, des résultats de la sphère productive où se crée la valeur et la plus-value. La vente et l’achat des actions en bourse fluctuent donc en fonction de l’attrait des titres. Quand une société réalise des profits, elle en distribue une part sous forme de coupons ou d’attribution gratuite de titres ; elle est attractive, les demandes d’achat d’actions se multiplient et leur cours monte.
Au contraire, quand une société est en difficulté, les porteurs de ses actions veulent s’en débarrasser, le nombre d’acheteur est faible et donc leur cours descend.
Lorsque c’est l’ensemble des entreprises de production qui ralentissent leurs activités et que certaines ferment leurs portes car leur production ne peut plus être achetée (c’est-à-dire dans la situation de crise de surproduction générale), l’ensemble des cours chutent. La spéculation boursière amplifie ces mouvements.
La spéculation boursière repose sur la vente et l’achat d’actions, l’objectif étant de vendre ou d’acheter au moment opportun pour réaliser un bénéfice entre l’achat et la vente de l’action.
Pour le spéculateur, la part de profit qui lui est versé par l’entreprise devient largement secondaire. Ce qui compte, c’est le cours de l’action, c’est le bénéfice qu’il réalise en vendant une action à un prix supérieur à celui où il l’a achetée.
Quand les cours sont à la hausse, les offres d’achat augmentent et l’euphorie entraîne une spirale haussière au point que la valeur des actions finit par dépasser largement la valeur réelle du titre, celle correspondant à la valeur réelle de l’entreprise concernée. C’est ce qu’on appelle la « bulle financière ».
En sens inverse, quand les indicateurs de l’économie réelle se détériorent, l’inquiétude s’installe, les bourses hésitent, et à l’annonce des premières faillites la panique entraîne les cours vers le bas, « la bulle éclate », pouvant aller jusqu’au krach.
Les moyens modernes de communication permettant aux porteurs d’actions d’acheter ou de vendre en appuyant sur une touche d’ordinateur accélèrent et amplifient ces opérations spéculatives. Ils peuvent enfler l’euphorie, mais aussi, comme actuellement accroître l’affolement et approfondir la crise.
Les informations sur la bourse font partie des activités médiatiques à la fois nécessaire à un public relativement large et intéressante du point de vue idéologique pour la bourgeoisie. Les médias constituent ainsi un facteur qui agit sur le moral des boursicoteurs, accentuant encore plus l’effondrement quand la crise apparaît au grand jour.
Pour conclure sur ce point
L’analyse marxiste des crises capitalistes qui caractérise ces crises comme des crises de surproduction est totalement vérifiée par la crise actuelle. Ces crises trouvent leur origine dans les mécanismes économiques visant à investir du capital pour produire un profit le plus élevé possible. Elles éclatent quand les marchandises fabriquées dans la sphère de la production capitaliste ne sont plus écoulées par le marché en raison de la chute du pouvoir d’achat de la masse des consommateurs constituée par le peuple exploité.
Tous les autres phénomènes de crise comme la crise financière sont des conséquences et non les causes des crises.
Ne confondons donc pas les apparences et l’essence des crises capitalistes. Cette essence, c’est la contradiction fondamentale entre le caractère privé des moyens de production et d’appropriation et le caractère social des rapports de production. Ceux qui possèdent les entreprises et les marchandises qu’elles produisent ne sont pas ceux qui fabriquent ces marchandises. Pour supprimer les crises, il faut résoudre cette contradiction. Il faut que les producteurs, c’est-à-dire ceux qui fabriquent les marchandises (la classe ouvrière), prennent possession de l’appareil de production pour le mettre au service des besoins des masses populaires et non plus au service d’une minorité qui les exploite. Pour être clair, il faut une révolution !
LES POLITIQUES DE LA BOURGEOISIE FACE A LA CRISE
Face à la crise de leur système, les économistes bourgeois et leurs relais politiques disposent de deux leviers pour tenter de relancer l’économie, c’est-à-dire de relancer la production dans la perspective de réaliser de la plus value.
Le premier consiste à agir dans la sphère du capital.
Les banques hésitant – et même arrêtant – de prêter aux entreprises en raison des risques de ne pas être remboursées, il s’agit pour les Etats et les banques centrales de prendre le relais et d’injecter des fonds dans le capital des entreprises dont les trésoreries sont anémiées pour qu’elles puissent continuer à produire en réalisant des taux de profit « satisfaisants » leur permettant d’être concurrentielles et d écouler leurs marchandises. Cette politique (qui a les faveurs de la droite en raison des cadeaux financiers faits au patronat) a pour espoir de gagner du temps, de maintenir en activité les entreprises qui ont une chance de survivre à la crise en leur permettant de se restructurer et de faire face à la concurrence étrangère dans un marché mondial en récession prolongée. L’allègement voire la suppression des charges fiscales patronales (taxe professionnelle) fait partie de la même politique de perfusion de capital par les Etats. Les plans de relance du gouvernement Sarkozy sont l’expression de cette politique en France actuellement et dans d’autres pays.
La grande question posée par cette politique est que les Etats sont eux-mêmes déjà considérablement endettés et que les perfusions risquent d’être rapidement épuisées. A moins d’accélérer la planche à billets, ce qui entraînerait aussi rapidement d’autres phénomènes désastreux En fait, cette politique n’aurait une chance théorique et pratique de réussir (du point de vue des intérêts du capital) que si une relance rapide et durable de la production était accompagnée et soutenue par une relance proportionnelle de la consommation.
Or, le problème, c’est que le capital ne peut pas en même temps obtenir une baisse des coûts de production et augmenter la masse salariale, la baisse des coûts de production ne pouvant résulter, dans le système capitaliste, que d’une baisse de la masse salariale. La consommation continuant à baisser, les aides à la consommation ne pouvant être à la hauteur des besoins, même dans l’hypothèse d’une reprise forcément limitée, les stocks vont vite se reconstituer et la production s’essouffler.
Du point de vue des intérêts immédiats du capital, cette politique de relance par la capitalisation de l’Etat est avantageuse. « C’est toujours ça de pris pour les banques et les patrons! ». Mais son efficacité économique comme solution de sortie de crise, est aléatoire.
En revanche, du point de vue des intérêts des travailleurs, cette politique de relance de la production par les cadeaux faits au capital est inacceptable à tous les points de vue. Car même si des entreprises continuent à produire, ce sera avec moins de main d’œuvre, et avec des salaires plombés.
Le second levier, celui qui a les faveurs de la gauche réformiste bourgeoise, c’est la relance par la consommation.
Relancée par l’accroissement du pouvoir d’achat des masses, la consommation tirerait en avant la production et enclencherait un mouvement de reprise durable de l’économie de production. Pour le bien de toutes les classes, cela va de soi.
Les communistes sont bien-sûr pour l’augmentation des salaires et des revenus des masses dans le cadre de la lutte de classes pour réduire l’extorsion de la plus-value par le capital. Mais la question est ici de savoir si cette « solution » de la relance de la consommation est capable de sortir le système capitaliste de sa crise, ses adeptes n’envisageant pas de sortir de la crise en sortant du capitalisme. Notre réponse est négative.
La sous-consommation n’est en effet pas la cause de la surproduction. Elle est une conséquences des mécanismes économiques capitalistes objectifs qui mènent à cette crise : concurrence entre monopoles, baisse tendancielle des taux de profit provoquée par la nécessité pour les entreprises de moderniser leurs moyens de production ( par l’investissement de capital) afin de rester compétitives face aux concurrents, accroissement de la production pour compenser par la masse de plus-value réalisée la baisse du taux de cette plus-value, et enfin, réduction de la masse salariale pour réduire les coûts de production. Ces mécanismes sont objectifs et ils sont liés les uns aux autres. Ce n’est pas en traitant leur conséquence qu’il est possible de les empêcher d’agir.
Pour éliminer les conséquences, il faut supprimer les causes. Les remèdes capitalistes à la crise peuvent au maximum fournir un répit au système. Mais une autre crise succédera à la précédente, encore plus profonde.
La crise actuelle est déjà profonde et elle sera difficile à résoudre. On le voit bien, les plans de relance successifs mis en action dans les différents pays ne parviennent pas à relancer les investissements productifs. Le capital ne s’investit en effet que s’il réalise un taux et un volume de profit au moins « raisonnable » pour le capitaliste. Et à l’évidence, on n’est pas dans cette hypothèse.
De la même façon, on voit mal comment les propositions visant à relancer le marché par la consommation pourraient être efficaces pour relancer la machine économique. Il faudrait une hausse du pouvoir d’achat général telle que cette « solution » est improbable car elle nécessiterait une intervention budgétaire de l’Etat a un niveau qu’il ne peut assumer vu ses déficits budgétaires et ses dettes qui le conduisent à l’insolvabilité et à la faillite. Elle relève donc plus de la démagogie électoraliste social-démocrate que de l’économie politique capitaliste objective.
Alors, aucune sortie de crise pour le capital ?
Notre critique des « solutions » politiques dont dispose la bourgeoisie pour faire face à sa crise économique ne signifie pas que la crise va conduire naturellement à la mort du système capitaliste.
En effet, si la bourgeoisie monopoliste réussit à réduire le capital devenu excédentaire en gardant celui qui est rentable (la Bourse joue en partie ce rôle et l’Etat intervient comme « capitaliste collectif »), et si elle réussit en même temps à imposer au prolétariat des conditions d’exploitation optimales, alors, en théorie et parfois en pratique, l’économie capitaliste peut repartir dans un nouveau cycle de développement.. Cela ne peut se faire sans heurts.
Cela suppose en effet que chaque puissance capitaliste (ou en alliance avec quelques autres) agisse pour les intérêts de ses propres capitaux nationaux pour battre ses concurrents.
Cela passe par une politique d’Etat ultra réactionnaire, pouvant aller jusqu’au fascisme, envers les prolétaires de chaque pays capitaliste et jusqu’à la guerre entre les impérialismes rivaux.
Les crises économiques historiques du capitalisme ont déjà engendré ce mode de règlement catastrophique des crises. Un tel développement n’est pas à exclure comme prolongement de la crise actuelle.
Sans faire de science-fiction, ce que nous pouvons affirmer, c’est que toute sortie capitaliste de crise se fera avec de lourdes pertes matérielles, sociales, politiques et physiques pour le prolétariat et les autres couches du peuple.
Pour supprimer les crises, il faut supprimer le capitalisme
Fondamentalement, les crises ont pour origine le mode de fonctionnement anarchique du capitalisme. Le but des forces productives, dans ce système, n’est pas la satisfaction planifiée des besoins des hommes. Quand c’est son intérêt, le capital investit et développe les forces productives. Quand son intérêt n’est plus satisfait, il cesse de s’investir, indifférent aux conséquences matérielles et humaines du recul économique.
Nous l’avons vu plus haut, cette situation survient comme conséquence des mécanismes de ce mode de production. Et il en sera ainsi tant que le capitalisme existera, quoique puissent raconter les « refondateurs du capitalisme » de droite comme Sarkozy ou les « réformateurs » de gauche qui prétendent détenir les solutions à la crise sans mettre en cause le système qui produit les crises.
Bien sûr les communistes soutiennent les revendications des masses pour améliorer leur pouvoir d’achat ; mais il faut être lucide : ce ne sont pas quelques centaines d’euros de plus dans le budget des familles populaires qui pourront faire redémarrer la consommation au point de relancer la production. D’autant plus que les familles les plus pauvres achètent des produits à bas prix qui sont fabriqués hors de France.
En fait, les capitalistes relanceront la production quand ils jugeront que leurs investissements leur apporteront les profits qu’ils escomptent. En attendant, avec l’aide de l’Etat qui leur distribue l’argent public, les capitalistes sélectionnés pourront remuscler leur trésorerie en même temps qu’ils réaliseront les restructurations et les concentrations nécessaires pour redémarrer quand les conditions seront redevenues favorables.
Pendant ce temps-là, le prolétariat subira un chômage multiplié et les salaires seront ramenés au niveau le plus bas. Les luttes ouvrières et populaires seront de plus en plus durement réprimées par un appareil policier et militaire de plus en plus terroriste. Et si les rivalités entre impérialistes les entraînent dans des conflits armés, ce seront encore les prolétaires qu’on enverra se faire trouer la peau pour les intérêts des capitalistes.
L’intérêt immédiat du peuple travailleur est clair : c’est de refuser, par ses luttes, de payer les pots cassés par la bourgeoisie. Mais dans le prolongement de ces luttes contre les effets de la crise, il y a une perspective ouverte pour un réel changement de système social, économique et politique.
Les communistes doivent rendre évident que le système capitaliste ne peut rien apporter d’autre aux travailleurs que la misère et l’oppression Ils doivent rendre de plus en plus clair aux yeux des masses que l’Etat est un appareil de dictature des monopoles et de la classe capitaliste. Ils doivent entraîner la classe ouvrière et les autres couches du peuple dans des combats de plus en plus larges et de plus en plus radicaux contre l’Etat bourgeois, dans la perspective de prendre le pouvoir par la révolution, pour détruire les fondements du capitalisme et construire une société nouvelle dirigée par les travailleurs : le socialisme.
LE SOCIALISME EST LA SOLUTION DEFINITIVE AUX CRISES CAPITALISTES
L’anarchie du système capitaliste qui conduit aux crises découle du fait fondamental que les mouvements de capitaux sont aléatoires en raison de la recherche d’un profit immédiat et le plus élevé possible par les détenteurs privés de capitaux. Un propriétaire de capital privé ne raisonne pas en termes d’utilité sociale des marchandises fabriquées dans l’entreprise où il investit. Il n’a pas pour objectif la satisfaction des besoins des masses. Il investit là où, selon ses calculs, son capital peut lui rapporter le profit le plus élevé dans une conjoncture donnée. Des branches de la production finissent par devenir hypertrophiées et surproduisent alors que d’autres qui le sont moins sont délaissées, marginalisées, détruites ou délocalisées.
Le socialisme exclut ce type de phénomène. Pourquoi ? En imposant son pouvoir politique sur la société, la classe ouvrière organisée en Etat exproprie les capitalistes et collectivise les principaux moyens de production, les banques, les services et les grandes structures commerciales.
Sur la base des forces matérielles transformées en propriété commune, l’Etat ouvrier planifie la production et déploie les forces humaines dans le but de satisfaire les besoins des masses populaires. Contrairement au fonctionnement aléatoire qui caractérise le mode de production capitaliste, le socialisme, par l’action des organes centraux de planification, est capable d’assurer un développement harmonieux et proportionné des forces productives.
Le principe du socialisme, c’est que la classe ouvrière au pouvoir développe les forces productives non pas pour réaliser des profits liés à des investissements privés, mais pour que les travailleurs eux-mêmes réalisent la satisfaction de leurs besoins matériels individuels, sociaux et culturels. Les producteurs sont en même temps les consommateurs. La contradiction entre le caractère privé de la propriété et le caractère social de la production et de la répartition qui est à la base du capitalisme est résolue pour le bien de toute la société, à l’exception bien entendu de l’ancienne minorité dont les richesses provenaient de l’exploitation des travailleurs. Cette minorité fera tout pour empêcher d’en arriver là, et c’est pourquoi il faudra la révolution pour lui enlever son pouvoir. « Les principaux traits et exigences de la loi économique fondamentale du capitalisme actuel pourraient être formulés à peu près ainsi : assurer le profit capitaliste maximum…
Les principaux traits et exigences de la loi fondamentale du socialisme pourraient être formulés à peu près ainsi : assurer au maximum la satisfaction des besoins matériels et culturels sans cesse croissants de toute la société, en développant et en perfectionnant toujours la production socialiste sur la base d’une technique supérieure. » (Joseph Staline, les problèmes économiques du socialisme en URSS, 1952).
La preuve de la supériorité indiscutable du socialisme : dans les années de la grande crise capitaliste des années 1929 et suivantes, l’URSS réalisait des performances de développement économique jamais égalées dans aucun pays capitaliste.
Et en dépit des destructions dues à la deuxième guerre mondiale, l’URSS se releva et reprit sa marche en avant grâce à la direction clairvoyante et ferme du Parti Communiste dirigé par Staline.
Quoi qu’en disent les idéologues bourgeois, la destruction de l’URSS n’est pas une défaite du socialisme. Elle est le résultat d’une contre-révolution ourdie après la mort de Staline et réalisée au vingtième congrès du PCUS en 1956 sous la direction du révisionniste Khroutchev. Après ce congrès, en effet, toutes les lois économiques du socialisme vont être liquidées par la nouvelle bourgeoisie au pouvoir jusqu’à la restauration intégrale du capitalisme. Malgré ce revers, le capitalisme n’a pourtant pas gagné la partie. La crise actuelle expose toutes ses tares et crée les conditions pour progresser vers son renversement. Quand ils auront reconstruit leur parti de classe, le parti communiste, les prolétaires sauront tôt ou tard retrouver la voie de la révolution et du socialisme.
SOMMAIRE
I. CARACTERISTIQUES ET NATURE DE LA CRISE ECONOMIQUE ACTUELLE
La partie financière de la crise
La façade boursière de la crise
Pour conclure sur ce point
II. LES POLITIQUES DE LA BOURGEOISIE FACE A LA CRISE
Le premier consiste à agir dans la sphère du capital.
Le second levier, celui qui a les faveurs de la gauche réformiste bourgeoise, c’est la relance par la consommation.
Alors, aucune sortie de crise pour le capital ?
Pour supprimer les crises il faut supprimer le capitalisme
III. LE SOCIALISME EST LA SOLUTION DEFINITIVE AUX CRISES CAPITALISTES
Contribution du Rassemblement d’Organisations Communistes Marxistes-Léninistes. Le ROC-ML est, avec l’URCF et la JCML du Rhône, membre du Comité National pour l’Unification du Mouvement Communiste en France (CNU-MCF)
Février 2009
Petit groupe compact, nous suivons une voie escarpée et difficile, nous tenant fortement par la main. De toutes parts nous sommes entourés d’ennemis, et il nous faut marcher presque constamment sous leur feu. Nous nous sommes unis en vertu d’une décision librement consentie, précisément afin de combattre l’ennemi et de ne pas tomber dans le marais d’à côté, dont les hôtes, dès le début, nous ont blâmés d’avoir constitué un groupe à part, et préféré la voie de la lutte à la voie de la conciliation.
Et certains d’entre nous de crier : Allons dans ce marais ! Et lorsqu’on leur fait honte, ils répliquent : Quels gens arriérés vous êtes ! N’avez-vous pas honte de nous dénier la liberté de vous inviter à suivre une voie meilleure !
Oh ! oui, Messieurs, vous êtes libres non seulement d’inviter, mais d’aller où bon vous semble, fût-ce dans le marais; nous trouvons même que votre véritable place est précisément dans le marais, et nous sommes prêts, dans la mesure de nos forces, à vous aider à y transporter vos pénates.
Mais alors lâchez-nous la main, ne vous accrochez pas à nous et ne souillez pas le grand mot de liberté, parce que, nous aussi, nous sommes « libres » d’aller où bon nous semble, libres de combattre aussi bien le marais que ceux qui s’y dirigent !
Lénine, Que faire ?
Hier matin, en radio (RTBF), on a pu entendre le témoignage d’un ouvrier intérimaire qui a travaillé pour Arcelor successivement à Marchin, au HF6 et à Ivoz. Depuis novembre, il a été viré et, avec sa famille de 5 enfants, il leur reste après payement du loyer, 300 euros par mois pour (sur)vivre à sept. Résultat : il se retrouve au CPAS et est obligé de courir après les colis alimentaires, chez Saint Vincent de Paul et les autres associations caritatives. Et comme il le disait : « nous ne sommes pas les seuls dans ce cas » !
Pendant ce temps là, le groupe Arcelor-Mittal ne fait pas dans la dentelle avec son tout dernier plan de restructuration : réduction de 50% de la production d’acier, mise à l’arrêt de 14 haut fourneaux sur 25 en Europe, mise sous cocon des deux hauts fourneaux liégeois et hibernation de la phase à chaud. Au total, le bassin liégeois perdra 1000 emplois, auxquels s’ajoutent les 1400 déjà prévus par le plan « speed-up ». Résultat : chômage économique massif, dégagement des CDD et intérimaires et plus de 400 sous-traitants en rupture de contrat avec la maison mère. A Gand, à Geel, à Charleroi, ça tombe dur aussi.
Pourtant, Arcelor-Mittal a réalisé 6.7 milliards d’euros de profits en 2008, dont 4.4 milliards redistribués aux actionnaires. Et en 2009 Mittal annonce au moins un Milliards d’euros de dividendes pour les mêmes. Avec cet argent, il serait pourtant possible de maintenir les emplois et les salaires. Et pour cela, il faudrait prendre sur les bénéfices des actionnaires. Mais ça, la direction de Mittal ne veut pas en entendre parler.
Elle sait bien que la production reprendra un jour ou l’autre. Et en attendant, elle veut payer le moins possible les travailleurs. Autrement dit : chômage et prépensions pour les uns, chômage économique pour les autres ! Quel choix !
Si le chômage économique des ouvriers est déjà acquis pour les patrons, ce n’est pas encore le cas des employés. Du fait de la pression de la crise et du chantage à l’emploi, Mittal remet la question sur le tapis.
Face à ce chantage, les directions syndicales, non seulement ne mobilisent pas mais ont accepté de reprendre les négociations sous prétexte de « l’urgence de la situation ». Ce n’est pas en alignant les employés vers le bas que l’on s’en sortira ! Pourtant, Mittal, avec ses milliards de réserve, est loin d’être sur la paille. Ce qui est inacceptable pour nous, c’est d’encore accepter de faire des sacrifices, alors que ce sont les patrons qui sont responsables. Le chômage économique, pour nous tous, ce sont encore des pertes de salaire. Les ouvriers, qui le subissent depuis des années, le savent très bien. Et puis surtout, le chômage économique coûte à l’ensemble des travailleurs puisque c’est l’argent de la sécurité sociale qui sert à payer les compléments de chômage. Cet argent-là, comme celui distribué aux banques, manquera ensuite pour financer les soins de santé, les écoles et les pensions.
« Les patrons ont fait des profits pendant des années sur le dos des travailleurs. Ils ont joué ces profits en bourse et cela a causé la crise économique actuelle. Maintenant, c’est à eux de payer ! »
Et la région Wallonne ?
Depuis 40 ans, les pouvoirs publics (avec l’argent des contribuables) ont investi dans la sidérurgie, faisant un pont d’or aux investisseurs privés. En 2008 encore, la RW accordait à Mittal les fameux quotas gratuits pour HF6, sans aucune garantie, ni sociale, ni écologique. Toute la politique du parti socialiste a été de nationaliser les pertes puis de privatiser les bénéfices. Et aujourd’hui, il faudrait encore que la collectivité paie pour Arcelor-Mittal ? Non, pas question, il faut inverser la vapeur.
A nous de réagir !
Du côté des directions syndicales, rien n’est fait pour réagir. Au contraire, avec un PS au gouvernement et a quelques semaines des élections, surtout pas de vagues ! Elles laissent faire le chantage patronal au chômage économique. Pourtant, ce qu’il faudrait, ce sont des actions importantes et dures qui fassent plier le patronat. Et pas seulement des mots ou des discours pour le 1er Mai. Parce que si c’est vrai que « le capitalisme nuit gravement à la santé », il va falloir se bouger pour le déraciner !
Remarquons au passage que lorsque le système financier a des difficultés ou même que des entreprises sont dans ce cas là, on n’entend guère les patrons, les financiers ou les gouvernements que l’Etat est trop présent dans la marche de l’économie. Cette économie qui se résume pour eux à « leurs affaires » ! Tous, ils sont bien contents, en cas de problèmes, de pouvoir compter sur les béquille que sont l’Etat ou les Banques Centrales qui sont à leur service !
« Quant aux Américains expulsés de leurs maisons, la seule chose sûre, pour eux, c’est que l’huissier était là pour les faire déguerpir avant que leurs maisons ne soient revendues ! Pour eux, guère de soutien… »
Cette crise, selon les économistes, devrait amener une récession d’abord aux USA puis en Europe qui verrait une baisse des prévisions de la croissance économique en 2008. Ce ralentissement de l’économie, ce serait, selon le Bureau International du Travail (B.I.T.), à court terme, dans un scénario optimiste, 5 millions de chômeurs en plus dans le monde.
Jérôme Kerviel, le trader de la Société Générale, est pour certains, un informaticien de génie. Mais le système économique dans lequel nous vivons est un système de fou qui ne peut être soigné par aucune potion. Ce système, injuste, est basé sur l’exploitation du travail des salariés. C’est aussi une économie imprévisible, ingouvernable même par ceux qui en profitent. Le capitalisme est aussi un système économique dangereux pour la société toute entière : il est temps d’y mettre fin !
Suivons l’exemple des travailleurs de la Guadeloupe.
Depuis le 20 janvier, les travailleurs et la population de la Guadeloupe sont mobilisés et organisent la plus importante grève générale de l’histoire de l’île. De nombreuses manifestations rassemblent plus de 60 000 personnes (pour 400 000 habitants) ont eu lieu tout au long de sept semaines. Ils revendiquent une augmentation généralisée de 200 euros netsd par mois, pour tous, et la fin de la vie chère.
Le collectif LKP (Liannaj Kont Pwofitasyon – Union Contre l’exploitation) a réussi à fédérer autour d’une plate-forme revendicative de lutte, les syndicats, les associations et les partis qui sont dans le camp des travailleurs, de la jeunesse et du peuple. En tout, une cinquantaine d’organisations unies contre la vie chère. La grève actuelle révèle une révolte contre les conditions de vie de plus en plus difficiles dans un contexte de crise mondiale du capitalisme. Et en Guadeloupe, le taux de pauvreté est deux fois plus élevé qu’en France et le taux de chômage officiel est de 27%. Là-bas, ce sont les « Békés », ces patrons blancs descendants des propriétaires esclavagistes qui tiennent en mains l’économie de l’île.
La mobilisation de la population est importante et démocratique : jour après jour, les meetings, les assemblées générales, les rencontres des différents secteurs et les actions quotidiennes (manifs, blocages…) ont permis de structurer le mouvement et d’élargir sa base de soutien dans la population. En Guadeloupe, les prix de la nourriture et ceux des produits les plus indispensables sont supérieurs de 20 à 50% à ceux du continent. Si la grève porte sur des revendications matérielles et avant tout, sur une augmentation de salaire de 200€ en Guadeloupe et de 300€ en Martinique, c’est aussi une grève pour la dignité dans cette société antillaise où les hommes et les femmes qui sont d’origine africaine ou indienne constituent la partie la partie la plus pauvre de la population : ouvriers, employés, chômeurs. En revanche, plus on monte dans l’échelle des richesses ou dans l’administration étatique, plus les places sont occupées par une minorité européenne.
La lutte des travailleurs guadeloupéens concerne tous les travailleurs. C’est une partie de nous-mêmes qui a choisi le combat et qui nous montre la voie. Il est de notre intérêt à tous, travailleurs de là-bas et ceux d’ici, que la lutte se propage à l’échelle de l’ensemble de la classe ouvrière car alors, nous multiplierons nos chances de changer le rapport de force entre exploiteurs et exploités.
Ils ont raison.
Jeudi dernier, les travailleurs de la cokerie ont fait grève pendant 2 heures. En cause : la volonté de la direction de réduire de 4 à 2 personnes les effectifs chaque dimanche. Or, les revenus des travailleurs de la cokerie sont les plus bas du bassin et les prestations du dimanche sont très importantes pour eux. Il n’y a aucun raison d’accepter ces sacrifices. Mittal éjecte déjà 1000 emplois, pas question de se laisser encore plumer.
Profit juteux.
Presque 10 milliards de dollars (6,4 milliards d’euros), voilà le montant des bénéfices déclarés d’Arcelor-Mittal en 2008. Malgré un retrait au 4e trimestre, cela reste encore plus important que les années précédentes. Alors pourquoi ce serait les travailleurs intérimaires, ceux des entreprises sous-traitantes et ceux d’Arcelor-Mittal qui devraient payer les réductions de production ? Non, les patrons doivent prendre sur leurs profits pour assurer à chacun son emploi, son salaire et son temps libre. Ce n’est que justice.
Scandaleux !
A Ferblatil, une firme de logistique a rajouté 15 minutes de pause non payée en plus aux chauffeurs. C’est vraiment inadmissible, et cela s’est fait sans consultation. Profitant de la crise, les patrons veulent imposer encore un recul social. Il va falloir réagir !
Chapeau les facteurs.
Les travailleurs de la poste sont en grève 3 jours cette semaine. Et leur manifestation à Bruxelles a rassemblé plus de 200 personnes. Il faut dire que leurs conditions de travail n’ont cessé d’empirer ces dernières années : suppressions d’emplois (8000 sur 40 000), géoroute, fermeture des bureaux, engagement de 6000 « porteurs de courrier », mi-temps payée 7OO€ brut par mois. Par contre, les actionnaires dont la poste danoise ont fait leur beurre : il y a 3 ans cette dernière avait investi 150 millions d’euros et quitte aujourd’hui avec un capital de 373 millions, soit 150% de profit. Enfin, l’écart entre le salaire le plus bas et celui du PDG Thys est de 1 à 60. A la poste, comme partout, on devrait réagir tous ensemble.
Nos revendications : Zéro suppression d’emploi, interdiction des licenciements. Embauche des intérimaires et des CDD. Indemnisation à 100% du chômage économique. 200€ d’augmentation de salaire pour tous.
Saïda Menebhi nait à Marrakech en septembre 1952. Elle étudie la littérature anglaise à l’Université de Rabat et milite au sein de l’UNEM (Union Nationale des Etudiants du Maroc). A la même époque, elle adhère au syndicat pour lutter au sein de l’Union Marocaine du Travail et rejoint l’Organisation Marxiste-Léniniste IIal Amam (« En Avant »). Le 16 janvier 1976, elle est arrêtée en même temps que trois autres militantes : Rabaea Ftouh, Pierra Di Maggio et Fatima Oukacha. Elle est jetée en prison à Derb Chrif et y subit des tortures physiques et psychologiques.
En janvier et février 1977, avec 138 militants marxistes-léninistes inculpés d’atteinte à la sûreté de l’Etat, elle est condamnée lors du procès de Casablanca à cinq ans de détention ferme, plus deux ans pour outrage à magistrat. Sous les applaudissements, elle dénonce plus particulièrement la situation d’oppression que vivent les femmes au Maroc.
Après une grève de la faim collective de 40 jours, qui débute le 10 novembre 1977 dans les prisons de Casablanca et de Kénitra, afin de réclamer le statut de prisonniers politique, Saïda Menebhi meurt, faute de soins, le 11 décembre, à l’Hôpital Averroès de Casablanca.
Saïda Menebhi, à l’instar du dirigeant de Ilal Amam, Abdellatif Zeroual, a donné sa vie pour la Révolution Socialiste, en livrant une lutte implacable contre l’ennemi de classe, la réaction bourgeoise, le révisionnisme et les adeptes de la « société civile ». Les étudiants de la composante marxiste-léniniste Voie Démocratique Basiste au sein de l’UNEM, comme l’ensemble des communistes marocains et internationaux, se réfèrent au chemin tracé par notre camarade Saïda.
Le poème ci-dessous présenté a été écrit durant sa détention.
Fasciste Fasciste
Mille fois fasciste
Un million de fois
Je voudrais le répéter
Que je serai rassasiée
Le suis un volcan en activité
Et mes laves
Sur tous les fascistes de Pinochet
Je veux les cracher
Fascistes et peureux
Si vous croyez nous avoir
C’est plus de force que nous avons
Quant vous nous réprimez
La porte en bois est insuffisante
Mettez donc un mur
c’est tout à fait admissible
Etant donné votre nature
Mais la honte sera sur vos fronts
Demain lorsque nous vaincrons
Les mots m’échappent
Comme un feu
Et me brulent les lèvres
Criez n’acceptez plus
Vous qui êtes là
derrière la porte en bois
Nous nous continuerons
A combattre à refuser
Jusqu’à l’abattoir et nos têtes
Sur la lame
Et jamais jamais
Dans nos yeux ils verront
La crainte
Jamais la maladie du silence
Ne nous atteindra
Vous mes sœurs
Troupeaux de bêtes
C’est cela que vous semblez
Et moi les mains liées
La gorge nouée, la nausée me prend
De tous les fascistes et leurs pions
Oh vous qui ne comprenez pas
Je me sens fatiguée
Les épaules courbées
Par trop de souffrance
De privation et de répression
Mais nos pensées et l’envie de lutter
Ni les années de prison
Ni leur porte de bois
Et leurs griffes
Ne me les enlèveront
Je mourrai marxiste-léniniste
Louis Aragon, qui fut le premier à rompre avec le surréalisme, écrivit Front Rouge – dont nous reproduisons ici la seconde partie – à la fin de 1930 lors d’un voyage en URSS en compagnie d’Elsa Triolet. Ce texte lui valut, outre une inculpation pour : excitation de militaires à la désobéissance et de provocation au meurtre dans le but de propagande anarchiste, une convocation chez Maurice Thorez qui lui reprocha le caractère nuisible d’une violence verbale qui ne pouvait servir le parti. A l’époque, le Parti Communiste menait d’intenses campagnes dans le but de se gagner la base du Parti socialiste. C’est la fin de « Classe contre classe ». Aragon, dans la préface de l’Œuvre Poétique complète, mettra dans la bouche de M. Thorez les paroles suivantes : « Je ne fais jamais le geste du poing levé du Rote Front allemand car ce geste ne correspond pas à ma politique d’union des Français. »
Il est exact que Front rouge n’est pas exempt, ni dans la manière dont il a été écrit ni dans son caractère imprécatoire, de la violence que l’on retrouve chez les surréalistes de l’époque. Mais il est évident qu’Aragon avait manifestement été impressionné par le spectacle saisissant de l’enthousiasme populaire, par la fureur de travail, par l’espèce de lyrisme de la Révolution d’Octobre. Tout cela se peignait sur le fond des douleurs et malheurs d’un grand peuple, après trois ans de guerre étrangère, et la nécessité de faire face à l’intervention armée de plusieurs pays (dont, hélas, le nôtre, à terre, dans l’air et sur mer), nous dira-il en 1975, dans l’Œuvre Poétique complète.
Partie II
Quand les hommes descendaient des faubourgs
et que place de la République
le flot noir se formait comme un poing qui se ferme
les boutiques portaient leurs volets à leurs yeux
pour ne pas voir passer l’éclair
Je me souviens du Premier Mai mil neuf cent sept
quand régnait la terreur dans les salons dorés
On avait interdit aux enfants d’aller à l’école
dans cette banlieue occidentale où ne parvenait qu’affaibli
l’écho lointain de la colère
Je me souviens de la manifestation Ferrer
quand sur l’ambassade espagnole s’écrasa
la fleur d’encre de l’infamie
Paris il n’y a pas si longtemps
que tu a vu le cortège fait à Jaurès
et le torrent Sacco-Vanzetti
Paris tes carrefours frémissent encore de toutes leurs narines
Tes pavés sont toujours prêts à jaillir en l’air
Tes arbres à barrer la route aux soldats
Retourne-toi grand corps appelle
Belleville
Ohé Belleville et toi Saint-Denis
où les rois sont prisonniers des rouges
Ivry Javel et Malakoff
Appelle-les tous avec leurs outils
les enfants galopeurs apportant les nouvelles
les femmes aux chignons alourdis les hommes
qui sortent de leur travail comme d’un cauchemar
le pied encore chancelant mais les yeux clairs
Il y a toujours des armuriers dans la ville
des autos aux portes des bourgeois
Pliez les réverbères comme des fétus de pailles
Faites valser les kiosques les bancs les fontaines Wallace
Descendez les flics
Camarades
descendez les flics
Plus loin plus loin vers l’ouest où dorment
les enfants riches et les putains de première classe
Dépasse la Madeleine Prolétariat
Que ta fureur balaye l’Élysée
Tu as bien droit au Bois de Boulogne en semaine
Un jour tu feras sauter l’Arc de triomphe
Prolétariat connais ta force
connais ta force et déchaîne-la
Il prépare son jour Sachez mieux voir
Entendez cette rumeur qui vient des prisons
Il attend son jour il attend son heure
sa minute la seconde
où le coup porté sera mortel
et la balle à ce point sûre que tous les médecins social-fascites
penchés sur le corps de la victime
auront beau promener leurs doigts chercheurs sous la chemise de dentelles
ausculter avec des appareils de précision son cœur déjà pourrissant
ils ne trouveront pas le remède habituel
et tomberont aux mains des émeutiers qui les colleront au mur
Feu sur Léon Blum
Feu sur Boncour Frossard Déat
Feu sur les ours savants de la social-démocratie
Feu feu j’entends passer
la mort qui se jette sur Garchery Feu vous dis-je
Sous la conduite du parti communiste
SFIC
vous attendez le doigt sur la gâchette
que ce ne soit plus moi qui vous crie
Feu
mais Lénine
le Lénine du juste moment
De Clairvaux s’élève une voix que rien n’arrête
C’est le journal parlé
la chanson du mur
la vérité révolutionnaire en marche
Salut à Marty le glorieux mutin de la mer Noire
Il sera libre encore ce symbole inutilement enfermé
Yen-Bay
Quel est ce vocable qui rappelle qu’on ne bâillonne
pas un peuple qu’on ne le
mate pas avec le sabre courbe du bourreau
Yen-Bay
À vous frères jaunes ce serment
Pour chaque goutte de votre vie
coulera le sang d’un Varenne
Écoutez le cri des Syriens tués à coup de fléchettes
par les aviateurs de la Troisième République
Entendez les hurlements des Marocains morts
sans qu’on ait mentionné ni leur âge ni leur sexe
Ceux qui attendent les dents serrées
d’exercer enfin leur vengeance
sifflent un air qui en dit long
un air UR
SS un air joyeux comme le fer SS
SR un air brûlant c’est l’es
pérance c’est l’air SSSR c’est la chanson
c’est la chanson d’Octobre aux fruits éclatants
Sifflez sifflez SSSR SSSR la patience
n’aura qu’un temps SSSR SSSR SSSR